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11 banques américaines en faillite.
Publie le mardi 23 septembre 2008 par Open-Publishing2 commentaires
« Nos pratiques de crédit doivent changer »
Crise. Sheila Bair, présidente du FDIC, le fonds garantissant les dépôts bancaires aux Etats-Unis :
de MARIA PIA MASCARO
Sheila Bair a été décrite comme la deuxième femme la plus puissante du monde, derrière Angela Merkel, par le magazine économique Forbes. Présidente du FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), financé par les primes des banques, un fonds qui garantit les dépôts bancaires aux Etats-Unis, cette femme de 53 ans n’a pas toujours été en phase avec son gouvernement. Elle a plaidé pour plus de régulations en période de laisser-faire. Malgré la sévérité de la crise actuelle, elle se veut rassurante - c’est son rôle - affirmant à l’envie que les petits épargnants n’ont rien à craindre.
Liberation.fr : La comparaison a été faite avec la Grande Dépression de 1929. Est-ce justifié ?
Sheila Bair : La correction sur le marché de l’immobilier est certainement plus importante que lors de la Grande Dépression, mais la comparaison s’arrête là. Plus de 7 000 banques avaient disparu à l’époque. Et c’est à la suite de cette déroute que le FDIC a été créé pour assurer les banques d’épargne et de dépôts à hauteur de 100 000 dollars par compte et 250 000 dollars pour les comptes retraite, pour prévenir une dépression majeure. A ce jour, personne n’a perdu un seul centime sur ses comptes d’épargne. L’autre différence est que la tourmente n’a pas touché le secteur bancaire traditionnel mais les banques d’investissement, les assurances et les firmes financières, peu ou pas régulées.
Liberation.fr : Mais onze banques commerciales ont néanmoins fait faillite cette année, et il y en a 117 en difficulté, soit 30 % de plus en six mois.
Sheila Bair : Onze banques sont en effet en procédure de faillite. Mais ce chiffre n’a rien d’inhabituel. Nous enregistrons des faillites tous les ans. En comparaison, il y a eu plus de 534 faillites de banques de détail en 1989, au plus fort de la crise. C’est durant ces périodes de turbulences, comme aujourd’hui, que vous observez des mouvements de fusion, signe que les marchés fonctionnent.
Vous affirmez que les marchés ont bien fonctionné ?
Je veux dire qu’en général ils fonctionnent, même si dans cette crise il est clair que ce n’est pas le cas. Mais les banques commerciales ont, elles, résisté.
C’est votre rôle, rassurer ?
Les marchés financiers ne fonctionnent que sur la confiance. Il est important que les gens gardent leur épargne dans leurs banques, pour que celles-ci puissent continuer à émettre des crédits pour faire fonctionner l’économie. Il est donc essentiel de rassurer les épargnants.
Êtes-vous à même de jouer votre rôle d’assureur si une banque de la taille de Washington Mutual, en difficultés, dépose son bilan ?
Je ne peux pas faire de commentaires sur une banque en particulier. En ce moment, un peu plus de quatre mille milliards de dollars sont placés sur des comptes de dépôts garantis. Et notre fonds compte 45 milliards de dollars. Mais 98 % des banques cumulent un capital excédentaire de 230 milliards de dollars. Par ailleurs, nous allons augmenter les primes qu’elles versent au FDIC. Et nos statuts nous autorisent à emprunter sans limite au département du Trésor, si nécessaire.
Le plan de sauvetage du gouvernement aurait-il dû intervenir plus tôt ?
J’avais appelé à la création d’un mécanisme de sauvetage pour les institutions financières en difficultés dès la déroute de Bear Stearns [rachetée en mars par JP Morgan Chase grâce à un prêt de 30 milliards de dollars de la Fed, ndlr]. Je ne tiens pas à jeter de blâmes car nous traversons une période extraordinaire.
L’absence de régulations a été mise en cause. A quel type de régulations pensez-vous ?
Nous devons étendre les règles régissant la capitalisation et le ratio de solvabilité des banques commerciales à toutes les institutions financières majeures. Nous devons aussi mettre en place des mécanismes permettant d’évaluer l’importance des institutions financières. Celles qui ont une signification systémique sur les marchés [tel l’assureur AIG, repris par la Fed] devraient alimenter un fonds d’assurance sur le modèle du FDIC.
Nous assistons à de nombreuses fusions. Ces géants sont-ils la solution ?
Un certain niveau de consolidation est inévitable en cas de crise, et la sévérité de ce cycle est extraordinaire. Cela dit, nous avons aux Etats-Unis plus de 8 500 banques régionales, qui sont pour la plupart en bonne santé, car elles n’ont pas pris de risques sur le marché hypothécaire.
Quelles leçons tirez-vous de cette crise ?
