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1.140.000.000.000.000 dollars

Publie le mardi 24 juin 2008 par Open-Publishing
9 commentaires

Signé Véner

Un des avantages indiscutables de la monnaie fiduciaire est qu’elle permet de faire entrer régulièrement dans le monde de la finance des mots en général réservés à l’astronomie, et d’ôter tout semblant de signification à ces magnifiques inventions de l’homme que sont les chiffres, le calcul et la monnaie. Tenez :

 Un million, c’est mille fois mille. Chiffre simple, rond et facile à comprendre, la preuve ma grand-mère savait qu’un million d’anciens francs c’était dix mille nouveaux francs,

 Un milliard, c’est mille millions, il y a à peine un milliard de minutes que Brutus mettait fin à la dictature de César,

 Un trillion, c’est mille milliards, mille millions de mille sabords,

 Un quadrillion, c’est mille trillions, mille millions de milliards, mille millions de, non, millliards de, non encore, bref, de quoi voir venir un bon moment.

La Banque des Règlements internationaux, ou BIS, la Banque Centrale des Banques Centrales, nous informe au détour d’une page de son dernier rapport que le montant total des produits dérivés atteignait désormais 1.14 quadrillion de dollars se décomposant en 548 trillions de dollars de produits dérivés cotés, et 596 trillions de dollars supplémentaires de notionnel sur les marchés OTC.

Soit 1.400.000.000.000.000 dollars. Même avec un dollar dévalué, ce montant force le respect.

Les produits dérivés, comme vous ne le savez probablement pas, sont des paris effectués par les banques et autres établissements financiers sur des crédits à haut risque. Nos spécialistes bancaires, les mêmes qui nous annonçaient que la crise de 2007 ne pouvait arriver qu’une fois tous les 2 milliards d’années, jurent leur grands dieux que ces montants sont arbitrés, et que le total des risques ne dépasse pas les 2% de l’encours.

2% de 1.140.000.000.000.000 dollars représentent quand même près de 23 trillions de dollars, une fois et demie le PIB américain, pardonnez du peu, et sensiblement plus, imaginez vous, significativement plus, même, que le total des fonds propres des banques et autres hedge funds ayant pris ces engagements.

Comme l’affaire Bear Stearns nous l’a montré, les banques centrales vendront leur mère plutôt que d’accepter qu’une institution porteuse de ces armes de destruction financière massives puisse faire défaut. Le prochain acronyme que la finance américaine se prépare à nous apprendre est CDS, Credit Default Swaps, une sorte de produit dérivé destiné à garantir de la solvabilité d’une contrepartie.

Il y en a 62 trillions dans la nature. 62.000.000.000.000 de dollars. Une belle louche au dessus du PIB mondial.

Mettons les choses en perspective. Bear Stearns était porteur de 13.4 trillions de dollars, dont 2.5 trillions de CDS. Son rachat par JP Morgan a été effectué pour éviter la faillite de ladite Morgan (qui est également le principal actionnaire de la Fed, le monde est petit) principal créancier de Bear Stearns.

Face à cela, le total de bilan de la FED est un minuscule 800 milliards de dollars. Et ses fonds propres ? C’est à peine si j’ose. 40 milliards de dollars. Vous allez rire : 0,0000285714 % du total. Pas de quoi aller très loin.

Une grosse faillite bancaire, un Bear Stearns, un Lehman Brothers, un UBS, un Crédit Lyonnais à l’ancienne ou autre Kerviel bien de chez nous et un gros paquet de ces CDS ne vaudra plus tripette, faisant imploser immédiatement les bilans des banques détenant ces créances sur l’établissement en cessation de paiements. Les banques centrales rachèteront leurs dettes pour éviter un Chernobyl financier.

Et rappelez vous, les banques centrales créent de la monnaie à l’ancienne.

En l’imprimant.

Cela dit, restons optimistes, tout n’est pas perdu. Il existe encore d’autres mots pour le futur : quintillion suit quadrillion, et sextillion permettra de rajouter encore trois zéros supplémentaires lorsque cela deviendra nécessaire.

Pour se payer un simple café.

 

Messages

    • Le piège est là, tout le monde se perd avec les zéros.

      Touts ses chiffres ne veulent plus rien dire, nous sommes dans une société du sensationnel, de l’émotion à la vitesse des pubs un peux comme des poissons dans un bocal avec trois secondes de mémoire.

