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1er Mai : un enterrement de première classe

Publie le mardi 28 avril 2009 par Open-Publishing
10 commentaires

de Patrick MIGNARD

Depuis des mois, pour ne pas dire des années, la logorrhée verbale des organisations politico-syndicales nous joue la pièce éculée et mystificatrice de la « lutte finale ».

L’arrivée au pouvoir de la bande de néo conservateurs libéraux qui nous détruisent peu à peu tous nos acquis sociaux n’a rien changé à la stratégie ridicule de celles-ci…. Ce n’est plus une retraite, c’est une débandade.

LE SYMBOLE D’UN SYMBOLE...

...ou le syndrome du « serpent qui se mord la queue »

Le 1er Mai qui arrive est un peu différent des précédents : en pleine crise économique, sociale, après des mois de liquidation des services publics, des licenciements, délocalisations, des suppressions de postes dans l’Éducation Nationale, privatisations massives, écroulement du pouvoir d’achat, progression de la pauvreté, répression du mouvement social, atteintes aux libertés,…

Le 1er Mai, se veut une fête, il le demeure, mais comme un enterrement qui est aussi une forme de « fête », de cérémonie au cours de laquelle on rend hommage au défunt et où l’on signifie que « la vie continue »...

Il est vrai que, comme dans une fête, ou un enterrement, on va sortir, en ce 1er Mai son plus beau costume, ses plus belles banderoles et drapeaux, comme on exhibe de magnifiques couronnes... les cortèges auront de la classe.

La « fête du travail » ? Mais de quel travail parle-t-on ?

S’il s’agit des droits des salariés, de leurs conditions de travail, de leurs rémunérations, de leur protection sociale, de leurs retraites, de l’avenir de leurs enfants... alors ce n’est pas une fête qu’il faut. Ce n’est pas la joie qui doit dominer, mais la rage et le désespoir.

Tous ces acquis sont actuellement en perdition... Dans une génération ils auront quasiment disparus.

Le 1er Mai, nous nous trompons de fête. Nous fêtons des acquis que nous sommes incapables de défendre... à fortiori d’en gagner de nouveaux.

Nous fêtons un symbole qui n’a plus aujourd’hui de sens dans la mesure où le capital n’est plus prêt à lâcher quoi que ce soit et que nous sommes bien incapables de lui imposer un rapport de force qui nous serait favorable. Nos formes de luttes sont aujourd’hui obsolètes et nous nous donnons l’illusion de la puissance avec un symbole qui ne correspond plus, ni à la situation économique actuelle, ni aux exigences qui devraient être les nôtres pour nous imposer face aux profiteurs et à leurs souteneurs.

La mobilisation dans la rue n’a aucun sens, elle n’est qu’un spectacle de plus auquel nous participons et qui fait les choux gras des bureaucraties syndicales et des journaux télévisés… le lendemain rien n’a changé. Elle permet juste de faire patienter.

Le 1er Mai devient l’expression des fantasmes des frustrés que nous sommes du fait de notre impuissance politique.

LA TENDANCE GÉNÉRALE EST À LA... CAPITULATION

Les voleurs d’espoir frappent à nouveau, en toute impunité, sur tous les écrans, sûrs de leur reconnaissance par les maîtres du Capital qu’ils rassurent,… et assuré d’une fidélité, par défaut, de la part d’un peuple en manque d’autonomie, d’imagination et de perspectives concrètes.

Les débris de la Gauche, qui n’a d’ailleurs jamais été capable de renverser le système en place... et n’en a jamais eu l’intention, se dispersent aux quatre vents des débats stériles et des conflits de personnes.

Ces professionnels de la politique, de gauche, comme d’extrême gauche, nous « en mettent plein la vue » de part le monopole de fait et de droit qu’ils ont ; confortés par les gestionnaires du Capital, pour « organiser la fête »... Le Pouvoir ne veut-il pas des syndicats « forts et respectés » ?

La création avec tambours, trompettes et médias du NPA qui nous promettait de « voir ce que l’on allait voir » n’a en rien bouleversé, ni les luttes, ni les perspectives, ni même les consciences... pas même les gestionnaires du Capital qui, au contraire, jouent habilement de cette péripétie « à gauche »... Cette organisation, qui ressemble comme une sœur jumelle à l’ex-LCR, prend peu à peu ses quartiers dans la « niche politique » laissée par le PCF en voie de disparition.

