Accueil > Cigale Avignon

Cigale Avignon

Publie le jeudi 5 juillet 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Bonjour Quelques informations sur la présence du pcf à Avignon.

* Le N° 4 de Cigale, huit pages de démocratie culturelle, Parti
communiste français est en cours d’édition (pdf ci-joint).
L’artiste associée de cette année est Chantal Montellier et il
contient les signatures de Marie-George Buffet, Francis Parny,
Bernard Doray, Aminata Traoré, Yves Clot, Alain Foix, Lothar
Trolle et Maurice Taszman, Jean-Louis Sagot-Duvauroux, Denis
Fernandez-Recatala et Genica Baczynski, Aline Pailler. Il sera
disponible la semaine prochaine. Ci-joint, il peut circuler par mail.
(vous pouvez recevoir les trois premiers n° sur demande par mail)

* Nous avons envoyé un courrier à de nombreuses organisations du
spectacle vivant présentes en Avignon que nous souhaitons
rencontrer pour faire échanger nos informations et nos points de
vue sur le silence, pour le moment assourdissant du gouvernement,
autour des enjeux d’art et de culture ainsi que sur les premières
courtes déclarations de la nouvelle Ministre de la Culture
pourtant lourdes de dangers pour la liberté de création. (SYNDEAC,
SYNAVI, FNSAC-CGT, URF, SFA, SNAM , SYNPTAC ,SACD, ATTAC culture,
ADAMI, FFMJC, Ceméa, ANRAT, CITI, A.T.P. d’Avignon...) - voir
ci-dessous

* Deux rencontres se tiendront à notre initiative. La première
intitulée :/ Défaite de la gauche, défaite de la pensée ? Comment
fonder un projet/. Le jeudi 12 juillet à 18h au Cloître Saint
Charles. Puis,/ VALEUR(S) TRAVAIL : combien de cachets ?/ Le mardi
17 juillet au Cloître Saint Charles à 15h.


Contact : Laurent Klajnbaum

Parti communiste français

2 place du colonel Fabien

75019 Paris

Paris le 1er juillet 2007

Contact : Laurent Klajnbaum

Madame, monsieur

Dans un contexte politique nouveau où le gouvernement, ou plutôt le Président de la République, multiplie les annonces et les prises de position tous azimuts, le silence autour des enjeux d’art et de culture est, pour le moment, assourdissant.
On ne sait pas grand chose des chantiers de la Ministre de la culture, madame Albanel, à part son sentiment que la question des intermittents serait réglée et ses déclarations sur la nécessité de l’argent privé. Autant de sujets d’inquiétude pour la liberté de la création.
Quant au MEDEF, sans doute veut-il accélérer son action pour poursuivre la casse de la culture et de ses métiers, mettre fin à l’exception du régime des « intermittents » et à la présomption de salariat des artistes et techniciens du spectacle, de l’audiovisuel et du cinéma.

Et pourtant, ces artistes et techniciens continuent de subir les nouvelles annexes 8 et 10 et nombre d’entre eux sont encore, mois après mois, chassés de leur métier.
Cette situation nous semble mériter que tous ceux qui sont attachés au partage du sensible et aux arts et à la culture comme biens communs à partager, profitent de leur présence en Avignon pour échanger leurs informations et leurs points de vue. Nous y sommes disponibles et nous souhaitons donc vous rencontrer.
Nous voulons vous indiquer, par ailleurs, que le Pcf organise, en Avignon, deux débats le 12 juillet à 18h au Cloître Saint Charles « échec de la gauche, échec du langage ? Comment fonder un projet. » et le 17 juillet à 15h au cloître Saint-Charles « VALEUR(S) TRAVAIL, combien de cachets ? ». Nous vous y recevrons avec plaisir.

Cordialement

Francis Parny
Vice-président de la Région Ile de France

Responsable national du PCF à la culture

Messages

  • Chers amis du forum,

    Je viens de prendre connaissance des éditoriaux de Cigale qui sera distribué
    à Avignon. Les textes sont légitimes et ce qui est dit et bien dit doit être
    dit, quoique le propos des deux écrivains font plus le portrait de l’ennemi
    à détester que de l’adversaire politique à combattre.

    Mais je suis horrifiée par les images.
    C’est une honte.
    Comment a-t-on pu laisser passer une telle infamie ?
    Ceux qui ont fait ça n’ont-ils donc rien compris à la défaite ?

