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6 MOIS APRES LES EMEUTES DEMANDE DE RECONNAISANCE DE REBELLION POLITIQUE

Publie le mardi 25 avril 2006 par Open-Publishing
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Six mois après le début des émeutes de banlieue, des habitants et des associations dénoncent la répression et l’immobilisme face à la détresse sociale de ces quartiers où certains analystes ont perçu les ferments d’une "rébellion politique".
Le 27 octobre 2005, la mort de deux ados de Clichy-sous-Bois réfugiés dans un transformateur électrique par peur de la police enflammaient les cités jusqu’au 17 novembre.
"Morts pour rien" chante Nyako et "MC Real" dans la chanson devenue depuis un véritable hymne à la "mort incomprise" de Bouna et Zyed.

Pour Siyakha Traome, frère de Bouna, "un sentiment d’injustice, la colère couvent encore" dans les quartiers. "Nous sommes très attentifs à l’enquête", dit-il. Selon lui le juge d’instruction "a repoussé la thèse du cambriolage" et pris en compte celle de la famille et du témoin survivant.

Samir Mihi, porte-parole de l’association AC Le feu, souligne que la mort des deux adolescents a été "l’élément déclencheur", mais que "l’impasse sociale et économique, les humiliations dont sont victimes certaines catégories n’ayant jamais la parole devaient conduire à une explosion".
Il réfuse le terme "d’émeutiers" et parle de "révoltés". "On peut les condamner sur les méthodes mais pas sur le fond, ils n’avaient pas d’autre solution".

Laurent Muchielli, sociologue, auteur d’un livre bilan sur les émeutes : "Quand les banlieues brûlent...(mars 2006, édition La découverte), écrit que "le cri de révolte et de souffrance générale" exprimé au cours des émeutes "n’a pas été pris au sérieux".
"Les politiques et le gouvernement n’ont pas tiré les leçons, ils ont tiré un trait dessus", rajoute M. Mihi.

Hourya Bentouhami, normalienne préparant une thèse sur la "désobéissance", considère qu’il y a eu un "consensus social pour rejeter ce mouvement et le présenter non pas comme une expression politique mais comme une flambée de violence gratuite et criminelle". "La rage est pourtant la première émotion politique".

Du côté des chiffres, 6 mois après les violences, leur coût pour les assurances est maintenant évalué entre 150 et 160 millions d’euros contre une estimation précédente de 200 millions.. Des dizaines de bâtiments publics, d’entreprises et près de 9.000 véhicules ont été partiellement ou totalement détruits en trois semaines.

Au plan judiciaire, au 18 novembre 2006 d(ate du dernier bilan officiel selon le ministère de la Justice-) 729 majeurs avaient été jugés en comparution immédiate, 152 majeurs en convocation ultérieure, 135 informations judiciaires ontt été ouvertes.

Quelque 422 condamnations à de la prison ferme prononcées, 59 majeurs condamnés à d’autres peines, 45 majeurs relaxés, 577 mineurs présentés à un juge pour enfant, et 118 mineurs placés sous mandat de dépôt.
"La répression a été terrible", assure Samir Mihi, "les gens ont toujours peur car il n’y a pas la même police pour tout le monde". "Certains ont été incarcérés pour rien, les commissariats devaient faire du chiffre".
Mme Bentouhami parle de son côté d’une "justice politisée" et des associations demandent "l’amnistie des révoltés" et la reconnaissance d’une "rébellion politique".

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