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Plus que tout, c’est de paix dont il faut d’abord parler
Publie le samedi 19 août 2006 par Open-Publishingde Sabiha AHMINE * mardi 25 juillet 2006 à Lyon
Le sud du Liban, comme le pays entier, se trouve aujourd’hui, en ces moments même, sous un déluge de feu permanent de l’armée israélienne.
Cette Armée la plus puissante de la Région, la plus forte et la mieux organisée, poursuit son agression barbare, motivée uniquement par la vengeance ou par des calculs mercantiles sauvages et obscures, qui n’accordent pas le moindre répit, la moindre compassion à une population, otage de la guerre et durement meurtrie dans un pays trop longtemps martyrisé :
Le Liban, ce pays démocratique et laïc qui a toujours rayonné sur l’ensemble de la région par ses valeurs cosmopolites, universalistes et par son modèle de cœxistence pacifique et humaniste entre les différents populations, religions et cultures qui le composent, est seul capable de constituer une véritable alternative moderniste et humaniste dans la Région.
C’est pourquoi il y a urgence d’agir. Car la situation actuelle risque de pousser la région toute entière vers plus de violence, d’embrasement et d’extrémisme ce qui amènerait à affaiblir les forces de paix au profit des forces de l’extrémisme, de l’obscurantisme, de l’archaïsme, de la destruction et de la haine.
Le PCF condamne fermement ce plan atroce d’agression sauvage contre le peuple libanais, sa nation, sa civilisation, ses institutions et ses infrastructures. Les communistes, à l’instar du peuple français et l’humanité dans son ensemble, manifestent leur solidarité avec le Liban frère, peuple et nation, sans oublier le peuple palestinien et tous ceux et celles qui aspirent à la paix dans la région, sans discrimination, sans mépris et sans colonialisme.
A ce propos, les communistes dénoncent le soutien aveugle, complice et irresponsable de l’administration américaine à Israël, un soutien qui va jusqu’à refuser l’idée même d’un cessez-le-feu juste et équitable.
En ces moments tragiques, le bilan est catastrophique. C’est une véritable tragédie humanitaire qui frappent le peuple libanais : plus de 800 milles réfugies, des centaines de morts, des milliers de blessés... La population civile libanaise comme la population palestinienne, sont pilonnées jours et nuit par l’armée israélienne, la plus puissante et la plus forte de la Région.
Cette Armée qui poursuit son invasion barbare au mépris de la légalité internationale, au mépris de nos valeurs civilisationelles, républicaines et universalistes, au mépris des droits de l’homme... et au mépris de toutes les raisons qui refusent qu’en punissent la totalité d’une population, qu’elle que soit le motif. Selon les ONG, c’est un Crime de guerre.
Au moment où les combats sont frontaux et ne connaissent pas de répit, noux éxigeant un Cessez le feu immédiat. Nous sommes convaincu que "Seules des négociations pacifiques, sans conditions préalables, permettront de sortir des crises "
Avec l’ensemble de l’humanité qui avance, nous exigeons l’arrêt immédiat de l’agression israélienne au Liban comme dans les territoires palestiniens
L’unique solution, notre unique salut c’est un Cessez le feu, avec la relance d’un processus de négociation, sans condition, et sous supervision internationale. Nous craignons aujourd’hui un embrasement de la situation si la communauté internationale n’intervient pas de façon efficace. Le langage de la force que pratique Israël au Liban et en Palestine ne peut que compliquer d’avantage la crise.
Plus que tout, c’est de paix dont il faut d’abord parler. Face au blocage du conseil de sécurité par les Etats- Unis, il faut d’urgence réunir une autre Conférence de Paix ici en Europe.
La France et ses partenaires européens doivent prendre sans plus attendre toutes les initiatives nécessaires pour que les armes se taisent, pour que s’impose, avant qu’il ne soit trop tard, l’exigence d’une issue politique et du respect du droit international. Notre pays doit faire entendre clairement les conditions d’une telle issue : arrêt des bombardements ; retrait des forces israéliennes du Liban, de Gaza et de touts les territoires d’avant 67 ; la libération des soldats israéliens, des ministres, des élus palestiniens et des milliers de citoyens détenus ; arrêt des tirs de roquettes.
Le respect de ces conditions doit constituer le premier pas d’un nouveau processus politique de règlement politique négocié du conflit au Proche-Orient, pour que tous les peuples de la région puissent enfin avoir un autre horizon que celui de la guerre, avec un espoir de sécurité, de justice et de paix. Dans ces conditions, le PCF s’associe à toutes les démarches de paix et, en particulier, soutient toutes les actions pour répondre à l’urgence humanitaire en cours.
"Invasion Israélienne du Liban : un Crime de guerre"
L’enlèvement de deux soldats ne peut donner à l’État israélien le droit de pratiquer des châtiments collectifs contre des civils désarmés
Par Georges Corm - Ancien ministre des Finances du Liban l’auteur a écrit plusieurs ouvrages dont « Le Liban contemporain. Histoire et société » (La Découverte).
