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"Sortir du nucléaire" pointe les négligences d’Areva au Niger

Publie le samedi 2 février 2008 par Open-Publishing

31/01/2008 : Enviscope
Uranium : "Sortir du nucléaire" pointe les négligences d’Areva au Niger

 Le Réseau "Sortir du nucléaire", implanté à Lyon, soutient les actions de l’association Aghir-Im-Man pour davantage de transparence dans l’exploitation du minerai d’uranium.

 « On a besoin de sensibiliser les populations sur les dangers de l’uranium. On n’est pas contre l’exploitation de l’uranium, mais il faut que les populations connaissent les risques » Al Mostapha Alahacen, de l’association Aghir-Im-Man, était ce jeudi après-midi dans les locaux du Réseau "Sortir du nucléaire", à Lyon, pour témoigner des conditions encore anormales dans lesquelles AREVA exploite,par le biais d’une filiale locale, le minerai nigérien. A ses côtés, Bruno Chareyron, de la CRIIRAD ( Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité, basée à Valence).

 Sur bien des points l’activité minière menée par le groupe français au Niger pêche encore par manque de rigueur sur le plan de la propreté et sur le plan sanitaire, explique Bruno Chareyron. La CRIIRAD l’a constaté lors d’une mission et des mesures sur place, au prix de quelques tracasseries admnistratives de la part des autorités locales, inspirées selon l’association par les représentants d’AREVA.

 Une critique importante vise par exemple les stériles extraits des mines et les boues, issues d’une première préparation du minerai. Trop souvent des déchets émettent encore une radioactivité de 500 000 becquerels par kilo. Ce qui est gênant pour la CRIIRAD c’est ce que ces déchets dégagent des poussières qui peuvent être inhalées. L’association a aussi trouvé des tôles utilisées par les habitants elles aussi contaminées( 240 000 becquerels par kilo).

 Au total, des habitants des régions minières, de villes comme Arlit, seraient exposés à des doses ( effets sur l’organisme) supérieures à 1 millisievert. Cette dose est la dose annuelle maximale admise en France pour la population, alors que la dose de 20 millisievert est la dose admise pour les personnels du secteur nucléaire.

 Pour un suivi épidémiologique. Sur le plan sanitaire, Aghir-Im-Man, comme la CRIIRAD insistent sur l’importance d’un suivi médical indépendant, d’un suivi épidémiologique qui fait défaut. A Arlit, l’hôpital est géré par le groupe Areva, et les autorités nigériennes manquent de moyens (peut-être aussi de volonté et d’autonomie) pour conduire une vraie surveillance sanitaire.

 Au delà des doutes ou des inquiétudes sanitaires immédiats les associations pointent d’autres problèmes, comme l’utilisation de l’eau. "L’exploitation des mines, le lavage du minerai nécessitent beaucoup d’eau, le lavage du minerai et l’eau est puisée dans des gisements fossiles qui ne se reconstituent pas. Le niveau a déjà baissé, dans certains secteurs les arbres ne peuvent pas aller chercher l’eau. » explique Al Mostapha Alahacen.

 Un prix en hausse. Les interpellations deviennent donc globales. Elles sont écologiques : que deviendra le milieu une fois l’exploitation terminée ? Bruno Chareyron rappelle que la fin de l’exploitation des mines d’uranium en France a laissé intraitées des millions de tonnes de stériles dont certains pourraient contaminer des cours d’eau.

 Le problème est aussi celui des retombées économiques sur les régions minières. Depuis 1961, la France bénéficie d’un statut privilégié pour exploiter l’uranium nigérien, en dessous des cours mondiaux. Un récent accord, a abouti à une relèvement du prix payé par Areva,de 25 000 à 65 000 francs CFA le kilo. « Le prix était inférieur des deux tiers au cours mondial, il est encore inférieur d’un tiers » explique Bruno Chareyron.

 La tendance est au relèvement du prix de l’uranium. Les ressources nigériennes sont très convoitées. Cent vingt deux permis de prospection ont été accordés en deux ans par Niamey à des sociétés canadiennes, australiennes, russes, mais aussi chinoises. La boulimie d’uranium qui gagne le monde touche le Niger.

 Mais les Nigériens ne veulent plus avoir la portion congrue et être laissés dans l’ignorance. Ils savent aussi que la concurrence sur le marché de l’uranium, peut durcir certaines conditions d’exploitation. Al Mostapha Alahacen redoute le comportement des Chinois.