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Jaurès reviens !!! Ils se sont fourvoyés

Publie le jeudi 20 novembre 2008 par Open-Publishing
20 commentaires

Ah Jaurès ! Il en aura fait des émules parmi les candidats à ... quelque chose.

Qu’ils ambitionnent de diriger une municipalité, un département, une région ou même la nation, tous nos politiques cherchent à retrouver les accents du fondateur de l’Humanité.

Même l’ancien maire de Neuilly sur Seine lorsqu’il en a besoin est capable de l’évoquer.

Que reste t-il de l’humaniste, militant de la paix et fondateur du Parti Socialiste ?

Et bien à part des citations et des réflexes mémoriels, il existe une fondation Jean Jaurès.

Et que fait-elle cette fondation qui porte le nom du Grand Homme ?

NOTRE AMBITION

Être le lieu de la rénovation de la pensée socialiste en portant à la fois une vision globale et des solutions concrètes.

NOTRE HORIZON

2012, parce que... cette date marquera notre vingtième anniversaire.

NOTRE SPECIFICITE

Le travail collectif. Réunir des femmes et des hommes d’horizons divers – responsables politiques, dirigeants syndicaux, dirigeants d’entreprises, experts et universitaires pluridisciplinaires – qui, trop souvent, ne travaillent pas de concert. Mettre cette production au service de chacun, au service du bien commun.

NOTRE STRATEGIE

... / ... une structure stable et pérenne grâce à Pierre Mauroy, qui a créé la Fondation et préside son Conseil d’administration ;
une bonne distance par rapport au politique ;
une réputation de qualité ; un réseau international dense, construit dans la durée et dans l’action ;
un centre d’archives sur le socialisme aujourd’hui sans équivalent ;
une présence sur le terrain, au service de la démocratie, sur tous les continents.

Le reste, tout le reste, va changer. Tant de choses, en effet, ont évolué depuis la création de la Fondation. La mondialisation s’est accélérée. Le paysage intellectuel s’est enrichi de nouveaux think tanks. Les outils de diffusion des idées se sont diversifiés ... / ...

Qui fait partie de son conseil d’administration ? En ce qui concerne les français (très majoritaires puisqu’il ne sont que 7 à ne pas l’être)

On y trouve des politiques

SEYBAH DAGOMA : Avocate ; adjointe au Maire de Paris, chargée de l’économie sociale et solidaire - GAETAN GORCE Député de la Nièvre ; maire de La-Charité-sur-Loire - BENOIT HAMON : Député européen ; secrétaire national du PS chargé du « Projet européen » ; fondateur avec Noël Mamère du think tank « La Forge » - ADELINE HAZAN Maire de Reims ; secrétaire nationale du PS chargée des Droits de l’Homme - AURELIE FILIPPETTI Députée de Moselle ; porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale ; romancière - ANNE HIDALGO Première adjointe au Maire de Paris, chargée de l’urbanisme et de l’architecture ; conseillère régionale Ile-de-France - PIERRE MOSCOVICI : Député du Doubs ; secrétaire national aux relations internationales au PS - HUBERT VEDRINE : Ancien ministre des Affaires étrangères ; président de HVConseil - HENRI WEBER : Député européen ; secrétaire national du PS chargé de la formation - THIERRY PECH : Secrétaire général de « La République des Idées »

Des intellectuels ou des universitaires

DANIEL COHEN : Professeur de sciences économiques, Ecole Normale Supérieure, Paris ; directeur du Centre pour la Recherche Economique et ses Applications (CEPREMAP) ; membre du Conseil d’Analyse Economique auprès du Premier Ministre - FRANÇOIS BOURGUIGNON : Directeur de l’École d’économie de Paris ; premier vice-président de la Banque mondiale à Washington entre 2003 et 2007 - - OLIVIER FERRAND Président du think tank « Terra Nova » et responsable national du PS pour les questions européennes et internationales - DOMINIQUE GOUX : Chef de la mission Animation de la recherche de la DARES (ministère du Travail) ; professeure associée d’économétrie appliquée à l’Ecole Normale Supérieure - BERTRAND HERVIEU : Sociologue ; secrétaire général du Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes - PIERRE JACQUET Directeur de la stratégie et économiste en chef à l’Agence française de développement (AFD) ; professeur d’économie politique internationale et Président du département « Sciences humaines, économie, gestion, finance » à l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC) - YVES LICHTENBERGER : Président de l’Université de Marne-la-Vallée ; professeur de sociologie et chercheur au Latts (Université de Marne-la-Vallée) - MARC LAZAR : Professeur des Universités, directeur du Programme doctoral en histoire de Sciences Po-Paris - JEAN-LOUIS MISSIKA : Professeur de sociologie des médias à Sciences Po-Paris ; adjoint au Maire de Paris, chargé de l’innovation, de la recherche et des universités - BERTRAND MONTHUBERT : Professeur de Géométrie, Université de Toulouse II ; président de Sauvons la recherche - PASCAL PERRINEAU : Professeur de science politique à Sciences Po-Paris ; directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) - MICHEL WIEVIORKA : Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) ; directeur du Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (CADIS/EHESS-CNRS) ; président de l’Association internationale de sociologie AIS/ISA - JEAN PISANI-FERRY : Professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine et à l’Ecole poly-technique - LAURENCE TUBIANA : Directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) ; directrice de la Chaire « Développement Durable » de Sciences Po-Paris

Des hauts fonctionnaires

PASCAL LAMY : Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) - PIERRE LEVY : Directeur du Centre d’Analyse et de Prévision, Ministère des Affaires étrangères - DOMINIQUE MEDA : Directrice de Recherches en sociologie au Centre d’Etudes de l’Emploi (CEE) - ANTOINE GARAPON : Secrétaire général de l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice ; ancien juge des enfants ; membre du comité de rédaction de la revue Esprit ; directeur de la collection Bien commun aux Editions Michalon - JEAN-MICHEL SEVERINO : Directeur général de l’Agence française de développement (AFD) - NICOLAS THERY : Conseiller principal, Direction générale « Environnement », Commission européenne -

Le monde des arts et spectacles

BERNARD MURAT : Réalisateur de cinéma et metteur en scène de théâtre - JOEL ROMAN : Editeur ; philosophe ; président de « Sauvons l’Europe » - JEAN-NOEL TRONC : Président de Canal+ Pologne et de Media Overseas - OLIVIER MONGIN : Directeur de la revue Esprit - JEAN-MICHEL ROSENFELD : Président honoraire de la Scène nationale de Créteil -

Et même des entrepreneurs ou dirigeants d’entreprises

CRISTINA CONRAD : Présidente de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France - FREDERIC MICHEL : Ancien directeur et fondateur du think tank international Policy Network ; Partner chez ReputationInc - MATTHIEU PIGASSE : Vice-président Europe de la banque Lazard - FRANÇOIS VILLEROY DE GALHAU : Président-directeur général de BNP-Paribas Personal Finance

Qu’organisent-ils ?

