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Sarkozy écarte une régularisation massive des sans-papiers

Publie le mardi 24 novembre 2009 par Open-Publishing
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Le président de la République a pris le contrepied de la première secrétaire du PS qui a plaidé pour une régularisation « large ». Son gouvernement a annoncé un projet de loi pour renforcer les sanctions contre les employeurs de travailleurs sans papiers.

L’hypothèse d’un « appel d’air » ou encore d’une aubaine pour « les réseaux de trafiquants » et puis, carrément, « les valeurs de la République ». C’est en invoquant ces raisons diverses que Nicolas Sarkozy a catégoriquement écarté, mardi, une « régularisation globale » des sans-papiers, en profitant pour marquer son désaccord avec la première secrétaire du PS, Martine Aubry, qui avait plaidé pour une « régularisation large ». Un veto qui intervient après l’annonce, dimanche, par les ministres Xavier Darcos (Travail) et Eric Besson (Immigration), de la préparation d’un projet de loi visant à renforcer les sanctions contre les entreprises employant des sans papiers. Et ce sur fond de grève entamée le 12 octobre et suivie par près de 5.200 travailleurs réclamant leur régularisation, touchant 1800 entreprises.

« Tant que je serai président de la République, je n’accepterai pas une régularisation globale de ceux qui n’ont pas de papiers, je ne l’accepterai jamais parce que c’est contraire à l’idée que je me fais des valeurs de la République », a annoncé le Président lors d’un déplacement en banlieue parisienne.

Prenant pour contre-exemple l’expérimentation, « à trois reprises » en France, de régularisations : « ça a conduit à ce que les réseaux de trafiquants criminels sur la pauvreté des gens et le malheur des gens, se disent : "envoyons les malheureux en France, ils régularisent, et donc un jour ils seront amenés à régulariser" », a-t-il estimé. « Chaque fois qu’on a régularisé massivement, on a abouti au contraire de l’effet recherché », a-t-il insisté, invoquant « un appel d’air ». « Après la régularisation en France, le nombre de demandes, tenez-vous bien, a été multiplié par quatre », a-t-il plaidé.

De telles initiatives à l’étranger ne l’ont pas non plus convaincu : « Les Espagnols l’ont fait, ils en sont revenus (...) les Italiens l’ont fait, et ils se trouvent aujourd’hui être ceux qui demandent avec le plus de fermeté un contrôle aux frontières en Europe. »
« Ce serait une erreur tragique »

Citant l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard - « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » -, Nicolas Sarkozy a enfin estimé que « la France est généreuse ». « Mais de là à régulariser tout le monde, ce serait une erreur tragique et c’est la raison pour laquelle nous ne le ferons pas », a conclu le président.

Reprenant l’argument de l’appel d’air et jugeant « irresponsable de donner ce signal aux pays du Sud », le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), s’est dit lui aussi « totalement opposé » à la régularisation de travailleurs clandestins : « Ce n’est pas comme cela que l’on résoudra le problème. »

En revanche, Bruno Le Roux, député (PS) de Seine-Saint-Denis, rappelant que « personne ne demande [à Sarkozy] de régularisation massive », plaide la cause de « plusieurs centaines de milliers de personnes sur notre territoire qui ne sont pas expulsables et pour lesquels il faut une régularisation large », tandis que Noël Mamère dénonce une tentative de récupération électorale. Pour le député (Verts), « tout cela sent très mauvais. On va chercher dans les poubelles les oripeaux de 2002 pour la campagne de Chirac et ceux de 2007 qui ont fait le succès de Sarkozy : tolérance zéro, l’étranger qui est indésirable, la terre qui ne ment pas. Ce sont toutes ces saloperies qu’on nous ressort », accuse-t-il. Mamère se prononce, lui, pour une régularisation « très importante comme en Italie, au Portugal, en Espagne ».
« Un jeu de rôle entre le PS et l’UMP »

Revenant sur la grève des travailleurs sans-papiers, François Bayrou pointe l’incohérence de la situation alors que ceux-ci « travaillent, paient leur impôts, paient les charges sociales » mais « sont en situation clandestine ». Soulignant ce paradoxe - « clandestins aux yeux du ministère de l’Intérieur mais parfaitement réguliers aux yeux des ministères des Finances et des Affaires sociales » - le président du Modem a souhaité, sur France Inter, que l’on trouve « un moyen de leur rendre ou de leur donner les papiers qu’ils devraient avoir ».

Manuel Valls, député (PS) de l’Essonne, prône, de son côté, la demi-mesure : « Ce n’est pas en expliquant qu’on va régulariser tout le monde d’un côté ou en disant que l’on ne régularisera jamais que l’on fait avancer le débat. Je pense qu’il y a des conditions d’intégration en matière d’emploi, d’école, d’habitat pour que les immigrés dont nous avons besoin puissent s’installer dans de bonnes conditions ».

Et le président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan renvoie PS et UMP dos à dos : « Je demande l’arrêt des régularisations. C’est un jeu de rôle entre le PS et l’UMP. En réalité le président régularise à tour de bras et ne contrôle pas l’immigration. Et le PS fait semblant de s’offusquer de sa politique de fermeté. »

http://www.liberation.fr/politiques/0101604875-sarkozy-ecarte-une-regularisation-massive-des-sans-papiers

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