      Bon bien, rien à dire rien à faire, heeeeu ! si la révolution ?

      Mais vue notre mémoire collective dans trois secondes on auras déjas tout oublier.

      Le mal du siècle, le formatage de nos convictions

      Hyoo ;o(

  • Haha pas mal !

    On comprend bien l’absurdité du truc je crois. 0+0= toto.

  • bonjour,

    la règle française est la suivante je crois :
    million = 1 000 000

    billion = 1 000 000 000 000

    trillion = 1 000 000 000 000 000 000

    etc.

    c’est différent de la règle américaine (qui est l’ancien système français aussi) :
    million = 1 000 000

    billion = 1 000 000 000

    trillion = 1 000 000 000 000

    etc.

    c’est pour ça qu’on dit one billion dollars pour un milliard chez nous ....

    ça prête à confusion .... :-)

    • ok Dany

      le problème est le suivant... si on applique au "quadrillion" "l’échelle longue" utilise dans le monde entier on doit ajoute bien trois série de 3 zéro et dont les produits dérivés serons :

      1.140.000.000.000.000.000.000.000

      Si on aplique "l’échelle courte" (pays anglophones et du Brésil) les produits dérivés serons bien :

      1.140.000.000.000.000

      Donc ou c’est exact ce que a écrit "Véner" ou ce bien pire...

      Salut
      Dr Furioso

      Quadrillion

      Dans les pays utilisant l’échelle longue (monde entier à l’exception de la plupart des pays anglophones et du Brésil), un quadrillion représente le nombre 1024, c’est-à-dire 1 000 000 000 000 000 000 000 000, soit un mille trilliards (103x1021) ou encore un million de trillion (106x1018).

      Le préfixe correspondant à ce nombre dans le Système international d’unités (SI) est le yotta.

      Un quadrillion est alors égal à un million à la puissance quatre, d’où le terme.

      Dans les pays utilisant l’échelle courte, un quadrillion représente le nombre 1015, c’est-à-dire 1 000 000 000 000 000. Il est appelé billiard (mille billions) dans l’échelle longue.

      Billion

      Dans les pays utilisant l’échelle longue (monde entier à l’exception de la plupart des pays anglophones et du Brésil), un billion représente le nombre 1012, c’est-à-dire 1 000 000 000 000, soit un million de millions (106×106) ou encore mille milliards (103×109).

      Un billion est alors égal à un million à la puissance deux, d’où le terme.

      Le préfixe correspondant à ce nombre dans le système international d’unités (SI) est le téra.

      Dans les pays utilisant l’échelle courte un billion représente le nombre 109, c’est-à-dire 1 000 000 000 appelé milliard dans l’échelle longue.

      Ce terme est très peu utilisé dans le milieu scientifique français car la confusion est facile avec le terme billion des anglo saxon qui correspond à notre milliard.

  • Quoi qu’il en soit, à la vue de tous ces 0, de ces billons, trillons, etc, j’ai le tournis. Il y aurait de quoi éradiquer la faim dans le monde et faire de si belles choses pour aider toute l’humanité et la nature qui nous supporte tant bien que mal.

    Mais les 0 continuent de s’agglutiner les uns aux autres, alors je me demande si la planche à billets fonctionne à plein régime pour grossir la masse d’argent qui circule dans le monde, où si c’est du siphonnage généralisé, qui expliquerait qu’on ait si peu d’argent, nous les salariés ?

  • bonjour,

    au dela des zeros et de leurs mysteres, ce qui est annonçé, pour les effacer des bilans de dettes de la finance, c’est l’hyperinflation telle que l’a connue l’Allemagne en 1923 et les milliards de Reich Mark devalués qu’il fallait pour acheter du pain...

    Si cela arrivait : “Mais vue notre mémoire collective dans trois secondes on auras déjas tout oublier”.alors pas sur !!!!

  • effectivement ...

    sauf erreur de ma part, cette somme convertie en euros et en billet de 500 représente une pile de +/-150 000 Km de haut ....

    ça laisse un peu de marge pour aller sur la Lune ! encore un petit effort ... ;-)

  • Dire que nous nous battons comme des chiens pour augmenter nos salaires de quelques euros à la fin du mois.... Nous sommes vraiment les rois des cons.