Extrait du programme de séminaires

Séminaire « Socialisme » 2008-2009
Fondation Jean-Jaurès / OURS / Université Paris I Panthéon-Sorbonne
La communication des socialistes, XXe-XXIe siècles : regards d’acteurs et de chercheurs
Les séances se dérouleront les mercredis de 17 h à 19 h au siège de la Fondation Jean Jaurès et de L’OURS : 12 cité Malesherbes, 75009 Paris.

Mercredi 26 novembre 2008 :
« Les films des socialistes : propagande et éducation des années 1930 à nos jours »

Lundi 15 décembre 2008 :
« L’Unité, du journal à la base de données »

Mercredi 21 janvier 2009 :
« La télévision et les socialistes, de Guy Mollet à François Mitterrand »

Mercredi 4 mars 2009 :
« Le tournant de la communication du parti d’Épinay »

Mercredi 8 avril 2009 :
« La communication de Michel Rocard, 1969-1994 »

Mercredi 13 mai 2009 :
« La communication des socialistes, de l’opposition au pouvoir, 1979-1986 »

Mercredi 3 juin 2009 :
« Le tournant des années 1990 : face aux nouvelles règles de la communication »

Mercredi 17 juin 2009 :
« Désirs d’Avenir et la campagne web présidentielle de Ségolène Royal en 2007 »

Organise des groupes de travail

Sous le signe de la pluralité

Nous croyons à l’élaboration collective : nous lançons des groupes de travail, nous ne commandons pas des ouvraves à une personnalité. Nous croyons à la confrontation de regards différents : nous avons l’ambition de faire travailler ensemble, à la Fondation, des hommes et des femmes qui ne travailleraient pas ensemble ailleurs : universitaires, intellectuels, hauts fonctionnaires, syndicalistes, responsables politiques...

Quinze nouveaux groupes de travail ouvrent le débat sur :

* Les crises sanitaires, environnementales, financières et internationales ;
* Les nouvelles frontières ;
* Le changement climatique ;
* Les biens publics globaux ;
* La politique africaine de la France ;
* Le progrès ;
* L’autorité ;
* L’émancipation ;
* La loi ;
* Le clivage gauche-droite ;
* L’identité idéologique de l’UMP ;
* L’analyse critique du capitalisme ;
* Les jeunes ;
* Vivre avec 1000 euros ;
* La décentralisation.

On peut aussi y lire des exemplaires du journal l’Unité publié de 1972 à 1986 et surtout se pencher sur laphotothèque dont les archives ne commencent qu’à partir de l’année 1967 et surtout s’arrête à 1991.

Et dire qu’avec tout ça, il faut remonter à 1981 et 1988 pour avoir été le parti du Président de la République ?

Et lorsqu’on voit ou entend les débats au PS notamment depuis le Congrès de RENNES, on se demande bien à quoi peut servir la fondation puisque de plus en plus de groupe de réflexion, de pensée, participatifs, think tanks et autres lieux de débats font émerger des nouveaux concepts, modes de gouvernance tous aussi fumeux les uns que les autres. Une question toutefois, se pose : Les salariés et les gens de la "vraie" vie, sont-ils seulement des objets d’étude ou bien ont-ils été oubliés dans la casting du Conseil d’Administration ?

Quant aux discours de Jean Jaurès, la base de données précise : "Cette base de données permet aux internautes de retrouver l’intégralité des débats des congrès, des conventions nationales et des comités directeurs du Parti socialiste de 1971 à 1997"

Alors, il faut se rendre sur le site de la Fondation Gabriel PERI pour en trouver un : "Les deux méthodes" Lille, 26 novembre 1900

Le 26 novembre 1900, cinq ans avant l’unification du congrès du Globe, quelque huit mille socialistes des différents partis alors existants en France, assistent, à l’hippodrome de Lille, à une réunion contradictoire entre Jaurès et Guesde. Les deux dirigeants s’expliquent à propos de leur attitude pendant l’Affaire Dreyfus ; donnent leur point de vue sur la participation à des « gouvernements bourgeois », sur le socialisme municipal.

Mais on retiendra surtout la controverse doctrinale : réforme ou révolution ?

Citoyens,

Le plus grand plaisir que vous puissiez nous faire, ce n’est pas de nous acclamer, c’est de nous écouter. C’est un grand honneur pour le Parti socialiste d’instituer des débats comme celui de ce soir et je crois pouvoir dire qu’il est le seul parti qui ait assez de foi dans la puissance de ses principes pour instituer ainsi entre ses militants un débat politique.

Nous n’avons rien à cacher, nous sommes le parti de la discipline dans l’action, prêts à nous incliner toujours pour la conduite à tenir devant la décision régulière du parti organisé, mais nous sommes en même temps le parti de la liberté, toujours à l’éveil sur les meilleurs moyens d’émanciper le prolétariat. Je suis venu m’expliquer ici sans violence aucune, mais sans aucune réticence.

L’origine du dissentiment.

D’où est né, quand et comment, le dissentiment entre Guesde et moi ? Et quand je dis Guesde et moi, il est bien entendu qu’il ne s’agit pas d’une misérable querelle personnelle. Le débat, le dissentiment entre nous est bien plus noble et en même temps plus grave, puisqu’il s’agit non pas de vieilles et odieuses rivalités dont ont parlé nos ennemis communs, mais d’un dissentiment de tactique et de méthode que nous avons le devoir de soumettre au parti et que le parti jugera souverainement ! (Bravos) Eh bien ! quand donc est né ce dissentiment ?

On a dit, on a répété qu’il avait pris naissance à l’entrée d’un socialiste dans un ministère bourgeois et, en effet, cet événement a aggravé, a accusé les dissentiments de méthode qui existaient déjà et je m’expliquerai bientôt là-dessus, mais il ne l’a point créé. Le dissentiment existait déjà, il s’était déjà manifesté à propos de l’affaire Dreyfus.

Vous vous rappelez, en effet, que pendant que plusieurs de nos compagnons de lutte et moi, nous étions engagés dans cette bataille, résolus à la mener jusqu’au bout, il apparut, dès le mois de juillet 1898, un manifeste du conseil national de nos camarades du Parti ouvrier français et ce manifeste avertissait les travailleurs, avertissait les prolétaires de ne pas s’engager trop avant dans cette bataille et de réserver leurs forces pour la lutte de classes.

Plus tard, quand parut le manifeste retentissant au lendemain de l’entrée de Millerand dans le ministère, le manifeste déclarait qu’il était du devoir des socialistes, non pas seulement de parer à cet événement particulier, mais de corriger, de redresser des déviations qui, d’après le manifeste, remontaient à deux années au moins. C’était encore une condamnation nouvelle de la tactique que plusieurs d’entre nous avions suivie, à propos de l’affaire Dreyfus.