Quant au PCF justement, il s’estompe lentement, lâche prise en glissant dans les poubelles de l’Histoire, en produisant un compost qui alimente, malgré lui, les organisations et ambitions nouvelles pressées de prendre sa place.

Ne parlons même pas des élucubrations bureaucratico-électoralistes des écologistes et autres « refondateurs »(sic) de la « Gauche... »

Toutes ces organisations, aux discours radicaux, à la gestuelle de tribune et aux leaders médiatico-pipolisés, sont sagement rentrées dans le rang et vivent au rythme des invitations de leurs leaders dans les émissions « de stars » de télévision, des sondages d’opinion et des résultats électoraux.

Les syndicats quant à eux ont depuis longtemps démissionné. Ils organisent les plans sociaux, tapent du poing sur la table, appellent au réalisme ( ?) et à la responsabilité ( ?) en organisant des manifestations, et promettant… de « nouvelles mobilisations »... autrement dit, rien.

Tout ce joli monde va appeler à un 1er mai « U-NI-TAI-RE », persuadé, ou le faisant croire, qu’il « va faire trembler le Gouvernement ».

AUX URNES CITOYENS !

À l’approche du gâteau électoral en perspective, en juin, toutes et tous se ruent, se bousculent, s’interpellent, s’invectivent... espérant, par des promesses mirobolantes convaincre le chaland et le naïf qu’avec lui « les choses vont évidemment changer ».

Lors de ce 1er Mai, l’image, le look, de chaque organisation va compter énormément... ça va être un défilé de mode autant pour conclure « glorieusement » ( ?) une année sociale de mobilisation, qu’en vue du prochain scrutin le mois suivant.

La société du spectacle tant décriée concernant le capitalisme, déborde généreusement dans les manifestations de celles et ceux qui croient le combattre... c’est d’ailleurs à cela que l’on peut mesurer leur degré de capitulation et d’intégration à celui-ci.

Ainsi ce 1er Mai, va être non seulement l’enterrement de toutes les mobilisations de ces derniers mois, mais aussi le prélude à la farce électorale des Européennes.

Au terme d’une année sociale dramatique – au cours de laquelle toutes les luttes ont échoué - et au seuil d’une nouvelle encore plus dramatique, ce 1er Mai, aux yeux des gestionnaires du Capital va être notre « chant du cygne », le dernier soupir des sacrifiés avant la capitulation dans les urnes et dans la torpeur de l’été.

Les politiciens et syndicats ne manqueront pas de « crier victoire » ( ?), et de promettre, comme chaque année, « une rentrée sociale agitée » ( ?).

Messages

  • Le 1 er mai sera le symbole de ce qui devrait etre fait aujourd’hui (ou plutot hier) ;mais qui sera repoussé au lendemain. ils sont loin les lendemains qui chantent !momo11

  • Salut,

    Toujours très prompt à démonter ce qui se fait, Patrick Mignard.

    Il a la critique aisée.

    Son analyse est bien menée, mais il faudrait aussi proposer quelquechose.

    On fait quoi alors ?

  • Si je peux être d’accord avec certains propos de cet article, par contre je ne peux
    concevoir l’attitude qui consiste à regarder les manifestants du haut de son balcon
    en disant = tous des cons sauf moi évidemment ! Nous n’avons jamais avancé
    les consciences en se retirant de l’action ! oui encore de la patience, toujours de
    la patience, voir les propos actuels de Philippe LEGRAND, Maire Adjoint de Creil,
    responsable du PCF sur la grève générale ! voilà l’avenir ! engageons nous dans
    cette direction !

    • Est-ce faire avancer les consciences que de voler l’espoir ?
      Où et par qui sont tracées les perspectives de ces journées de promenade ?
      Quelqu’un a-t-il vu un projet syndical ?

