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Les producteurs de lait en colère contre la grande distribution : chute de 30 % du prix du lait !

Publie le mardi 19 mai 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

Résultat d’une déréglementation du marché, la chute de 30 % du prix du lait suscite la colère des éleveurs

LE MONDE | 18.05.09 | 13h46 • Mis à jour le 18.05.09 | 15h35

Des membres de la Confédération paysanne et des producteurs de lait fournisseurs de la fromagerie Gillot, manifestent avec deux vaches laitières normandes dans la cour de la fromagerie Saint-Hilaire de Briouze, le 13 mai 2009.
Serait-ce la fin de la "spécificité laitière" ? Dans le monde agricole, les producteurs de lait faisaient presque figure de salariés. Tous les mois, ils percevaient des industriels leur "paie de lait", qui oscillait peu. Changement de décor : la paie d’avril, touchée le 15 mai, est en baisse de 30 %. Elle marque l’émergence de la nouvelle ère de la volatilité des prix, conséquence de la dérégulation d’un secteur protégé.

Une telle chute est inacceptable pour les producteurs, qui bloquent depuis une semaine des laiteries et visent la grande distribution. Mardi 19 mai, à l’appel de la FNSEA, c’est aux pouvoirs publics qu’ils diront leur colère devant les préfectures. La Confédération paysanne appelle à faire de même le 25 mai.

Les 90 000 éleveurs laitiers subissent de plein fouet le retournement du marché. En 2008, ils avaient été incités à produire plus, car le lait manquait et qu’il fallait réduire son prix. Les excédents, auxquels s’ajoute une baisse des ventes due à la crise, expliquent la chute de la rémunération : 210 euros les 1 000 litres, contre 310 il y a un an. Un recul sans précédent depuis l’instauration des quotas, en 1984.

Jusque-là, la dégringolade aurait été amortie par une discussion avec les industriels. Mais, cette fois, les laiteries ont pu fixer seules le montant de la facture, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ayant estimé que les recommandations sur le prix entre collecteurs et producteurs devaient cesser pour cause de distorsion de concurrence. Or les industriels, qui pâtissent du cours du beurre et de la poudre de lait en chute et d’une légère baisse de la consommation, en ont profité pour fixer un prix très bas.

Pour les éleveurs qui n’ont pas épargné quand les prix battaient des records, la situation est catastrophique. "Comme les charges n’ont pas baissé, pour ne pas perdre d’argent, il faudrait que je touche 300 euros la tonne. Et encore plus pour me rémunérer", explique Max Bottier, producteur en Seine-Maritime, à la tête des blocages des sites de Danone et Senoble.

"BLOCAGE CULTUREL"

Les actions contre les laiteries sont parties de la base. Les appels nationaux axés sur les pouvoirs publics ont été lancés par les syndicats qui leur reprochent d’avoir laissé disparaître les outils de régulation qui permettaient qu’offre et demande s’équilibrent et d’avoir ainsi engendré une volatilité.

Ces dernières années, au niveau européen, le stockage et les aides à l’exportation ont été réduits. Il a été décidé la suppression d’ici 2015 des quotas, qui assuraient la stabilité de la production et donc des prix. Déjà, ils doivent être relevés de 1 % tous les ans, alors qu’ils devraient baisser.

Cette perte de visibilité inquiète les producteurs. "Je me suis installé, il y a quelques années, en basant mon emprunt sur 31 centimes le litre. Mais à l’époque, les prix n’étaient pas fluctuants", raconte Charles Deparis, producteur dans l’Orne. Il réclame que le prix du lait dépende simplement des coûts de production. "Il y a comme un blocage culturel. Les producteurs de lait vivent leur première chute de prix. Comme ils étaient habitués à une paie stable, ils ne se sont pas organisés, alors que dans le secteur du porc, on sait appréhender la volatilité", note Vincent Chatelier, économiste à Institut national de la recherche agronomique (INRA).

