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À Calais, le sous-préfet traque aussi sur Internet
Publie le mercredi 17 juin 2009 par Open-PublishingSans-papiers. Une militante, poursuivie pour diffamation après des propos tenus sur le Web, comparaît aujourd’hui à Boulogne-sur-Mer.
Un texte très court, de huit phrases, publié sur Internet par Indymédia Lille le 8 novembre 2008, signé de Zetkin a suscité, malgré sa relative confidentialité, l’ire du sous-préfet du Pas-de-Calais qui a porté plainte pour diffamation. Le procès a lieu ce matin à Boulogne-sur-Mer. « Gavory, le sous-préfet, comme tous les racistes, ne s’attaque jamais qu’aux étrangers »… « Gavory se paie la tête du porte-parole de Salam pour renvoyer à la mort près de 70 jeunes Afghans »… « La France de Pétain, on lui obéit ou on la combat. Gavory a choisi. » sont les quatre phrases incriminées.
Leur auteur est une enseignante de cinquante ans, qui choisit le plus souvent l’appareil photo pour dénoncer l’omniprésence policière et la violence de ses interventions contre les migrants à Calais. « Je ne suis pas une humanitaire, mon combat est un combat politique, explique-t-elle. Ici, le responsable de cette politique inhumaine, c’est le sous-préfet et c’est lui qui a ordonné la rafle des Afghans. C’était l’horreur. »
En ce début novembre, en effet, les autorités britanniques et françaises avaient prévu de remplir un charter pour Kaboul avec des Afghans chassés du Pakistan et ne connaissant même pas leur pays d’origine. Les conditions dans lesquelles s’étaient effectuées les arrestations avaient été particulièrement violentes, avec hélicoptère et interdiction aux journalistes d’approcher. Le responsable de l’association Salam, Jean-Claude Lenoir, avait été jeté au sol, mis torse nu, menotté, avant d’être placé en garde à vue et poursuivi pour outrage à agent et rébellion. « Comme d’habitude », remarque Zetkin. Et c’est en annonçant cette arrestation qu’elle a exprimé à l’égard du sous-préfet tout ce que suscitent d’indignation les nombreuses entorses aux droits du quotidien calaisien. Rappelons qu’après remontrance de la Cour européenne des droits de l’homme au gouvernement français, les Afghans n’ont pas été expulsés.
Émilie Rive