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A San Francisco, la santé sera à tous
Publie le mercredi 19 septembre 2007 par Open-Publishing2 commentaires

Etats-Unis. Une ville "liberal" change le système sanitaire et garantit l’accès aux soins
Dans la quatrième ville américaine, l’assistance devient universelle. Qui que ce soit pourra se soigner gratuitement même sans être en possession d’une assurance médicale. Tous, y compris les immigrés clandestins. C’est une véritable révolution
de Matteo Bosco Bortolaso San Francisco Traduit de l’italien par Karl&Rosa
La solution des contradictions de la santé américaine racontées par Sicko, le dernier film de Michal Moore ? Elle pourrait arriver d’un édifice anonyme de San Francisco, qui donne sur une rue pleine de locaux italiens tels que Firenze by Night, Caffé Roma et Palermo Delicatessen. La clinique North East Medical Services, à la limite entre la Chinatown et la Little Italy de la côte occidentale, est la première à adopter une formule assez simple, mais difficile à prononcer dans les States : l’assistance sanitaire universelle, même pour ceux qui n’ont pas d’assurance médicale. A partir d’aujourd’hui, 82 000 habitants de San Francisco sans la tristement célèbre insurance pour leur santé (dans tous les Etats-Unis ils sont environ 46,6 millions dont 8,3 millions sont des enfants) pourront avoir de toute façon la health care si convoitée, qui sera gratuite ou subventionnée.
La révolution de la commune californienne est une petite révolution, limitée pour l’instant aux frontières de la ville. Mais l’initiative de San Francisco a gagné l’ouverture de la première page du New York Times de vendredi dernier, en volant l’espace aux articles sur le président George W. Bush qui avait parlé d’Irak à la nation, en la rassurant, encore une fois, sur les « succès » de la guerre américaine au Moyen Orient. Bagdad n’est pas le seul argument dont Bush et les candidats à la Maison Blanche doivent discuter. En deuxième, si non en premier lieu, il y a la coûteuse health care que les citoyens états-uniens moins aisés – et naturellement les immigrés illégaux, si nombreux – ne peuvent se permettre.
L’assistance sanitaire gratuite a été expérimentée dans deux cliniques de la Chinatown de San Francisco, qui ont hébergé le projet pilote de Healthy San Francisco, qui s’élargira à partir d’aujourd’hui à vingt autres dispensaires. Le dispensaire anonyme de six étages de Stockton Street est une clinique « de communauté » sans but lucratif – qui accueille les malades du populeux quartier chinois de San Francisco, avec du personnel et des pancartes bilingues. Comme cela est arrivé à New York, ici aussi Chinatown est lentement en train d’englober North Beach, qui était jadis la Little Italy de la côte occidentale des Etats-Unis.
Au total, le service d’assistance sanitaire universelle concernera 14 cliniques citadines et 8 dispensaires de communauté. Jusqu’en novembre pourront participer à l’initiative les citoyens en dessous du seuil de pauvreté fixé par les estimations fédérales (10 210 dollars pour une personne vivant seule et 20 650 dollars pour une famille avec un couple et deux enfants).
Mais ensuite Healthy San Francisco offrira de l’assistance à tous les résidents n’ayant pas été assurés pendant au moins quatre-vingt-dix jours, sans distinctions de revenu et de condition d’immigration : même ceux qui sont entrés illégalement dans les States pourront être soignés, il suffit de résider en ville. Pour ceux qui gagnent des sommes supérieurs au seuil de pauvreté, les dépenses médicales seront partiellement remboursées. Au contraire, les allocations ne seront pas distribuées à ceux qui gagnent plus de cinq fois le minimum établi par les estimations fédérales. La commune californienne n’offre pas une « assurance publique » : quand les habitants de San Francisco quitteront la ville ils devront payer leurs frais médicaux. Les patients qui demandent de participer au programme communal recevront une carte qui garantira l’assistance sanitaire primaire, y compris les examens dentaires.
A partir de l’année prochaine, en outre, l’administration communale impliquera aussi des instituts privés, en augmentant le nombre des médecins offrant de l’assistance. La commune, en outre, a demandé que les patrons d’entreprises de plus de vingt salariés contribuent à l’health care de leur personnel (en versant de l’argent à des assurances privées ou même à la Healthy San Francisco). Mais, pour être utile, leur contribution devrait couvrir au moins 38 millions du coût global de la première année qui équivaut à 200 millions de dollars.
Comme le souligne le New York Times, il est difficile de prévoir dans quelle mesure le modèle de la côte occidentale pourra être exporté dans d’autres villes. La culture politique de San Francisco, berceau de la contre-culture et de la beat generation, est « unique ». Ses caractéristiques géographiques – la ville se développe dans une étroite presqu’île – sont telles qu’elle accueille dans peu d’espace 750 000 habitants qui en 1998 avaient demandé par un référendum l’assistance sanitaire universelle. San Francisco héberge une administration particulière, qui gère aussi bien le comté que la commune, outre à un vaste réseau de cliniques de « communauté ».
Le nombre d’adultes non couverts par une assurance est relativement réduit : il s’agit surtout de clochards qui traînent dans les rues du quartier chaud Tenderloin.
Ce n’est qu’après les premiers mois de rodage que l’on comprendra si le programme adopté par la mairie augmente d’une façon démesurée le nombre des non assurés. Et dans cette optique la crainte est que San Francisco ne puisse pas soutenir une politique aussi révolutionnaire sans augmenter les taxes. Selon les promoteurs de l’initiative, on ne devrait pas constater l’augmentation des non assurés (et des taxes) parce que l’assistance sanitaire communale ne dépasse pas les frontières de la ville. Mais la participation a dépassé les attentes : on pensait à une réponse de 600 ou au maximum de 1 000 personnes jusqu’à la fin août.
Mais, malgré le peu de marketing, on a atteint tout de suite 1 300 adhésions. Une fois achevée la phase expérimentale, les estimations prévoient la participation d’environ 45 000 personnes, plus de la moitié des assurés. Mais même en ce cas la réponse pourrait être beaucoup plus importante.
Sur Healthy San Francisco pleuvent les critiques des conservateurs « San Francisco est déjà un aimant pour toutes les personnes mécontentes de leurs vies » écrit Ed Lasky, du blog American Thinker, qui rejette l’essai de « santé socialisée », parce qu’il amènera une invasion de personnes non assurées. Lasky suggère sarcastiquement d’ajouter un symbole à San Francisco : à côté du Golden Gate devrait être érigée la Statue de l’Infirmité, une mauvaise copie de la Statue de la Liberté.
Messages
1. A San Francisco, la santé sera à tous, 20 septembre 2007, 11:03
A l’heure où Sarko démantèle notre fleuron de la santé, l’amérique se met à notre mode passée.
2. A San Francisco, la santé sera à tous, 20 septembre 2007, 16:03
J ’ai assisté dernièrement à une séance du film Sicko et je ne peux qu’inciter chacun à en faire autant.
Ne serait-ce que pour nous conforter sur le bien fondé de nos luttes quotidiennes et de la nécessité de DEFENDRE NOTRE SYSTEME DE SOINS qui commence à être mis à mal. (l’accent n’est pas mis là-dessus dans le film, volontairement ss doute .En France , pour M Moore, tt est beau, tt est bien , les syndicats hyper influents et les français très chanceux , très contents.)
Le tout raconté avec humour , mais édifiant, efficace.
EVE