Et plus récemment, dans le discours qu’il prononçait à la mort de Liebknecht, dans la salle Vantier, Guesde, revenant sur cette question redoutable, déclarait une fois de plus que nous avions eu tort d’entrer dans une bataille mal engagée - que nous avions ainsi servi les intérêts du nationalisme - non, que c’était à la bourgeoisie de réparer les erreurs de la société bourgeoise et qu’enfin, par cette lutte, nous avions déserté le terrain de la lutte de classes. J’ai donc le droit de dire, sans que nul puisse me démentir, que ce n’est pas à propos de la question Millerand que le dissentiment des méthodes s’est produit pour la première fois entre nous, mais que c’est à propos de l’affaire Dreyfus et que c’est à partir de ce moment. (Cris de :Vive Guesde ! Silence, silence !)

... / ...

Je crois que mes paroles ne peuvent blesser personne. J’ai résumé précisément les objections dirigées contre nous par les contradicteurs et j’ai dit tout de suite : puisque, à propos de ce conflit qui a ému toute l’humanité pensante et où nous avons cru devoir prendre parti, non seulement pour défendre la personne humaine outragée, mais dans l’intérêt même du prolétariat ; puisque, à propos de ce conflit, on a dit que nous avions abandonné le terrain du socialisme, le terrain de la lutte de classes, je dis que la première question que nous devons poser est celle-ci : Qu’est-ce donc que la lutte de classes ? Que signifie ce principe si souvent invoqué et si rarement défini ?
La lutte de classes.

À mes yeux, citoyens, l’idée de la lutte de classes, le principe de la lutte de classes, est formé de trois éléments, de trois idées. D’abord, et à la racine même, il y a une constatation de fait, c’est que le système capitaliste, le système de la propriété privée des moyens de production, divise les hommes en deux catégories, divise les intérêts en deux vastes groupes, nécessairement et violemment opposés. Il y a, d’un côté, ceux qui détiennent les moyens de production et qui peuvent ainsi faire la loi aux autres, mais il y a de l’autre côté ceux qui, n’ayant, ne possédant que leur force-travail et ne pouvant l’utiliser que par les moyens de production détenus précisément par la classe capitaliste, sont à la discrétion de cette classe capitaliste.

Entre les deux classes, entre les deux groupes d’intérêts, c’est une lutte incessante du salarié, qui veut élever son salaire et du capitaliste qui veut le réduire ; du salarié qui veut affirmer sa liberté et du capitaliste qui veut le tenir dans la dépendance.

Voilà donc le premier élément de la lutte de classes. La condition de fait qui le fonde, qui le détermine, c’est le système de la propriété capitaliste, de la propriété privée. Et remarquez-le bien : comme ici il s’agit des moyens de travailler et, par conséquent, des moyens de vivre, il s’agit de ce qu’il y a pour les hommes d’essentiel, de fondamental, il s’agit de la vie privée, de la vie de tous les jours. Et, par conséquent, un conflit qui a, pour principe, la division d’une société en possédants et non-possédants n’est pas superficiel ; il va jusqu’aux racines mêmes de la vie. (Vifs applaudissements)

Mais, citoyens, il ne suffit pas pour qu’il y ait lutte de classes qu’il y ait cet antagonisme entre les intérêts. Si les prolétaires, si les travailleurs ne concevaient pas la possibilité d’une société différente, si tout en constatant la dépendance où ils sont tenus, la précarité dont ils souffrent, ils n’entrevoyaient pas la possibilité d’une société nouvelle et plus juste ; s’ils croyaient, s’ils pouvaient croire à l’éternelle nécessité du système capitaliste, peu à peu cette nécessité s’imposant à eux, ils renonceraient à redresser un système d’injustices. Cette tâche ne leur apparaîtrait pas comme possible. (Interruptions)

... / ...

Donc, pour qu’il y ait vraiment lutte de classes, pour que tout le prolétariat organisé entre en bataille contre le capitalisme, il ne suffit pas qu’il y ait antagonisme des intérêts entre les capitalistes et les salariés, il faut que les salariés espèrent, en vertu des lois mêmes de l’évolution historique, l’avènement d’un ordre nouveau dans lequel la propriété cessant d’être monopoleuse, cessant d’être particulière et privée, deviendra sociale, afin que tous les producteurs associés participent à la fois à la direction du travail et au fruit du travail.

Il faut donc que les intérêts en présence prennent conscience d’eux-mêmes comme étant, si je puis dire, déjà deux sociétés opposées, en lutte, l’une, la société d’aujourd’hui, inscrite dans le titre de la propriété bourgeoise, l’autre, la société de demain, inscrite dans le cerveau des prolétaires.

C’est cette lutte des deux sociétés dans la société d’aujourd’hui qui est un élément nécessaire à la lutte de classes.

Et enfin, il faut une troisième condition pour qu’il y ait lutte de classes. Si le prolétariat pouvait attendre sa libération, s’il pouvait attendre la transformation de l’ordre capitaliste en ordre collectiviste ou communiste d’une autorité neutre, arbitrale, supérieure aux intérêts en conflit, il ne prendrait pas lui-même en main la défense de la cause.

C’est ce que prétendent, vous le savez, les socialistes chrétiens dont quelques-uns reconnaissent la dualité, l’antagonisme des intérêts, mais qui disent au peuple : « Ne vous soulevez pas, ne vous organisez pas, il y a une puissance bienfaisante et céleste, la puissance de l’Église, qui fera descendre parmi vous, sans que vous vous souleviez, la justice fraternelle. »

Eh bien ! si les travailleurs croyaient cela, ils s’abandonneraient à la conduite de cette puissance d’En-Haut et il n’y aurait pas de lutte de classes. Il n’y aurait pas de classe encore si les travailleurs pouvaient attendre leur libération de la classe capitaliste elle-même, de la classe privilégiée elle-même, cédant à une inspiration de justice.

Vous savez, citoyennes et citoyens, que tant qu’a duré la période de ce que Marx et Engels ont appelé le « socialisme utopique », les socialistes croyaient que la libération du prolétariat se ferait par en haut.

... / ...

La lutte de classes a commencé le jour où, à l’expérience des journées de Juin, le prolétariat a appris que c’était seulement dans sa force à lui, dans son organisation, qu’il portait l’espérance du salut.

C’est ainsi que le principe de la lutte de classes, qui suppose d’abord la division de la société en deux grandes catégories contraires, les possédants et les non-possédants ; qui suppose ensuite que les prolétaires ont pris conscience de la société de demain et de l’expérience collectiviste, c’est ainsi que la lutte de classes s’est complétée par la conviction acquise par le prolétariat qu’il devait s’émanciper lui-même et pouvait seul s’émanciper. (Applaudissements prolongés. Bravos !)
La question de tactique.

Voilà, citoyens, comment m’apparaît, comment je définis la lutte de classes et j’imagine qu’en ce point il ne pourra pas y avoir de contradiction grave entre nous. Mais je dis que, quand vous l’avez ainsi analysée, quand vous l’avez ainsi définie, il vous est impossible d’en faire usage pour déterminer d’avance, dans le détail, la tactique de chaque jour, la méthode de chaque jour.

