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Intervention intégrale de Fausto Bertinotti à l’assemblée de la Gauche Européenne

Publie le lundi 2 juillet 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

Roma 17 giugno Fausto Bertinotti

"Un sujet pluriel et unitaire de la gauche ne peut pas être renvoyé"

de Fausto Bertinotti traduit de l’italien par Karl&Rosa

Je vous parle avec un titre que je suis en train de quitter, celui de président du Parti de la Gauche Européenne et je le ferai dans le respect des institutions et de mon rôle institutionnel. C’est pourquoi je ne parlerai pas du gouvernement, de ses actions et de comment il devrait répondre aux grandes questions sociales ouvertes ni je formulerai des jugements sur les forces politiques.

Malgré ces limites d’autocensure, je crois pouvoir vous parler de ce que je considère essentiel dans cette phase politique en Europe. Je voudrais transmettre le sens dramatique du moment que nous sommes en train de vivre et en même temps d’une nécessité historique qui est, je le crois, une réelle possibilité. Nous sommes à un passage crucial, aigu.

Il n’y a en cela aucune dramatisation artificielle et, au contraire, je crois que nous devons aller au fond dans cette perception. Un passage dramatique et aigu pour qui ? Pour l’Europe en premier lieu. Son avenir comme possible puissance de paix et productrice d’un modèle différent d’organisation de l’économie est à risque, mais avec elle est à risque la civilisation qui s’est bâtie en Europe avec la grande libération des masses populaires après la libération contre le nazi fascisme. Mais à l’intérieur de ce passage aigu pour l’Europe il y a un passage encore plus aigu pour la gauche en Europe.

Je crois que nous devons avoir la claire perception que son existence, son avenir sont à risque. De quelle gauche sommes-nous en train de parler ? Je crois qu’on peut dire qu’aujourd’hui, avec l’héritage de l’histoire, avec la gauche historique, avec la gauche du mouvement ouvrier, est à risque une gauche politique voulant construire « la politique » sur les rapports sociaux, sur les conditions sociales de vie, voulant aller au-delà de la réduction abstraite et mystifiante de toutes et de tous au « citoyen votant », pour découvrir dans cet exercice de démocratie la nature sociale des personnes, des coalitions sociales. La question à l’ordre du jour à laquelle nous ne pouvons pas échapper est : y aura-t-il un avenir pour cette politique en Europe ?

C’est-à-dire pour une politique qui soit bâtie sur la critique du capitalisme de notre temps et du patriarcat, à savoir des structures et des cultures qui déterminent l’oppression de l’homme et de la femme contemporains. Si cette possibilité tombe, une idée de l’Europe tombe avec elle. L’Europe dans le monde et dans les organisations sociales en tant que porteuse d’un projet autonome, aussi par rapport à la globalisation capitaliste.

Une idée de civilisation.

Or, pourquoi courons-nous ce risque ? Que s’est-il passé et qu’est-il en train de se passer pour que cette gauche, « la gauche » soit à risque ? Nous vivons une crise profonde de la politique qui marque des éléments profonds de détachement de parts importantes des masses populaires de la politique. Une sorte de dure désaffection. Une impossibilité d’investir ses propres émotions, ses propres convictions dans la politique. C’est l’issue d’un quart de siècle et des processus dominants de ce dernier quart de siècle. Dans cette crise de la politique un nouveau sujet politique, pas seulement économico social comme il l’a toujours été, a fait surface : l’entreprise.

L’entreprise qui n’a pas seulement l’ambition de constituer le point fort de l’organisation sociale dans le marché, mais le paradigme de la politique. C’est l’ambition de ce nouveau capitalisme que d’effacer la distinction entre la droite et la gauche en prétendant imposer, au contraire, une neutralité présumée derrière laquelle il n’y a rien d’autre sauf l’hégémonie de l’entreprise et du marché. Si Montezemolo [le patron de Confindustria, qui correspond en Italie au MEDEF, NdT] critique et conteste pour obtenir la démolition du rapport du conflit entre droite et gauche, il ne sert à rien de se demander à combien de voix cela correspond. Il est utile, plutôt, de saisir le sens profond du défi.