Cette fluctuation des cours est aussi nouvelle pour les entreprises. Une situation difficile pour les quelque 250 petites laiteries françaises, mais les gros acteurs aussi doivent s’y faire. Chez Danone, on essaye de trouver un mécanisme pérenne de fixation du prix du lait. Les industriels voudraient mettre en place un système de contrats, qui assurerait des prix fixes et suppléerait à la régulation publique. Mais les producteurs s’en méfient.

Les deux camps souhaitent que le gouvernement fasse en sorte qu’il soit de nouveau juridiquement possible de discuter d’un prix en interprofession. Le ministère de l’agriculture et Bercy sont restés silencieux. Mais depuis janvier, au niveau européen, les dispositifs de stockage et d’aides à l’exportation ont été relancés et en mars, la France a gelé l’obligation d’augmenter son quota. En temps de crise, la régulation a du bon.

Laetitia Clavreul
Article paru dans l’édition du 19.05.09.

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Messages

  • Le syndicat agricole FNSEA qui règne sur le monde agricole en maître absolu, pousse les producteurs de lait dans la rue, alors qu’elle est à l’origine de cette colère. Elle n’a pas su négocier ses prix face à la grande distribution, qui règne à présent lui aussi sur le montant de nos gamelles ! Puisque le lait baisse de 30 %, il faut que la grande distribution répercute exactement le même chiffre aux produits laitiers que nous achetons.

    De plus, il faut savoir que la FNSEA (FNPL) empêche les autres syndicats dont la Confédération paysanne d’être intégrée aux coopératives laitières

    La commission européenne a voulu déréguler ce secteur, voilà ce qu’il en coûte ! C’est la même histoire qu’avec les pêcheurs, les salariés du privé, du public : c’est le BORDEL généralisé !

    C’est comme pour conduire sur la route : il faut un CODE pour bien conduire et susciter le respect mutuel, pour vivre !

    • Là comme ailleurs c’est le fric qui décide , je suis prpoducteur de lait ’j’ai déja fait un billet à ce sujet il y a une semaine , elle ets belle l’europe et les aides publique .

      Quand les qutas sont arrivé dans l’Allier nous étions 1200 prodducteurs en 1983 les quotas sont passé par la et pour le même litrage départemental nous restons ....280 Aujourd’hui

      Milles producteurs à la soupe pour rien sinon pour garder une élite , mais même çà c’est foutu car à 22 cts , il est impossible de tenir le coup ,

      Nous sommes tous au bord du gouffre , le lait coute environ 30 cts à produire et les mordu du libéralisme se prennent les pieds dans le tapis en entrainant les autres avec eux !!!!

      Les banques se frottent les mains elles vont pouvoir paser à la caisse !

      la FDSEA de l’Allier dénonce depuis lontemps cette dérive , n’empèche que comme les autres nous paieront l’addition ..... et le consomateur continuera de payer aussi cher leur lait en grande surface

      Ouvriers - paysan, même combat mais pas pour servir la soupe au capital et à la droite

      jean claude Depoil

      http://depoilenpolitique.blogspot.com/

  • Aller voir ce liens et chercher les aides de la pac qu’ont les agriculteurs

    https://www1.telepac.agriculture.gouv.fr/telepac/tbp/accueil/accueil.action

    Dans ma commune certain agriculteures on 3 fois d’ade que moi de salaire

  • artoff206.jpg

    A cette époque (1972-73), on chantait :

    "C’est en Bretagne au mois de mai
    Oui en Bretagne au mois de mai
    Y’a pas qu’des fleurs dans les pommiers
    Y’a aussi du lait dans les fossés.

    Paysans-travailleurs
    Ouvriers exploités
    Quand le peuple s’unira
    Il vaincra."

    sur l’air de la "suite sud armoricaine" d’Alan Stivell

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    Il y a 37 ans éclatait la « Grève du lait ». Ce mouvement a ébranlé le monde agricole. Il avait pour origine la baisse du prix du lait à la production. Pendant deux mois, les paysans n’ont plus livré de lait aux coopératives laitières.

