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Pour une approche du peuple-classe
Publie le jeudi 2 octobre 2008 par Open-Publishing5 commentaires
Pour une approche du peuple-classe
Brève trame pour approfondissement et débat.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article408
Contributions à envoyer à Christian DELARUE, membre du CA d’ATTAC et du MRAP, à l’adresse suivante : chrisdelarue-snmrap@wanadoo.fr
Les contributions les plus pertinentes seront publiées
Le peuple ne figure pas dans le dictionnaire Alter. La définition que l’on trouve dans les interventions - quand on en trouve - est variable. Celle des juristes de droit international ne correspond pas à toutes les situations ou le terme est employé. Bref il existe un manque aussi bien dans ATTAC qu’au MRAP (alors que le terme peuple figure dans son intitulé). Mais ce n’est pas la seule raison de ce lancement de réflexion sur ce thème. Il s’agit de tester et développer la pertinence d’une nouvelle définition, ou du moins pour être moins prétentieux, d’une nouvelle approche.
Cette approche du peuple en tant que quasi classe sociale ou comme classe sociale plurielle me vient à la fois de réflexions militantes issues du MRAP et des lectures diverses, certaines remettant en cause la notion de classe sociale - TORT, DUMENIL - d’autres admettant un flou dans la délimitation des classes au profit de la lutte et du rapport de conflictualité. C’est là une lecture que j’ai fait du Marx intempestif de Daniel Bensaïd qui me parait pertinente, notamment pour saisir le rôle particulier des fonctionnaires, non seulement comme classe pour soi mais aussi, sans messianisme outrancier, comme classe en lutte globalement pour la défense d’une société politique d’intérêt général et de satisfaction des besoins sociaux non pervertis par la main invisible du marché, des marchés. on marchande.
Pour cerner la notion de peuple classe sociale il faut d’abord porter une appréciation critique de la notion de citoyenneté qui fonctionne comme obstacle épistémologique à la notion de peuple-classe.
I – DERRIERE L ’AMBIGUÏTE DE LA CITOYENNETE
Pour comprendre la portée cachée du peuple classe il faut d’abord admettre l’ambiguïté de la citoyenneté. La citoyenneté institue le lien juridique entre le peuple à la nation, entre le peuple et les élus. Ce pont masque aussi un fossé, une distance et même un rapport social conflictuel. La citoyenneté fait aussi écran à la séparation de la société civile et de l’Etat, du peuple et de l’Etat.
– La citoyenneté entre participation et dépossession
Contre une vision unilatérale je pose la citoyenneté comme ayant deux faces comme janus . La face lumineuse est celle qui fait passer une communauté humaine au statut de peuple politique via le droit de vote. Ce faisant c’est l’égalité de chaque citoyen au travers de la règle un homme = une voix, une femme = une voix qui est promu . C’est là une conquête historique à ne pas sous-estimé . Pour autant il ne s’agit pas de la survaloriser, de la fétichiser.
Ainsi les résidents extracommunautaires qui n’ont pas de droit de vote et de citoyenneté font bien parti du peuple alors que des dirigeants politiques ou de grandes firmes multinationales disposant de la citoyenneté n’appartiennent pas au peuple. C4EST L0 C’est là une première approche du peuple-classe qui opère une distinction entre peuple et nation . Par ailleurs, dans la démocratie libérale, la citoyenneté n’est activée qu’un laps de temps, celui du vote et par extension le temps de la campagne électorale (du moins lorsque les dites campagnes mobilisent l’attention populaire !) Autant dire alors que la citoyenneté a aussi une face sombre, celle qui permet le passage ambigu du peuple concret à la nation abstraite, englobante et mystificatrice ; passage qui masque les conflits de classes sociales ; passage qui masque le rapport social entre les élus, les élites politiques qui représente le peuple devenu nation et qui par ce biais monopolise l’activité politique. En ce sens, la citoyenneté telle qu’elle est organisée par la démocratie libérale assure plus la dépossession du peuple et des citoyens que leur participation au destin commun. La face lumineuse est célébrée, la face sombre continue de faire l’objet de recherche critique et scientifique . En fait la citoyenneté dans ses modalités engage une conception de la démocratie.
– De la nécessité de rapporter la citoyenneté au type de démocratie réellement organisée
Le terme démocratie est galvaudé, pétri d’idéologie ( ). Pour être bref, l’erreur la plus courante consiste à confondre le processus démocratique (la démocratisation d’une société et de ces institutions) et la configuration démocratique existante (démocratie libérale) ou revendiquée à gauche (démocratie socialiste, démocratie prolétarienne, alterdémocratie) ou à droite (post-démocratie, gouvernance) . Cela vise à masquer des différences radicales et donc des changements importants à enclencher pour changer de configuration démocratique. Car la démocratie libérale est fondamentalement d’essence très restreinte.
La démocratie libérale s’accommode d’un usage restreint de l’activité citoyenne limité à la votation après s’être longtemps accommodé d’un vote masculin, d’un vote censitaire, d’un vote dess nationaux. Dans une version moins restreinte que l’on nomme démocratie participative conçue comme complémentaire à la démocratie représentative les citoyens sont autorisés à participer à des processus souvent très localisés (le quartier) de débats et de décisions. La démocratie libérale reconnaît les conflits de classe à sa manière en permettant la grève et les manifestation. Cet ensemble le plus avancé ne forme qu’une démocratie rabougrie eu égard au champ d’intervention comme au temps consacré. Rien à voir avec l’alterdémocratie ou l’autre démocratie ( ).
