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Le droit au logement n’est pas une utopie !

Publie le lundi 12 mars 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

de Marie-George Buffet

Dans trois jours, la loi de la République va autoriser, comme chaque année, que des milliers de familles, notamment des femmes avec leurs enfants, soient jetées à la rue. Combien seront cette année encore victimes de ce 15 mars ? Beaucoup, on le sait. Le prix des loyers n’a pas cessé de monter, et la précarité, le chômage, les bas salaires n’ont jamais atteint de tels niveaux. Comment s’étonner alors que plus de huit millions de Françaises et de Français soient aujourd’hui mal-logés et que des milliers d’autres soient contraintes de vivre sous la menace permanente de l’expulsion ?

Notre pays est à l’heure des choix. Les Françaises et les Français auront la chance de pouvoir dire, dans quelques semaines, à quoi ressemblera la France de demain. Aussi, en perspective de ce vote, devra-t-on continuer à accepter, derrière la fin de cette "trêve hivernale", que la vie de milliers de nos compatriotes soit réduite à n’être qu’une éternelle guerre contre son bailleur, l’EDF ou au final la violence de la rue ?

Pour moi, la réponse à cette question est évidemment non. Je n’accepte pas que l’on puisse à ce point violer la dignité d’hommes et de femmes jusqu’à les expulser du logement où ils font leur vie. Mais je ne veux pas en rester aux mots. Je ne veux pas en rester à la simple proclamation d’un « droit opposable au logement » qui ne serait jamais rendu effectif ; je demande d’interdire ces expulsions locatives pour assurer à tous et toutes un véritable droit au logement.

Notre pays a les moyens de garantir la sécurité matérielle de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant.

Je me bats donc pour que dans la vie de tous les jours, l’humain supplante le marché. Je me bats pour que la satisfaction de nos besoins essentiels, à tous et toutes, passe avant tout le reste. Je me bats donc pour que la Nation assure enfin, comme elle le proclame dans sa constitution, « les conditions nécessaires au développement de l’individu et de la famille. »

il revient donc à l’Etat de se doter des moyens effectifs pour assurer la mise en oeuvre du droit au logement.

Tout comme il existe un service public de l’Education nationale, un système d’assurance maladie, je propose donc la création d’un service public du logement et de l’habitat. En urgence, je propose donc l’interdiction immédiate des expulsions et la fin des coupures d’eau et d’électricité. Afin d’aider les familles en incapacité de payer leur loyer, je propose l’instauration d’une garantie du risque locatif pour l’accès et le maintien dans un logement décent et la limitation des dépenses de logement à 20% des revenus du foyer.

Ensuite, 120 000 logements sociaux par an, 120 000 logements de haute qualité environnementale, à loyer très modéré, jusqu’à satisfaction des besoins, devront être construits en priorité. Ces logements devront être obligatoirement construits dans toutes les municipalités UDF et UMP violant délibérément la loi SRU. Enfin, la politique de mise en vente du parc locatif social, proposée même par Ségolène Royal, devra être abandonnée. Pour cela, le budget du logement devra être porté jusqu’à 2% du PIB. Les cadeaux fiscaux aux plus riches qui louent à des loyers inaccessibles seront arrêtés. Tout le système public de financement du logement social (Livret A, Caisse des Dépôts et des Consignations, etc.) sera mobilisé pour financer la construction de ces logements. Le 1% patronal sera relevé jusqu’à 1%... et la spéculation foncière et immobilière fortement taxée.

Le droit au logement n’est pas une utopie. C’est notre horizon. C’est notre horizon si le 22 avril, les Françaises et les Français font le choix des hommes contre celui du marché en portant le plus haut possible la gauche populaire et antilibérale que je représente.

Messages

  • Un logement pour tous.

    Un travail qui soit vraiment un plaisir pour tous. Les peuples seront alors debout.

    On ne brise pas les égoïsmes à coup de bonnes paroles M Chirac. Il faut une politique de transformation sociale.

    mncds

  • as une utopie, certes, mais pas non plus une véritable volonté politique.