    Contexte Historique

    Les années 1970 sont celles de la révolution fourragère (le maïs) et de la forte croissance de la production agricole : la production laitière bretonne double entre 1968 et 1982. C’est durant cette période que s’affirme un complexe agro-alimentaire puissant basé en grande partie sur la production laitière. Mais c’est aussi une période d’agitation professionnelle et d’éclatement syndical. La grève de 1972 en est une preuve.

    Les éleveurs laitiers s’opposent depuis 1970 aux entreprises laitières afin d’exiger la définition du prix de revient du lait et le paiement au juste prix qui tiendrait compte du prix du travail. Le 23 mai 1972, 16 camions de collecte de lait sont interceptés par des groupes de paysans du Finistère.

    Ce mouvement s’étend rapidement au Morbihan et à la Loire-Atlantique. Cette lutte est organisée par des forces syndicales nouvelles : les branches modernistes de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles), les paysans-travailleurs qui sont en dissidence. Celles ci participent ainsi au climat général d’occupation et de mobilisation ouvrière des années 70 comme, par exemple, la grève du Joint Français à Saint Brieuc. La grève du lait, basée sur des actions commandos, met en évidence la mobilisation des producteurs et l’éclatement du mouvement syndical agricole breton, lié à la remise en cause régionale des leaders traditionnels de la FNSEA qui défendent surtout les grandes exploitations. Deux leaders émergent, Bernard Lambert (qui milite à la Gauche Ouvrière Paysanne) et Bernard Thareau ( tendance PS).

    Notons que cet épisode important qui, à l’image de la marche du Larzac en août 73, peut être lu comme un combat fondateur de la gauche paysanne, a été très peu couvert par la télévision régionale. Ce documentaire qui a été réalisé en 1982 utilise peu d’images datées des années 70.

    Bibliographie :

    Jean-Philippe Martin, Histoire de la nouvelle gauche paysanne, La Découverte, 2005.

     Retour sur la « Grève du lait »(video)


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     Et aujourd’hui, quoi de neuf à l’ouest ?

    • C’est terrible d’en arriver là, déverser des litres et des litres de lait sur la chaussée, allant jusqu’à menacer de ne plus livrer le lait aux coopératives laitières, pour se faire entendre. Mais au moins les éleveurs ont réussi à se faire entendre de Barnier, des entreprises de laiteries et de l’Europe ! Chapeau !

      Pourtant le combat des paysans et des ouvriers est bien le même, si on en juge comment s’est opérée la fixation du prix du lait par les entreprises laitières aux éleveurs, autrement dit unilatéralement, sans discussion, avec un syndicat (FNSEA) très mou pour le coup.

      Puisque les uns et les autres sommes traités de la même façon, pourquoi ne pas organiser la filière autrement, à savoir :

       créer vous-mêmes, sous forme de coopérative, des unités de fabrication de yaourts, de beurre et de fromage directement accessibles aux consommateurs, pour faire tomber les intermédiaires (grande distribution), donc concourir à faire baisser les prix à la consommation.

       Installer des machines à distribuer le lait frais, direct producteur au consommateur, avec prix attractif.

       Et se lancer dans le lait bio qui véhicule une image bien plus positive que le lait conventionné qui est bourré de médicaments et de vaccins susceptibles d’entraver la santé des consommateurs de produits laitiers (résistances aux antibiotiques, allergies...).

      Paysans et ouvriers sommes dans la même galère, avec le même mépris, les mêmes abus. Il faut travailler plus, gagner moins, payer plus et fermer notre g.
      Comme les AMAPS qui fonctionnent fort, organisez votre filière directement avec les consommateurs-ouvriers. L’union fait la force !