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Hopitaux, actualité brulante

Publie le mercredi 7 janvier 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

Voici un texte qui ne se frotte pas certes au Goncourt mais qui à le mérite de décrire une situation qui pour certains d’entres nous est quotidienne et qui pour d’autres reste inconnue ou simplement trop difficile à entendre car ne l’oublions pas pour beaucoup nous sommes des fonctionnaires et donc.... nous n’avons pas à nous plaindre.

Sachez que c’est le quotidien de tous les hôpitaux de France.

Bonne lecture et Bonne santé

Le témoignage d’une infirmière :

Je suis assez catastrophée en ce moment, car dans aucun média, aucune presse, même dans les discours de nos chers politiques, personne ne parle de ce qui se passe du côté de l’hôpital public... Et pourtant, moi qui le vis de l’intérieur, je vous garantie qu’il y a de quoi sauter au plafond (peut-être autant que les fautes d’orthographe dans ce mail, je m’en excuse...!).

Tout ce qui va suivre est un peu compliqué, peut-être, mais nécessaire pour vous expliquer ce qui se passe sur le terrain. Je suis infirmière dans un service de Médecine adulte (Médecine interne et thérapeutique, pavillon 5, hôpital Bellevue à St-Etienne) avec une capacité d’accueil de 21 patients, dont 95% est muté directement des urgences. Autrement dit la plupart ne sont pas encore très stabilisés sur le plan médical et ont donc besoin d’une surveillance étroite et efficace de la part des infirmiers et aides-soignants. Les femmes de ménage (ASH) ont elles aussi un rôle important, car au détour d’un couloir ou pendant qu’elles nettoient une chambre, elles peuvent être les premiers signaux d’alarme d’un patient en détresse. Sans parler de leur travail primordial pour assurer l’hygiène des services, rôle majeur dans la lutte des infections nosocomiales.

Nos équipes s’organisent ainsi : (les équipes de jour et de nuit sont indépendantes, je ne travaille que le jour matin soir
2 infirmières+ 2 aides-soignantes + 1 ASH le matin,2 infirmières+ 2 aides-soignantes + 1 ASH le soir ,1 infirmière+ 1 aide-soignante la nuit .

Ceci est ce qu’on appelle le service minimum, autrement dit, c’est le minimum réglementaire pour assurer la sécurité des patients. Or il faut savoir que nous n’avons jamais de personnel en plus et que la tendance actuelle est de nous faire tourner en sous-effectif de manière presque systématique les soirs et les week-end, soit un seul infirmier pour 21 patients.

Depuis 2 mois, une de mes collègues infirmières a démissionné et n’est pas remplacée, une autre est en arrêt de travail qui risque d’être prolongé cet été et n’est pas non plus remplacée. Nous ne sommes donc plus que 6 infirmiers au lieu de 8 à assurer un roulement sur 4 semaines, jours de semaine, week-end et fériés compris. Alors nous effectuons 1 puis 2 puis 3 week-end supplémentaires (nous en travaillons déjà 2 sur 4 habituellement) et ainsi de suite pour que le service tourne, avec des jours de repos qui sautent et des alternances de rythme incessantes. Si bien qu’ il devient impossible de prévoir quoi que ce soit en dehors de la vie au CHU, sous peine de devoir annuler au dernier moment pour cause : boulot !

Samedi dernier, le 14 juin 2008, une autre collègue s’est arrêtée et, étant la seule infirmière du soir, il n’y avait donc personne pour prendre la relève du matin... C’est un infirmier des urgences qui a été détaché de son service pour venir dans le nôtre, qui a assuré les soins de nos 21 patients, alors qu’il ne les connaissait pas, et qui a dû faire face en plus à une situation d’urgence vitale de l’un d’eux...

Une des ASH est arrêtée depuis 1 an en étant remplacée de manière très ponctuelle, obligeant les 3 ASH restantes du service à se partager un roulement sur 4 semaines, jours de semaine, week-end et fériés compris. Leur tâche est de nettoyer à elles seules, tous les jours, la totalité des16 chambres du service de fond en comble (vitres, mobilier, murs, WC), les bureaux médicaux, les pièces de vie (office, douche, WC, couloirs), la salle de soins... Il faut savoir que le CHU de St-Etienne est en pleine réorganisation, puisqu’un gros complexe est en fin de construction à l’hôpital Nord, promettant parait-il des technologies de pointe, des locaux modernes et surtout des soins efficaces et de qualité...

Alors expliquez-moi comment être à la hauteur de ces exigences quand le personnel est déjà largement en sous-effectif ? L’hôpital refuse d’embaucher, car déficit budgétaire, mais préfère faire appel à l’intérim, qui coûte plus cher que des contractuels...

Hier, j’étais normalement en ’repos’ et j’ai passé une bonne partie de ma journée à démarcher la Médecine du Travail, les syndicats et à parler avec notre chef de service, pour essayer de trouver des solutions pour que notre direction nous entende...

