Accueil > COMORES : Sambi-Mohamed Ali Said : la nouvelle lune de miel

COMORES : Sambi-Mohamed Ali Said : la nouvelle lune de miel

Publie le mercredi 13 janvier 2010 par Open-Publishing

Sambi-Mohamed Ali Said : la nouvelle lune de miel reprend sur fond de rétribution de cartes mohéliennes

Dans l’île de Djoumbé Fatima il y a un air de pagaille sur fond de redistribution des cartes politiques sous l’œil d’une population qui confirme si besoin est le peu d’imagination et de rigueur de la classe politique insulaire. A l’opposition plus particulièrement chez les partisans de Fazul et Hassanaly, on craint un “troque” du combat de la tournante contre des intérêts “peu louables”.

C’est un Mohamed Ali Said radieux et bien plus entouré que d’habitude qui a été accueilli par les siens en fin de matinée de ce dimanche 10 janvier à l’aéroport de Bandarsalam, après un voyage de vingt quatre heures dans la capitale fédérale. Dans sa mallette le soutien ferme et renouvelé du chef de l’Etat avec qui il aurait eu, encore une fois, de longues heures d’entretien.
Et pourtant quelques jours plutôt, le locataire du principal palais de Bonovo a frôlé la correctionnelle avec la crise ouverte dans son propre camp à propos de l’élection du bureau du conseil de l’île. En effet alors que le gouverneur avait signifié sa préférence pour Fatima Madi, le conseiller Moussa Mahoma dit Pasoco de Miringoni avait joué dans l’après midi du jeudi 7 janvier en s’alliant avec les deux élus Baobab, celui de l’Ucp de Fazul et Msada de Djabir pour se faire élire contre toute attente au perchoir tout en confiant la vice-présidence à Madi Saendi de la mouvance présidentielle (lire notre avant dernière édition). Du coup Mohamed Ali Said qui avait la majorité absolue dans cette assemblée, était devenu minoritaire et va devoir composer avec une nouvelle majorité aux contours mal définis mais, cela semble certain, très hostile en sa personne. En outre il avait perdu le prestige que lui avaient conféré les élections avec à la clé la reconnaissance par le président de la République comme l’interlocuteur numéro un et incontournable de l’île très loin devant les dinosaures du Baobab qui ont désormais perdu toute forme d’influence.
Mais par un revirement des plus spectaculaire de la situation politique et suite à des négociations avec de hautes autorités du gouvernement de l’Union, Pasoco, qui avait remis son tablier a été réélu une nouvelle fois président mais, cette fois, grâce aux voix des élus de la mouvance de l’autorité de l’île. Du coup ce sont trois partisans bons teints de Mohamed Ali Said dont Fatima Madi qui ont été désignés pour aller compléter l’effectif devant siéger à Hamramba. Même Mohamed Haidar du Baobob qui devaient être désignés selon les fameux accords, a été laissé sur le carreau sans aucune autre forme de procès.
Autre point de satisfaction pour le gouverneur : le fait que suite à son voyage éclair à Moroni, Mohamed Ali Said ait reçu le feu vert très foncé de procéder aux passations de service à la direction insulaire de toutes les sociétés étatiques alors que les toujours fameux accords devenus caduques stipuleraient un partage entre les deux Mouvances. Finalement il garde la totalité des sociétés juteuses comme Comore Télecom, les Hydrocarbures et le poste stratégique de receveur des douanes. Il pourrait reconfirmer à leurs postes les personnalités à la tête des directions à gestion problématique et surtout moins pourvues comme la Ma-mwe ou le Centre hospitalier régional de Fomboni. La Snpsf, pourtant en bonne forme financière, pourrait, dans cet étrange Monopoly et selon des sources concordantes, demeurer dans le giron de ce qui reste de Baobab dont on raconte qu’il vient de recevoir une sévère correction du patron d’en haut mécontent du score des siens lors des deux derniers scrutins.
L’avenir de cette mouvance dans sa forme actuelle semble compromis notamment en ce qui concerne une candidature dans ses rangs lors de la future présidentielle alors que beaucoup dans l’île ont du mal à croire à la solidité de la nouvelle alliance entre Beit Salam et Bonovo.
Un Baobab sacrifié – mais qui tient malgré tout à garder l’anonymat – n’hésite pas à y voir une “supercherie” comparable au Pacte Germano-Soviétique à la veille de la seconde guerre mondiale. Toute proportion gardée.
Cette analyse presque caricaturale symbolise quelque part l’état d’esprit des partisans de la mouvance présidentielle dont nombreux se sentent incompris pendant que d’autres n’hésitent pas à parler de lâchage pour des intérêts supérieurs. Côté opposition, plus particulièrement chez les partisans de Fazul et Hassanaly, on craint au “troque” du combat de la tournante contre des intérêts “peu louables”.
La Crc dont les leaders Chabouhane et Bolero, tout en jouant leur rôle traditionnel de premiers opposants à Sambi, restent les fidèles alliés d’un Mohamed Ali Said qui signe les actes administratifs en qualité de “gouverneur mais qui, soit dit en passant, tient à ce qu’on le salue en tant que “président” (s’il vous plaît).
Une chose est sûre. Dans l’île de la reine Djumbe Fatima il y a un air de pagaille sur fond de redistribution des cartes politiques sous l’oeil d’une population qui confirme, si besoin est, le peu d’imagination et de rigueur de la classe politique insulaire. Quoiqu’il en soit pour l’heure à Mohéli après Dieu, c’est Mohamed Ali Said dont on prête désormais l’intention de vouloir se succéder à lui même, et ce, semble-t-il, pour un temps...

Source : Al-watwan N° 1480 du 12 janvier 2010
http://wongo.skyrock.com/