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A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps
Publie le mardi 1er février 2011 par Open-Publishing10 commentaires
A moi la Constituante !
Deux mots !
... sur un fétichisme dans l’air du temps
Depuis quelque temps bruisse, dans l’esprit des gauches, l’idée de réunir une constituante pour changer de base (écrite) l’ordre des choses, tordre le coup à cette atteinte intolérable à la liberté qu’est le capitalisme et l’exploitation de l’homme par l’homme, graver dans le marbre des principes révolutionnaires qui permettent aux hommes et femmes de vivre débarrassés des grandes oppressions et exploitations.
Wiki ?
Wikipédia donne une définition qui semble fonctionnelle de ce processus appelé "Constituante" :
Une assemblée constituante est une institution collégiale avec pour tâche la rédaction, ou l’adoption, d’une constitution, c’est-à-dire le texte fondamental d’organisation des pouvoirs publics d’un pays.
La façon dont les membres de l’assemblée sont désignés dépend des circonstances et des pays. Ils peuvent être désignés expressément pour cette tâche, ou bien avoir d’autres fonctions institutionnelles, voire s’autoproclamer. En effet, l’assemblée peut détenir le pouvoir constituant en vertu de la précédente constitution (on parle alors plutôt de révision), ou bien par les circonstances de faits, suite à une crise de régime (guerre civile, coup d’État, invasion…).
Le résultat des travaux de l’assemblée peut n’être qu’un projet qui devra être entériné par le détenteur du pouvoir (par exemple un référendum). Il peut être une constitution entièrement nouvelle ou une simple modification plus ou moins importante.
le contexte du débat
"http://www.youtube.com/v/dBtYLBQPRGQ?version=3"
Les secousses révolutionnaires des peuples en mouvement d’Afrique du Nord rafraichissent l’idée d’un processus que l’histoire a retenu sous le nom de constituante.
La petite musique islandaise apporte une touche rafraichissante à ce type de processus.
Toutefois, il existe un entendement réformiste, voir réactionnaire, de ce processus, entendement qui pousse son groin dans bien des programmes, jusqu’à ceux de la gauche de la gauche quand ils érigent un entendement fétichiste de ce processus .
Cet entendement fétichiste du rôle d’une constituante est lourd d’illusions sur comment change une société.
Le fétichisme d’une constituante par beau temps et calme plat est d’un réformisme particulièrement inopérant.
Les constituantes se font, et n’ont d’utilité, que quand la population est remontée au quart de tour, pousse fort, montre les dents et a la bave de la rage qui lui sort des crocs.
Le réformiste lui caresse l’idée que cela puisse être après avoir avalé une boite de lexo .
C’est pas comme ça que ça se passe
Même le petit peuple nordique islandais à la grande âme, à la patience légendaire, s’est mis à parler de façon latine, avec les mains, en jetant des pierres sur des politiciens corrompus et au service de banquiers criminels, pour broyer quelques cailloux qui épaississent et donnent du poids à l’encre nécessaire pour écrire droit
C’est comme ça que l’entendement des constituantes se fait.
Et encore, même en route, si le peuple n’y prend garde, la rectitude de la ré-écriture de principes fondateurs risque de se faire en verlan façon 16emme arrondissement, neuillyste, façon bourgeois.
Ce ne sont pas les règles écrites qui induisent des changements de société, mais les changements de société qui induisent des règles écrites.
La plus belle prose se fait quand les travailleurs se saisissent des entreprises pour les courber à leur souffle démocratique. Quand ils sont mobilisés et vigilants.
Quand les masses se mettent en mouvement c’est une forme valable de constituante qui avance et écrit ses principes avec des millions de pieds , de bras et de cerveaux.
C’est quoi une constituante ?
C’est cela :
ça s’écrit comment ?
comme ça
ou encore comme ça :
Il y a ainsi deux façons d’écrire une constituante, une qui revient à l’ordre ancien des choses, et l’autre qui sanctionne l’ordre nouveau des choses.
De quelconque façon que cela soit c’est la sanction d’un rapport de force qui importe, comme cette bataille sur le Pont Kasr Al Nile.
Quelque soit le lyrisme des mots couchés, c’est sur le pont du Nil que ça se joue, qui gagne qui perd, les mots, les textes n’ont jamais été des gilets pare-balles ni des armures bloquant la violence d’une classe dominante qui ne s’embarrasse pas de fétichisme envers les textes, dés lors que ses interets vitaux sont en cause .