II - LE PEUPLE-CLASSE ENTRE OBJET ET SUJET POLITIQUE
Le peuple classe n’est plus ici envisagé comme objet des politiques diverses de la classe politiques mais comme sujet de son auto-émancipation politique et sociale car conçu comme inséré dans un rapport social de domination sous couvert de démocratie représentative.
– Le peuple classe entre notion très englobante et individualisation.
Le peuple classe se distingue du peuple-nation des Etats nation. Dans certains Etats comme l’Espagne on considère qu’il y a plusieurs peuples . La notion de peuple recouvre alors une autre dimension qui ne fait pas l’objet de mon propos. Pour le dire sommairement on a des peuples-nations qui se heurte à la domination d’un Etat central . La dimension de classe disparaît ici relativement au profit de sa dynamique historico-culturelle.
La sociologie contemporaine a poursuivie au plan de la théorie le travail de réhabilitation de l’individu. Même les courants marxistes ont abondé dans ce sens mais sans cependant faire l’apologie de l’individu isolé , en quelque sorte "hors sol", comme totalement dégagé des rapports sociaux qui structurent le temps et l’espace de la société civile. C’est heureux car dans le même mouvement la dictature de la finance a elle poursuivie son travail d’individualisation fragilisante face aux crises qu’elle suscite.
– Le peuple classe est tel car il subit et s’affronte à …
C’est par facilité de langage que l’on parle de dictature de la finance, car la formule omet de dire qu’une classe sociale est bien soudée pour la défense de ses privilèges. On parlera l’oligarchie financière ou de bourgeoisie selon le spectre plus ou moins large de cette classe sociale active en matière de développement des politiques néolibérales. On sait que ses membres agissent au sommet des grandes sociétés transnationales (STN) mais aussi dans les entreprises de moindres envergures néanmoins inscrites sur les marchés boursiers et des grandes institutions mondiales (OMC, FMI, BM) ou continentales (UE), dans les lobbies patronaux, de destruction des collectifs
Christian Delarue
"Les peuples se décomposent en meutes, les classes en masses." écrit Daniel Bensaïd dans Eloge de la politique profane
L’idéologie démocratique Jean-Jacques LAKRIVAL
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php ?article114
Messages
1. Pour une approche du peuple-classe, 2 octobre 2008, 09:44
Que d’acrobaties pour tenter de dépasser Marx ! sans jamais y parvenir.
CN46400
1. Pour une approche du peuple-classe, 3 octobre 2008, 00:00, par Christian DELARUE
La notion de peuple-classe n’élimine pas la salariat qui - à l’exception de la couche supérieure faussement salariée - constitue toujours la classe sociale exploitée sur les différents aspects de l’extorsion de plus-value. La notion de peuple intègre d’autres couches sociales dominées malgré leur indépendance formelle comme les paysans, les artisans, etc… mais sans doute pas toute la petite bourgeoisie notamment celle qui accumule des revenus plusieurs fois supérieur au salaire médian.
Si l’on écarte la notion de classe moyenne qui ne signifie rien du point de vue structurel il reste à repérer à mon avis deux grandes subdivisions du salariat :
– Au travail : dans la production il y a le rapport d’encadrement hiérarchique entre les cadres et le personnel de base : techniciens, ouvriers et employés.
– Hors travail : Dans la circulation il y a ceux qui épuisent leur salaire dans l’entretien de la force de travail et dans sa reproduction (famille) et ceux qui peuvent systématiquement épargner.
Ces subdivisions sont inductrices d’une certaine conscience de classe assez complexe, variable passant du corporatisme à défense du peuple-classe contre les élites-renégates.
Christian
2. Pour une approche du peuple-classe, 3 octobre 2008, 09:20
Et ceux qui possèdent les moyen de production, situation qui leur permet d’étre propriétaires des produits fabriqués avec la force de travail d’autrui, on en fait quoi ? C’est pas eux qui, par hazard, jouaient dans les "subprimes" tout ou partie des profits réalisés après la vente des produits ? Et qu’on s’apprète à renflouer encore en ponctionnant de nouveau la force de travail !
CN46400
3. Pour une approche du peuple-classe, 3 octobre 2008, 23:03
Peuple classe contre bourgeoisie ou contre le grand capital.
Ceci dit , le petit capital ne fait pas dans la dentelle contre les salariés... mais de l’ordre de la "petite lutte de classe", qui participe néanmoins à la grande puisqu’il s’agit d’avoir partout des garanties de travail, du travail qualifié et bien payé, du travail qui laisse du temps libre avec du cerveau disponible pour la réflexion et l’action citoyenne !
4. Pour une approche du peuple-classe, 19 octobre 2008, 22:28, par Christian DELARUE
La suite de "Pour une approche du peuple-classe"
Le peuple-classe, ses ennemis et ses contradictions internes - C Delarue
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article72951