      Domota sur ce site nous remplit de honte ! Ouvrons les yeux ! Quel "leader syndical" est capable de s’exprimer comme lui, avec à la fois ardeur, combativité et finesse d’analyse ?
      Je viens de visionner l’enregistrement de "A vous de juger" . Des explications purement défensives, embarrassées, un Chérèque jaune fluo des grands jours, et les autres, bof, une vraie pitié .D’ailleurs personne n’en a parlé, ça valait mieux !
      C’est une totale déliquescence de la nomenclatura et la patience n’y fera rien, au contraire.

      Il ne s’agit pas de crier "Grève Générale", ça devient grotesque car les syndicats ne se demandent même pas pour quelles raisons on ferait la grève générale. Ils la rejettent de toutes façons. Sinon, ils commenceraient à poser des revendications claires et dures susceptibles de développer un rapport de force.

      Nous campons sur des positions défensives depuis 30 ans, patience ! Et nous reculons chaque jour un peu plus ! Il y a de la marge, encore beaucoup d’acquis sociaux à détruire, il nous reste encore quelques libertés. Mais patience, au pied du mur, on sera bien obligés de se battre, pour un baroud d’honneur.

  • Débandade, enterrement, voleurs d’espoir, syndicats pourris, le chaland naif ect. ect.......Vous etes un romantique désespéré et de plus dans le jugement négatif de l’histoire sociale presente.
    Certes le découragement est humain, que savons nous de l’avenir, rien. Votre inertie conptemplative vous réduit a ce que vous etes, defaitiste.
    Le train est toujours en mouvement et pour le tirer nous avons pas d’autres choix que nous battrent.

  • LES MEDIAS PATRONAUX FEIGNENT ? de ne PAS etre INQUIETS :

    “Les Français ne souhaitent pas la révolution”

    Posted By admin On 28 avril 2009 @ 15:31 In crise, tension / malaise |

    66% des Français pensent qu’il y a un risque d’explosion sociale dans les prochains mois. C’est énorme ?

    Oui et non. D’abord, c’est un pronostic, pas un souhait. Ensuite, ils ne sont que 20 % à penser que ce risque est vraiment important. Près de la moitié pense que le risque est réel mais pas certain, ce qui relativise malgré tout le pessimisme des Français.

    Il y a dix ans nous avions posé une question analogue. C’était juste après le mouvement des chômeurs qui réclamaient une prime de Noël, sous le gouvernement Jospin. A l’époque, nous étions en pleine croissance et la situation économique était solide. Résultat du sondage de 1998 : 64% des Français croyaient qu’il y avait un risque d’explosion sociale.

    Nous sommes en 2009 dans la crise la plus grave depuis des décennies et le pourcentage n’a guère varié. Cela traduit un élément de notre culture.

    Une certaine violence sociale est pourtant bien visible. N’est-ce pas un phénomène nouveau ?

    Là encore, il faut se rappeler que la France a une tradition contestataire. En 1995, les grandes grèves ont bloqué le pays pendant un mois. Une bonne partie de la population faisait la grève par procuration et soutenait le mouvement. C’était un mouvement général.

    Les autres mouvements qui ont suivi, comme le mouvement des chômeurs de 1998, les émeutes des banlieues en 2005 et le CPE l’année suivante, ne concernaient chacun qu’une petite partie de la population.

    Aujourd’hui, il y a de l’inquiétude mais il n’y a pas une volonté de remettre en cause le système.

    Le défilé du 1er mai est unitaire pour la première fois de son histoire. N’est-ce pas un symbole de la gravité de la situation ?

    Le 1er mai est l’occasion de compter ses troupes. S’il y a beaucoup de monde dans la rue, ce qui est probable, le pouvoir sera obligé de bouger. C’est un bras de fer classique avec “clause de revoyure“. Mais je ne crois pas à un mouvement unifié dans toute la France, ni à une grève générale.

    Il y a en revanche une vraie colère vis à vis des patrons et des abus de ces dernières années.

    Nicolas Sarkozy s’est engagé à les encadrer. Si les réponses ne sont pas à la hauteur, cela peut avoir des conséquences graves.

    Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’Ifop.

    www.challenges.fr

    http://www.7h10.com/2009/04/28/les-francais-ne-souhaitent-pas-la-revolution/

    • "S’il y a beaucoup de monde dans la rue, ce qui est probable, le pouvoir sera obligé de bouger."

