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05 avril : Appel à une journée sur l’université à Paris8

Publie le lundi 31 mars 2008 par Open-Publishing
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Appel à une journée de réflexion et d’élaboration collectives sur l’université

Nous appelons donc les étudiant-e-s et les personnels de l’université – enseignants et non enseignants – à nous rejoindre pour une :

Journée de réflexion et d’élaboration collectives
sur l’université

Le samedi 5 avril 2008 à Paris à l’Université de Paris 8 (bâtiment D)
Prendre la ligne de métro n° 13 direction St Denis Université et descendre à la dernière station. Ce sera fléché à partir de la sortie du métro…

La mise en place de la LRU, l’ampleur de la mobilisation étudiante, le début de mobilisation des personnels de l’université… semblent être quelques symptômes tangibles d’une crise et d’un malaise profond qui traversent l’Université française.
En tant qu’étudiant-e-s et personnels enseignants ou non enseignants de l’université, nous constatons et déplorons un certain nombre de pratiques qui participent et expliquent en partie ce malaise. Opacité du fonctionnement de l’université, hypocrisie du recrutement des enseignant-e-s-chercheur-e-s (localisme notamment), absence d’homogénéité des contenus enseignés d’une université à l’autre, disparité des pratiques et des conditions d’enseignement, inégalité de traitement des étudiant-e-s à l’échelle du territoire national… sont quelques-uns des éléments qui, à notre sens, éloignent l’université française de la mission de service public qui doit être la sienne.

C’est pourquoi nous invitons l’ensemble des acteur-e-s de l’Université, qui sont attaché-e-s à sa dimension non marchande et égalitaire ainsi qu’à sa fonction émancipatrice, à une journée de réflexion et d’élaboration collectives autour des principes évoqués ci-dessous. Ces principes (non exhaustifs et non définitifs) s’inscrivent dans l’objectif de (re)placer les étudiant-e-s au cœur du système universitaire et peuvent servir de base à la réflexion collective que nous proposons de mener. Le détail de l’organisation de la journée se trouve en page 4.

TOUT-E ETUDIANT-E A LE DROIT :

1. de recevoir des enseignements cohérents fondés sur une pédagogie réfléchie et construite collectivement ;
→ Cette proposition implique de revoir, à un niveau national, les contenus comme les formes d’enseignements à l’université. Le cours magistral, construit par un-e seul-e enseignant-e en dehors de toute élaboration collective et de tout contrôle, ne permet pas de combattre, voire renforce, les inégalités entre étudiant-e-s. Par ailleurs, il contribue à la sacralisation de l’enseignant-e et du courant théorique auquel il ou elle appartient. L’absence de garde-fou favorise à l’évidence une subjectivité toute puissante de l’enseignant-e, bien souvent au mépris d’une honnêteté intellectuelle qui permettrait un enseignement élargi et de qualité.

2. à des contacts et rencontres réguliers avec des enseignant-e-s accessibles qui doivent pouvoir assurer un encadrement pédagogique réel ;
→ Cette proposition suppose un nombre limité d’étudiant-e-s pour chaque enseignant-e et une véritable organisation du temps d’accompagnement des étudiant-e-s, c’est-à-dire de vrais moyens pour des cours non surchargés et des groupes à taille humaine qui permettent un réel suivi.

3. à de vrais moyens d’information sur le fonctionnement de l’université ;
→ Le fonctionnement de l’université est globalement opaque pour les étudiant-e-s dans leurs premières années : il n’est pas rare de le découvrir en en faisant les frais (obtention des années / rattrapage et compensation des notes / statuts des personnels / qui fait quoi ? / fonctionnement interne de l’université / CA, etc.).

4. de bénéficier d’un système d’évaluation régulier, concerté, harmonisé et d’avoir connaissance des modalités d’évaluation ;
→ N’ayant pas de programme national, les enseignements délivrés à l’université sont relativement arbitraires dans leur manière d’être évalués : les barèmes ne sont pas contrôlés, la double notation très rarement pratiquée… Les enseignant-e-s se contentent également des partiels semestrialisés, très souvent dans l’optique d’avoir moins de copies à corriger.

5. de donner son avis sur le fonctionnement de l’université et sur le déroulement de sa scolarité ;
→ Aucun moment collectif de réflexion (sur le fonctionnement global de l’université, sur le rapport que les étudiant-e-s ont à leur scolarité…) n’est organisé, ni proposé par le personnel de l’université. Les étudiant-e-s sont finalement très peu concerté-e-s, si ce n’est à travers leurs délégué-e-s qui ne participent qu’occasionnellement aux temps décisionnels de l’organisation de l’université.

6. de recevoir des enseignements délivrés par des enseignant-e-s non précaires et formé-e-s pour cela ;
→ Les professeur-e-s et maîtres de conférences ne sont pas les seul-e-s à délivrer des cours. Beaucoup de personnes ayant des statuts précaires mettent la main à la pâte : vacataires, ATER, etc. En plus du fait que leurs contrats ne sont pas stables dans le temps ni clairs dans leurs missions, ce personnel est généralement parachuté dans les salles de cours sans aucune formation pédagogique préalable : « l’expérience se fait sur le tas », paraît-il !