Et dans cette crise de la politique il y a la crise de la gauche : la crise dans la crise. La gauche était plus exposée à ces processus, après des évènements très complexes qui l’ont caractérisée pendant de longues décennies, des transformations passives qu’elle a subies. Et c’est justement dans la modernisation que la difficulté se révèle. Le vote en France, mais aussi celui au Nord de l’Italie, nous disent quel est le risque et quelle est l’issue qui peuvent intervenir dans les processus politiques si nous ne luttons pas contre ce risque : une gauche majoritaire dans le vote, mais qui oublie non seulement la tradition communiste et socialiste, mais aussi la tradition social-démocrate pour un aboutissement libéral social et de l’autre côté une gauche d’alternative broyée, enfermée dans la recherche de petites identités et sans influence sur la politique et la société.

La droite l’emporte parce qu’elle est porteuse d’une idée forte de société. Une mauvaise idée, mais une idée. C’est pourquoi elle perce dans un monde caractérisé par les peurs, les incertitudes, le risque face à l’avenir. Elle donne une réponse forte : mauvaise, mais forte. La France voit confirmer dans le vote l’existence de la distinction entre la droite et la gauche. Aussi parce qu’il y a une mobilisation contre le danger Sarkozy et une partie importante de la population ouvrière qui avait même voté Le Pen revient voter à gauche pour endiguer ce danger. Mais comme cette distinction n’a pas de racines dans la société, c’est-à-dire comme la gauche n’organise pas la culture de la gauche, la droite perce et gagne.

En résulte ainsi un tableau désespérant, une gauche sans classe qui l’emporte dans le vote et une gauche de classe qui ne gagne pas un consensus de masse, en livrant ainsi une si grande partie de la population à la méfiance. C’est le risque qui rôde en Europe.

Et je demande vraiment que nous nous interrogions sur ce risque. Sur l’impossibilité de finir ainsi tandis que tant de questions font surface dans la société, tant de subjectivités, de criticités, d’expériences dans les mouvements. Et pourtant cette criticité, ces conflits, ces mouvements ne suffisent pas. Il y a devant nous le risque d’une américanisation de la vie politique en Europe, où les conflits aussi sont cantonnés dans la marginalité parce que d’autres sujets font la politique. Nous devons contraster à fond ce risque. La gauche peut y arriver, comme le témoigne l’expérience d’ensemble de l’Amérique latine, où l’on assiste à une renaissance sur la base d’un nouveau pacte entre les politiques de la gauche et les peuples ou avec l’expérience de l’Allemagne, où naît un nouveau sujet de la gauche qui sera le protagoniste de l’avenir de ce pays et de l’Europe. Nous pouvons y arriver, mais les corrections de ce qui existe ne suffisent pas, tandis que se replier sur son identité résulterait fourvoyant. La possibilité de se défendre de cette vague est liée à la capacité de la dénoncer.

Il faut esquisser, je crois, avec tous ceux qui voient ce risque, une opération politique grande et importante. Il s’agit d’endiguer la vague de la dépolitisation et de reprendre le chemin de la transformation de la société et de l’Europe. Je crois que ceci est la tâche de la Gauche Européenne et des gauches de tous les pays européens. Rendre cela un objectif crédible outre que juste. C’est une nécessité et je pense qu’en Italie, pour vous, c’est aussi une occasion. Quand une partie des forces réformistes font un choix de nouvelle collocation dans la société et constituent ainsi une nouveauté politique, jusqu’à configurer la possibilité d’un nouveau rapport entre toutes les forces de la gauche d’alternative, la gauche ne peut pas échapper à ce qui est à l’ordre du jour, comme un antidote au risque indiqué, c’est-à-dire à la construction d’une gauche d’alternative capable de mobiliser de grandes énergies dans ce pays. Les éléments de départ sont là. On les sent largement partagés dans de larges secteurs du peuple.