    Caricaturer les images traditionnelles des luttes, leurs symboles leur
    mémoire et cela jusqu’à Delacroix pour tourner en dérision le bleu qui a
    pris la place du rouge ! Est-ce là la signification historique de la défaite
     ? Vous avez été déçu par Staline et par Mao, aujourd’hui c’est Sarkozy qui
    vous déçoit ? Où sommes nous ? Avez-vous donc honte d’un siècle d’espoir et
    de luttes ? Pensez-vous que l’on puisse construire un combat politique dans
    une telle haine de soi que les lettres cyrilliques ou chinoises (fausses qui
    plus est !) désignent le monde à fuir, voire à haïr. C’est indigne d’une
    histoire et indigne du présent et des douleurs de ces pays-là. Est-ce là une
    analyse politique de la défaite ?? Est-ce là la vision de la réalité
    politique ? Est-ce que l’usage d’une langue donc une allusion à une culture
    peut devenir le symbole d’une aliénation cynique ?

    Si Sarko a gagné c’est parce que les français n’ont plus d’image ni
    d’imaginaire et que lui en a fourni. Faute de savoir analyser ses armes que
    vous êtes donc incapables de démonter si je comprends ’il faut chercher à
    l’Est de notre histoire pour critiquer le capitalisme ultralibéral d’une
    société proaméricaine.

    Tous ceux qui réfléchissent ne cessent de répéter que si on ne réinvente
    pas un imaginaire et une culture de gauche c’est foutu pour toujours. Il fut
    un temps où appartenir au parti c’était apprendre à parler et à penser et
    beaucoup de ceux qui avaient été privés d’instruction et de culture
    trouvaient au parti un accès à tout ce qui nourrissait l’imaginaire des
    luttes et le plaisir de créer. Est-ce donc définivement fini ?

    Quoi de pire que de montrer sa propre misère culturelle, sa culpabilité
    historique en ne trouvant rien d’autre pour critiquer un régime que d’aller
    chercher dans le grenier terni de ses propres idéaux ou de ses illusions et
    de ces déceptions. Il y avait des idéaux. L’avez vous donc tous oublié ?
    Même les guignols de l’Info ne se livrent pas à un faux second dégré de cet
    acabit.

    Je serais Sarkozy j’éclaterais de rire devant tant d’indigence qui montre
    que sa victoire est complète le PC a besoin de tourner en dérision ses
    propres icones pour lutter contre un régime de droite. Une fois de plus le
    stalinisme ou le maoisme devient le prêt à porter de toutes les dictatures.
    Pourquoi pas Hitler tant que vous y êtes ça au moins ce fut notre véritable
    ennemi.

    Mais Sarko rirait encore plus fort !

    Je suis dans une colère noire à moins que ce soit un désespoir plus profond.
    Cigale était misérable l’année dernière : Delacroix en faisait déjà les
    frais et la mémoire des glorieuses avec lui sous les figures pseudo
    érotisées de la vulgarité. Cette année ça dépasse ce qui est supportable. On
    se moque des ouvriers, des paysans, de Gavroche et de la liberté avec la
    conviction d’être drôle au second degré direz-vous ! C’est dramatique. Quand
    respectera-t-on le lecteur, le spectateur, le militant ?

    C’est à grande échelle ce que j’ai vu dans ma rue à Paris entre les deux
    tours : Devant l’affiche portrait de Marie-George tenu, sur un séchoir
    rouillé, par une épingle à linge une militante galonnée me disait "C’est
    bien qu’on voie qu’on est pauvre"... Qu’elle se réjouisse encore plus
    aujourd’hui à Avignon : la pauvreté imaginaire de la gauche est à présente
    publiée et bien voyante. Oui on la voit bien.

    Il y a quelques années je publiai dans le Monde un article dénonçant l’usage
    de la faucille et du marteau pour faire une publicité boursière. Il ne
    s’agit pas de censure vous le savez bien mais de pensée : que signifient
    pour vous les mots et les images dans la construction d’un combat réellement
    politique ? Accepterez-vous d’ouvrir enfin le débat sur ce que signifie la
    construction d’une culture politique et ne plus vous contenter de faire une
    critique des politiques culturelles ? Le débat sur la culture populaire passe
    nécessairement par une réflexion sur ce qui fait un peuple pour une et par
    une culture et non sur l’accès de "tous" aux chefs d’oeuvre ou à la
    création.

    J’ai envoyé une partie de ces lignes à Francis Parny et à Aline Pailler qui
    n’avaient sans doute pas connaissance des images qui entouraient leur
    propos.

    MJM

  • Une réaction à MJM d’Alain Foix
    jjb

    Soyons lézards

    De l’humour que diable ! De l’humour. Humour désintégrateur de tous les
    intégrismes.
    Qu’est-ce que l’intégrisme finalement qu’une fixation morbide aux images du
    passé ?
    Rien de moins sage qu’une image vivante. Une image sage est une image morte,
    un gisant. Morte et mortifère.