    Calculons :
     3.000.0000 de mal logés ; MBG a inscrit 120.000 logement sociaux à contruire/An ; ça fait combien d’années pour loger, sans compter nos enfants qui arrivent ?

     100.000 euros par maison Borloo (famille de 5 personnes) , soit 20.000 euros par personne correctement, confortablement, en un mot dignement logée

    Si je compte

    3.000.0000 * 20.000 : ça doit faire 60 milliards d’euros, ou est-ce que j’ai fait une erreur ?

    La part des salaires et cotisations sociales dans le PIB est passée de 72% à 62%.

    Donc, si je raisonne simplement, comme je fais mes comptes, ce sont donc 165 milliards d’euros qui sont volés sur la richesse créée par les salariés qui s’en vont chez les rentiers (ceux qui s’enrichissent en dormant) chaque année

    Sauf erreur, les intérêts de la "dette", versés encore une fois aux rentiers s’élèvent à 60 milliards d’euros par an

    Donc , comme je sais faire une addition :

     165 milliards + 60 milliards ) = 225 milliards d’euros par an versés aux rentiers

    Reprenons donc :

    225 milliards, si j’en retire 60 milliards : j’ai logé 3.000.000 de mal logés, il reste encore 165 milliards d’euros pour les rentiers

    Conclusion : j’ai fait une erreur ; certainement parce que les rentiers valent beaucoup plus que 3.000.000 de mal logés ?

    Alors, un effort, Marie Georges, sur ce point : la question de la gratuité du logement met beaucoup de militants mal à l’aise ; elle vaut pourtant d’être posée en quelques chiffres

    un soutien, ça ne doit jamais être aveugle : il faut se battre, ensemble

    Patrice Bardet

    • Si je reprends ton calcul :
      120 000 logement sociaux par an pendant la législature (5 ans) ... 5 par logement...
      Je fais une petite multiplication et hot ça fait 3 000 000 !

      C’est un peu simpliste comme calcul mai, pas si mal la proposition portée par MGB ;-)

      Jean-Claude

    • tres bien

      (ceci dit c’est aussi la proposition de Royal il me semble ...)

      aie pas taper :)

      TM

    • sauf que :
       ces 120.000 logements sociaux, ce ne sont pas tous des logements de 5 personnes : studios, f2, f3, accession "sociale", réhabilitation "aidée" de logements privés, etc...
       les chiffres ne tiennent pas compte des "nouveaux couples", des "familles recomposées". Le chiffre cité dans le programme ne dit d’ailleurs pas combien de personnes sont potentiellement concernées
       principalement, ce qui manque, ce sont les logements très sociaux (le logement social, peut atteindre des prix et loyers assez... haut de gamme : le programme manque de précision sur ce point ; pour ce qui est des catégories, on peut aller voir sur le site du Sénat, sur le "droit au logement opposable" -intervention de Michèle Demessine- rappelant les causes historiques de cette crise)

      Pour autant, je ne "crache pas dans la soupe" : cela manque peut-être simplement de précisions permettant de mesurer l’ambition véritable et le distinguer de celui de Royal sur ce point précis

      Je le souligne à nouveau : il faut poser le problème du logement gratuit, même s’il pose "question" à beaucoup de militants. Arrêter ces "aides à la personne", véritable contrôle social, spirale vers l’expulsion que quelques trop rares maires PC tentent d’arrêter

      Je signale un très bon article dans l’Huma qui avait introduit le débat (trop vite éteint) sur la gratuité, qu’il faut rediffuser dans le milieu militant, et discuter avec les gens.

      Pour la gratuité du logement

      Une autre ambigüité à lever : on ne dit rien sur l’accession "sociale", qui n’a de social que le nom. L’argent public doit rester impérativement dans le public, ne pas servir à constituer un "patrimoine" (le 1% logement pourrait à l’extrême limite servir à ça en partie). Là encore, on se heurte à un tabou

      Michel pose aussi (plus loin) des questions très importantes. Il ne suffit pas de "taxer" pour arrêter la spéculation. Il faudrait aussi préempter certaines ventes : les exemples cités par Michel sont éclairants. L’Etat doit se substituer aux municipalités dans le cas cité.