Il s’agit du refus de la guerre et du terrorisme, en premier lieu. Et les évènements de ces jours-ci nous disent combien les mouvements, le parti de la paix avaient raison. Quand la politique est mise en échec, désormais c’est la tragédie. Regardons les évènements palestiniens qui ne se limitent pas à la tragédie d’un peuple dans un territoire. Ces évènements nous disent que si manque la perspective politique, cette spirale de guerre/terrorisme s’abat sur tous en des termes destructeurs. Et l’autre distinction est celle qui a grandi pendant toutes ces dernières années du refus des politiques néolibérales pour construire d’autres éléments de politique. Un processus, donc, pour construire une réponse aux grands thèmes comme celui de la précarité qui rongent le tissu social. La construction d’une politique d’alternative.

Mais pour ce faire, il faut construire une masse critique capable de donner de l’efficacité aux choses justes, il ne suffit pas d’avoir raison, il faut s’en emparer de la raison pour pouvoir changer ce pays. Et pour s’en emparer, il faut une force en mesure de motiver à nouveau une nouvelle perspective. Et pour la construire il faut saisir le moment, l’attente qui se produit. Tous les moments ne sont pas égaux, nous le savons bien. Si on suscite une attente comme on est en train de la susciter en ce moment, alors on peut organiser une émotion collective. Une force nouvelle on ne la fait pas seulement par la raison, on la fait aussi par la passion, les émotions et les sentiments. Un grand poète italien, Giacomo Leopardi, a écrit : « La connaissance n’est possible que si la raison devient passion ». Gramsci aussi le pensait. Le mouvement des femmes et le féminisme aussi nous l’ont enseigné. Nous devrions l’avoir appris.

Les entraves sont là, c’est évident : un processus de construction de l’unité n’est pas indolore. On doit s’attaquer au thème du rapport avec les mouvements, à la question du gouvernement, ce sont des problèmes réels, même difficiles. Mais vous avez accumulé du savoir, de l’expérience pour pouvoir vous y attaquer. Pour avoir assumé – et je crois qu’il s’agit peut-être de l’expérience la plus importante de cette communauté – le rapport avec les mouvements comme le terrain fondamental du travail politique et de la refondation.

Les cours des mouvements et les cours de la politique changent, mais ceci est le paradigme de la politique de l’avenir. Cette communauté a aussi construit un rapport avec l’expérience de gouvernement comme une possibilité, comme un choix, pas comme une obligation mais comme une opération politique à expérimenter et à vérifier. Maintenant nous le voyons qu’il s’agit de grands problèmes, de problèmes qu’on ne peut pas résoudre une fois pour toutes, mais je crois que plus on est fort mieux on arrive à les résoudre. Ce n’est que si un sujet politique à gauche s’avère fort, ample, pluriel qu’il y aura la possibilité de connecter aux mouvements et aux conflits la représentation politique. Et ce n’est que si la politique renaît, si le thème de la transformation de la société resurgit que cette connexion pourra devenir de longue période.

Le thème auquel est confrontée la gauche n’est rien de moins que le socialisme du XXI° siècle. Un thème difficile, important, mais auquel des forces qui viennent de l’histoire communiste, socialiste, démocrate radicale, du catholicisme social, de nouvelles cultures de mouvement qui les ont rencontrées, les grandes cultures du féminisme et de l’écologisme critique peuvent travailler à cause de la situation dans laquelle nous sommes, à cause de la nature de la globalisation et des questions qui montent de la société. Une nouvelle force politique se construit, plurielle, unitaire, grande s’il y a à sa base une culture politique forte et une pratique politique réformée.

