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La gauche amiénoise privatise encore et toujours !

Publie le samedi 24 octobre 2009 par Open-Publishing
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Communiqué sur la privatisation de Mégacité

Le mercredi 14 octobre 2009, la commission chargée du développement économique d’Amiens-Métropole a connu de vifs débats à propos de la privatisation de mégacité. Les conseillers municipaux communistes F Debeauvais, M.-H. Loew et C. Maisse s’opposent aux conclusions du rapport qui confient la délégation de service public à GL events, une société cotée en bourse qui cherche à s’emparer d’un maximum de salles de congrès en France et ailleurs depuis 2 ans. Dans toutes les municipalités, la gauche, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition, a défendu les sociétés d’économie mixte. Pourquoi est-ce impossible à Amiens ? Comment les élus de la gauche amiénoise peuvent-ils opter pour une privatisation de mégacité alors qu’ils ont appelé à voter le samedi 3 octobre contre celle de la poste ? Comment peuvent-ils accepter les réductions d’emploi qui seront le résultat de cette même privatisation ? Jusqu’où Amiens-Métropole va-t-elle aller dans l’abandon de sa gestion au privé ?

Les conseillers communistes délégués à la métropole, M-H Loew et C. Maisse voteront contre un tel abandon qui est une décision politique qu’il faut assumer sans se cacher derrière une fausse objectivité reposant sur des arguments juridiques prétendument neutres.

Fabienne Debeauvais, Maria-Helena Loew, Cédric Maisse

INTERVENTION DE C. MAISSE, ELU COMMUNISTE, AU CONSEIL D’AMIENS-METROPOLE DU 22 OCTOBRE 2009 :

GL events a pour objectif de faire un chiffre d’affaire de 590 millions d’euros cette année alors que son activité se tasse. Son chiffre d’affaire est en baisse de 11,5 % ce trimestre par rapport au 3° trimestre 2008.
GL events est un géant mais n’aurait-il pas des pieds d’argile ? La crise financière décourage les entreprises de de créer des événements. La promesse de réaliser plus d’événements à Amiens n’est-elle pas illusoire ? N’était-ce pas une simple promesse pour emporter la délégation de service public ?

Ensuite, à une autre échelle, GL events ne peut plus arrêter sa course en avant, on pourrait même parler de fuite en avant. Pour se développer, ce genre de grand groupe, je rappelle que GL events est implanté partout dans le monde (Rio, Barcelone, Padoue, Budapest, Shanghai, etc.) mais également au plus près des grands donneurs d’ordre (Lyon, Paris, Nice, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Toulouse, Metz, etc.), pour se développer, donc, ce grand groupe a besoin de générer toujours plus de profits. C’est une roue qui tourne de plus en plus vite jusqu’à l’emballement ? Ne serait-on pas arrivé au point où GL events a atteint ses limites ?

Son CA était de 605,7 millions d’euros en 2008. Il ne serait plus que de 590 millions en 2009.

Amiens-Métrople pourrait entrer dans un engrenage qu’elle ne pourra pas contrôler.

Car il s’agit bien de cela.

Est-ce la puissance publique, en l’occurrence Amiens-Métropole, qui doit décider de la gestion de son territoire, ce qu’elle faisait en partie avec la société d’économie mixte ?

Ou cette gestion doit-elle être déléguée à des entreprises privées dont le but est de faire toujours plus de profits ?

Le choix politique a été fait : Amiens-Métropole va se dessaisir d’un équipement très important. La philosophie générale du rapport en témoigne très clairement. Elle fait ce constat à 3 reprises dans le rapport : « GL events a une stratégie claire fondée sur une connaissance du marché » ou bien à cette phrase finale : « il est clair que GL events a un projet, une ambition et souhaite réussir, parce que c’est un groupe dont c’est la finalité, Amiens métropole, le territoire, les usagers en bénéficieront directement.  » On croirait entendre le théoricien du libéralisme Adam Smith selon lequel il faut laisser faire le marché et tout ira bien. Tout finira par s’équilibrer grâce au marché, la fameuse main invisible. Or on sait depuis longtemps, depuis au moins la crise de 1929, qu’il faut des régulations extérieures au marché. On l’a encore vu il y a un an...(avec le renflouage des banques par les pouvoirs publics, ce que j’aurais dû dire sans l’interruption inopportune de Gilles Demailly)

Interruption de Gilles Demailly, président d’Amiens Métropole :
Monsieur Maisse, je vous rappelle le règlement intérieur, vous devez rester en rapport effectivement avec le projet de délibération. Vous êtes en train de nous faire un cours d’économie politique.

Cédric Maisse :
Mais je suis en train d’analyser la philosophie générale du rapport. Donc je suis dans le sujet...

Gilles Demailly :
Je crois qu’il m’appartient de contester ce genre de propos et je vous demande de conclure.

Cédric Maisse :
Il n’y a que moi que vous interrompez ici.

Gilles Demailly :
Monsieur Maisse, c’est un rappel au règlement. Il m’appartient de juger du rapport qu’il y a entre vos propos et le projet de délibération. Bon je vous demande de revenir à l’objet de la délibération

Cédric Maisse :
je suis en plein dedans

Je m’étonne que des élus de gauche adhèrent à une telle philosophie... surtout qu’ils luttent en même temps contre la privatisation du service public de la poste en disant que la recherche du profit va nuire à la qualité du service rendu. Et cela nos concitoyens le savent bien.

Même un député centre-droit s’est inquiété de ce qu’Acropolis, la salle des congrès de Nice, soit confiée à GL events, il dit ceci :
« Ainsi quand les commerciaux de GL events démarcheront des clients potentiels pour Acropolis, si le client n’est pas très intéressé, au lieu de se battre pour décrocher le contrat, ils seront enclins de proposer une autre destination. »
Voilà à quoi se réduit l’effet réseau de GL events. Peu importe l’endroit où va sa passer la manifestation. L’effet réseau va banaliser les événements sur toute la France. Les territoires ne pourront plus faire la promotion de manifestations conçues à leur échelle. Tout viendra d’en haut, tout sera fait en fonction de la rentabilité.

Lors d’un conseil municipal à Paris, un adjoint socialiste a fait la réponse suivante à un élu UMP qui défendait le choix de GL events pour la gestion du palis omnisports de Bercy :
« Oui, certes, le groupe GL Events est plus performant sur la redevance mais l’objectif de notre société d’économie mixte est-il de dégager de la valeur ? Parce que si on veut dégager de la valeur, il y a un moyen très simple. On ne fait plus de compétitions sportives fédérales, on ne fait que des concerts, du sport spectacle. L’objectif de cet équipement qui fait l’objet d’une délégation de service public est-il de dégager de la valeur ? Non, ce n’est pas l’objectif.
Que cela ne coûte pas à la Ville, c’est une chose. Qu’on arrive, progressivement, à un contrôle politique et à la définition de ce que l’on appelle un prix d’équilibre, c’est une chose, mais que, par contre, on dégage de la valeur et qu’on considère que c’est un critère, non, ce n’est pas l’objectif
. »
Cette déclaration modérée, d’un élu qui fait partie de l’exécutif parisien, nous la faisons nôtre pour nous opposer au choix de GL events pour gérer Mégacité.

Résultats :
CONTRE : 20
ABSTENTION : 7
POUR : 43

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