Oui, le principe de la lutte de classes vous oblige à faire sentir aux prolétaires leur dépendance dans la société d’aujourd’hui. Oui, il vous oblige à leur expliquer l’ordre nouveau de la propriété collectiviste. Oui, il vous oblige à vous organiser en syndicats ouvriers, en groupes politiques, en coopératives ouvrières, à multiplier les organismes de classe.

Mais il ne vous est pas possible, par la seule idée de la lutte de classes, de décider si le prolétariat doit prendre part à la lutte électorale et dans quelles conditions il doit y prendre part ; s’il peut ou s’il doit et dans quelles conditions il peut ou il doit s’intéresser aux luttes des différentes fractions bourgeoises. Il ne vous est pas possible de dire, en vertu du seul principe de la lutte de classes, s’il vous est permis de contracter ou si vous êtes tenus de répudier toutes les alliances électorales. Ce principe si général vous indique une direction générale ; mais il ne vous est pas plus possible d’en déduire la tactique de chaque jour, la solution des problèmes de chaque jour, qu’il ne vous suffirait de connaître la direction générale des vents pour déterminer d’avance le mouvement de chaque arbre, le frisson de chaque feuille dans la forêt. De même, vous aurez beau connaître tout le plan de campagne d’un général, il vous sera impossible, par connaissance générale de ce plan de campagne, de déterminer d’avance tous les mouvements particuliers d’offensive ou de défensive, d’escalade ou de retraite que devra accomplir chacune des unités tactiques qui composent l’armée.

... / ...

Oui, le Parti socialiste est un parti d’opposition continue, profonde, à tout le système capitaliste, c’est-à-dire que tous nos actes, toutes nos pensées, toute notre propagande, tous nos votes doivent être dirigés vers la suppression la plus rapide possible de l’iniquité capitaliste. Mais, de ce que le Parti socialiste est donc essentiellement, un parti d’opposition à tout le système social, il ne résulte pas que nous n’ayons à faire aucune différence entre les différents partis bourgeois et entre les différents gouvernements bourgeois qui se succèdent.

Ah oui ! la société d’aujourd’hui est divisée entre capitalistes et prolétaires ; mais, en même temps, elle est menacée par le retour offensif de toutes les forces du passé, par le retour offensif de la barbarie féodale, de la toute-puissance de l’Église, et c’est le devoir des socialistes, quand la liberté républicaine est en jeu, quand la liberté de conscience est menacée, quand les vieux préjugés qui ressuscitent les haines de races et les atroces querelles religieuses des siècles passés paraissent renaître, c’est le devoir du prolétariat socialiste de marcher avec celle des fractions bourgeoises qui ne veut pas revenir en arrière.

Je suis étonné, vraiment, d’avoir à rappeler ces vérités élémentaires qui devraient être le patrimoine et la règle, de tous les socialistes. C’est Marx lui-même qui a écrit cette parole admirable de netteté : « Nous socialistes révolutionnaires, nous sommes avec le prolétariat contre la bourgeoisie et avec la bourgeoisie contre les hobereaux et les prêtres. »

... / ...

Nous pouvons donc, nous élevant au-dessus de ces polémiques personnelles et de ces luttes fratricides, nous pouvons regarder la question de principe en elle-même et pour elle-même.

.../ ...

Ah ! citoyens, depuis trente ans, le Parti socialiste a fait du chemin dans le monde. Il s’est mêlé à beaucoup d’événements, à beaucoup d’institutions en dehors desquelles il se tenait d’abord. Nous discutons aujourd’hui pour savoir si le Parti socialiste doit participer à l’action parlementaire.

... / ...

Citoyens et amis,j’ai abusé de votre bienveillante attention et je ne me consolerais pas de brusquer ainsi ma démonstration, de la laisser incomplète, pour céder à Guesde mon tour de parole, si je ne me disais qu’après tout, quels que soient les dissentiments, quelles que soient les difficultés, quelles que soient les polémiques d’un jour entre socialistes, on se retrouve. Nous reviendrons, non plus pour batailler, non plus pour polémiquer, mais quand le parti sera organisé, pour chercher ensemble, en loyaux camarades, quel est le meilleur moyen de servir les intérêts du parti. Ah ! on dit au Parti : « Restez isolé, restez à l’écart, ne vous mêlez pas à l’action gouvernementale ; tenez-vous aussi loin que possible de l’État bourgeois. »

Et moi je vous dis que toutes les grandes révolutions ont été faites dans le monde parce que la société nouvelle, avant de s’épanouir, avait pénétré par toutes les fissures, par toutes ses plus petites racines, dans le sol de la société ancienne.

... / ...

C’est pour cela qu’il ne suffit pas d’un mécanisme pour faire aller la mairie socialiste, qu’il y faut des hommes de tête, des hommes de prudence, de pensée et de réflexion, d’équilibre et de volonté,

Oui, à mesure que grandit le pouvoir du Parti socialiste, grandit sa responsabilité.

Mais de cette responsabilité, nous n’avons pas peur, le Parti socialiste n’en a pas peur ; il a confiance dans la classe ouvrière, à une condition, c’est qu’elle soit organisée, c’est qu’elle soit unifiée ; c’est qu’en face de tous les autres partis anarchiques et discordants, elle ne forme qu’un parti, comme elle ne forme qu’une classe.

Eh oui ! il y aura entre nous, longtemps peut-être, des dissentiments de méthode et de tactique. Mais il y en a en Belgique, en Allemagne ; cela ne les empêche pas d’être unis, de discuter loyalement, en camarades.

Et c’est ainsi que nous voulons discuter encore ; et nous voulons préparer au grand jour la grande unité socialiste, la grande fraternité socialiste, par la lumière, par la raison, par l’organisation ; et cela pour faire d’abord œuvre de réforme, et dans la réforme, œuvre commençante de révolution ; car je ne suis pas un modéré, je suis avec vous un révolutionnaire. - Intégralité du discours

C’est beau ... comme du Jaurès. Et c’est ce qu’on aimerait entendre à nouveau. Il a légué à ses successeurs une citation terrible : "Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots"

Quand les socialistes se décideront-ils de l’inscrire en lettre d’or au fronton de la rue de Solférino ou d’un tout autre endroit ?

Slovar les Nouvelles

http://slovar.blogspot.com

Messages

  • Dans cette fondation Jaurès que des friqués,les prolos sont absents.

    Les socs y compris Hamon veulent bien discuter mais entre gens de bonnes conditions,les syndicalistes et les salariés sont évités dès fois qu’ils prononcent ce mot craint:révolution !

  • Faire référence a la "Fondation Gabriel PERI" obtenu par "chantage" par Robert Hue au PCF... pffff... ca doit tombe a pic pour faire de l’intox dans cet moment, pour prépare la dissolution du parti...

    On remarque...

    Dr
     Furioso

  • Oui à la démocratie interne. Non à la défaite

    Non à la dictature Royal à la mode Mollet Sarkozy Bayrou Le Pen et à la défaite

    Royal veut imiter les partis de droite et a dit qu’elle veut supprimer la représentation proportionnelle au dessus de 5% réinstaurée à Epinay qui permit le maintien du débat démocratique interne et les victoires de 1981 (passage de 5% des voix en 1969 à 38% des voix en juin 81pour le PS),1988, 1997.

