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En tout bien, tout déshonneur…

Publie le jeudi 10 janvier 2008 par Open-Publishing
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de Pierre Marcelle

C’est le cas de le dire

No Smoking partout, donc, et jusque dans les lieux d’élection de Madame Nicotine. Mais ne ressassons pas ce qui cent fois fut dit : après avoir en vain vitupéré, constatons que quand l’Etat veut, il peut. Déplorons qu’il veuille plus souvent attenter à nos modes de vie les plus privés que mettre ses pouvoirs au service de ses devoirs les plus publics ; en réquisitionnant, par exemple, des immeubles inoccupés pour loger des SDF.

S’il est donc entendu que l’interdiction de fumer au zinc sera plus vite effective que le droit opposable au logement, tâchons d’y voir un peu plus loin. Car ce qui pourrait ne sembler qu’un autre épiphénomène du sécuritarisme prétendument civique en appellera d’autres : gageons que le retour des beaux jours fera un bon prétexte pour interdire les fumeurs dehors autant que dedans, tant il ferait beau voir que ces criminels affichent leur vice au soleil et plastronnent aux terrasses des cafés, les interdisant ainsi aux Français vertueux et confits en hygiénisme. Il n’est que de voir comme les JT les présentent en velléitaires hystériques, clochards hirsutes ou pochetrons crasseux, pour deviner la suite : au train où se dévorent les libertés, il ne sera même plus nécessaire de légiférer ; les fumeurs impénitents, ponctuelle expression de ce qui résiste, il suffira, au printemps venu, de les lyncher.

Roulements de maxillaires

De la ricanante et tout en arrogante autosatisfaction prestation présidentielle dont il paraît qu’il fallut, selon les ministres courtisans, mesurer la performance à l’affluence, que retenir, hors les ordinaires roulements de mécaniques maxillaires de l’orateur ? Certainement pas les concepts décidément bien fumeux, dans sa bouche, de « renaissance » et de « politique de civilisation » qui donnèrent lieu à un bavard et affligeant enfilage de lieux communs ; ni rien d’Europe, sinon une menterie glissée en catimini à propos d’une prétendue revendication italienne (que Rome démentit le soir même) de charters communs pour mieux expulser les sans-papiers. Le bond en avant instantané, peut-être, des cours des actions de TF1 et M6, à la perspective de voir redistribuer 800 millions d’euros de manne publicitaire dont le service public télévisé serait privé ? L’annonce fit son petit effet, mais les mécanismes de compensation suggérés font douter autant que sourire. Et il fallut attendre la tombée de la nuit pour entendre enfin les commentateurs s’aviser d’une implicite promesse d’allongement de la durée légale du travail, là encore si fumeuse en son énoncé qu’on en était encore, vingt-quatre heures après, à supputer son interprétation…

Reste le spectacle. Nicolas Sarkozy, c’est entendu, nous saoule et nous gave, mais c’est toujours, pour reprendre le mot heureux de Yannick Noah, « brouhaha et godille ». Plus gravement, cette méthode toucha mardi à un paroxysme surligné par la schizophrénie d’une profession qui sembla ne pas seulement se rendre compte de la façon dont elle se déshonorait. Aux vannes graveleuses du chef, les gloussements d’une foule de quelque six cents journalistes faisaient une obscène allégeance dans une effarante inconscience. (On retiendra notamment cet « en tout bien tout honneur » infligé à une jeune consœur, pour signifier urbi et orbi que le président en a ; derrière Guaino, plume officielle, la plume salace de Bigard n’est jamais loin, qui parfume plus qu’un inconscient.)

Le paradoxe est formidable, qui voit une corporation donner dans tous les panneaux que lui tend le chef de l’Etat tout en déplorant - c’est devenu une tarte à la crème - le peu d’estime dont lui ferait crédit l’opinion. A découvrir (mardi soir, dans le Grand Journal de Canal +) les à-côtés de la grand-messe, avec ses flics en civil ordonnant la distribution du micro, force fut de constater que ladite profession connaissait pourtant trop bien les règles de ce jeu stérile, où chaque question, dépourvue de droit de suite, n’a d’autre fonction que celle de dérisoire faire-valoir. Alors, autant pas y aller ? Oui.

L’homme de l’année

Au sortir de l’exercice, je me découvris conforté dans la tentation terroriste qui me fit sans vergogne élire « homme de l’année 2007 » certain marin-pêcheur du Guilvinec. Oui, celui qui, ayant interpellé l’agité de l’Elysée à propos de son autoaugmentation de « 170 %», s’était vu par le même invité à « descendre », et lui avait rétorqué sans ambages : « Si je descends, je te mets un coup de boule, alors vaut mieux pas. » Et j’eus beau me dire que ce n’était pas très « déontologique », je rêvai cet homme-là titulaire d’une carte de presse…

Le mot de la semaine

De Jules G. (de Rouen), à propos d’une opposition plus que jamais nécessaire : « On fera des plans sur la comète quand on aura une comète. » Jules G. ne faisait là qu’accessoirement référence à la doucereuse agonie de l’entité baptisée Parti socialiste, qui profita mardi soir du barouf consécutif à la conférence de presse de Sarkozy pour informer en douce de sa décision de « boycotter » (Ah, mais !) le Congrès de Versailles du 4 février, et ainsi mieux dissimuler son ignominieux renoncement à l’exigence d’un référendum sur le traité européen de Lisbonne.

http://www.liberation.fr/rebonds/ch...

Messages

  • Il y a bien longtemps que cette clique de larbins a abandonné déontologie,amour propre et sens de l’honneur.Sans oublier le goût du graveleux avec le pauvre type qui se prétend humoriste. Voir à ce sujet le Canard enchainé du 26 décembre article en une l’évangile selon saint Bigard, à gerber. Et aussi un excellent dessin de Petillon où l’on voit Bling Bling Rollex 1er allongé sur un canapé téléphonant :"Salut mon Bigard. J’ai des places pour le pape...ça te tente ? ". Nous voici confrontés au règne des animateurs de supermarchés. Quant aux pitoyables descendants de Jaurès je leur conseille dela création d’un nouveau parti l’UMPS.Oublions définitivement ces négations de l’humanité et prenons résolument notre destin en mains. Eteignons les télés et parlons nous. Lul