    Ce que je dis dans ce texte publié par Cigale, peut-être trop vite lu par
    Marie-Jo Mondzain qui n’y voit "qu’un portrait de l’ennemi à détester"
    (???), est précisément que notre pire ennemi est nous mêmes dans notre
    incapacité à remettre en cause ce qu’on appelle image de soi, c’est à dire
    l’ensemble des clichés et stéréotypes qui font qu’artificiellement on se
    désigne personnellement ou collectivement une identité.

    Ces images avec lesquelles Chantal Montellier a intelligemment joué, et avec
    talent, sont des images qui renvoient au passé. Ce n’est pas ce passé qui
    est en cause, ni les formes par lesquelles les combats du passé ont existé
    ou se sont exprimés. Ce n’est pas une remise en cause de soi et de son
    passé, mais c’est l’expression de la nécessité de faire peau neuve pour
    continuer ces combats.

    L’art n’a pu continuer à être l’art qu’en déclarant la mort de l’art.
    Si on ne peut penser la dialectique à l’intérieur des formes (c’est à dire
    l’histoire qui fait son chemin en changeant de peau quitte à remettre en
    cause les formes du passé) on ne peut pas comprendre la liberté inhérente à
    l’acte artistique.
    Le parti communiste en respectant absolument cette liberté tient en cette
    posture l’essence même de ce combat émancipateur par lequel l’homme dessine
    sans cesse des formes pour l’homme. En ceci je m’inquiète de la réflexion de
    Marie-Jo Mondzain qui en appelle de manière subliminale à Francis Parny ou
    Aline Pailler comme responsables. Faudrait-il comprendre qu’on invoque
    censure au nom d’une sacralisation iconographique ? Haro sur l’iconoclaste
    qui a touché à nos images sacrées. Où va donc se loger la religion !

    Mais que je sache, dessiner une moustache à la Joconde n’a jamais remis en
    cause le chef d’oeuvre de Vinci en tant que tel. Bien au contraire. Cet acte
    met en valeur la dimension vivante d’un patrimoine en montrant la capacité
    du présent à dialoguer avec le passé. Mais dialoguer avec le passé suppose
    la capacité de le mettre à distance, donc à montrer que le temps fait son
    oeuvre, à poser la dimension temporelle entre soi et soi et se créer un
    présent. C’est précisément ce dont sont incapables les archaïques et
    intégristes de tous poils.

    Méfions nous des fixations morbides sur des images qui, par leur forme même
    et leur capacité de subversion ont pu, à l’heure de leur émergence,catalyser
    des énergies.Mais il est des formes qui sont plus mortelles que d’autres
    parce qu’elles émergent dans un temps précis pour une action précise. Je
    pense notamment au ridicule qui consiste à sacraliser l’urinoir de Duchamp.
    Il faut maintenant pisser dans l’urinoir car il a fait son oeuvre de
    libération de l’art dans ses formes nouvelles.

    Etre révolutionnaire, c’est précisément être capable de lâcher le passé pour
    l’action essentielle. Rappelons nous Toussaint Louverture, Dessalines et
    Christophe mettant le feu à Saint-Domingue pour sauver Haïti, c’est à dire
    l’essentiel : leur liberté.
    Et puisqu’il est question de Delacroix,glissons vers Géricault qu’Aragon
    associe dans sa réflexion sur l’Art questionnant le réel(cf Géricault et
    Delacroix ou le réel et l’imaginaire) et ne soyons pas les naufragés d’un
    quelconque radeau de la Méduse s’agrippant aux restes d’un glorieux passé.
    La Méduse n’est-elle pas précisément celle qui pétrifie ? Qui transforme le
    mouvement, la chair de la vie, en pierre et en image ? Soyons lézards.
    Abandonnons la queue. Elle repoussera. Coupons ce qui doit être coupé si
    cette chose là nous fait prendre par l’ennemi (le pire ennemi est
    nous-mêmes).

    Mais revenons un instant aux images incriminées et portons-y un oeil
    critique et esthétique.
    Ce que j’y vois est une critique post post-moderne à la post-modernité d’un
    Sarkozy qui joue des formes et références (Jaurès...) du passé pour les
    relativiser dans son discours. Tomber dans le piège tendu par Sarko serait
    de dire : "Non ! Jaurès est à nous, pas à vous". Jaurès n’est bien sûr à
    personne sinon à l’histoire.Ce n’est pas une icône, mais une question. Oui,
    Jaurès, comme Marx, Lénine, Trotski etc. sont des questions toujours à
    reposer.Leur oeuvre s’inscrit dans une action critique de l’histoire.
    Renoncer à la critique, c’est à dire aussi à la critique de la critique,
    c’est faire le jeu de tous les sarkocynismes. Mais il faut bien l’admettre :
    Sarkozy pose une vraie question à la gauche, une question digne de celle du
    sphinx, et la gauche a grand intérêt, comme Oedipe, à bien y répondre. La
    réponse d’Oedipe, ne l’oublions pas fut "l’homme".
    Ce qu’a fait Chantal Montellier dans ses illustrations est une critique de
    la critique par l’image même. Remettant en cause l’usage post-moderne du
    fonds d’images sur lesquelles s’arqueboute la gauche (et par ironie
    Sarkozy), elle fait fonctionner de manière novatrice ces icônes en rejouant
    avec elles le jeu de Sarkozy pour le déjouer en le submergeant dans son jeu.
    En réalité, c’est la force de ces images révolutionnaires rejouées de
    manière dérisoire qui apparaît. Elle leur redonne force justement par ce jeu
    de mise à distance, comme la moustache dessinée sur la Joconde requestionne
    son sourire.