    Elle veut d’autre part s’allier avec Bayrou donc adopter son programme de droite et a reçu le soutien des media sarkozystes. En effet elle est incapable d’unir le PS, la gauche et elle sera donc battue par Sarkozy.
    Réagissons camarades

    • Mais, ma pauvre, si vous ne votez pas Royal, vous êtes MORTS ! tu vois Aubry, archi compromise dans la gestion Mitterrand Jospin, "fille de", dont Delanoe lui-même, selon des propos rapportés par Le Canard d’hier , dit "c’est une salope" (je cite) incarner le "renouveau" du PS, le porter victorieusement dans un rassemblement "démocrate" face à Sarkozy en 2012 ?????

      Oui ? Alors laisse moi rigoler 5 minutes stp.

      Heureusement les militants ne sont pas aussi cons que leurs dirigeants et ils savent ce qu’ils font.

      A leur manière de "démocrates" à la "sauce sociale", ils demandent eux aussi du changement dans la société en profondeur - de ce point de vue ce sont eux de vrais réformistes, ce que les partisans d’Aubry et cie ne sont plus, à l’évidence.

      Ils vont mettre la direction en conformité AVEC LE PARTI RÉEL et tout le monde commencera à y voir plus clair, y compris au PCF.

      C’est simple, soit vous mourrez en tant que PS sans possibilité de créer une nouvelle force - ça c’est l’option Aubry car en tre le NPA, et le parti que Royal ne manquera pas de créer si elle est battue c’est FINI pour vous.

      Soit vous mourrez mais vous transformez ce qui vous reste de force et de notoriété en "Parti démocrate" avec Royal. Là vous baisez radicalement Mélenchon, le NPA et le reste.

      Alors tout ça, c’est très bien. Très bien pour nous communistes (si on veut bien faire un peu de stratégie) et très bien pour nous, peuple du travail.

      Accessoirement, qu’on aime ou pas Royal, je trouve exaspérant qu’elle soit la SEULE dans ce parti à qui on demande systématiquement de faire mille fois la preuve dans les urnes devant ses militants qu’elle a la légitimité pour.

      Désignée candidate à la candidature, ah non, ça n’allait pas.Ayant recueilli 47 % des votes des Français au 2d tour - pfff ça vaut rien. Elle est nulle (Jospin, avant elle, qui se prend tjs pour une sommité , combien déjà ?) Arrivée largement en tête des motions, non ça n’allait pas non plus. Et là elle fait quasiment 45 % au 1er tour alors qu’ils se sont tous ligués contre elle et ça va pas non plus ?

      Je me marre.

      Là elle a mis une gifle aux éléphants. J’espère qu’elle va maintenant mettre la fessée à Aubry, représentante de cette fausse gauche hypocrite puante, qui a tout trahi, même "ses" 35 heures, cette fausse gauche handicapante pour le mouvement ouvrier, et nous débarrasser de tous ces tartuffes. Hamon compris.

      Et pendant ce temps là nous communistes, on va s’occuper de nos tartuffes personnels.

      "PARTI DE GAUCHE" compris.

      Sur ce , bonne bourre

      La Louve

    • Que Royal soit de "droite" aucun doute...

      Que les "autres elephants" du PS ne le son pas.. la oui on a des doutes...

      Je me pose deux demandes :

       pourquoi la droite "la plus dure" cel au gouvernement avec des "responsables socialiste" justement... sons aussi contre l’élection de Royal ?

       pourquoi la "gauche" la plus "corrompue" et la plus "cocu" est contre l’élection de Royal ?

      Réponse personnelle...

       la droite "la plus dure" a peur que Royal arrive a crée un "nouveau parti" de centre gauche type "Parti Démocrate" a l’italienne et que réellement fasse concurrence a l’Establishment de l’UMP...

       la "gauche" la plus "corrompue" et la plus "cocu" a peur de Royal parce que a besoin de plus de temps pour manigance leur projet de dissolution du PCF et de création du "Die Link" a la Française avec la partie dit "plus a gauche" du PS...

      L’élection de Royal accélère tous ces dessins et casse le manœuvre de l’un et de l’autre...

      Personnellement je pense que c’est un bien son élection, bien sur de un point de vue opportuniste, ca permettra a la "droite la plus dure" de tremble devant a la "droite la plus molle" et de faire rendre le paysage a "gauche" plus claire... ;-)

      Que le PCF soi "liquide" je pense que soi un bonne chose mais le plus vite possible, pour faire de sorte que on poudra construire un nouveau parti que fasse de la "Refondation Communiste" son but...

      Des autre socialdems que von créé un pale "clone" du Die Link tant mieux si la situation les obligera a accélère leur processus, tout façon après quelque ans von rentre dans le bercail du nouveau "Parti Démocrate" comme l’expérience et l’histoire dans les autre pais européen on démontre...

      Ciao
      Dr
      Furioso

  • Quand les socialistes se décideront-ils de l’inscrire en lettre d’or au fronton de la rue de Solférino ou d’un tout autre endroit ?

    Pourquoi veux tu que "des socialistes" écrivent quoi que ce soit "au fronton de la rue de Solférino" ?

    Ahhhhh... Parce que tu crois encore que PS ça veut toujours dire "parti socialiste" ?

    C’est touchant, tant de naïveté.

    La Louve

    Pz : Si Jaurès était là aujourd’hui tu crois vraiment qu’il serait au PS ? Hypothèse inverse : tu crois vraiment qu’un Jaurès pourrait naître du PS aujourd’hui dans ces conditions ?

    • Salut LL

      Je ne crois pas que mon papier soit indulgent avec le PS. Le fait de rappeler à ceux qui le liront que l’utilisation de Jaurès comme une marque déposée est assez ridicule lorsqu’on ne sait même pas ce qu’il a pu écrire ou dire.

      Ce que je note dans le discours que j’ai employé dans mon texte c’est que le débat principal auquel participait Jaurès et Guesdes portait (en 1900) sur le fait de siéger à côté ou avec des partis bourgeois. En gros aller au pouvoir ou pas.

      108 ans après, le débat n’a pas avancé ... d’un centimètre

      Slovar les Nouvelles

    • Dédicace particulier a Slovar...


      Pour l’écoté en mp3 ici :

      http://bellaciao.org/fr/spip.php?article74768

      La Porte à Droite de Guy Thomas et Jean Ferrat (mp3)

      Une chanson écrite en 1985, mais tout à fait d’actualité, et qui n’a pas
      pris une ride ; C’est toujours avec bonheur qu’ on écoute Jean Ferrat,
      et les paroles de Guy Thomas sont là pour nous réveiller .

