Accueil > 8 mars, 1911-2007
DROITS HUMAINS
LE 8 mars est devenu la journée internationale des femmes en 1911 sous l’impulsion de Clara Zetkin lors de la réunion de l’Internationale Socialiste. Depuis, cette date est à l’honneur dans beaucoup de pays et il y a peu de temps que les collectivités de La Réunion en profitent pour mettre les conditions de vie des femmes à l’ordre du jour. Faut-il rappeler que l’UFR célèbre dignement cette journée depuis 1974 ? Qu’il est le long le chemin de la femme pour accéder à la parité en 2000 et se retrouver en 2007 toujours face aux violences, à l’inégalité des salaires, au poids des tâches ménagères et à la condescendance masculine quand la détermination féminine lui fait de l’ombre.
Quelques dates : en 1944 le droit de vote est accordé aux Françaises, en 1975 la loi Veil autorise l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui sera remboursée en 1982, le viol est reconnu comme crime dans les années 80. Les jeunes filles qui vont au lycée prennent la pilule et peuvent devenir des élues, le doivent aux combats incessants menés par des suffragettes en longues robes, capelines nouées sous le cou et parapluies à la main, par des féministes qui revendiquaient la liberté de disposer de leurs corps, par des militantes de tout niveau social, conscientes de leurs droits et de leurs valeurs, décidées à ne plus être des citoyennes de seconde zone. Il reste encore beaucoup à faire surtout dans les pays du tiers-monde, les pays en guerre ou souffrant de famine car nous ne pouvons l’oublier les femmes et les enfants sont les premières victimes de toutes ces inhumanités que sont la faim, le sous-développement, les conflits armés, les coutumes barbares excision, infibulation, mariages forcés, assassinats des petites filles. Quand nous dénonçons les injustices que nous subissons ici, nous avons toujours en arrière-plan la situation intolérable faites à nos soeurs, de par le monde.
Il n’empêche que nous devons continuer notre lutte contre cette discrimination insidieuse qui devient trop souvent une façon de penser. Une femme commet des escroqueries, nous ne lui cherchons pas d’excuses, mais pourquoi la diaboliser et en faire une créature vénéneuse qui prend dans ses filets de malheureux hommes incapables de lui résister ? Une femme a des problèmes de non-versements de pension alimentaire, elle est en prison alors que nombreux pères dans le même cas mènent une vie paisible sans être inquiétés. Une femme veut devenir Présidente de la République, tous ses faits et gestes les plus anodins sont examinés à la loupe de façon impitoyable. Elle porte un manteau blanc en Chine, un tailleur rouge à Paris, une jupe à la télé... branle-bas de combat dans les médias. Par contre, les costumes ou le col roulé du candidat UMP ne font l’objet d’aucun commentaire, porte-t-il des caleçons ou des slips, nous n’en saurons rien. Un imitateur piège très sournoisement Madame Royal qui émet un jugement sur le Québec et la Corse, tout le monde crie au scandale... Monsieur Sarkozy va faire allégeance au président des États-Unis, on en parle un peu mais sans indignation. Les qualificatifs péjoratifs pour Ségolène Royal sont toujours très durs et insultants :gourde, bécassine... quant au représentant de la droite il est pugnace, omniprésent, efficace... Je n’ai pas entendu ou lu un seul terme infâmant à son propos de la part des journalistes.
Le traitement entre les deux candidats serait-il le même si on avait affaire à un éléphant du PS. Où est le respect dans cette attitude machiste ? On peut noter d’ailleurs un irrespect identique pour souligner un exploit féminin, l’expression "courageux petit bout de femme" est exécrable, affectionnée par les machos de tous bords qui ne peuvent se résigner à saluer une victoire féminine comme ils le feraient pour un champion masculin. Il y a des noms qui n’ont pas de féminin dans la langue française : ministre, écrivain, peintre, sculpteur... c’est anecdotique, par contre le féminin de président c’est présidente et un "tacon" de commentateurs ont du mal à digérer l’info pour faire leur boulot convenablement. Au fait, y a-t-il un féminin du nom macho... ?
Marie-Hélène Berne