ump ! AU SECOURS !

Interview de Pierre Méhaignerie.
Député d’Ile et Vilaine, président de la Commission des Finances
Secrétaire général de l’UMP
RTL le 30 juin 2005

Le budget 2006 quand il le préparait, Jean-Pierre Raffarin - c’était au mois de février dans une lettre de cadrage - envisageait de supprimer de 15 à 20.000 postes de fonctionnaires. Il y en a à peu 50.000 qui partiront à la retraite en 2006 et puis on a eu les chiffres définitifs, ce sont les arbitrages de Dominique de Villepin. Il y en a seulement 5.312 qui ne seront pas renouvelés. Ce n’est pas beaucoup.

Je vais rappeler trois faits pour permettre aux Français de porter un jugement eux-mêmes : le premier c’est 75.000 qui partiront à la retraite. En 2006. Pour les remplacer, 70.000 fonctionnaires d’Etat vont être recrutés. Deuxième point, combien d’emplois publics la France financera t-elle en 2006 ? 30.000 en plus. 20.000 provenant des collectivités locales. Les retraités qui partent en supplément représentent pour la charge financière de l’Etat, l’équivalent de 10.000 emplois publics. Ça fait 30.000. Troisième élément : depuis 1982, l’emploi public en France a augmenté de 24 %. C’est-à-dire 42 % pour les collectivités locales, environ 28 % pour les hôpitaux et 14 % pour les fonctionnaires d’Etat. C’est beaucoup plus que tous les autres pays en Europe.

Ça ne s’entend peut-être pas, mais quand on vous connaît Pierre Méhaignerie, ça veut dire que vous êtes en colère.

Non, ça veut dire que ce n’est pas à la mesure des enjeux auxquels le pays doit faire face.

Il faut réduire davantage le nombre des fonctionnaires en France.

Il faut réorganiser l’Etat. Il faut.

Réduire.

Bien entendu.

Mais dites-le. Il faut réduire davantage le nombre des fonctionnaires.

Pour réduire davantage la fonction publique, compte tenu de sa forte croissance, pour simplifier la vie des Français et la vie des entreprises, nos voisins européens que disent-ils de nous ? La France est sur administrée et sous organisée. Je crois qu’il faut écouter ce propos.

Et pourquoi Dominique de Villepin ne le fait pas ? Parce que l’élection de 2007 approche et qu’il faut veiller à ne fâcher personne ?

Parce que c’est difficile, je le reconnais, et parce qu’on n’a pas modifié avant les structures.

C’est électoraliste comme choix budgétaire Pierre Méhaignerie ?

Je ne dirais pas que c’est électoraliste. Je dirais que ce n’est pas à la mesure des enjeux difficiles auxquels le pays doit faire face, et que nos voisins européens ont engagés plus que nous.

De toute façon le gouvernement est tranquille, les députés de la majorité voteront cette faible suppression de postes de fonctionnaires ? Il n’y a pas de problèmes à attendre.

Moi je ne parle pas de suppressions. Je dis : il y aura 70.000 recrutements. Il y en a 75.000 qui partent. Que les Français sachent que ce n’est pas des licenciements.

Et les députés seront dociles, ils accepteront les choix du gouvernement.

Certains avec des protestations sur ce point.

Des protestations polies qui n’iront pas plus loin.

Ça veut dire qu’il faudra préparer plus sérieusement la pré présidentielle, et faire les réformes dans les quatre mois qui suivent une Présidentielle.

Vous aviez une proposition Pierre Méhaignerie, c’est d’augmenter la prime pour l’emploi. Elle est actuellement de 280 euros par an et vous souhaiteriez la doubler. Mais ça c’est pas dans le budget 2006.

C’est dans le budget 2006 puisqu’on prendrait les deux milliards deux cents millions d’allégement des charges sociales pour améliorer la prime pour l’emploi.

Ça c’est votre projet, c’est pas celui du gouvernement.

Non. Aujourd’hui, qu’est-ce que c’est la prime pour l’emploi ? Elle bénéficie à 7 millions de personnes qui ont entre 1 et 1,6 du SMIC. Deuxièmement, elle est faible. 280 euros par an. Et troisièmement, elle est peu lisible. Ce que je souhaite, et je ne suis pas le seul, c’est qu’elle soit mensualisée, qu’elle apparaisse sur la fiche de paye, comme le fruit des efforts et du travail de nos compatriotes. Et en la doublant, grâce à ces deux milliards deux cents millions, je crois que cela représenterait pour deux salariés proches du Smic, l’équivalent de 100 euros de plus par mois.

Donc, moins vous allégez les charges et plutôt qu’alléger les charges, vous doublez la prime pour l’emploi. C’est ça.

C’est un sacrifice pour les entreprises, je n’en doute pas. Mais pour les entreprises il y a d’autres mesures possibles, en particulier en matière de succession.

Mais ça, comment vous allez faire puisque ce n’est pas dans le budget, puisque ce n’est pas prévu comme ça dans le budget.

Convaincre le gouvernement et déposer les amendements correspondants. Et je crois que cet amendement sera soutenu par une large majorité de mes compatriotes parlementaires.

Combien de députés, et combien de présidents de la Commission des Finances disent ça avant qu’une discussion démarre.

Eh bien vous verrez dans deux mois, mais le rôle du député c’est de faire des propositions alternatives.

Et d’être rarement entendu, c’est terrible hein.

On l’est, on l’est quand même, attendez deux mois et je vous direz le résultat.

Prévisions de croissance dans le budget 2006, 2,25 à 2,75 selon le gouvernement, l’OCDE dit déjà : "on ne fera pas 2 % en France en 2006. C’était pareil en 2005". Le gouvernement avait une prévision extraordinaire de 2,5. Tous les économistes disaient : on n’y arrivera jamais. Pourquoi est-ce qu’un gouvernement n’est jamais sincère quand il prépare un budget ?

Rappelez-vous que l’année dernière on a fait un point de croissance de plus que ce qui était prévu et qu’on a fait une croissance meilleure que la moyenne des pays européens.

Fin 2004 on nous avait dit : on fera 2,5. Alors que tous les économistes disaient : on n’y arrivera pas et c’est les économistes qui avaient raison.

Oui, deux mois après les prévisions.

Mais ce sont les économistes qui avaient raison.

Oui, deux mois après les prévisions. Il reste que l’année dernière, les économistes n’avaient pas prévu - pas plus que nous d’ailleurs - que nous aurions et que nous avons fait, un point de croissance de plus, et mieux que la moyenne européenne. Donc c’est le contexte européen aujourd’hui, et ce sont les maladies de langueur de l’Europe, qu’il faut corriger et l’un des moyens de se corriger, c’est de maîtriser mieux la dépense publique.

Nicolas Sarkozy fait la Une du Figaro avec une interview de politique générale, titrée : "mes idées avancent". C’est qui le premier ministre dans ce pays Pierre Méhaignerie ?

Eh bien moi je crois que les hommes politiques doivent faire preuve de beaucoup d’énergie pour mettre le pays en mouvement. C’est la grande qualité de Nicolas Sarkozy.

Ma question c’était : c’est qui le premier ministre ?

Mais vous le connaissez, je ne vais pas vous le dire.

Si, dites le nom.

C’est Dominique de Villepin.

C’est Dominique de Villepin, voila.

Mais il est bien aidé par un second.

(sic :x)