      La porte à droite

      On m’a dit tes idées ne sont plus à la mode
      Quand on veut gouverner ce n’est pas si commode
      Il faut évidemment s’adapter au terrain
      Mettre jour après jour un peu d’eau dans son vin
       
      On m’a dit dans la jungle il faut qu’on se débrouille
      On est bien obligé d’avaler des magouilles
      De laisser dans un coin les projets trop coûteux
      On va pas tout rater pour des canards boiteux
       
      La porte du bonheur est une porte étroite
      On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite
      Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun
      D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un
       
      On m’a dit qu’il fallait prêcher le sacrifice
      A ceux qui n’ont pas pu s’ouvrir un compte en Suisse
      Qu’il fallait balayer tous nos vieux préjugés
      Et que ceux qui travaill’nt étaient privilégiés
       
      On m’a dit tu comprends tes idées archaïques
      Ne feront qu’aggraver la crise économique
      Ainsi la liberté dans un monde plus juste
      Fait partie des slogans qui sont un peu vétustes
       
      La porte du bonheur est une porte étroite
      On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite
      Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun
      D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un
       
      Puis d’autres sont venus beaucoup moins présentables
      Qui parlaient de la France en tapant sur la table
      Qui disaient faut changer c’est la loi du pendule
      On va pour commencer supprimer la pilule
       
      Ensuite il faudra bien flytoxer la vermine
      Rétablir la morale avec la guillotine
      Et pi gn’a qu’à virer les mauvais syndicats
      Pour conserver celui qui plaît au patronat
       
      La porte du bonheur est une porte étroite
      On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite
      Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun
      D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un
       
      Ils ont dit qu’il fallait se montrer réaliste
      Qu’il y avait du bon dans les journaux racistes
      Qu’il fallait nettoyer ce cher et vieux pays
      Si l’on ne voulait pas qu’il devienne un gourbi
       
      Dois-je vous l’avouer ces propos me renversent
      Quand je vais boire un verre au café du commerce
      Parfois je crois revoir sur du papier jauni
      La photo de Pétain dans mon verr’ de Vichy
       
      La porte du bonheur est une porte étroite
      Qu’on ne me dise plus que c’est la porte à droite
      Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun
      D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un
    • Ce que je note dans le discours que j’ai employé dans mon texte c’est que le débat principal auquel participait Jaurès et Guesdes portait (en 1900) sur le fait de siéger à côté ou avec des partis bourgeois. En gros aller au pouvoir ou pas.

      108 ans après, le débat n’a pas avancé ... d’un centimètre

      Je ne partage pas ton avis. nous n’avons pas avancé, non, nous avons reculé.

      Reculé aux dernières limites de la compromissions.

      Je connais bien cette "controverse", ce dialogue Guesde /Jaurès "Les deux méthodes". C’est un dialogue qui m’a longtemps nourrie et qui me fait encore réfléchir.

      Elle est née au sujet de la participation de Millerand au gouvernement de Waldeck Rousseau en 1899.

      On oublie svt que avant le Parti socialiste français de Jaurès , il y eut le Parti socialiste de France de Guesde et comment tout cela fit la SFIO en 1905 ( sur la pression de la 2è Internationale, c’est important) .

      J’en avais remis de longues citations de Jaurès sur mon blog à ce sujet (et au sujet de sa controverse tjs avec Guesde sur l’affaire Dreyfus) il y a 2 ans d’ailleurs.

      C’est un dialogue (et une pensée) auxquels les révisionnistes capitalistes du PS forgés à Sciences Po ont donné un sens faux et archi faux, mais qui a aujourd’hui force de droit coutumier , hélas.

      Cela, ce révisionnisme malfaisant, ce n’est qu’en quittant le PS que je l’ai véritablement compris.

      Et tu m’excuseras, mais de mon point de vue, ta "traduction" découle de ce révisionnisme.

      D’abord, quand on parle de Jaurès, qui a eu "plusieurs vies en une ", comme Hugo, on ne peut pas négliger que ce discours est de 1900 - Jaurès est déjà socialiste mais il n’est pas encore l’homme qui dire que la classe ouvrière peut légitimement employer la force, le révolutionnaire qu’il sera complètement à sa mort

      Pour Jaurès la question n’était pas "aller au pouvoir ou pas".

      La question fondamentale pour Jaurès était "comment faire avancer et triompher partout les intérêts de la classe ouvrière" ?

      Énorme nuance.

      Car par quoi commence le discours de Jaurès à Lille en 1900 sur cette question fondamentale ?

      Sur ce qu’il appelle "LA LUTTE DE CLASSE".

      Et pourquoi ?

      Parce que in fine la participation à un gouvernement bourgeois est pour lui un élément INTRINSÈQUE de "la lutte de classe" !

      En cela il était profondément léniniste dans sa méthode.

      Il le dit bien d’ailleurs : cette question de participation à un gouvernement Bourgeois est une question de TACTIQUE.

      Je cite :

      "(...)Oui, le principe de la lutte de classe vous oblige à faire sentir aux prolétaires leur dépendance dans la société d’aujourd’hui. Oui, il vous oblige à leur expliquer l’ordre nouveau de la propriété collectiviste. Oui, il vous oblige à vous organiser en syndicats ouvriers, en groupes politiques, en coopératives ouvrières, à multiplier les organismes de classe.

      Mais il ne vous est pas possible, par la seule idée de la lutte de classe, de décider si le prolétariat doit prendre part à la lutte électorale et dans quelles conditions il y doit prendre part (...)

      Par conséquent, au nom de la lutte de classe, nous pouvons nous reconnaître entre nous pour les directions générales de la bataille à livrer ; mais, quand il s’agira de déterminer dans quelle mesure nous devons nous engager, dans l’affaire Dreyfus, ou dans quelle mesure les socialistes peuvent pénétrer dans les pouvoirs publics, il vous sera impossible de résoudre cette question en vous bornant à invoquer la formule générale de la lutte de classe.

      Dans chaque cas particulier. Il faudra que vous examiniez l’intérêt particulier du prolétariat. C’est donc une question de tactique et nous ne disons pas autre chose. (...)"

      sur cette question je partage plus volontiers l’analyse Guediste

      Jaurès fut un homme admirable. Même si je me retrouve aussi dans certaines idées de Guesde.

      Je dis "un homme", parce qu’il était un homme "avant tout", une chair, une glaise, pétrie de souffle, un homme qui pensait, oui mais aussi un homme qui travaillait, un homme qui s’engageait physiquement, à des années lumières des petits marquis poudrés et des baronnes au long nez ou à fortes lippes dont le PS est truffé aujourd’hui...

      Le PS est un opposant de salon.

      Un Jaurès, un Guesde, balaierait tout ces bouffons d’un vaste geste !

      Il n’est que de lire ce qu’écrivaient ces hommes comment ils l’écrivaient. On mesure le gouffre.

      Et ce gouffre entre les socialistes sociaux démocrates ou révolutionnnaires de la fin du19è du début du 20 è, quel est il ?

      C’est celui de l’expérience, de la lutte de terrain, du combat quotidien contre les forces actives de la bourgeoisie. Celui de l’échange d’idées avec cdesm ineurs des paysans ,des ouvriers, au jour le jour et pas seulement pour aire "joli" à un moment x ou y.

