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Víctor Lidio Jara Martínez : Víctor Jara, 28 septembre 1932 - Santiago, 16 septembre 1973 (videos)

Publie le jeudi 18 septembre 2008 par Open-Publishing
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Victor Jara : Cuando voy al Trabajo

de Roberto Ferrario

Víctor Jara, membre du Parti communiste chilien et membre du Comité central des jeunesses communistes du Chili, au travers de ses textes, cherché à faire partager son idéal de justice et sa volonté de recontruire une société plus égalitaire et plus juste, chantait le partage des terres, critiquait le conformisme bourgeois (Las Casitas del Barrio Alto, Ni Chicha Ni Limona), dénonçait la répression militaire, condamnait la guerre du Vietnam (El Derecho de Vivir en Paz), rendent hommage aux grandes figures révolutionnaires latino-américaines (Corrido De Pancho Villa, Camilo Torres, Zamba del Che) , mais aussi au peuple et à l’amour (Vientos del pueblo, Te recuerdo Amanda).

Les paroles de Jara sont souvent très engagées et très politiques. Ce sont des chansons de luttes dans lesquelles il s’adresse directement au peuple Chilien ou Sud américain, à cette cohorte de paysans, ouvriers, travailleurs et révolutionnaires. Il devient le porte-parole des plus démunis, de ceux à qui la parole est confisquée.

Rassemblement le 11 septembre 2008 place Allende Paris 7

Rassemblement le 11 septembre 2008 place Allende Paris 7

Fut l’un des principaux soutiens de l’Unité Populaire et de Salvador Allende président du Chili assasine lors du coup d’Etat du 11 septembre 1973. Le meme jour,Víctor Jara, est en route vers l’université technique de l’Etat où il officie depuis 1971, pour l’inauguration chantée d’une exposition avant de rejoindre Allende au palais présidentiel, mais enlevé par les militaires fut arrêté et emprisonné avec 6000 autres militants de gauche dans le stade de Santiago, reconverti en immense prison, où durant plusieurs jours, il apporte soutien et réconfort à ses camarades de détention, il chante même pour ses codétenus afin de leur redonner courage, cet stade aujourd’hui porte désormais le nom de Victor Jara, puis à l’Estadio Nacional où il fut torturé et exécuté le 16 septembre 1973 quelques jours avant son 41ème anniversaire avec 34 impacts d’armes automatiques, est retrouvé avec cinq autres personnes à proximité du cimetière métropolitain après avoir eu les doigts des mains coupé à coup de hache... Son corps rejoindra celui de tous les anonymes massacrés durant la répression.

"On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l’officier, une hache apparut. D’un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d’un autre coup, ceux de la main droite. On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s’écroula lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6 000 détenus. L’officier se précipita sur le corps du chanteur-guitariste en criant : "Chante maintenant pour ta putain de mère", et il continua à le rouer de coups. Tout d’un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l’on entendit sa voix qui nous interpellait : "On va faire plaisir au commandant." Levant ses mains dégoulinantes de sang, d’une voix angoissée, il commença à chanter l’hymne de l’Unité populaire, que tout le monde reprit en chour. C’en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant. D’autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait pas. Il était mort." Miguel Cabezas (extrait d’un article paru dans l’Humanité du 13 janvier 2000).


Zamba del Che

Fils d’un couple de paysans modestes, sa mère chanteuse lui apprit les rudiments de la guitare. Ses connaissances musicales ne sont donc pas académiques, mais ancrées dans le terroir populaire chilien. Après la mort de sa mère il monté à la capitale, il intègre l’université du Chili où il participe au projet "Carmina Burana" (1953). La même année, il débute un travail de recensement du folklore chilien. En 1956, il intègre la compagnie de Mimos de Noisvander, et se forme au théâtre et au jeu d’acteur. Il rejoint ainsi la compagnie de l’université du Chili.

