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4 millions de chômeurs en Espagne : à quand un bilan du capitalisme (et du communisme) à l’espagnole ?

Publie le dimanche 24 janvier 2010 par Open-Publishing

4 millions de chômeurs en Espagne : à quand un bilan du capitalisme (et du communisme) à l’espagnole ?

Le chômage frôle les 4 millions et augmente de nouveau dans la construction

Traduction et introduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

4 millions de chômeurs soit 20% de la population active : le chiffre se suffit à lui-même.

Il symbolise à lui seul la faillite du capitalisme espagnol, vanté par les idéologues néo-libéraux comme un des modèles à suivre : précarisation maximale du travail et remise en cause de la protection social, casse de l’appareil productif et accent mis sur des secteurs instables et non-productifs, bas salaires et syndicats de compromis « pragmatiques ».

Pas de contre-sens, ce modèle n’a pas été développé par l’ancien franquiste Suarez Gonzalez début des années 1980 ou par le post-franquiste Aznar fin des années 1990. C’est bien le socialiste Felipe Gonzalez, premier ministre de 1982 à 1996, qui a mis en place ce modèle espagnol comptant sur deux appuis de taille : un à l’extérieur du pays, l’Union Européenne qui a patronné et loué l’initiative de Gonzalez le socialiste européiste ; l’autre à l’intérieur, c’est le syndicat réformiste de l’UGT qui maintenait la paix sociale pendant que le premier ministre découpait les acquis sociaux, cassait le code du travail et démantelait l’industrie nationale.

Que les socialistes aient été les chevaux de Troie du néo-libéralisme en Espagne – dont Zapatero est un digne héritier – jusque là pas de surprise. Que le mouvement social soit au plus bas en Espagne actuellement et qu’il ait décru historiquement en corrélation avec l’intensification de l’attaque contre les acquis sociaux, cela doit nous interpeller.

C’est la responsabilité des communistes espagnols qui est en cause ici, en particulier l’expérience Izquierda Unida qui les a plongé dans les méandres des calculs politiciens et électoralistes, a effacé le parti de la scène politique et l’a détourné des lieux de travail et du terrain des luttes. Une expérience Izquierda Unida qui, in fine, a servi et sert encore de caution de gauche à la politique anti-sociale menée par le gouvernement socialiste.

Avec le bilan de l’échec du « capitalisme à l’espagnole », c’est aussi l’échec du « communisme à l’espagnole » qu’il convient de réaliser.

AC

Cf sur le sujet : L’expérience Izquierda Unida n’a laissé aux communistes espagnols qu’un désert (http://solidarite-internationale-pc...

Parti Communiste d’Espagne – 11 janvier 2010

L’INEM [l’ANPE espagnole] a publié la progression du nombre de chômeurs inscrits dans ses agences, pour décembre 2009, avec 54 657 nouveaux chômeurs, pour un total de 3 923 603 travailleurs et travailleuses inscrits dans ses agences, soit 794 079 de plus qu’en décembre 2008 et 1 794 056 de plus que pour le même mois de l’année 2007, quand la crise a commencé.

La hausse du chômage du dernier mois est due une fois de plus à la suppression d’emplois dans le secteur de la construction (près de 55 000 emplois en moins), en partie avec la fin des contrats temporaires liés à la fin de la première phase du Plan-E (1), ce qui signifie que nous ne sommes pas sortis de la crise et qu’il ne semble pas y avoir de signe d’un changement dans le modèle productif proposé puisque le secteur industriel n’a quasiment pas créé d’emplois (à peine 200)

Les communautés avec le plus grand nombre de chômeurs continuent d’être l’Andalousie (851 493 personnes), la Catalogne (561 761), la Communauté Valencienne (477 847) et Madrid (451 929) et celles où la croissance du nombre de chômeurs a été la plus forte sont la Communauté Valencienne ( 7 707 chômeurs de plus qu’en août), la Castille-la-Manche (6 467) et la Catalogne (6 356), et avec une augmentation de 30% du nombre de chômeurs par rapport à l’année dernière à Murcie, à Valence et en Catalogne.

Dans l’industrie, le chômage reste à des niveaux élevés, avec seulement 200 personnes en moins et tout en connaissant une hausse surtout en Galice, dans la Communauté Valencienne et en Catalogne. Cet élément nous confirme qu’il n’y a pas de changement structurel en vue, et le fait que seulement 7,5% des 1 138 000 contrats enregistrés à l’INEM en décembre soient des CDI ne fait qu’appuyer cette thèse.

En tant que PCE, nous insistons pour dire que les investissements réalisés par le gouvernement central et la majorité des communautés autonomes ne sont pas conçus comme une façon de se lancer dans la réforme structurelle que nous appelons de nos vœux.

C’est une priorité absolue que de garantir l’emploi de telle manière que le Ministère du Travail et les Conseils des communautés autonomes ne puissent accepter aucun plan social à l’avenir, tout comme pour les prochaines négociations collectives nous devons mettre en avant la revendication d’une forte réduction du temps de travail hebdomadaire vers la semaine de 35 heures.

De la même manière, en tant que PCE, nous estimons qu’il est nécessaire de lancer une série de mesures de nature structurelle, dans les plus brefs délais (le rôle principal de l’Institut de Crédit officiel et des banques publiques) et une réforme fiscale, à l’opposée de l’adoption récente de la hausse de la TVA, qui augmente la progressivité des impôts directs (Impôts sur les sociétés et l’Impôt sur le Revenu), qui fasse diminuer les impôts indirects (TVA) et qui mette de nouveau sur les rails l’Impôt sur le Patrimoine.

(1) : Le Plan-E est le plan de relance du gouvernement socialiste pour sortir de la crise par la droite. On persévère dans la même voie : exonération massive de cotisations patronales, mobilisation de fonds publics pour soutenir la relance de l’industrie privée accentuation de la précarisation du travail (sous le doux nom de « modernisation de l’économie » et de « récupération de la productivité »), casse des secteurs résistants et dits « protégés » (énergie, transports, administration, télécoms...) dans la lignée de la Stratégie de Lisbonne prise comme référence. La première phase évoquée ici est la création de 300 000 emplois temporaires, sorte d’emplois aidés – sous-payés et ultra-précaires – financés par l’Etat afin de relancer les secteurs privés (automobile) ou para-publics (bâtiment) en perdition. Officiellement pour relancer l’économie, officieusement pour dissimuler et amortir la hausse du chômage qui était prévue. Les premiers contre-coup du « plan-E » se ressentent désormais.

Site du Parti communiste d’Espagne : http://www.pce.es/