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8 mars : la police interdit le rassemblement des Femmes en Noir de Belgrade
Publie le lundi 10 mars 2008 par Open-Publishing
8 mars : la police interdit le rassemblement des Femmes en Noir de Belgrade
Traduit par Persa Aligrudic - B 92
Publié dans la presse : 8 mars 2008
Mise en ligne : dimanche 9 mars 2008
Les Femmes en Noir de Belgrade n’ont pas pu célébrer la journée internationale des femmes. La police a interdit leur rassemblement et leur marche. Explication officielle : le rassemblement de cette organisation féministe, radicalement opposée à toute forme de nationalisme, aurait mis en danger la sécurité publique... Une décision vivement contestée par tous les mouvements féministes serbes.
La police a décrété l’interdiction expliquant que le rassemblement des activistes féminines « pourrait créer des obstacles à la circulation, menacer la santé et la sécurité des hommes et des biens ». Les autres organisations féministes de Serbie pensent que la décision de la police est une erreur, surtout du fait qu’il s’agissait de la célébration du centenaire de la Journée des femmes.
Marija Perkovic, de l’ONG les Femmes en noir, pense que la décision de la police d’interdire leur rassemblement est une attaque aux droits fondamentaux des citoyens. Elle a déclaré que l’explication fournie par le MUP, prétendant que les Femmes en noir pouvaient menacer la sécurité publique est une thèse absurde.
« Il y a quelques semaines, l’État a lui-même organisé un meeting qui a engendré d’énormes violences (Lire notre article « Violences urbaines à Belgrade), et qui a fait croître les tensions dans la société. Et maintenant, les Femmes en noir n’ont pas le droit de descendre dans la rue et de revendiquer leurs droits, car nous menacerions la sécurité ! Mais c’est l’Etat qui menace la sécurité de tout le monde avec sa politique qui essaie d’écarter, d’éliminer, de discréditer tous ceux qui pensent différemment », estime Marija Perkovic.
La coordinatrice du Foyer sécurisé des femmes, Vesna Stanojevic, pense aussi que la décision de la police d’interdire le rassemblement du 8 mars est complètement erronée. Elle estime que dans une société qui se veut démocratique, de telles choses ne devraient pas se produire.
« Il y a cent ans, les femmes à Chicago ont fait une marche pour défendre leurs droits et, il y a 98 ans, Clara Cetkin proposait de retenir le 8 mars comme jour de fête. Par conséquent, interdire une manifestation des Femmes en noir ce jour là est, à mon avis, la chose la plus inconcevable qui soit », a déclaré Vesna Stanojevic.
Toutefois, la police n’a pas interdit toutes les manifestations de ce 8 mars. C’est ainsi que les femmes du Foyer sécurisé étaient présentes dans la rue Knez Mihailova, devant le café Ruski car, de 11 à 15 heures, et ont offert aux Belgradoises des cadeaux symboliques qu’elles ont elles-mêmes fabriqués.
« Leur initiative était d’envoyer un message aux autres femmes qui subissent la violence et qui n’ont pas encore réussi à se sortir de cette situation. Certaines d’entre elles seront près du stand, mais ce seront les femmes qui estiment qu’elles peuvent le faire sans danger. Les autres, qui sont encore en situation d’insécurité, celles qui séjournent dans notre foyer car elles doivent se cacher, ne pourront pas sortir car elles mettraient en danger leur sécurité », explique Vesna Stanojevic.
Le Fond Katarina Rebraca avait également préparé un cadeau aux femmes avec l’aide du ministère de la Santé. Sur la place de la République, de 10 à 20 heures, une ambulance permettait aux femmes de passer un examen de contrôle ou de recevoir des conseils de médecins. Cet original « Service de santé des femmes » (Zenski bazar zdravlja) sera aussi à la disposition des habitantes de Novi Sad, mais dans une semaine, puis il descendra à Kragujevac et à Ni ? dans le courant du mois d’avril.
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