Ses carrières théâtrale et musicale suivent des trajectoires parallèles à partir de 1957 il intègre le groupe Cuncumen, où il rencontrera Violeta Parra, la mère de la chanson chilienne moderne. À 27 ans, il monte sa première pièce et voyage à travers l’Amérique du Sud. Il enregistre également ses premières chansons (de Violetta Para) en chantant comme soliste du groupe Cuncumen. Parallèlement, il réalise sa première mise en scène, d’après une oeuvre d’Alejandro Siveking, ce qui lui permet de voyager en Argentine, au Vénézuela, au Paraguay et à Cuba (1959). Il restera fidèle à cet auteur, tout en explorant d’autres pistes, mettant en scène du Cruchaga, la "Mandragore" de Machiavel, du Raúl Ruiz ou du Brecht. Directeur artistique du collectif "Cuncumén", il réalise une tournée en Europe en 1961 (France, Hollande, URSS, Europe de l’Est...). La même année, il compose son premier morceau, une ballade folklorico-poétique, "Paloma Quiero Contarte". Ses qualités artistiques sont appréciées, puisqu’il devient en 1963 directeur de l’Académie folklorique de la Maison de la Culture de Ñuñoa, et intègre l’équipe de direction de l’institut théâtral de l’université du Chili (Ituch). Il sera ainsi professeur de plateau de 1964 à 1967, dans la cadre de l’université. En 1965, il est primé, et la presse commence à s’intéresser à ce directeur d’acteurs infatigable et talentueux. Puis il intègre le groupe Quilapayun, avant de débuter une carrière solo avec un premier disque en 1966.

La même année, alors qu’il est assistant à la mise en scène de William Oliver sur une oeuvre de Peter Weiss, il enregistre son premier disque avec le label "Arena". En 1967, il signe chez EMI-Odeon qui édite son trente-trois tours intitulés Víctor Jara et Canciones Folklóricas de América, avec Quilapayún, c’est la consécration avec un disque d’argent.. Dans le même temps Jara poursuit sa carrière de directeur de théâtre, montant et dirigeant des pièces souvent engagées. Lors du premier Festival de la Nueva Cancion Chilena en 1969, il remporte le premier prix et chante lors du meeting mondial de la jeunesse pour le Vietnâm à Helsinki. en autre il monte les pièces de théatre "Antigone" de Sophocle et "Viet-Rock" de Megan Terry avec l’Ituch. Militant dans l’âme, il se rend cette même année à Helsinki chanter pour la paix au Vietnam. Il sort un nouveau disque intitulé Pongo en tus manos abiertas avec le label "Dicap".


Victor Jara : Manifiesto

En 1970, il est invité à un festival international de théâtre à Berlin, et participe au premier Congrès de théâtre latinoaméricain à Buenos Aires, il renonce à prendre la direction de l’Ituch. Ce choix est fondateur d’un nouvel engagement politique, car il s’engage dans la campagne électorale du parti "Unidad Popular" de Salvador Allende. Victor Jara estime à l’époque qu’il peut être plus utile par la chanson, ce qui lui donne l’opportunité de s’adresser au pays entier. Cette nouvelle option, qui lui fait délaisser le théâtre, est confirmée par la parution chez "Emi-Odeón" de l’album "Canto libre".

En 1971, il rejoint le ballet national, puis le département des technologies de la communication de l’université technique de l’Etat. Devenu l’ambassadeur culturel du gouvernement Allende, il organise des tours de chant dans toute l’Amérique latine et participe à plusieurs émissions de la télévision nationale chilienne, pour laquelle il composera entre 1972 et 1973. A la sortie de son opus "El derecho de vivir en paz" (Dicap, 1971), il est sacré meilleur compositeur de l’année.

Apres la sortie de "La población" (Dicap, 1972) il réalise une tournée en URSS et à Cuba, où il est invité pour le Congrès de la musique latinoaméricaine de La Havane. Présent sur tous les fronts, Victor Jara dirige également l’hommage au poète Pablo Neruda (qui vient de reçevoir le Prix Nobel) dans la Stade National de Santiago, et n’hésite pas à s’enrôler parmi les travailleurs volontaires lors des grandes grèves de 1972.

Soutenant toujours activement la campagne législative "Unidad Popular" en 1973, il chante lors de programmes dédiés à la lutte contre le fascisme et contre la guerre civile à la télévision nationale. Il réalise par ailleurs un tour de chant au Pérou à l’invitation de la Maison nationale de la Culture de Lima. L’année 1973 est également l’occasion de travailler sur ses derniers enregistrements, qui mettent à l’honneur le patrimoine culturel et musical chilien. Il en résulte un album, "Canto por traversura", qui sera plus tard interdit à la vente. Puis il s’attèle à l’enregistrement de deux disques qui ne sortiront qu’à titre posthume. Les "sbirres" de Pinochet exécuteront des basses œuvres en détruisant les masters de quatre de ses disques et en interdisant la publication des quatre derniers.

