Accueil > APPEL « Des femmes contre le terrorisme religieux »

APPEL « Des femmes contre le terrorisme religieux »

Publie le jeudi 20 décembre 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

APPEL « Des femmes contre le terrorisme religieux »

 Il est temps de soutenir les femmes qui luttent pour la liberté de conscience contre les diktats et le terrorisme religieux.

Taslima NASREEN, victime de nombreuses fatwas au Bangladesh pour avoir dénoncé l’oppression des femmes et des minorités non-islamiques vit en exil depuis 1994. Installée depuis quelques années à Calcutta, sa tête a été de nouveau mise à prix par plusieurs organisations islamistes indiennes. Une manifestation contre elle l’a obligé à quitter Calcutta le 22 novembre. Elle est pour l’instant réfugiée à Delhi, et a demandé la nationalité indienne.

Ayaan HIRSI ALIi, ex-députée néerlandaise, coscénariste du film Soumission de Théo Van Gogh, assassiné en 2004, est, comme lui, menacée de mort, et doit vivre en permanence sous protection rapprochée. Le gouvernement hollandais lui refuse aujourd’hui aide et protection, commettant ainsi un véritable un acte de forfaiture.

Nilofar BAKHIAR, ministre du Tourisme du Pakistan, a été forcée de démissionner de son poste à l’été 2007, après une violente campagne de presse et une fatwa des intégristes de la Mosquée Rouge. Son crime : à la suite de son premier saut en parachute, avoir donné l’accolade à son moniteur. Elle a été lâchée par son parti et par le gouvernement auquel elle appartenait. Nawal el Saadawi, médecin, écrivaine et militante politique égyptienne, a publié en janvier une pièce de théâtre intitulée Dieu démissionne au sommet. Accusée par les dignitaires d’Al Azhar d’apostasie et de non respect des religions (passibles de la peine de mort), elle a été conviée gentiment à quitter le territoire : c’est un nouveau recul de l’Etat de droit devant les exigences de l’Islam politique dans les pays de la région

En Iran, être féministe et revendiquer les droits des femmes, tout comme militer pour les droits humains, c’est risquer la prison. Des dizaines de féministes sont aujourd’hui condamnées à des peines d’emprisonnement dans le silence assourdissant de la communauté internationale. Certaines sont musulmanes pratiquantes, d’autres agnostiques voire athées ; leurs choix de vie, leur vision de la société en Europe, aux Etats-Unis ou au Moyen-Orient sont souvent divergents et, parfois, différents des nôtres. Mais elles ont en commun d’être, toutes, harcelées, calomniées, menacées dans leurs pays par leurs gouvernements respectifs ou abandonnées par eux face aux violences des groupes intégristes pour la simple raison qu’elles ont exprimé des idées non-conformes et refusé les diktats des intégristes.

 LES OPINIONS PUBLIQUES OCCIDENTALES sont le plus souvent indifférentes à leur sort, parfois même hostiles. Il n’en a pas toujours été ainsi. Excommunié pour hérésie par sa communauté à Amsterdam, Spinoza put penser, écrire à Voorburg et La Haye ; Voltaire se retira à Ferney ; persécutés dans leur pays, Hannah Arendt ou Soljenitsyne s’exilèrent aux Etats-Unis ; Salman Rushdie est protégé depuis 1989 par le gouvernement anglais. Que serait-il advenu s’ils n’avaient pu trouver asile et protection loin de leurs inquisiteurs ? Et qu’adviendrait-il, qu’adviendra-t-il des paroles d’Ayaan, de Taslima, de Nawal, de Nilofar, des féministes iraniennes si, par laxisme, par aveuglement ou par lâcheté, nous leur refusions aujourd’hui soutien, solidarité, et protection ? Qu’adviendra-t-il de tous ces intellectuels, écrivains, dessinateurs, opposants politiques, qui sont, avec elles, en Inde, au Pakistan, au Maghreb, en Iran et ailleurs, engagés dans la lutte contre l’absolutisme intégriste pour les droits humains ?

Parce qu’ils et elles existent, le combat pour la liberté d’expression et de conscience continue à être mené dans le monde. Leur combat est aujourd’hui le nôtre.

 Nous demandons instamment aux instances européennes et internationales de réaffirmer leur position sur le droit des femmes et sur la liberté de conscience.

 Nous demandons que la France et l’Europe, qui ont avec leurs pays d’origine de fructueux échanges commerciaux, exigent que les Etats partenaires garantissent la protection de ceux et celles qui luttent aujourd’hui, au risque de leur vie, dans leurs pays, pour défendre des idéaux de liberté, d’égalité et de paix.

 Nous demandons que soit organisé de toute urgence, au niveau international et européen, un droit d’asile qui assure la sécurité de ces militantes et militants mis en péril jusqu’au cœur des capitales occidentales.

Appel signé par :

Elisabeth Badinter, philosophe ; Chahlah Chafiq, sociologue ; Christine Fauré, sociologue ; Elisabeth de Fontenay, philosophe ; Geneviève Fraisse, philosophe ; Sihem Habchi, présidente de Ni Putes Ni Soumises ; Liliane Kandel, sociologue ; Catherine Kintzler, philosophe : Nicole-Claude Mathieu, antropologue ; Juliette Minces-Chaliand, écrivain-sociologue ; Michelle Perrot, historienne ; Elisabeth Roudinesco, historienne ; Wassila Tamzani, écrivaine.

Messages

  • terrorisme religieux-diktats -victimes-l’oppression-minorités-exil-mise à prix-islamistes-réfugiée-Soumission-assassiné-menacée de mort-refuse aujourd’hui aide et protection-acte de forfaiture-forcée-démissionner-fatwa-intégristes-crime-lâchée-d’apostasie-peine de mort-recul-prison-silence assourdissant-divergents-harcelées-calomniées-menacées-abandonnées-violences-indifférentes-hérésie-se retira-persécutés-s’exilèrent-aveuglement-lâchet...