Nos pratiques de crédit doivent changer. Cette crise a été exacerbée par la « titrisation » à outrance des actifs, la création d’instruments financiers complexes, sans compter les marchés dérivés. Nous devons revenir aux vieilles pratiques de garantie des actifs et cesser de faire confiance aux modèles mathématiques. Autrement dit, nous devons prêter uniquement aux individus solvables, qu’il s’agisse de prêts commerciaux ou hypothécaires. Je ne sais pas si nous devons créer de nouvelles régulations, nous devons surtout rendre les régulations existantes plus efficaces, et les appliquer à l’ensemble de la branche.
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/353728.FR.php
Messages
1. 11 banques américaines en faillite., 23 septembre 2008, 10:51
Le gouvernement US est-il menacé ?
23/09/2008 - Bloc-Notes
David Walker est un homme sérieux. Directeur du GAO jusqu’en avril dernier, il est notamment fameux pour avoir comparé, dans une intervention en août 2007 les USA à l’empire romain, circa “décadence et chute”. L’article qu’il publie aujourd’hui dans le Financial Times est d’un particulier intérêt.
On retiendra les deux premiers paragraphes de son analyse, parce que cet expert de la comptabilité fiscale et budgétaire, qui ne manque pas de donner une dimension politique à ses appréciations, y pose implicitement la question suprême et que la chose est bien suffisante…
En un mot, tout est dans son analogie : on disait que AIG, Bear Stearns, Fannie Mae, Freddie Mac, Lehman Brothers, Merrill Lynch étaient des titans de la finance et du crédit et, en conséquence, “trop gros pour s’effondrer” ; ils se sont, d’une manière ou d’une autre, “effondrés”. On dit aussi que “vraiment, le gouvernement américain est ‘trop gros pour s’effondrer’…” Voulez-vous poursuivre l’analogie ?
« What do AIG, Bear Stearns, Fannie Mae, Freddie Mac, Lehman Brothers and Merrill Lynch have in common ? Some thought that these companies were too big to fail. They were wrong : all of these companies have either filed for bankruptcy, been “bailed out” by the government, or, owing to the sub-prime crisis, have been acquired. Over the weekend, the US government went one step further, with its proposals for an estimated $700bn (€493bn, £391bn) bail-out to ease the credit crisis.
»The US government truly is too big to fail. However, there are disturbing parallels between the factors that led to the sub-prime crisis and the deteriorating financial condition and fiscal foundation of our federal government. These similarities ought to ring an alarm bell for Congress and the presidential candidates. The question is, will they hear it and wake up ? »
Walker poursuit par diverses appréciations techniques, comptables et budgétaires. L’important est évidemment qu’il ait posé cette question, qu’il évoque in fine cette hypothèse qui écarte le tabou final de la croyance en l’invincibilité du gouvernement américaniste, perçue comme une donnée absolue. Cette croyance est évidemment un acte de foi, mais l’acte de foi fondamental de la croyance dans le modèle américain, dans la structure anglo-saxonne qui tient tout le système.
Le cas du gouvernement US, par les diverses décisions d’urgence qu’il a été conduit à prendre, est qu’il lie de plus en plus son sort à la stabilité, voire à la survie du système financier. On est de plus en plus conduit à identifier le système en perdition avec le gouvernement US, espérant que ce gouvernement saura redresser ce système. Par là, il établit un lien de responsabilité du gouvernement vis-à-vis du système.
On comprend évidemment la substance du lien ainsi établi, puisque tous nos vaillants idéologues du néo-libéralisme n’ont plus peur d’agir en bons vieux socialistes, en acceptant les nationalisations à tour de bras. Mais cette action n’est nullement constructive, bien entendu, mais une action d’urgence entreprise sous l’empire de la nécessité ; c’est cette nécessité qui établit un lien organique entre le gouvernement et le système financier en péril.
Un effondrement de ce système ferait naître aussitôt une menace vitale contre la stabilité et la structure du gouvernement des Etats-Unis, puisque la responsabilité de ce gouvernement serait engagée. Avant même d’évoquer des hypothèses générales plus précises, on peut envisager qu’une telle situation conduirait immédiatement à des tensions centrifuges très grandes dans la structure même du système américaniste. (Pour illustrer ce propos, on rappellera que la dernière tentative de sécession d’un Etat de l’Union remonte à 1933, de la part de l’Etat du Montana, qui fit voter son Congrès sur une proposition de sécession de la structure fédérale (proposition rejetée), par des adversaires de la politique économique de Washington en pleine Grande Dépression.)
Mis en ligne le 23 septembre 2008 à 09H52
http://www.dedefensa.org/article-le_gouvernement_us_est-il_menace_23_09_2008.html
1. 11 banques américaines en faillite., 23 septembre 2008, 12:42
Encore quelques "effondrement contrôlés" en vue...
CN46400