La Gauche Européenne est une expérience précieuse. Elle nous a fait rencontrer des forces politiques différentes dans différents pays européens. Nous avons appris à ne pas juger. Nous avons appris à pouvoir nous attendre à des surprises même là où cela n’était pas prévisible selon la logique d’un processus linéaire. Qui aurait pensé il y a cinq ans à la possibilité d’une unification de Die Linke en Allemagne, entre les communistes de la PDS qui venaient de l’expérience historique de l’Allemagne de l’Est, un syndicalisme radical comme celui de la Wasg et l’un des leaders les plus importants de la social-démocratie allemande comme Oskar Lafontaine ? Comment un tel évènement peut-il arriver ? Il arrive parce qu’on saisit l’opportunité d’une conjoncture politique et à ce moment-là tu la pratiques et tu la réalises.

Or, cette culture politique est à la portée de l’expérience que vous êtes en train de faire. Et une pratique politique réformée est celle qui peut permettre de combattre le retour à la barbarie dans la société aussi. Une expérience précieuse est celle de la Gauche Européenne, qui nous a appris que l’Europe n’est pas la politique étrangère. L’Europe est la politique, l’Europe est le terrain où la Gauche Européenne grandit et vit ou meurt. L’Europe est désormais le terrain quotidien de l’action politique. Et c’est le terrain où nous sommes aujourd’hui en train d’apprendre que l’Allemagne, la France, l’Italie, le grand cœur de l’Europe continentale ont face à elles les mêmes problèmes. Je crois que nous pouvons nous attaquer à ces thèmes en investissant tout le patrimoine accumulé et en le mettant dans un terrain ouvert. On ne peut plus remettre l‘objectif d’un sujet pluriel et unitaire de la gauche en Europe et en Italie. Les moyens pour l’unité sont connus. Une large gamme d’opportunités s’ouvre toujours dans le processus unitaire. Il est inutile de penser mettre la charrue avant les bœufs, il faut commencer. Pour apprendre à nager il faut se jeter à l’eau, c’est-à-dire qu’il faut promouvoir un processus.

Les instruments, les modalités sont connus. Pensez au syndicat, qui les a expérimentés : l’unité d’action, la discussion sur l’unité organique, de grands processus fédératifs comme celui qui a rendu grande la Flm [Fédération des travailleurs métallurgistes, NdT] dans un rapport ou se combinaient l’unité d’organisations en train de changer et la naissance de nouveaux sujets comme les délégués. Et qu’on ne dise pas qu’il n’y a pas les délégués : on peut construire dans le territoire des formes participées autonomes de vie démocratique de la nouvelle gauche.

Les temps et les moyens dans certaines périodes sont décisifs. J’insiste sur la nature du défi, celle de redonner une perspective au changement, à l’efficacité de l’action collective et politique. Nous avons tant de questions, de sollicitations critiques et tant de difficultés à les accueillir. La construction d’une culture politique pour peser dans le sens commun des populations est un terrain aussi important que le mouvement et le conflit. Pas moins.

Le thème de l’hégémonie, c’est-à-dire de la possibilité de changer en cours de route les cultures dominantes. Nous le savons, à la fin la bataille sera décidée par les rapports sociaux et là-dedans le travail est en train de réacquérir déjà aujourd’hui un poids fort, un signe. Mais il y a le problème de comment ouvrir un espace politique afin que ces questions, ces besoins deviennent organisation du changement de la société. Il s’agit d’ouvrir un espace politique pour qu’ils puissent reprendre la confiance pour s’affirmer. La gauche n’y arriverait pas, même si elle faisait du bon syndicalisme de gauche. La gauche ne peut pas y arriver en soutenant, comme il le faut et comme il est juste, les revendications des salariés et du syndicat. Il n’y a aucun économisme qui puisse faire face aux nécessités. Sans une culture politique qui pèse sur le sens commun, les bonnes raisons deviennent impraticables. Et tu ne peux pas te le permettre, parce que cela rouvre un circuit de crise de la politique et de détachement des salariés. A ce point-là, les fondamentalismes l’emportent. Le rapport droite gauche est remplacé par celui entre ami et ennemi et l’ennemi peut être n’importe qui, même celui dont tu aurais besoin pour changer la société. Le populisme dévorerait la chair des grandes populations, comme c’est en partie en train de se passer et la menace se ferait dans les termes d’un conflit entre ceux qui, au contraire, devraient être alliés.