      Si on parle bien du même Jaurès,celui qui se fit acclamer par les mineurs de Carmaux, celui qui fut abattu tellement il dérangeait, menaçait, l’ordre bourgeois ? Celui qui fut marxiste au delà de Marx ?

      Alors tu ne peux être ni au PS ni avec Mélenchon. Ni au PCF D’ailleurs.

      Aujourd’hui, en novembre 2008, si tu es jauréssien , tu ne peux être que dans le mouvement (il movimento) et le syndicalisme.

      La Louve

      PS : Et j’aimerais juste dire que sur la photo que tu as mise, JAURES est sous un DRAPEAU ROUGE.

      Voilà. Et ça pour moi, c’est le symbole de tout ce qui sépare le PS et les "socialisses" d’aujourd’hui du Jaurès de la 2è époque.

      Pour finir je citerai August Bebel (reprenant Jaurès) en 1904 à Amsterdam : « Le socialisme ne peut accepter une parcelle du pouvoir, il faut qu’il attende le pouvoir tout entier. Nous pouvons collaborer à des réformes partielles et nous y collaborons en effet ; mais un parti qui se propose la réforme totale de la société, la substitution d’un principe de propriété et de vie à un autre principe ne peut accepter que l’intégralité du pouvoir. S’il en a seulement une part, il n’a rien : car cette influence partielle est neutralisée par les principes dominants de la société présente. Les grands intérêts ennemis prennent peur sans qu’on puisse les frapper : l’idéal nouveau n’est point réalisé, mais compromis, et il y a une crise capitaliste dont le socialisme ne sort pas ».

    • @ LL

      Qu’ai je écris qui puisse déclencher une si forte diatribe à mon égard ?

      Je n’ai pas envie de me lancer dans un cours d’histoire du socialisme français ou international dans la mesure où je n’en ai pas les capacités. En 53 ans de vie (en excluant mes 15 premières) je n’ai jamais adhéré à un parti politique préférant me joindre à des micros formations dont l’objet n’était jamais la structuration des troupes militantes.

      Je ne suis absolument pas en opposition avec ce que tu écris. Je m’interroge simplement sur la culture de "l’opposition" que les anciens de ma famille pratiquaient : drapeau rouge en lieu et place du tricolore et refus total des compromissions avec ces s...... de socialos. Cette culture qui condamne des millions de gens à attendre un hypothétique accord.

      On m’a répété pendant toute ma jeunesse qu’une opposition forte permettait de faire avancer la cause des ouvriers et des petites gens et ... ça n’a jamais été le cas.

      Tous les partis de gauche parlent de reconstruire ou de rénover. certes mais avec qui et comment ? Ces derniers temps, le leitmotiv serait surtout "ce qui nous sépare est plus fort que ce qui nous rapproche"

      Ce que je regrette c’est la violence des propos entre les forces de gauche et par voix de conséquence le boulevard ouvert aux partis de droite qui eux ne se posent pas la moitié des questions que nous nous posons.

      Ce que je regrette, c’est le fait que pendant encore des décennies (à moins de renverser les institutions) il y a aura autant de façon de faire le bonheur des français que de visions de gauche.

      Et ça, tu me l’avouera, c’est hautement désespérant.

    • D’abord tu m’excuseras Slovar, il n’ y a pas de "diatribe".

      Un profond désaccord, exprimé fermement, oui (je m’attendais à ce que ça arrive - car si sur nombre de sujets "techniques" de tes articles nous pouvons être d’accord et je ne peux que te remercier de la peine que tu prends à les faire pour clarifier certains points, il ne m’a jamais échappé que, politiquement, nous étions difficilement compatibles.)

      Ensuite, ce que j’ai "en travers de la gorge" et qui m’a profondément déçue c’est que tu aies posté avant hier ce qui est pour moi un article de basse propagande sur le "parti de Mélenchon" et sa réunion à venir.

      Tu nous a habitués à largement mieux. Je me suis même demandé 5 minutes si ce n’était pas de la provocation ?!

      Alors, excuse moi de continuer à être exigeante avec une personne dont j’apprécie la rigueur d’analyse économique et respecte les qualités intellectuelles.

      Je m’interroge simplement sur la culture de "l’opposition" que les anciens de ma famille pratiquaient : drapeau rouge en lieu et place du tricolore et refus total des compromissions avec ces s...... de socialos.

      Les amours déçues, quel poison n’est-ce-pas ? Je le connais ce poison là ...

      Cette culture qui condamne des millions de gens à attendre un hypothétique accord.

      Quel accord Slovar ? Et qui est VRAIMENT condamné à attendre plutôt qu’à se battre ?

      On m’a répété pendant toute ma jeunesse qu’une opposition forte permettait de faire avancer la cause des ouvriers et des petites gens et ... ça n’a jamais été le cas.

      Bien sûr que non et ça ne le sera jamais ! C’est un problème de système.

      Une opposition forte permet seulement à la classe ouvrière et aux prolétaires de ne pas trop se faire enc... quand la bourgeoisie a tous les leviers du pouvoirs en "attendant" comme tu dis.

      Tous les partis de gauche parlent de reconstruire ou de rénover. certes mais avec qui et comment ?

      Mais c’est quoi "la gauche" et c’est quoi "un parti de gauche" Slovar ? Tu attends d’un arbre stérile qu’il te donne des fruits. En tant que polo, la "gauche" nous a donné politiquement tout ce qu’elle avait à nous donner, elle n’ira pas plus loin.

      Maintenant, et notamment avec la Krise du capitalisme, les choses vont se passer ailleurs, autrement, mais de manière bien plus politique peut être.

      Pn n’empêchera pas la révolution d’avoir lieu. On ignore juste quel en sera le vainqueur. Et cela tu l’oublies parce que tu es pessimiste et que tu finis l’univers à ta propre existence ! Mais non ! Il faut bien sûr défendre d’abord SES propres intérêts , ceux de sa classe, maintenant, mais AUSSI si on veut avoir un "rôle politique", voir "au delà".

      D’ailleurs sais tu quelle est ta classe et pourquoi ?D’un point de vue pragmatique que veux tu, toi, pour toi et les tiens ?

      Ces derniers temps, le leitmotiv serait surtout "ce qui nous sépare est plus fort que ce qui nous rapproche"

      Mais ce n’est pas grave ça Slovar ! Vous êtes obnubilés par le concept critiquable de "parti de masse".

      Moi je préfère l’organisation de classe.

      Ce que je regrette c’est la violence des propos entre les forces de gauche et par voix de conséquence le boulevard ouvert aux partis de droite qui eux ne se posent pas la moitié des questions que nous nous posons.

      Mais ce ne sont pas ces divergences qui ouvrent la voix à la droite ! Ce n’est pas vrai.

      Ce que je regrette, c’est le fait que pendant encore des décennies (à moins de renverser les institutions) il y a aura autant de façon de faire le bonheur des français que de visions de gauche.