Chavez élu, face au golpe n’eut de survie que parce que le peuple réagit tout de suite, montrant ses muscles, de quelle constituante il se chauffait face à des adversaires n’ayant aucun encombrement fétichiste des lois.
Ok les mots, parlés ou écrits, les idées, font partie du rapport de force, de la bataille des classes, mais là comme dans tout processus vital dans les relations entre la classe dominante, sa machine d’état et la classe populaire, ses armes (sa démocratie interne) et ses organisations c’est dans le rapport de forces brut que les choses se dénoueront.
Un programme qui ne soit pas écrit sous une météo prolétaire moderne vivifiante, libre, et ayant écrit déjà dans les actes les bons versets, n’est qu’un remake golpeur des "congrès" de voleurs qui ont courbé les droits du peuple sous des ré-écritures traitresses dont les derniers exemples récents montrent ce qu’il en coute de laisser les putchistes des droites noires et des gauches roses tenir la plume sans contrôle actif et populaire .
prenez-tout !
et après écrivez-le !
prenez-tout !
et après écrivez-le !
l’entendement écrit de vos actes n’en sera que plus clair
c’est ainsi que les constituantes utiles s’écrivent.
Pas une seule des constituantes utiles ne fut écrite sans un peuple mobilisé et ayant d’abord brisé une belle partie de ses chaines.
Les constituantes écrites en catimini et soustraites à la volonté de peuples mobilisés revinrent dans le lit de la bourgeoisie (Weimar)
1789, 1830 belge, 1848, 1871, russe en 1918, 1919 l’assemblée nationale constituante de Weimar, octobre 1946, 1959 de Bandung, 2008 au Népal, 2011 en Islande, etc, nous enseignent qu’aucun fétichisme n’est productif en matière constitutionnelle
La constituante n’est qu’une modalité tactique de l’écriture de nouvelles règles en période révolutionnaire.
En dehors de ces périodes elle n’écrit que le retour de l’ordre bourgeois si les travailleurs n’exercent pas leur emprise démocratique sur les entreprises, les services , les commerces, les lieux de pouvoir.
Versailles n’a pas servi qu’à écrire 1789,
faut-il le rappeler ?
Versailles n’a pas servi qu’à écrire 1789, faut-il le rappeler ?
le dernier congrès de la honte de Versailles, qui vit l’adoption honteuse, de la part des golpistes, d’un texte foulant aux pieds toute once de pouvoir populaire sur les choses qui comptent, par un processus injurieux de l’esprit démocratique, montre l’écart qui peut exister entre une représentation et le peuple, quand c’est la bourgeoisie qui tient les fils.
Même les textes les plus fumeux ne résistent pas aux lignes de démarcation entre les grandes classes en présence.
Là comme ailleurs le réformisme ne se pose pas les questions valides de constituer des rapports de force qui permettent toutes les audaces écrites.
Il cherche des raccourcis fétichistes qui économisent ce qui permet les changements réels et historiques, les conditions de la mise en mouvement de nos plus larges masses, leur organisation...
les grands soirs électoraux n’ouvrent pas de porte sur l’avenir qui ne soit enfoncée à coups d’épaule et de masse par le désir de liberté(s), dans les actes de la classe exploitée, dans les actes des hommes et femmes de bonne volonté.
prenez-tout !
et après, écrivez-le !
Messages
1. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 1er février 2011, 08:28, par Marie
Génial !
Et très juste !
Révolution citoyenne et constituante à Mélenchon c’est du pipo, je suis tout à fait d’accord avec Copas que les changements radicaux, les ruptures, s’initient dans la rue et en force, et ceux qui disent le contraire mentent au peuple !
1. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 1er février 2011, 09:26, par guillot
Il n’empêche que le chantre de la "révolution citoyenne" a cru reconnaître son acte 1 en Tunisie, dans sa véritable "épure" de surcroît , qui est celle des révolutions sud américaines !
Comme quoi, Mélenchon est capable de la l’accomoder à toutes les sauces, du moment qu’en France, son"épure" saute la phase 1 pour passer directement à la phase 2 (les élections ; puisque, comme on l’a vu pendant le mouvement social d’’automne, la politique du PG ne cherchait pas l’affrontement ni l’épreuve de force avec le gouvernement dans la rue en appelant à la grève générale, mais tentait de "dérouter" la rue vers les urnes d’un "référendum citoyen")
2. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 1er février 2011, 10:00
Décidemment dans le mélenchon tout est bon et tout peut s’assaisonner de multiples manières. Reste que si l’on suit l’auteur, la constitution actuelle doit être conservée intacte. Mais que penser en 2011 de la dissolution manu-militari de la constituante en 1918 par un certain Lénine.....Sans parler des constituantes des Chavez, Moralés et autres Corréa.....
3. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 1er février 2011, 10:43
Ce n’est pas ce que j’ai cru comprendre. C’est plutôt le fait que si le peuple n’est pas dans la rue, prêt à en découdre jusqu’où il sera nécessaire, la constitution est de fait intacte, et parler de la modifier radicalement hors d’un tel contexte n’est qu’illusion.
Chico
4. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 1er février 2011, 23:04
Ouai et il dit aussi sur son blog que "seuls ses amis et lui ont su reconnaitre la situation tunisienne et son impact sur l’Europe"... mmoouuaaaarrfffff :-) enfin bon, gros mégalo autocentré comme d’hab, on s’en FOUT !
2. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 1er février 2011, 08:52, par pilhaouer
Ça me fait penser qu’il y a aussi un pont assez large à Paris, en face de l’Assemblée Nationale, et des jardins à côté pour camper ...
Ah !Les CRS ont terminé leur grève de la faim ! On leur a rendu leur permis de taper ?
Les égyptiens n’ont pas demandé la permission de passer le pont ni négocié le trajet de leur manif’.
Ils disent que "la peur a disparu" !
Et pour les menteurs, Marie, qu’ils causent qu’ils causent et qu’on les laisse s’agiter seuls.
3. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 1er février 2011, 11:12
en mars allons voter en mettant
dans l’urne un bulletin : ’assemblée constituante’
4. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 1er février 2011, 23:03
C’est très juste !
L’histoire de la constituante n’a absolument AUCUN sens si elle n’est pas une étape de luttes populaires de masse.
Dans mon esprit ça a toujours été très clair.
C’est un sujet que certains auraient du avoir le courage d’amener au moment de la mobilisation sur les retraites par exemple, pour leur redonner du souffle et faire un lien entre le "social" et le politique.
En appeler à une Constituante issue de nulle part sans luttes, sans organisation des luttes, c’est de la branlette de réformard.
LL
1. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 2 février 2011, 03:22, par PacoB
Tu penses à qui au juste ?
Que faire ?
Sinon 100% d’accord avec toi et avec les autres.
C’est au plus fort de la lutte, au moment où on est ensemble et en colère que l’on doit pousser pour une constituante. La perspective ouverte par une constituante met la doigt sur une des causes de nos maux, l’oligarchie, son manque de démocratie y compris dans le monde de l’entreprise, et ouvre les portes d’une réelle alternative.
On peut toutefois, si on le désire, travailler dès aujourd’hui avec EtienneC & cie (les projets ne manquent pas) à l’élaboration d’un projet de constitution.
2. A moi la Constituante ! Deux mots ! sur un fétichisme dans l’air du temps, 2 février 2011, 08:09, par Copas
ce n’est pas "y compris dans le monde de l’entreprise" , mais c’est d’abord dans le monde de l’entreprise (au sens large), car c’est d’abord là que se tresse la puissance de la bourgeoisie, ses moyens, pour courber le reste de la société à ses objectifs.
c’est précisément le défaut ce que je visais, le fétichisme de la constituante.
Ce n’est pas exactement au plus fort de la lutte, mais au plus fort de l’organisation d’un peuple en lutte que la constituante peut éventuellement être un élément de l’écriture de nouvelles règles de l’organisation de la société, de nouveaux principes.
Le passage par une constituante n’est nullement une obligation, de la même façon que le contenu d’une constituante n’est pas forcement appliqué.
L’écriture d’une constitution n’est pas forcement une obligation, des états n’ont pas de constitution et ça n’en fait pas des états (capitalistes) forcement pires que d’autres.
Il me semble préférable, à un moment donné, de passer par une constituante, mais ce n’est pas une obligation.
Mais encore une fois, non, ce n’était pas une obligation politique du mouvement de l’automne. Avant cela il y avait bien des objectifs à gagner, y compris à botter le cul de ceux qui font des contre-feux d’objectifs à plat qui dévient du torrent de la lutte de masse pour faire rentrer les gens à la maison.
Ce qui a manqué à l’automne se décrit ainsi : de l’organisation de l’organisation et de l’organisation, afin d’avoir les outils qui permettent de dire :
ce sont les actes qui écrivent l’histoire.
et c’est bien quand l’organisation des hommes en sera bouleversé, que de fait il y ait matière à dire qu’il faut écrire la nouvelle organisation démocratique du monde, que la question de la constituante peut se poser de façon productive.
le réformisme non productif procède à l’inverse.