Accueil > Mon témoignage est celui d’une jeune écrivain qui ne se satisfait pas de (...)

Mon témoignage est celui d’une jeune écrivain qui ne se satisfait pas de l’isolement auquel son activité la condamne (video)

Publie le lundi 26 mars 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

Déclaration de Génica, membre du conseil de campagne de Marie-George Buffet, au meeting d’Amiens le 23 mars

de Genica Baczynski

Mes amis, camarades,

Mon témoignage est celui d’une jeune écrivain qui ne se satisfait pas de l’isolement auquel son activité la condamne.

D’autant que j’ai bénéficié la solidarité ouvrière, il y a trois ans. Je travaillais chez un éditeur qui m’a licenciée, juste avant de vendre sa maison à un groupe pharmaceutique. Ça arrive et ça n’arrive pas qu’à moi. On connaît la chanson.

Chose inadmissible dans ce milieu, sur le conseil d’un ami, je me suis tournée vers la CGT. L’intrusion du syndicat dans cette maison a été pour le moins bouleversante. Pour la direction, bien sûr, mais aussi pour moi. Du jour au lendemain, je n’étais plus une victime qui subit une décision, mais une personne qui s’élève contre un arbitraire et qui exige le respect de ses droits. Le paternalisme régnant en a pris un coup.

J’ai donc découvert que je n’étais pas seule. J’ai découvert aussi comment on devient une combattante quand on surmonte sa peur. Je ne l’apprendrais à personne, ici, mais la principale vertu des gens qui veulent transformer la société réside dans le fait qu’ils convertissent, ou contribuent à convertir, les victimes en rebelles, quelle que soit la place qu’ils occupent dans l’échelle sociale. Pour nous, il n’existe pas de personnages de second rang, des gens condamnés à jouer les seconds rôles tandis que d’autres se pavanent sur le devant de la scène, en sollicitant leur suffrage.

Les héros d’aujourd’hui sont souvent anonymes. La plupart d’entre eux n’ont pas de visage. Ils se battent pour préserver leur existence et l’améliorer. S’ils ne réagissaient pas, ils resteraient invisibles. Le capitalisme ne cherche pas seulement à exploiter leur force de travail, il tend aussi à effacer leur présence. Leur vie ne compte pas. Ils sont indispensables à la production des richesses et en même temps ils sont de trop. Pour ce système de profits obscènes, l’humanité est excédentaire. Ils veulent bien de nous, mais à condition que nous nous taisions, que nous obéissions à leur logique, que nous nous pliions à leurs intérêts, que nous acceptions leur prétention. Que nous ne revendiquions pas de considération.

Aujourd’hui, à travers leur personnel politique, ils sollicitent nos suffrages. Je vous le dis : « N’ayons pas peur ». N’ayons pas peur de Sarkozy, le pique-assiette de l’histoire qui invoque pêle-mêle Jaurès et Guy Mocquet, pour mieux les trahir. Repoussons Bayrou, l’inventeur de l’eau tiède qui veut réconcilier les veaux promis à l’abattoir et leurs égorgeurs. Belle conception de la politique qui approche la confusion mentale. Il a été un béni oui-oui. Maintenant, c’est un béni non-non. Ni droite, ni gauche.

C’est la meilleur façon d’aller dans le mur quand on conduit. Demain, il nous promet d’être un béni non mais. Pour Aragon « mais est toujours un crime ». Être modéré, disait Anatole France, « C’est être modérément contre ». Et nous, nous sommes contre une société où l’on n’hésite pas à brader les vies pour trois francs six sous de plus dans un tiroir-caisse, contre une société où l’on cantonne les plus démunis dans des quartiers improbables, contre une société où l’on asservit l’espoir pour mieux le brader, contre une société où l’on colonise les imaginaires et où l’on privatise les consciences à des fins égoïstes.

Voulez-vous d’une société dont le seul horizon est la loi du marché ?

Ailleurs, on nous incite à « voter utile », entre guillemets, c’est-à- dire à taire nos convictions. Je m’en voudrais de ne pas souligner la médiocrité d’une telle déclaration. L’habit ne vous convient pas, il est trop court, trop moche et mal taillé ? Qu’importe, c’est le seul qu’il reste en magasin. Eh bien non ! Si l’on veut que chacun soit habillé à sa convenance, il faut imposer notre modèle, un modèle adapté à tous et à chacun. Nous refusons une gauche boîteuse. Si l’on veut que la gauche soit efficace, qu’elle réponde à nos aspirations, il faut lui donner de la consistance. Il faut résister à la peur.

Ici, dans cette région qui est un des berceaux du communisme français avec Babeuf, il faut le dire avec force, voter utile, c’est voter pour ceux qui ne veulent pas simplement changer la société, mais changer de société. C’est voter pour ceux qui ignorent la condescendance. Nous ne sommes pas de ceux qui disent, avec la meilleure bonne volonté du monde : « Il ne faut pas désespérer Billancourt. » Nous sommes de ceux qui ne désespèrent pas de Billancourt. Voter Marie-George Buffet, c’est voter pour le retour en force de la gauche, voter en faveur d’une transformation raisonnable et d’autant plus raisonnable qu’elle œuvre au bien de tous.

C’est pourquoi voter Marie-George Buffet est la moindre des choses quand on rêve d’une démocratie élargie et d’une république revitalisée.

Je vous remercie.

Messages