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3 QUESTIONS A MAURICE RAJSFUS : "La bavure est quotidienne"
Publie le dimanche 29 février 2004 par Open-PublishingMaurice Rajsfus est président de l’Observatoire des Libertés Publiques
Les bavures du genre du passage à tabac de l’automobiliste par des
policiers de la BAC sont-elles courantes ? Sont-elles cachées à
l’opinion publique ?
– Je m’étonne de l’étonnement de ceux qui s’étonnent… Ce qui est arrivé
le 19 février, et que l’on n’apprend qu’aujourd’hui, c’est du quotidien.
Simplement, c’est beaucoup plus visible. Les méthodes brutales viennent
d’une politique qui est dictée par la hiérarchie.
Le gouvernement est-il crédible dans sa volonté affichée de transparence
dans cette affaire ? En a-t-il été de même par le passé ?
– Les réactions du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy correspondent
au fait que cette bavure a été visible. Mais il y a des bavures tous les
jours : les policiers en viennent à arrêter des personnes et à les mettre
en garde à vue parce qu’il faut qu’ils fassent du chiffre.
La politique de ce gouvernement se situe dans la continuité, une
continuité aggravée, des gouvernements précédents. Il faut se reporter
vingt ans en arrière pour voir des ministres qui faisaient la
différence, comme Gaston Deferre ou Pierre Joxe.
Pensez-vous que la nécessité de "faire du chiffre" pousse les policiers
à la bavure ?
– En clair, nous avons une force de police qui est de plus en plus
dressée au contrôle social, bien plus qu’à la lutte contre la grande
criminalité. Il n’y a qu’à voir la façon dont ont été traités José Bové
et les militants de la Confédération Paysanne lors de leur action
d’hier. Ce sont les CRS eux-mêmes qui ont cassé les vitres lors de leur
intervention ! La police est soumise à une obligation de résultat. Les
policiers sont notés, ils touchent des primes. Cela suscite le zèle, et
cela peut aller loin quand on a une matraque à la main. Dans un tel
climat, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait des bavures.
Propos recueillis par Caroline Corvalan
NOUVELOBS.COM