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ANPE : bilan d’une convocation collective

Publie le vendredi 6 octobre 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Le lundi 2 octobre, à l’agence ANPE Armand Carrel (Paris XIXe), avait lieu une convocation collective à laquelle des membres d’AC ! ont assisté.

Il y a encore quelques mois, l’ANPE convoquait jusqu’à 200 personnes en même temps. Les nombreuses actions de précaires et la colère spontanée des allocataires ont manifestement décidé l’ANPE à changer de format. Elle ne convoque qu’un nombre restreint de personne à la fois ; une dizaine en général. En soit c’est déjà une petite victoire pour les chômeurs et précaires, puisque cela ralentit le rythme de convocations et par conséquent les radiations pour absence au contrôle.

Des précaires convoqués nous ont demandé d’être présents. En rentrant dans l’agence nous attendons un moment en distribuant nos tracts. Puis une jeune femme fait l’appel des allocataires concernés par la réunion collective. Nous décidons d’entrer dans la salle de réunion afin d’y assister et de voir ce qui est proposé aux personnes convoquées.

Trois personnes sont chargées d’animer cette réunion : deux agents ANPE et une représentante d’un prestataire privé nommé « ARENA Communication ». Au début, elles n’offrent aucune résistance pour que nous restions à cette réunion. Mais sous nos questions, que l’une d’entre elle en particulier trouve trop "agressives" (Que vont devenir les personnes qui ne se sont pas présentées à cette convocation ? Vont-elles être radiées ? Quels sont les débouchés d’une telle convocation ? etc...), elle exercera sont droit de retrait. En fait, elle se retirera dans un bureau et convoquera les personnes une à une en entretien individuel, pendant que les deux autres personnes continueront la réunion.

A quoi servent ces convocations ? Quelques chiffres parlants :
• sur 10 personnes convoquées, 2 ne se sont pas présentées... deux radiations en perspective, donc un cinquième des convoqués sur une réunion !
• trois personnes sont travailleurs à temps partiel ! Belle illustration des mensonges de Christian Charpy, directeur général de l’ANPE, qui raconte à qui veut l’entendre que les travailleurs inscrits à l’ANPE ne sont pas convoqués !
De plus, les agences ANPE sont désormais sectorisées : donc ne devraient être présentes à Armand Carrel que des demandeurs d’emploi pour les services à la personne... Pourtant trois d’entre elles ne sont pas concernées ou ont demandé depuis longtemps à changer de secteur...

Lors du tour de table organisé par l’animatrice, plusieurs personnes exposent leurs problèmes de santé, souvent graves, le fait qu’elles ont du laisser des enfants seuls à la maison parce qu’elles n’ont pas les moyens financiers de prendre une garde d’enfant. L’ANPE ne propose rien pour résoudre ces problèmes : pire, lors des entretiens individuels qui suivront, ces informations vont être utilisées pour tenter de piéger les demandeurs, car quiconque déclare être malade peut être radié puisqu’il faut être « en état de rechercher un emploi » pour rester inscrit à l’ANPE.

Notre présence influence grandement le déroulement de la réunion, principalement sur l’accueil et la manière dont sont traités les allocataires. Le ton mielleux est de rigueur, et plusieurs fois on entendra répéter que rien ne force les allocataires à répondre à leurs questions ou accepter ce qui va leur être proposé (mais on sait, par notre propre expérience et par un grand nombre de témoignages, qu’habituellement la pression se fait très forte sur les allocataires pour qu’ils acceptent n’importe quelle proposition).
Par contre sur le contenu même, notre présence n’a guère d’influence car à partir de rien, il est difficile pour eux d’inventer un contenu à ces réunions n’ayant pour but que de radier ceux qui ne se présentent pas et tenter de faire changer de secteur ou d’accepter des stages bidons ou encore des ateliers CV, lettres de motivations etc... aux allocataires.

Interrogée sur le taux de retour à l’emploi stable et choisi suite à ces stages de "remobilisation", la direction de l’ANPE se sent agressée et est incapable de nous donner quelque chiffre que ce soit. Finalement elle reconnaît que ces taux sont faibles, même en comptant les CDD de six mois et ose nous dire que « même 5 heures de travail par semaine, c’est déjà bien à la sortie puisque les conditions de travail du secteur sont souvent celles-là »...

Ces ateliers et stages sont proposés par le prestataire privé présent aujourd’hui (ARENA Communication). La réunion collective est normalement suivie d’un entretien individuel. Notre présence "perturbant" son bon déroulement, les entretiens individuels se font pendant le courant de la réunion. Reste que le bilan est totalement nul voir même très négatif pour les chômeurs présents (temps perdu, risque de se voir proposer une action qui va à l’encontre de son envie sans grande possibilité de refuser).

Pour l’ANPE par contre cela fait déjà 2 radiations, avec à la clef des sorties des chiffres du chômage pour ceux qui accepteront les stages proposés. Pour le prestataire privé ce sera également tout bénéf : en offrant de l’occupationnel, ils déchargent l’ANPE d’une partie du travail et peuvent faire leur beurre sur le dos des précaires.