    Alain Foix

    • Réponse à Alain Foix,

      Je préfère prolonger l’analyse d’Alain Foix que répondre a Marie-José
      Mond(z)ain dont l’absence d’humour et de distance est pathétique.
      Il ne suffit pas de se dire sémiologue pour savoir lire les images, surtout
      si on les regarde avec les oeillères d’une religiosité politique qui n’est
      vraiment plus de saison. "Soyons lézards" en effet. Salamandre, aussi...

      Oui, c’est cela, Alain Foix, c’est bien de redonner force à ces images-là
      qu’il s’agit, vous voyez et visez juste. Leur rendre leur force en les
      rendant à la vie, celle que nous devons vivre, faites de pubs, de fards, de
      marques, de people et de renoncements à nous mêmes, à notre culture, notre
      histoire.

      Le peuple souverain qui s’avance et se dresse pour sa liberté et sa dignité
      dans le tableau de Delacroix, qu’en ont-ils fait, les maîtres du miroir
      médiatique et de la presse people !? Le savez-vous madame mond(z)aine ?

      Oui, je tend un miroir un peu cruel à ce peuple qui fut de gauche. A nous
      mêmes.

      Alain Foix écrit très justement : "En réalité, c’est la force de ces images
      révolutionnaires rejouées de manière dérisoire qui apparaît. Elle leur
      redonne force justement par ce jeu de mise à distance".
      Je suis heureuse d’avoir été aussi parfaitement comprise, ça ne m’arrive pas
      tous les jours. Et cela prouve qu’il n’y a pas que des "an-iconiques" au
      PCF, tous les espoirs sont donc permis ! Notamment celui de reconquérir les
      territoires perdus du dessin politique, de l’Image, de l’Imaginaire et du
      Symbolique qui lui sont attaché.

      Faire revenir la force de ces images-là, oui, mais dans la réalité trafiquée
      et fardée d’aujourd’hui, qui les dénature, les oblitère. Ces images
      reviennent, oui, mais en vaincues. Il faut le savoir. Mais elles reviennent !
      (sous des tonnes de mensonges, de fardages, de trahisons. De désir
      d’embourgeoisement.)

      Forcément, ça les changent !

      Sous le fard outrancier de ce qui fut une puissante ouvrière soviétique, (Je
      reviens de Russie et c’est un crève-coeur de voir toutes ses jeunes femmes
      déguisées en call girls pour ressembler à ce que propose la télé et les
      revues people), sous ce fard outrancié, sous les paillettes recouvrant un
      gavroche péroxydé transformé en porteur de marque, reste la force du peuple
      que l’on peut toujours maquiller, déguiser, clowniser, abêtir, divertir au
      sens de distraire (de son propre désastre), star-académiser, infantiliser,
      décerveller, prostituer ; que l’on peut toujours détourner de son court,
      (celui de sa vraie émancipation), cette force est toujours là attendant le
      moment de se libérer et de se retrouver, loin des paillettes et des miroirs
      aux alouettes médiatiques.

      Force qui finira par retrouver sa vraie nature, sa vraie culture, sa vraie
      histoire. Loin des maîtres du Miroir médiatique qui l’aveugle et la manipule
      pour leur plus grand profit.

      Ce n’est pas un sarkozy déguisé en héros-libérateur des masses populaires et
      du monde du travail, de la classe ouvrière, (qui pourrie en nombre au fond
      des geôle du ministre-président de la police à raison de 8 hommes par
      cellule de 9 m2), non, ce n’est pas le président de la police qui pourra y
      changer quelque chose, même s’il fait perdre beaucoup de temps à ce
      nécessaire travail de libération, à cette reconquête de dignité populaire.

      Il faut que ces images revivent, qu’elles refassent surface, pour qu’on en
      redécouvre la force sous les stygmates dégradant de la peoplisation.

      Ces images sont un constat. Et un espoir.

      Chantal Montellier.