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35 heures : les raisons d’un bras de fer avec les syndicats
Publie le dimanche 1er juin 2008 par Open-Publishing5 commentaires
de FRANÇOIS WENZ-DUMAS
Nicolas Sarkozy et François Fillon persistent et signent. Vendredi, le chef de l’Etat et le Premier ministre ont réaffirmé que si la durée légale du travail resterait bien à 35 heures, ils allaient tout faire pour permettre aux entreprises de ne pas l’appliquer. Nicolas Sarkozy, lors d’un déplacement en Autriche, a répété qu’il souhaitait, sans toucher à la durée légale « supprimer tous les verrous qui empêchent les salariés et les chefs d’entreprise de négocier un contingent d’heures supplémentaires librement au niveau de l’entreprise ».
Quant à François Fillon, il a renchéri depuis Helsinki : « La durée légale du travail en France est 35 heures et elle restera à 35 heures. Mais nous voulons que tous ceux qui veulent aller au-delà en utilisant les heures supplémentaires puissent le faire. »Comment peut-on à la fois garantir la durée légale et démanteler les 35 heures ? Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé d’ouvrir un conflit avec les syndicats, en particulier la CFDT et la CGT qui dénoncent une provocation ? Décryptage d’une crise annoncée.
En quoi l’avant-projet de loi diffère-t-il de la « position commune » signée par la CGT, la CFDT et le Medef ?
Patronat et syndicats avaient accepté, à la demande du gouvernement, d’inclure la question du temps de travail dans leur négociation sur la représentativité syndicale. Le 9 avril, cette négociation débouche sur une « position commune » signée par deux syndicats sur cinq. Ce document propose « à titre expérimental » que puissent être négociés des accords d’entreprise dérogeant à la loi sur les 35 heures, à condition qu’ils soient signés par des syndicats représentant au moins 50 % des salariés. Le gouvernement s’était engagé à transcrire dans la loi cette « position commune », ce qu’il fait sur la représentativité. Mais sur le temps de travail, c’est une autre chanson. Le texte de loi prévoit par exemple que l’employeur puisse proposer à certains salariés de « monétiser » les repos compensateurs, pas à d’autres. Et avec un accord signé par des syndicats représentant seulement 30 % des salariés, une entreprise pourrait dépasser le contingent d’heures supplémentaires autorisé. Surtout, le système du « forfait jour », applicable aujourd’hui aux seuls cadres ou professions itinérantes, pourrait être généralisé à l’ensemble des salariés. Les entreprises dans ce cas imposeraient une plus grande flexibilité sur l’année à leurs ouvriers et employés, et ne seraient même plus obligées de leur payer la totalité des majorations de 25 % pour heures supplémentaires.
Pourquoi la CFDT et la CGT sont-elles particulièrement remontées ?
Bernard Thibault dans Libération et François Chérèque dans Le Monde l’ont dit l’un et l’autre jeudi : ils estiment que le gouvernement trahit ses engagements. Leurs deux organisations, qui ont pris des risques en signant la « position commune », se retrouvent aujourd’hui en porte-à-faux avec les autres syndicats, et surtout avec leurs propres militants. « On a parfois du mal à leur expliquer que le rôle d’un syndicat n’est pas de manifester contre Sarkozy, mais de combattre ou soutenir ses propositions selon qu’elles vont ou non dans le sens de l’intérêt des salariés : là, c’est même plus la peine d’essayer », confie un cadre de la CFDT. Quand à la CGT, pour une fois qu’elle signe un accord important, le gouvernement s’assoit dessus. Un argument inespéré pour les opposants à la ligne Thibault.
Xavier Bertrand s’est-il fait piéger ?
Les syndicats ont été surpris par l’attitude du ministre du Travail. Jusqu’à la semaine dernière, il laissait entendre à la CFDT et à la CGT que le texte de loi reprendrait intégralement la position commune, quitte à ce que sur les 35 heures le gouvernement accepte quelques amendements UMP. Thibault et Chérèque étaient même prêts à venir défendre leur position devant les groupes parlementaires de la majorité. Pourquoi ce revirement ? Le gouvernement a sans doute hésité à provoquer ainsi un conflit au mois de juin. Mais en dédécidant de passer en force après avoir temporisé, il affaiblit le crédit de Xavier Bertrand auprès des syndicats. Qui a fait ce choix ? Fillon ? Sarkozy ? Une chose est sûre : la cote de du ministre et secrétaire général adjoint de l’UMP, vient de chuter à la CGT et à la CFDT.