Parce que l’information est une arme, témoignez , communiquez-nous vos dates de convocations collectives !

AC ! Paris
23, bis rue Mathis 75019 Paris
Tél : 01 40 09 27 49
acparis@no-log.org/www.ac-reseau.org

Messages

  • en tant qu’agent de l’anpe,j’apprécierai quand même que nous ne soyons pas tous mis dans le même sac !
    tous les agents ne sont pas là pour radier les demandeurs d’emplois et nous aussi nous travaillons dans une situation difficile.
    il me semblerait intéressant que vous preniez aussi en compte ces éléments,ce qui permettrait d’éviter bon nombre de clichés.
    je pense que vous avez suffisamment de contacts avec des agents de l’anpe pour pouvoir dire que nous nous sommes pas tous,et loin de là, des "radiateurs"

    • Il n’est pas question dans cette article de mettre en cause les agents ANPE, mais la politique de cette administration.
      De plus il me semble que ces agents sont soumis à des pressions et que malgré toutes les bonnes volonté du monde, ils soient contraint par leur direction de faire usage de tous les procédés existants, avec bien sur, plus ou moins de zèle suivant l’agent.
      Les précaires tentent ensemble de résister à toutes ces pressions. Nous savons que certains agents ANPE sont également défavorable à ce qui se passe, mais à part quelques grève relativement peu suivies ils n’agissent qu’isolement, dans leur coin ou fournissent parfois des infos. Il n’est pas question de clichés, mais d’une réèlle situations que des millions de précaires subissent actuellement.
      Mais comme peux l’être la flicaille, les agents ne sont que les petits soldats d’une plus vaste politique.

  • En tant qu’agent anpe, je peux vous garantir que la grande majorité des demandeurs d’emplois qui sont absents aux convocations qui leur sont maintenant adressées tous les mois font partie de cinq catégories :

     les travailleurs au noir qui cumulent allocation + salaire sans payer les cotisations qui servent à rémunerer les "vrais chômeurs"

     les expatriés qui travaillent à l’étranger tout en touchant du chômage en France (fraudeurs du système social et bien souvent les premiers à le critiquer)

     les femmes(et hommes) au foyer qui lassés de regarder Dallas quand leurs mouflets sont à l’école vont se payer une manucure sur le dos des travailleurs qui cotisent.

     les psychorigides incapables de se remettre en cause, nostalgiques de l’URSS, et qui sont persuadés qu’ils peuvent rester ouvriers de l’industrie textile au 21éme siècle, et que c’est à l’état de leur retrouver du travail dans cette branche.

     les interimaires qui travaillent 5 jours sur 7 et pensent pouvoir toucher du chômage le week-end, heureusement ce n’est plus possible grâce à la mensualisation de l’indemnisation chômage (vous en connaissez vous des travailleurs en CDD ou CDI qui touchent quelquechose le week-end ?).

    Ceux qui ne font pas partie de ces cinq catégories sont en général des étourdis qui voient leurs sanctions levées par un simple courrier ou un simple entretien avec le directeur d’agence.

    Les "vrais" chômeurs qui cherchent du travail doivent conserver une certaine hygiène de vie pour ne pas se laisser couler, pour cela ils doivent avoir un emploi du temps avec des rendez-vous, des horaires à respecter et des contraintes impératives (comme ont tous les gens qui sont sortis de l’enfance, qu’ils travaillent ou non), des trajets à effectuer, des comptes à rendre, et surtout ils doivent être acteurs de leur vie et ne pas attendre que tout leur vienne dans le bec. Ceux qui ne peuvent plus répondre à ces impératifs parcequ’ils sont en dépression ou ont des problemes plus profonds sont mis sur des dispositifs d’accompagnements sociaux qui les permettent de se reconstruire avant de revenir dans le "système".

    Ce qui est drôle avec AC !, c’est que c’est toujours le service public qui est visé, les agences d’interim elles ne sont jamais visées, pourtant vous savez tous ce qui se passe quand une agence d’interim vous ordonne d’être dans telle entreprise lundi matin à 8 heures et que vous êtes absent, non seulement elle va mettre en gros sur votre CV "poseur de lapin" mais elle se fera un plaisir de vous bloquer l’entrée aux principales entreprises de votre bassin d’emploi.

    Etonnant de la part d’une association qui se prétend de gauche de défendre les travailleurs au noir (ennemis jurés du code du travail) les intérimaires (fers de lance de l’ultraliberalisme) et les mères pondeuses (hégéries du front nationna ;l). Je crois qurtout qu’en tapant sur l’ANPE, AC ! se trompe de cible, les vrais coupables du chômage.

  • Il faut reconnaître que l’article lui-même est agressif et cela fait du tort à tout le monde, chômeurs et agents de bonne volonté.