Le 4 juin 2008 le juge chilien Juan Eduardo Fuentes réouvre l’enquête sur l’assassinat de Victor Jara indiquant qu’il avait examiner 40 nouveaux éléments de preuve fournis par la famille du chanteur. La veuve du chanteur, Joan Jara, déclare que ce meurtre ést devenu un symbole international de la lutte contre les abus commis contre les droits de l’homme. Pour elle, la réouverture de l’affaire "ouvre la voie à la poursuite de l’enquête et à la recherche de la vérité".

Le magistrat Fuentes avait statué le mois dernier, jugeant que Mario Manriquez, un colonel à la retraite de l’armée chilienne, avait tué Victor Jara en 1973, mais il avait clôturé le dossier après cette mise en examen. La famille de Victor Jara - qui considère que l’armée protège d’autres personnes qui pourraient porter une part de responsabilité - s’est félicitée de la décision du juge de rechercher davantage de preuves. Le Colonel Manriquez, qui était l’officier en charge du stade où Victor Jara a été détenu, est en résidence surveillée et sera condamné à une date ultérieure.

Un rapport officiel publié après le retour de la démocratie au Chili en 1990, a montré que 3197 personnes sont mortes ou ont disparu sous le régime militaire...



VICTOR JARA : "A desalambrar" de Daniel Viglietti

Un chant révolutionnaire.

Un appel à la révolte pour le partage des terres et des richesses. "Cette terre est à nous et non pas à celui qui possède le plus", "si les mains sont les nôtres, est à nous aussi ce qu’elles produisent"... Le réforme agraire a toujours été au centre des projets révolutionnaires communistes, et ce dès la révolution russe.

On imagine les grincements de dents des puissants propriétaires terriens chiliens. Avant la réforme agraire engagée par Allende, 700 propriétaires possédaient 55% des terres arables. Beaucoup de ces riches possédants soutinrent Pinochet pour éviter la nationalisation des terres.

Texte de la chanson
 
Yo pregunto a los presentes
si no se han puesto a pensar
que esta tierra es de nosotros
y no del que tenga mas.
 
Yo pregunto si en la tierra
nunca habra pensado usted
que si las manos son nuestras
es nuestro lo que nos den.
 
A desalambrar, a desalambrar !
que la tierra es nuestra,
tuya y de aquel,
de Pedro, Maria, de Juan y Jose.
 
Si molesto con mi canto
a alguien que no quiera oir
le aseguro que es un gringo
o un dueño de este pais.
 
A desalambrar, a desalambrar !
que la tierra es nuestra,
tuya y de aquel,
de Pedro, Maria, de Juan y Jose.
 
Yo pregunto a los presentes
si no se han puesto a pensar
que esta tierra es de nosotros
y no del que tenga mas.
 
Yo pregunto si en la tierra
nunca habra pensado usted
que si las manos son nuestras
es nuestro lo que nos den.


VICTOR JARA : Casitas del Barrio Alto

Une chanson délicieuse, mordante de froide ironie. Victor Jara raconte la vie réglée des bourgeois Chiliens. Une vie rangée, de belles maisons multicolores dans le "Quartier Haut", des relations sociales codifiées… une existence morne, convenable.

Jara évoque ensuite les enfants de la bourgeoisie, ces freluquets en quête de rébellion qui « jouent avec des bombes et la politique, assassinent des généraux et deviennent des gangsters de la sédition »… ce qui n’empêche pas leurs parents et leurs amis de continuer à mener une vie tranquille, dans leur « Haut Quartier » bordé de maisons multicolores.

On sent le décalage social d’un Chili au bord de l’explosion. La vie paisible des bourgeois que rien ne perturbe, qui vivent entre eux, coupés de la réalité sociale du pays, dans leur ghetto luxueux. Une existence sans flamme, stéréotypée, belle comme une série télévisée américaine.

Une chanson très forte, d’une douceur dévastatrice.

Texte de la chanson
 
Las casitas del Barrio Alto con rejas y antejardin, una preciosa entrada de autos esperando un Peugeot. Hay rosadas, verdecitas, blanquitas y celestitas, las casitas del Barrio Alto todas hechas con resipol.
 