      Patrice Bardet

    • Pour répondre à Patrice. Effectivement le poblème d’une forme de gestion par l’état du pratimoine immobilier a été posé. La réponse fut a l’instar des autres : Oui, mais vous savez, ça touche à la liberté individuelle....Confondant !

      Il n’est pas inutile d’ajouter que, en plus du risque de créer des ghettos, pour toutes les raisons évoquées précédemment liées aussi à la totale disparition des petits et moyens agriculteurs, cela engendrent un désertification importante de l’espace rural, avec les conséquences que l’on connaît : fini le petit commerce, de moins en moins de service public, plus du tout d’école laïque, etc.

      Michel Mengneau

  • Sans occulter les problèmes cruciaux qui sont par posés le logement des sans-papier, une autre forme de disparition du logement social voit le jour en milieu rural, à priori moins touché par le flux migratoire.

    On assiste de façon apparemment anodine et pour diverses raisons plus ou moins valables à la disparition de maisons louables, voire d’appartements aux loyers modérés.

    Nous prendrons pour exemple une petite commune du sud Vendée en bordure du Marais Poitevin, rattachée à une commune plus importante dont le maire est socialiste. D’ailleurs, pour en situer l’état d’esprit, lors du référendum pour le traité de constitution Européenne le vote de cette commune seule fut environ à 70% pour le non.

    Seulement voilà, lors de du transfert de la mairie dans d’autre locaux soit-disant mieux adaptés, s’est posé le problème de l’ancienne mairie laissée vacante. Encore en bon état, suffisamment spacieuse, c’eût été une bonne occasion pour que la commune se dote de deux ou trois logements sociaux. Et bien non, ils l’ont vendu, fort cher, de surcroît à des anglais. Il va sans dire que d’autres maisons se trouvant libre et à vendre du fait de la disparition d’un nombre important d’anciens, les promoteurs anglo-saxon s’en sont donnés à coeur joie. Ce qui eut pour conséquence de faire augmenter encore plus le cours exponentiel de l’immobilier. Pour la population locale en générale, en particulier afin de redonner de la vie à notre village en y faisant venir des jeunes aux moyens limités qui auraient voulu restaurer, habiter dans des maisons traditionnelles, trouver de quoi se loger, c’est devenu totalement impossible.

    Ne voulant pas que cet état de chose perdure, plusieurs habitants en firent la remarque. Ou c’est beaucoup plus grave ce fut dans la réponse, des responsables municipaux, pleine de sous-entendus : Oui, mais vous savez, la location....

    De plus, la municipalité ayant considéré que cette commune étant situé en bordure du Marais Poitevin, sa vocation serait essentiellement touristique. Donc subventions à tout va pour les gîtes ruraux et autres formes d’hébergements campagnards. Que l’on veuille faire connaître sa région en favorisant l’accueil de ses visiteurs n’est pas forcément une mauvaise chose en soi. Mais ou c’est plus gênant c’est l’abus qui en est fait, surtout lorsque des gens ayant une autre vision de la vie veulent aménager leur grange pour y faire des appartements aux loyers à bas prix se voient refuser un quelconque subside.

    Une fois de plus certains en firent la remarque. Une fois de plus la réponse fut du même acabit que la première : Oui, mais vous savez, ça permet la renovation de l’habitat rural !....

    Augments d’autan plus fallacieux dans la mesure où l’on assiste à une uniformisation des maisons, toutes en pierres apparentes, volets de la même couleur. Les siècles avaient pourtant construit un habitat diversifié donnant un charme un peu hétéroclite. Le pire sans doute c’est que ce genre d’attitude conduit à créer des endroits dont vont pouvoir jouir uniquement une couche sociale déjà aisée de la population, conduisant les autres, moins nantis, vers des quartiers qui leurs seront réservés, donc « ghettoisation ».

    Cet exemple est celui d’une municipalité socialiste....

    Michel Mengneau.