      Allons, allons, soyons sérieux... peu importe le nombre de gens dans la rue, sachant qu’ils ne feront que défiler, le Pouvoir n’en tiendra aucun compte.

    • Le 1er mai unitaire c’est bien un symbole de la gravité de la situation. encore que si on regarde de près il n’est pas si "unitaire" que ça, certaines organisations se différenciant des autres sur le lieu ou sur les mots d’ordres.

      Ensuite, la perspective d’une "explosion" n’est pas la garantie d’un bon déroulement des opérations futures.

      Du moins dans l"état actuel des choses, ou les organisations n’ont AUCUN réel projet politique, et surtout AUCUNE vision réelle de ce qu’il faudrait faire pour transformer cette explosion en un résultat concret qui serait AUTRE que le retour à l’ordre capitaliste actuel et un appel au "retour au calme" pour le plus grand bien de l’ordre établi.

      Tant qu’il n’y aura pas un "PROJET COMMUN" lié à des ACTIONS COMMUNES" ces dernières ne seront que l’auberge espagnole du mécontentement et du désespoir des masses. Chacun y trouvant ce qu’il pense être le mieux pour lui... Mais pas obligatoirement ce qui serait le mieux pour l’ensemble.

      Et un projet commun c’est pas des individus isolés qui peuvent le mettre au point. mais c’est par contre réellement le rôle des Partis et des Syndicats, de leurs base, et surtout de leurs directions pour concrétiser et mettre en oeuvre.

      G.L.

    • Instructions pour la manifestation du Premier Mai

      À tous ceux et celles qui vont manifester,

      D’abord merci d’avoir rangé votre colère au placard pendant six semaines depuis le 19 mars. Nous comptons sur vous pour continuer ainsi à n’exprimer votre mécontentement que lorsque nous vous le dirons et seulement de la manière dont nous vous dirons de le faire.

      C’est pourquoi nous vous donnons pour la manifestation qui vient les instructions suivantes :

      - Manifestez paisiblement sous les bannières respectives de vos organisations et méfiez-vous des individus sans étiquette. Ne répétez que les slogans lancés par nos sonos. Ne dites surtout pas : « Casse-toi pauv’ con et emmène tes potes ! »

      - Ne cédez pas aux provocations. Si la police vous tape dessus, tendez l’autre joue. N’allez pas vous faire prendre pour des casseurs et, par dessus, discréditer le mouvement.

      - Dès que l’ordre de dispersion sera donné, rentrez chez vous et allumez la télé pour admirer combien nous étions nombreux, avec un peu de chance, vous vous verrez deux secondes aux infos.

      - Dites-vous que « ça va les faire réfléchir » et patientez encore quelques mois avant d’admettre qu’ils s’en foutent complètement et continuent à vous chier dessus.

      - N’allez surtout pas décider que cette manif ne devrait pas s’arrêter tant que les arrogants salopards contre qui elle est paraît-il dirigée gardent leur pouvoir de nuire.

      - N’écoutez pas ceux qui parlent de grève générale illimitée, ce sont des agents provocateurs qui veulent nuire aux syndicats et au mouvement.

      - N’allez surtout pas vous organiser directement à la base afin de poursuivre et durcir le mouvement, ce n’est pas la peine, nous nous occupons de tout.

      - Évitez si possible de déclencher une grève, ou, si vous le faites, arrangez-vous pour qu’elle ne gène pas trop votre employeur et les autorités. Évitez de troubler l’ordre qui veut que chacun reste dans sa niche sans trop tirer sur sa laisse.

      - Faites-nous confiance.

      - Soyez réalistes.

      CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC,
      ministères de l’Emploi et de l’Intérieur,
      TF1 et chaînes complémentaires associées illimited.

    • Quand on a pas rangé sa colère au placard, qu’on a commencé à s’organiser, qu’on se bouge entre les grand-messes-défilés bimensuels sans attendre le feu vert de Papa-qui-passe-dans-le-poste , pas de problème pour venir aussi le 1er mai.

      On n’est pas forcé de ne faire que défiler (et boire un coup) ; on peut, par exemple, ne pas se disperser, ne serait-ce que pour brailler Casse-toi pov’con — et si y a du monde, on peut trouver d’autres idées de trus à faire…