      Personnellement je ne veux pas "faire le bonheur des Français", tu me pardonneras, ça c’est une vision messianique, catho, et idéaliste, qui ne peut conduire qu’à nous casser la gueule. Comme nous le faisons depuis des décennies en effet.

      Mon combat à moi c’est d’ABORD la préservation de mes intérêts de prolo et au delà, celui de la JUSTICE. La VRAIE.

      Le fait qu’une majorité (nous, les prolétaires) soit gouvernée (et mal en plus) et surtout, soit exploitée par une minorité, ça me débecte.

      C’est ça qui me désespère. C’est que ce qui se prétend la gauche aujourd’hui, cela elle l’a complètement perdu de vue et elle est passée à l’ennemi.

      Et ça, tu me l’avouera, c’est hautement désespérant.

      Non je ne partage pas ton avis. Ce qui est désespérant parfois c’est que tous ces tartuffes soient encore là et obstruent la "scène politique" avec leurs singeries.

      Fraternellement quand même

      La Louve

    • Merci a toi Slovar...

      mais je un doute a propos du sens que je donne a cet dédicace, tu doit pas avoir compris...

      je suis pas di tous en accord avec toi....

    • @ Roberto

      C’est ton droit d’être en désaccord et c’est le mien de te remercier de citer les paroles de Jean FERRAT qui, depuis, est très loin de toutes ces polémiques.

      @micalement

    • Bonjour

      Afin de mettre fin à cet échange dont je regrette vraiment l’aspect polémique, je répondrai :

      "Tu nous a habitués à largement mieux. Je me suis même demandé 5 minutes si ce n’était pas de la provocation ?"

      Tu sais, en toute amitié, je n’écris pas pour avoir un public ou une bonne note. Si mes papiers peuvent intéresser ou lancer un débat, je m’estime très heureux.

      Provocation ? Non mais je rêve

      Slovar les Nouvelles reçoit des dizaines de communiqués de presse (même parfois de Bellaciao) En fonction de leur actualité, je les publie.

      Il m’est arrivé à plusieurs reprises de voir des textes ou communiqués publiés sur Bella et même au moins un texte signé MELENCHON.

      J’ai en ce qui concerne relayé ce communiqué dans son intégralité. J’ai effectivement constaté que le communiqué avait été supprimé.

      Il ne fallait pas ? J’en prend acte.

      "politiquement, nous sommes difficilement compatibles"

      Terrible de dire ça. De placer des frontières au delà desquelles certains ne pourraient pas entrer pour des problèmes de compatibilité.

      Fin de polémique, s’il y en a eu une. Et rendez- vous au prochain papier de Slovar les Nouvelles sur Bellaciao.

      Slovar les Nouvelles

    • J’ai effectivement constaté que le communiqué avait été supprimé.

      on resserre les boulons :)

      vous pourrez constater que depuis plusieurs mois déjà, on zappe les communiqués officiels des partis, quels qu’ils soient...

      Bellaciao

    • Afin de mettre fin à cet échange dont je regrette vraiment l’aspect polémique, je répondrai :

      Non Slovar, tu préfères te concentrer sur l’aspect "polémique" des choses en effet alors qu’il y a un débat de fond et que tu en profites pour botter en touche.

      Mon mot sur "tu nous as habitué à mieux" et "provocation" était évidemment largement ironique, donc, avec un peu d’humour cela pouvait être dépassé pour aller à l’essentiel.

      En revanche, sur le truc de Mélenchon, désolée, j’ai du mal à imaginer que tu n’as pas vu que tu publiais purement et simplement ici le communiqué de propagande d’un nouveau parti mais bon même les meilleurs ont droit à l’erreur.

      Mais cela c’est encore du détail car ce qui m’aurait intéressé moi c’est que tu ne jettes pas l’éponge comme ça sur le fond de notre débat à moins bien sûr que tu estimes que je ne suis pas assez "respectable" ni "sérieuse" pour que tu poursuives notre conversation ?

      J’aurais bien aimé pour une fois avoir une discussion politique avec toi, et pas seulement profiter d’analyses certes intéressants et très documentées mais un peu "neutres" et au fond, sans réelle consistance "idéologique" ; bref de voir ce que pense "le militant Slovar".

      Tu choisis de refuser le débat en balayant tout ça dans un terme :"Polémique". C’est pas très "classe", si tu me permets, voire très méprisant.Mais bon.

      Je te laisse à tes sujets "transversaux", "techniques", "non polémiques" alors, à mon grand regret.

      La Louve

    • Bonjour

      Me’ dire même avec élégance que je fuis le débat est faux

      Contrairement à ce que tu écris, je suis tout à fait prêt à un débat. Il ne reste qu’à en fixer les modalités.

      Slovar les Nouvelles

    • je suis tout à fait prêt à un débat. Il ne reste qu’à en fixer les modalités.

      Excuse moi SLovar mais là tu as fumé la moquette je pense... non ???

      "Fixer les modalités" ?

      Mais les modalités de quoi ? Tu t’es cru a u 18 è siècle genre "à 5 heure sur le pré demain - venez avec vos hommes" ?

      Le débat, c’est maintenant et ici.

      Commence par répondre à mes questions plus haut, et à défendre ton analyse ICI.

      Ça sera déjà un pas en avant...(ensuite, on verra à louer la mutualité et à faire venir la presse hein ? ...)

      Tu m’as tourné le dos de façon méprisante.

      Tu recommences là, avec morgue , j’insiste, genre "appelez ma secrétaire et prenons rendez vous"...

      Et si tu crois que je ne reçois pas ton message (et que nous ne le recevons pas), tu te fous le doigt dans l’oeil...

      Sur ce,

    • Et si tu crois que je ne reçois pas ton message (et que nous ne le recevons pas), tu te fous le doigt dans l’oeil...

      Et bien... le message de Slovar... moi je le reçu 100% ... et je m’avance pas trop a dire que tous le collectif est pas sourd...

      Personnellement je peux pas discute aujourd’hui je regarde mon planning mais je arrive pas a dégagé du temps pour "Fixer les modalités"... ;-)))

      Hahaha ces socialiste n’ont pas change...

      Dr
      Furioso

      Le mépris est autant un sentiment qu’une attitude envers quelqu’un, un groupe ou une chose considérés comme indignes d’estime. Le mépris place celui qui en use au-dessus de ce (ceux) qu’il méprise. Domination, mise à l’écart et condamnation en sont les maîtres mots. C’est la raison pour laquelle la figure fondamentale, et même fondatrice, du mépris, est l’esclavage. Esclavage antique, esclavage médiéval, puis esclavage des Africains par les Européens, jusqu’aux formes les plus modernes de l’esclavage. Suppression chez l’autre de toute appartenance à l’humanité. Le dualisme a permis de le maintenir (l’autre n’a pas d’âme, en aura une plus tard). Certain font l’éloge du mépris, comme attitude morale : un bon chrétien devrait mépriser le temporel (particulièrement le corps et les choses corporelles) pour mériter le salut...