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Treize-mille milliards. De dollars. C’est le montant cumulé des aides, subventions, prêts des gouvernements aux banques depuis le début de la crise. C’est un transfert faramineux de richesses des caisses publiques vers les coffres-forts privés : des poches des salariés contribuables vers celles d’une poignée d’actionnaires.
Grâce à ces milliers de milliards, les banques –celle qu’on a bien voulu sauver-, les compagnies d’assurance et les grands groupes financiers ont pu régler leurs problèmes de trésorerie. Et relancer les profits.
Jour après jour les annonces se succèdent qui font état de bénéfices milliardaires. En France, les quarante entreprises du CAC 40 affichent des bénéfices nets pour 2009 de presque 50 milliards d’euros. En Suisse, les entreprises de pointe voient leurs bénéfices diminuer légèrement, mais continuent à en faire. Y compris l’UBS.
Au bord de la faillite en octobre 2008, elle a renoué avec les chiffres noirs au quatrième trimestre de 2009. Elle affiche des résultats positifs. Pas pour tout-le-monde, d’ailleurs, puisqu’elle a réduit son personnel de plus de 6% !
Ce retour aux chiffres noirs est, lui aussi, le résultat d’un transfert de richesses. C’est grâce aux soixante six milliards d’argent frais que la Confédération lui a trouvés en moins d’une nuit en octobre 2008 pour la sauver de la débâcle que l’UBS a pu rétablir la situation. C’est avec notre fric qu’elle peut de nouveau verser des dividendes aux actionnaires.
Et si c’est dans nos poches que cet argent a été pris, c’est encore à nous qu’on demande de combler les trous dans les caisses publiques : en renonçant à une partie des prestations de l’assurance chômage, en acceptant l’allongement de la durée de cotisation, l’élévation de l’âge de la retraite ou des % de TVA supplémentaires pour financer l’AI…
Le cas de cette dernière est exemplaire : après avoir réduit de presque moitié le nombre de nouveaux bénéficiaires depuis juin 2007, on s’apprête, avec la 6ème révision en cours, à chasser de l’AI quelques 12’500 invalides. La raison ? Un déficit annuel d’1,1 milliards et qui pourrait être couvert pendant soixante ans … avec les soixante six offerts à l’UBS.
Milliards qu’il faut qu’elle rende, car ce n’est pas à nous de payer leur crise. Et même deux fois plutôt qu’une !
Paru dans L’anticapitaliste, 21ème, 18 mars 2010