7. à des enseignant-e-s récruté-e-s pour leurs compétences en tant qu’enseignant-e-s et non pas seulement en tant que chercheur-e-s ;
→ Les enseignant-e-s statutaires de l’université sont, dans la majeure partie des cas, recruté-e-s sur la base de leurs compétences en termes de recherche, au détriment de leur aptitude à enseigner et à former des étudiant-e-s. Étant donné qu’il n’y a pas de formation pédagogique à la suite du recrutement, les étudiant-e-s se retrouvent davantage face à des chercheur-e-s que face à des enseignant-e-s-chercheur-e-s.

8. à un enseignement non soumis aux besoins du marché du travail et à une université gérée par ses les étudiant-e-s et le personnel qui y travaille.
→ L’université, ne doit pas être un vivier de main d’œuvre disponible et adaptable au marché de l’emploi, local ou national. Selon nous, l’Université doit être un espace d’émancipation individuelle et collective, d’égalité entre tout-e-s.

Nous pensons aussi qu’un véritable débat doit s’ouvrir sur les modalités de recrutement et d’évaluation du personnel enseignant, sur les conditions de vie des étudiant-e-s et donc sur les moyens attribués par l’Etat (sous forme de bourses ou autres) pour l’enseignement supérieur.

Nous appelons donc les étudiant-e-s et les personnels de l’université – enseignants et non enseignants – à nous rejoindre pour une :

Journée de réflexion et d’élaboration collectives
sur l’université

Le samedi 5 avril 2008 à Paris à l’Université de Paris 8 (bâtiment D)
Prendre la ligne de métro n° 13 direction St Denis Université et descendre à la dernière station. Ce sera fléché à partir de la sortie du métro…

Proposition d’organisation de la journée

Nous proposons d’organiser la journée comme suit mais cette proposition pourra être modifiée :

9 heures – 10 heures 30
Présentation de notre démarche et premier débat collectif sur la nécessité de celle-ci.

11 heures – 13 heures
Travail en ateliers à partir des trois thèmes suivants (non limitatifs) :

atelier 1 = apprendre à l’université
(pédagogie, modes d’enseignement, cohérence des contenus, modes d’évaluation, rapports entre enseignant-e-s et étudiant-e-s, professionnalisation des contenus enseignés…)

atelier 2 = vie à l’université
(information, fonctionnement, consultation et participation des étudiant-e-s et des personnels,
vie associative, espaces collectifs…)

atelier 3 = avoir un métier à l’université
(recrutement, statuts, précarité,
rapports entre personnels enseignants et personnels non enseignants…)

13 heures – 14 heures
Pique-nique collectif et débat informel rendant compte des avancées des ateliers
(nous invitons chacun-e à amener son pique-nique).

14 heures – 15 heures 30
Travail en ateliers (suite)
Elaboration de quelques propositions sur l’université et sur les suites à donner

16 heures – 18 heures
Comptes-rendus des ateliers et débat collectif.
Arrêt de quelques propositions et de quelques suites à donner.
Fin probable de la journée = 19 heures.

Collectif « Pour une autre université »
Contact = pouruneautreuniversite@yahoo.fr

Messages

  • Début janvier a eu lieu une rencontre informelle qui a réuni une dizaine de personnes ayant, à un titre ou à un autre, un lien avec l’école : doctorant-e-s, docteur-e-s, enseignant-e-s de l’école primaire à l’enseignement supérieur, étudiant-e-s… Cette rencontre a fait suite aux réactions suscitées par la lettre de démission d’un enseignant-chercheur à l’université, réactions qui ont révélé l’existence d’attentes multiples et plurielles quant à une éventuelle dynamique collective interrogeant l’état de l’université.

    Nous avons souhaité élargir ces attentes à l’école en général, sans pour autant négliger la spécificité de chaque « niveau » de la pyramide scolaire (écoles maternelles et primaires, collèges, lycées généraux-professionnels-technologiques, enseignement supérieur). Nous avons ainsi discuté informellement pendant deux jours de nos expériences respectives, de ce qu’elles avaient de commun et de la manière dont nous pourrions agir collectivement.

    Il en est ressorti deux appels.

    Le premier appel concerne l’école en général et entend susciter des initiatives locales, régionales, nationales : il s’agit d’un « appel à résister et à changer l’école ». Il est signé d’un collectif que nous avons choisi de nommer Collectif « Pour une autre école ».

    Le second appel constitue une première initiative nationale en ce qui concerne l’université. Il s’agit d’un « appel à une journée de réflexion et d’élaboration collectives sur l’université » pour le samedi 5 avril 2008 à Paris, à l’université de Paris 8. L’appel contient plusieurs principes que nous proposons de débattre en ce qui concerne les droits des étudiant-e-s. Il contient aussi une proposition de programme pour cette journée collective. Ces principes et ce programme n’ont rien de figés et pourront être rediscutés le samedi 5 avril. Ce second appel est signé d’un collectif que nous avons choisi de nommer Collectif « Pour une autre université ».

    Si ces appels ne font pas directement référence à la lettre de démission qui a motivé notre rencontre et aux réactions qu’elle a suscitées, c’est que nous voulons éviter la dépolitisation, la personnalisation et l’individualisation du débat qui ont parsemé ces réactions.

    Nous vous invitons à nous rejoindre le samedi 5 avril et à faire circuler ces deux appels. Des contacts courriels ont été précisés en bas de chaque appel.

    Collectif « Pour une autre école »

    Collectif « Pour une autre université ».