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OGM - Coton Bt Monsanto : les faits derrière le battage publicitaire, par Grain

Publie le lundi 11 juin 2007 par Open-Publishing

OGM - Coton Bt Monsanto : les faits derrière le battage publicitaire, par Grain.
Grain, janvier 2007.

Cela fait maintenant plus de dix ans que le coton génétiquement modifié Bt est commercialisé. Il a été depuis introduit et testé dans plus de vingt pays. Sa culture est un succès évident pour Monsanto, la principale entreprise de coton Bt. Mais qu’est que cela a signifié pour les agriculteurs ? On peut avoir aujourd’hui une vision plus claire de ce qui se passe dans les fermes dans de nombreux pays à travers le monde.

Début novembre 2006, l’Institut national de recherche agricole du Burkina Faso a invité un groupe de journalistes, de scientifiques et d’agriculteurs sur un site d’essais de coton Bt dans la ville de Boni. On leur a montré deux petites parcelles de terre sur une ferme appartenant à Sofitex, la plus grosse entreprise cotonnière du pays. Sur l’une était planté du coton génétiquement modifié Bt et sur l’autre une variété conventionnelle. Il n’était pas difficile de voir la différence : le champs de coton Bt avait une meilleure production et il avait subi moins de dommages dus aux insectes, alors que, d’après les chercheurs, le coton Bt n’avait été traité que deux fois avec un pesticide alors que le coton conventionnel l’avait été six fois.

La démonstration était suffisante pour convaincre un grand nombre d’agriculteurs présents. "Je pense que nous pouvons maintenant nous lancer dans la culture du coton Bt, vu le résultat des expérimentations à Boni," a déclaré Sessouma Amadou, un cultivateur de coton de la région de Kénédougou. (...)

Un mois plus tôt, dans une autre partie du pays, les champs de coton d’un projet très différent - visant à réduire l’usage des pesticides - étaient aussi présentés, bien que suscitant moins d’attention de la part du gouvernement et des médias. Les agriculteurs y montraient les résultats de la seconde année d’un programme intégré de contrôle des insectes, basé sur un modèle de ferme-école, où les agriculteurs ont développé des pratiques de contrôle des insectes en partageant les connaissances et en utilisant les moyens locaux. Et dans le cas présenté, les agriculteurs avaient complètement éliminé le recours aux pesticides chimiques dans leurs champs de coton sans réduire leurs rendements. [2]

Dans le Mali voisin, les agriculteurs ont obtenu les mêmes succès, avec leur programme, intitulé Projet de Gestion Intégrée de la Production et des Déprédateurs - GIPD, qui en est maintenant à sa quatrième année. Lors de la saison 2006, 1140 cultivateurs ont participé au programme. Leur production moyenne fut nettement supérieure à celle des cultivateurs de la même région utilisant des pesticides conventionnels (1240 kilos par hectare contre 1020 kilos), alors que les agriculteurs du GIPD n’avaient pas utilisé de pesticides chimiques. [3] Un agronome du Bénin qui a visité les champs au Mali pendant la saison 2005-6 a déclaré : "C’est presque impossible de croire ce que nous avons vu. Des champs épargnés par les insectes, avec des plants de coton pleins de capsules intactes ; on avait l’impression d’être dans des champs traités avec des pesticides." (...)

"La première année (2002), le coton Bt fut un désastre, produisant 35% de moins que le coton non Bt, alors qu’il coûtait 4 fois plus. La troisième année, de nouvelles maladies se sont propagées dans le sol et la plante. Le bétail qui broutait le coton Bt a commencé à mourir. Et cette année (2006), les plants de Bt ont commencé à flétrir, obligeant les cultivateurs à les déraciner à contre-cœur. Dans le village de Mustyalapally, dans le Bhongir mandal de Nalgonda, les agriculteurs ont arraché le coton Bt de 41 des 51 acres plantés. La maladie s’est propagée aux villages voisins, répandant la panique parmi les cultivateurs. Les agriculteurs se sont plaints que les plantes mourraient lentement les unes après les autres parce que le système racinaire était gravement décomposé, sans qu’il y ait de système racinaire secondaire ou tertiaire sur le système principal. Même les capsules qui s’étaient formées sur ces plants flétris ne portaient aucunes graines." [11]

Des agriculteurs ont réagi avec colère par des manifestations de rue violentes et en incendiant des points de vente de semences. Il y a eu le cas d’agriculteurs qui demandaient des dédommagements et qui ont pris un représentant de Mazhyco-Monsanto en otage. De nombreux autres cependant, ont quitté leurs fermes ou ont mis fin à leur vie. Dans la ceinture du coton de Vidarbha, où le coton Bt est largement répandu, le taux de suicide parmi les cultivateurs de coton atteint des sommets terribles, avec plus de 100 suicides de cultivateurs de coton par mois en 2006. [12]

On peut s’attendre à des problèmes bien plus graves à l’avenir. On rapporte que le ver de la capsule du coton (bollworm), le principal insecte ciblé par le coton Bt, commence déjà à développer une résistance. "Des foyers (d’infestation) près de Vadodara (Gujarat) sont alarmants", a déclaré le Dr K. R. Kranthi de l’Institut central de recherche sur le coton de Nagpur. "Et pour le reste du pays, ce n’est qu’une question de temps." [13] Plus de 55% de tous les pesticides utilisés en Inde sont aujourd’hui employés pour la production du coton, même si cette culture n’occupe que 5% de la surface agricole du pays.(...)

 Lire l’ article www.grain.org/seedling/?id=475