Que l’on aime ou que l’on haïsse le Hezbollah au Liban ou le Hamas en Palestine, l’important est de réaliser à quel point, encore une fois, les règles classiques du droit international sont piétinées. Le droit de représailles, en effet, n’est légitime que s’il est pratiqué avec mesure et dans la symétrie. En aucun cas, l’enlèvement de deux soldats israéliens par un commando du Hezbollah ne peut donner à l’État israélien le droit de détruire les infrastructures libanaises, de mettre le pays sous blocus maritime, aérien et, bientôt même terrestre, et de pratiquer des châtiments collectifs de civils désarmés fuyant sur ordre de l’armée israélienne leurs villages et qui font l’objet de massacres sur la route par l’aviation israélienne. En droit international, cela s’appelle des « crimes de guerre ».
Malheureusement, dans le cas du Liban, cela n’est pas la première fois que l’État d’Israël pratique cette politique. De 1968, date de la première attaque israélienne sur l’aéroport de Beyrouth à l’année 2000, date de l’évacuation du sud du Liban, l’armée israélienne a pratiqué la politique de destruction et de déstabilisation de l’État libanais et de la société civile et de l’économie du pays. Elle a gardé de nombreux prisonniers dans ses prisons, dont certains y croupissent depuis trente ans.
Sabra et Chatila
Une partie du sud du Liban a été occupée durant 22 ans, cependant qu’en juin 1982, l’armée israélienne arrive jusqu’à Beyrouth qu’elle pilonne sauvagement durant deux mois et demi par terre, par mer et par air, faisant 20 000 victimes civiles (dont les massacres de Sabra et Chatila). La justification donnée alors fut l’incapacité de l’État libanais de mettre fin à l’activité de la guérilla palestinienne sur son sol et la nécessité d’aider les Libanais à chasser l’OLP du Liban ; le prétexte donné fut l’attentat contre un diplomate israélien à Londres revendiqué par un groupuscule palestinien.
Outre le nombre invraisemblable de victimes civiles de toutes ces agressions israéliennes hors normes, les dégâts matériels causés par l’armée israélienne au Liban depuis 1968 sont estimés à environ soixante milliards de dollars.
Ne serait-il pas temps pour la communauté des nations dites « civilisées », si soucieuses de démocratie et de droit, de réfléchir un instant, au lieu d’avoir les mêmes réflexes conditionnés de soutien à la politique israélienne. Tant que l’État israélien continuera d’occuper des territoires arabes, de les coloniser et de martyriser la population occupée en infraction à toutes les règles du droit international et aux conventions de Genève, peut-on sérieusement penser apaiser la violence dans cette région du monde ? Hier il s’agissait de l’OLP, aujourd’hui du Hezbollah ; demain, nous aurons une autre étiquette, mais une même réalité sous des habits nouveaux.
Il est certes facile de pointer un doigt accusateur sur la Syrie ou l’Iran. La France coloniale l’avait fait pour l’Égypte, dirigée alors par Gamal Abdel Nasser accusé de fomenter la rébellion algérienne et, de ce fait, elle avait accepté de participer à l’invasion de l’Égypte par Israël en 1956 ; dans les années 1970, les Américains et les Israéliens accusaient l’URSS d’être le soutien et l’incitateur des mouvements armés de résistance palestinienne qualifiés, bien sûr, de terroristes.
Un trompe-l’oeil
Les temps n’ont malheureusement guère changé. Les progrès du droit international n’ont été qu’un trompe-l’oeil. La politique de la canonnière du XIXe siècle colonial européen a repris de plus bel, en ce début du XXIe siècle, sous la houlette américaine qui soutient sans réserve la politique hors norme du droit de l’État d’Israël qui s’accroche à ses conquêtes territoriales de 1967 en infraction à toutes les résolutions des Nations unies.
Vouloir appliquer par la force la résolution 1559 du Conseil de sécurité qui enjoint le gouvernement libanais, entre autres choses, de désarmer le Hezbollah risque fort, à terme, de n’être qu’un nouveau coup d’épée dans l’eau. Si la « communauté internationale » est sérieuse dans son désir de rendre le Moyen-Orient à la paix, il lui revient de faire appliquer l’ensemble du droit dit par l’ONU sur le conflit israélo-arabe et de le faire appliquer par toutes les parties en cause, y compris, bien sûr l’État d’Israël, qui est en infraction permanente à tant de principes de base du droit international. Tout le reste n’est que bavardage de mauvais goût face aux souffrances inadmissibles des populations libanaises et palestiniennes.
* Intervention de Sabiha AHMINE, au nom du PCF, lors de la veillée à la mémoire de toutes les victimes de l’invasion Israélienne du Liban, le mardi 25 juillet 2006 à Lyon. Soutien total à l’Appel de Francis Wurtz