La Gauche Européenne peut être l’occasion de changer tout cela. Vous êtes en train de faire un pas, d’autres pas plus décidés doivent être faits. Je crois que nous devons aussi apprendre la leçon de la Gauche Européenne non pas comme l’aboutissement d’un chemin à consolider, mais comme l’ouverture d’une porte à ouvrir largement vers la construction d’une gauche plus large, plurielle, forte en Europe et en Italie. Vous venez d’une expérience qui, je crois, nous propose une bonne leçon que nous pouvons avoir appris ensemble. Cette communauté s’est ouverte et écoutée, aussi dans les moments difficiles et elle a écouté aussi des histoires lointaines qui semblaient à certains des éléments folkloriques ; au contraire, nous avons écouté et appris que dans le zapatisme vivait une annonce qui serait devenue forte par la suite dans les grands mouvements dans le monde, dans le mouvement des mouvements. Et nous avons écouté avec humilité, quand l’expérience et le mouvement nous l’imposaient, des pères de cultures comme celle de la non violence, que je continue à penser pouvoir être une des clés de voûte des nouvelles gauches en Europe. Comme une idée de critique du pouvoir, de participation, de refus de la délégation et aussi de correction de nos langages et de nos cultures dont on devrait éliminer d’emblée les éléments d’offense et de violence.

La gauche en Europe est un passage étroit, dramatique aussi, mais justement l’obstacle lui permet le saut parce qu’il le lui propose comme une alternative. Je pense que la Gauche Européenne doit s’ouvrir à une confrontation avec toutes les gauches, toutes, avec tous ceux qui, indépendamment de notre jugement, se considèrent de gauche, sans murs, sans barrages ni a gauche ni vis-à-vis des composantes modérées qui sont dans ce camp parce que vis-à-vis du parti de la Gauche Européenne aussi, plutôt que d’avoir une attitude séparée, on doit avoir une attitude de confrontation rapprochée et de défi, pour nous demander ensemble s’il existe un destin commun des gauches, même différentes entre elles, en Europe. Et faire avancer dans cette confrontation un processus unitaire de la gauche d’alternative.

Au cœur de l’Europe continentale l’Allemagne, la France et l’Italie, je le répète, sont au même point, le risque de déracinement de la gauche est le même. Regardons le vote au Nord de l’Italie et ce n’est pas le vote, comme on le dit, dans une zone spécialement riche ou dans la locomotive du pays, c’est le vote d’un endroit stratégique, comme dans d’autres endroits stratégiques en Europe, où la gauche risque d’être effacée. Et alors il faut avoir le courage d’entreprendre l’entreprise. Je crois qu’on ne doit pas se demander auparavant comment cela se passera et qu’on ne doit se demander non plus comment devra être le dessin précis de cette gauche d’alternative. Elle sera ce qu’en feront les participants, les gens qui doivent être mis démocratiquement en condition d’organiser leur avenir politique. Les temps ne permettent aucun renvoi. La tache est difficile, très difficile.

Mais je peux vous adresser une invitation : les nécessités sont au nombre de deux. Et vous savez très bien comment il est difficile de les tenir ensemble, mais je pense que si on choisissait entre les deux on se condamnerait à la défaite. Les exigences sont : primo, réaliser des faits politiques nouveaux à gauche, visibles et significatifs, qui encouragent les peuples dispersés des gauches à dire reprenons ensemble le chemin ; secundo, continuer ensemble la recherche pour la refondation de la culture et de la pratique pour la transformation de la société capitaliste. Ces deux exigences peuvent être tenues ensemble. Vous qui êtes engagés dans le travail politique quotidien, qui est la véritable source d’enseignement de la politique, vous savez sûrement beaucoup mieux que moi quoi faire et comment le faire. Je vous invite seulement à le faire tous ensemble, unis. Rendus solidaires dans les groupes dirigeants, dans le parti aussi, par la difficulté et l’ambition de la tâche, qui peuvent être de bons conseillers pour réaliser dans la fraternité et la solidarité cette aventure commune.