Les surenchères de l’UMP ont-elles provoqué la crise ?
La décision d’intégrer dans l’avant-projet de loi des dispositions permettant aux entreprises de s’affranchir à peu de frais des 35 heures est indéniablement liée à la fronde de l’UMP, et de son patron, Patrick Devedjian. S’il s’en était tenu à la « position commune » en laissant députés et sénateurs amender le texte, le gouvernement aurait dû batailler pour calmer les ardeurs des ultralibéraux. « Cela aurait été très hypocrite », se justifie Fillon. Il a préféré prendre les devants, espérant renforcer son autorité sur la majorité. Un calcul à hauts risques.
Messages
1. 35 h : Après avoir accepté des compromis, la CGT et la CFDT s’estiment flouées ???, 1er juin 2008, 10:10, par momo11
Quand on signe avec le diable en s’alliant avec un diablotin ,la situation d’echec est prévisible.fraternellement momo11
2. 35 h : Après avoir accepté des compromis, la CGT et la CFDT s’estiment flouées ???, 1er juin 2008, 10:45
"Le gouvernement moderne n’est qu’un comité gérant les intérêts de la bourgeoisie toute entière" (K M-1848). C’est donc la bourgeoisie dont Sarko et le Medef ne sont qu’une émanation qui a mis le holà ; La cavalerie UMP prenant l’affaire sur son bonnet !
CN46400
3. 35 h : Après avoir accepté des compromis, la CGT et la CFDT s’estiment flouées ???, 1er juin 2008, 13:23, par nazairien
Thibault et Chérèque étaient meme prets à venir défendre leurs positions
devant les groupes parlementaires de la majorité
La CFDT n’en parlons pas il y a longtemps qu’elle est devenue une "carpette"
mais Thibault ,tu est toujours à la CGT ?
Vouloir aller se prosterner devant ces pourris de sarkozistes
Moi, je m’inquiète de plus en plus devant les dérives de mon organisation
Nous sommes déja à "genoux" ,qu’ attend la CGT pour réagir à la hauteur de l’
enjeu ,allons nous attendre d’etre à "plat ventre"
Il sera peut etre trop tard
4. 35 h : Après avoir accepté des compromis, la CGT et la CFDT s’estiment flouées ???, 1er juin 2008, 14:29, par Patrice Bardet
ce n’est plus du compromis, mais de la capitulation en rase campagne, prévisible, pour un plat de lentilles ! Et ces lentilles mêmes s’avèrent avariées....
– On ne mange pas avec le diable, même avec une longue cuillère ! L’indigestion suite au repas à la Lanterne (savoureux ?) risque d’être mortelle
– On ne négocie pas le couteau sous la gorge, sans se battre, sauf à rendre gorge
La position "commune", MEDEF, CFDT, et... direction de la CGT doit être combattue
Combattre la position commune MEDEF, CFDT...direction de la CGT, du 9 avril
1. 35 h : Après avoir accepté des compromis, la CGT et la CFDT s’estiment flouées ???, 2 juin 2008, 00:26
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A présent, tout le monde est prévenu, Sarkozy et son gouvernement sont des êtres sans " honneur",c’est très grave de ne pas tenir sa "parole donnée", ça ouvre la porte de la méfiance, du discrédit, du déshonneur, du mensonge, de la trahison. Aucune société, aucune démocratie ne peuvent fonctionner normalement.
C’est aux syndiqués à se prendre en charge tout seuls, sans attendre les ordres de la direction, à descendre dans la rue s’ils pensent que c’est primordial, si ça se rattache à une question de survie, à la manière des marins-pêcheurs.
Il n’est plus possible de négocier avec des menteurs (gouvernement). Il faut leur tourner le dos impérativement tout en faisant une démonstration de force. Nous avons le droit, c’est légitime quand un des deux partenaires joue pas le jeu.