Y las gentes de las casitas se sonrien y se visitan.
Van juntitos al supermarket y todos tienen un televisor.
Hay dentistas, comerciantes, latifundistas y traficantes, abogados y rentistas.
Y todos visten policron, juegan bridge, toman martini-dry.
Y los niños son rubiecitos y con otros rubiecitos van juntitos al colegio high.
Y el hijito de su papi luego va a la universidad comenzando su problematica y la intringulis social.
Fuma pitillos en Austin mini, juega con bombas y con politica, asesina a generales, y es un gangster de la sedicion.
 
Y las gentes de las casitas se sonrien y se visitan.
Van juntitos al supermarket y todos tienen un televisor.
Hay rosadas, verdecitas, blanquitas y celestitas, las casitas del Barrio Alto, todas hechas con resipol.


VICTOR JARA : El derecho de vivir en paz

Dans cette courte chanson, Victor Jara plaide pour que les Vietnamiens aient enfin "le droit de vivre en paix". Il fait ainsi référence à la guerre d’indépendance engagée contre la France (1946-1954), presque immédiatement suivie de l’intervention américaine dans le conflit (1957-1975), pour éviter que le royaume fantoche de Bao Daï, au sud, ne devienne à son tour communiste.

Il s’agit également d’un hymne à Ho-Chi-Minh. Le révolutionnaire Vietnamien est qualifié de "poète", on l’appèle "Oncle Ho", on lui déclare que cette "chanson est un feu de pur amour".

Victor Jara et les révolutionnaires communistes chiliens rêvaient d’une révolution agraire comparable à celle qu’entreprit Ho Chi Minh dans son pays. Un rêve avorté...

Texte de la chanson
 
El derecho de vivir
poeta Ho Chi Minh,
que golpea de Vietnam
a toda la humanidad.
Ningun cañon borrara
el surco de tu arrozal.
El derecho de vivir en paz.
 
Indochina es el lugar
mas alla del ancho mar,
donde revientan la flor
con genocidio y napalm ;
la luna es una explosion
que funde todo el clamor.
El derecho de vivir en paz.
 
Tio Ho, nuestra cancion
es fuego de puro amor,
es palomo palomar
olivo de olivar
es el canto universal
cadena que hara triunfar,
el derecho de vivir en paz.


VICTOR JARA : Ni chicha ni limona

Un chant follement entraînant. "Vous n’êtes rien !"

Un texte très difficile à comprendre. Une langue très imagée, fourmillant d’argot latino-américain.

Victor Jara s’adresse à tous les patrons indolents de son pays, ceux qui veulent « diriger le bal », ceux qui veulent « toucher plus » mais sans forcément travailler pour cela. La révolution est en marche et « n’entend pas reculer » leur dit-il. « Nous allons vous exproprier » lance-t-il à tous ces cloportes inutiles qu’il interpelle vigoureusement.

Texte de la chanson
 
Arrímese más pa’cá
aquí donde el sol calienta,
si uste’ ya está acostumbrado
a andar dando voltereta,
y ningun daño le hará
estar donde la papa quema.
 
Usted no es na’
no es chicha ni limona’
se la pasa manoseando
caramba zamba su dignidad.
 
La fiesta ya ha comenza’o
y la cosa está que arde
uste’ quera el más queda’o
se quiere adueñar del baile
total a los golfatillos
no hay olor que se les escape.
 
Usted mire, no es na’
no es chicha ni limona’
se la pasa manoseando
caramba zamba su dignidad.
 
Si queremos ma’que toca
primero hay que trabajar
y tendremos pa’ toitos
abrigo, pan y amistad
y si usted no está de acuerdo
es cuestion de uste’ noma’
la cosa va pa’elante
y no piensa recular.
 
Usted oiga, no es na’
no es chicha ni limona’
se la pasa manoseando
caramba zamba su dignidad.
 
Ya dejese de patilla’
venga a remediar su mal
si aqui debajito’el poncho
no tengo ningun puñal
y si sique hociconeando
le vamos a expropiar
la pistolas y la lengua
y toito lo demás.
 
Usted mire, oiga, no es na’
no es chicha ni limona’
se la pasa manoseando
caramba zamba su dignidad.

Credit : Humanite, wikipedia, kultura, EnkiEa

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