Bonne chance

Messages

  • TRES BIEN !

    Merci Roberto de nous mettre des interventions pareilles à disposition...
    Je crois que Bertinotti dit là des choses capitales et en plus, il le dit avec ce mot magnifique de Leopardi !

    NOSE DE CHAMPAGNE

  • Voilà la vision que les gauches européennes devront s’approprier.

    Espérons que le discours sera traduit en d’autres langues et sera lu par beaucoup d’Européennes et d’Européens.

    Je dis également Merci à Karl&Rosa pour toutes les traductions.

    JLR

    http://www.euroleft.inf.lu/

  • Or, pourquoi courons-nous ce risque ? Que s’est-il passé et qu’est-il en train de se passer pour que cette gauche, « la gauche » soit à risque ? Nous vivons une crise profonde de la politique qui marque des éléments profonds de détachement de parts importantes des masses populaires de la politique. Une sorte de dure désaffection. Une impossibilité d’investir ses propres émotions, ses propres convictions dans la politique.

    Pourquoi une telle désaffection ?

    Tout simplement, parce qu’il y a eu une très grande TRAHISON vis à vis des masses populaires ! Et ça le peuple de gauche ne pardonne pas : Georges Marchai et la guerre en Afghanistan (les dessous révélés par P.Juquin), la chute du mur de Berlin et ce qu’on a vu de l’autre côté (de la pauvreté grandement partagée par tous), L. Jospin et la grande braderie du public au privé, S.Royale/DSK/Rocard et la drague avec le centre droit (UDF-Bayrou), Kouchner, Tapies, Bocquel, Juyard, Npns, Charasse, C.Alègre, etc courant dans les bras de Sarkozy...

    Il était impossible de gagner, quoique avec un chouia de bonne volonté, d’abnégation, de sincérité, c’était jouable, 3 % c’est quand même pas la mer à boire !

    Faudra du temps pour panser les plaies. Faut savoir aussi que le peuple de Gauche pardonne rarement les trahisons, tant il porte au plus haut point certaines valeurs, comme la droiture, la parole donnée, le respect de l’autre, l’entraide, la générosité, dont les électeurs de droite ne s’embarassent pas autant (tout le monde le sait), leurs valeurs se portant uniquement sur la liberté de gagner un max d’argent et d’acquérir des biens pour le plaisir d’avoir, n’hésitant pas à mentir, trahir, frauder (le fisc en sait quelque chose), penser qu’à soi, peu importe que des gens soient jetés à la rue (même quand l’entreprise fait des bénéfices), les autres c’est pas leur souci du moment que l’église est là pour pallier leur déficit de compassion et de respect pour l’autre (surtout quand il n’est pas milliardaire) !

    Il sera très très difficile de faire revenir cette "masse populaire" vers la politique, car elle ne veut plus être le "jouet" d’intérêts qui la dépassent sans rien comprendre ! De plus, se crêper le chignon, vouloir s’imposer et avoir le "leader ship" dans les débats par l’invective en refroidit plus d’un. C’est pas par la violence des mots lancés à tort et à travers, qu’on peut donner envie aux gens de s’investir.

    Et si vous me permettez, il est gênant qu’au PCF, par exemple, la base quadrille les quartiers comme les mormons ou les témoins de Jéhova (plus inscrits dans la liste des sectes dangereuses ?). C’est pas la bonne tactique. Il faut donner envie aux gens de venir d’eux-mêmes, constatant que ce parti peut répondre à ses aspirations et à ses besoins, mais en aucune façon vouloir introduire du marketing ! On finit toujours par s’en lasser et c’est épuisant pour tout le monde !

    Essayez de voir pourquoi Sarkozy a raflé la mise ? Tout est là dans cette analyse qui tarde à venir !