Nous sommes par chance soutenus par notre chef de service, qui connaît la valeur de notre travail et sait que nous ne protestons pas pour rien. Il nous connaît suffisamment pour lui même remuer ciel et terre pour qu’on s’occupe du sort des soignants à l’hôpital. Il nous soutient par ce que lui-même est très inquiet de la situation et voit notre gouvernement asphyxier le service public hospitalier, or lui a choisi de travailler au CHU par foi en ce service public et dans le respect du serment d’ Hippocrate.

Je dors très mal et pour être honnête je pense au boulot constamment. J’ai peur que le stress me fasse oublier un soin, que la pression m’ empêche de prendre le temps avec un patient déprimé, que la fatigue me fasse faire un mauvais calcul de dose, administrer un produit au mauvais patient...

J’ai peur que ce métier que j’aime me transforme en assassin, involontairement, par ce qu’on aura laissé la situation se dégrader.
Parce que nous sommes tous responsables : je suis l’infirmière d’aujourd’hui mais nous sommes tous les patients de demain. VOUS pouvez être au bout de ma seringue, ou votre mari, votre enfant, votre proche.

Je vis l’insécurité dans mon travail, alors que je le maîtrise pourtant. Mais je suis humaine avant tout.

Vous serez ceux qui pâtirez du manque de soignants dans les services : je n’aurai pas pu prendre le temps de vous donner des nouvelles du patient que vous aimez, je n’aurai pas pu gérer 2 situations d’urgence à la fois...

Faut-il attendre qu’il y ait des morts pour réagir et prendre conscience de ce qui se passe dans les hôpitaux ???

Aujourd’hui, j’ai besoin de vous. Merci de bien vouloir transférer ce mail de manière la plus large possible, pour informer le plus de monde possible.

Si vous connaissez des personnes du monde hospitalier, journalistique, politique ou autre, n’hésitez pas à les solliciter.

Il faut se mobiliser en masse pour être plus efficace, moi toute seule, je n’intéresse personne.’

Merci pour votre attention !

Messages

  • On se soigne ? vous avez bien de la chance !!!
    Petit a petit on laisse de soigne les maux de tété permanent,aprés ..les dents puis les mal au ventre....petit a petit on oublie que la santé est un droit citoyenne !!!
    et que l’Etat est oblige d’assumer !!!

  • L’américanonabot privatise a tout va ;très bientot votre maladie ne pourra etre soignée qu’en fonction de votre portefeuille.momo11

  • La situation dans les hôpitaux publics est dénoncée régulièrement, les récents problèmes (décès d’enfants etc) sont assez probants sur la réalité de chaque jour...les urgentistes ont sonné l’alarme auprès de la ministre dès le début de décembre etc etc...

    Les problèmes viennent principalement des restrictions budgétaires et de la politique du gouvernement qui s’identifie de plus en plus à celle menée aux U.S.A.

    La rentabilité des hôpitaux doit être de mise, autrement ce sont des fermetures de services et d’établissements pour toute réponse, la rentabilité est pour le gouvernement signe d’une bonne gestion, ceci préparant ainsi les "bons établissements" à se faire avaler petit à petit par des groupes privés.

    La casse est commencée, et il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut point ouïr, Madame Bachelot-Harquin en est l’illustre exemple.

    Pourtant nous payons assez d’impôts pour que nos services publics fonctionnent correctement !

    Devrons-nous encore longtemps accepter qu’une certaine classe de la société pille les fonds publics, vendent les biens publics, cassent les services publics afin qu’ils tombent entre les griffes d’actionnaires sans scrupules !

    La société est malade de ses "responsables", ce mot les suivra...

    Quant aux personnels hospitaliers, qui ne manquent pas de courage et de foi, ils ont été abusé, et les problèmes deviennent de jour en jour de plus en plus inextricables.

    La politique menée est la seule responsable et je ne pense pas personnellement que les centre hospitalier (publics et privés) trouveront facilement du personnel dans les mois à venir.

    Si c’est pour subir des pressions psychologiques (le mal-être des personnels soignants est évident), des culpabilisations etc etc... voire se retrouver arbitrairement pendant 48 heures en garde à vue !!!

    Il y a une orientation de la Santé qui ne tourne pas rond !

    Maintenant c’est aux personnels de se faire respecter en refusant de travailler en sous-effectif car ils ont ensuite une part de responsabilité, ainsi de mauvaises conditions de travail ont pour conséquences des erreurs pouvant être graves...

    Là, les vrais responsables, les vrais coupables ce sont ceux qui favorisent la marchandisation de la Santé...et les premiers responsables sont :

    Monsieur Nicolas Sarkozy et Madame Bachelot-Narquin...

  • Je comprend toute a fait ce message etant moi meme employé a l’hopital
    je travaille en psychiatrie,le personnel est de moins en moins remplacé
    la charge de travail de plus en plus lourde,il en va de la securité
    des patients et meme du personnel !la direction met en avant le deficit
    budgetaire,que faut il faire ?