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... risques de déstabilisation qui pourraient menacer la planète tout entière

Publie le vendredi 18 avril 2008 par Open-Publishing
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« Biocarburants, restriction des exportations, subventions agricoles : les dissensions se multiplient face à la flambée des prix alimentaires, réactivant l’éternelle opposition Nord-Sud.

Etats, organisations multilatérales et ONG se mobilisent face aux risques de déstabilisation qui pourraient menacer la planète tout entière.

Les émeutes de la faim qui ont éclaté un peu partout dans le monde ont atteint au moins un objectif : Etats, organisations multilatérales et ONG se mobilisent face aux risques de déstabilisation liés à la flambée des prix agricoles. Nombre de responsables se montrent de plus en plus alarmistes.

« Ce que nous voyons aujourd’hui n’est qu’un signe avant-coureur. Si nous laissons les choses en l’état, nous risquons des catastrophes nationales dans les pays concernés, mais qui auront en plus un impact sur la stabilité du monde entier », a averti le chef de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Jacques Diouf, sur le site de l’hebdomadaire allemand « Die Zeit ».

La facture des importations céréalières des pays les plus pauvres va augmenter de 56 % en 2007-2008, selon la FAO. Mais d’ores et déjà, les dissensions sur les causes de cette crise alimentaire et sur les solutions à apporter s’exacerbent. La plus explicite concerne les biocarburants. Le Brésil, devenu en quelques années numéro deux du bioéthanol (derrière les Etats-Unis) grâce à une politique ultravolontariste, est particulièrement montré du doigt. D’autant que, du fait de ses exportations, il est l’un des grands bénéficiaires de la flambée des prix agricoles.

Le président brésilien Lula a pourtant défendu sa politique, lors d’une conférence régionale de la FAO qui se tient à Brasilia. « Le vrai crime contre l’humanité (1) serait de rejeter a priori les biocarburants, et de laisser les pays étranglés par le manque de produits alimentaires et d’énergie dans la dépendance et l’insécurité », a-t-il riposté en mettant en cause « l’impact négatif de l’augmentation du pétrole sur les coûts de production » et celui « des subventions et du protectionnisme dans le secteur agricole ». Mais, au sein de l’Amérique latine, où les inégalités sociales sont profondes, le dossier des biocarburants oppose les puissances brésilienne et argentine aux petits pays et au Venezuela de Chavez, très hostile aux carburants verts.

Très engagée elle-même dans l’essor des biocarburants, l’Europe commence à douter. « L’objectif de l’Union européenne d’obtenir d’ici à 2020 que 10 % des carburants soient issus de plantes ne doit pas être la priorité absolue si le prix à payer est que la nature et les hommes en pâtissent », a déclaré le commissaire européen à l’Environnement, Stavros Dimas, au quotidien allemand « Die Welt ».

Sur les mesures d’urgence à adopter aussi, les dissensions sont patentes. Alors que le FMI lui-même a admis le bien-fondé des Etats à protéger leur marché intérieur, le commissaire au Commerce, Peter Mandelson, n’en démord pas : « La taxation des exportations, les quotas et les interdictions ne servent pas l’économie ou le développement », a-t-il martelé hier devant le Parlement européen, dénonçant un « retour aux politiques mercantiles du passé » et le risque « d’une spirale protectionniste et d’une chute de la production agricole mondiale ».

Pour sécuriser leur propre approvisionnement, des pays exportateurs de céréales ont en effet restreint, voire stoppé leurs ventes à l’étranger, attisant évidemment la hausse des prix. Peter Mandelson prône, lui, au contraire, une ouverture toujours plus grande des marchés mondiaux. Plus que jamais, les tenants de modèles économiques antagonistes s’affrontent, un dialogue de sourds que la crise actuelle ne fait qu’exacerber.

ANNE DENIS.

(1) Le rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation, Jean Ziegler, a qualifié de crime contre l’humanité la production massive de biocarburants.

http://www.lesechos.fr/info/inter/4716963.htm

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