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ARC INTERNATIONAL - UN CONTEXTE SOCIAL DIFFICILE POUR LES SALARIÉS

Publie le mardi 18 septembre 2007 par Open-Publishing

Liberté 62 n°774 - Le 14 Septembre 2007 - 5 -Social

ARC INTERNATIONAL

DÉCÈS DE PHILIPPE DURAND DANS UN CONTEXTE SOCIAL DIFFICILE POUR LES SALARIÉS

Par Pierre Pirierros

QUE va devenir Arc International après la mort de son président Philippe Durand ? La question se pose avec acuité dans tous les ateliers d’Arques et bien au-delà. Arques précisément où l’on apprenait, au mois de juillet, l’arrêt total du four V mis en service (un fleuron technologique) en 1999 et l’arrivée in situ du flaconnier Saverglass. Récemment, notre journal dénonçait toute cette situation délétère pour l’ensemble des salariés, toutes catégories professionnelles confondues. Le décès du fils de Jacques Durand ne laisse personne indifférent ; début août dernier, le groupe annonçait une nouvelle organisation dans la direction de l’entreprise en quatre entités, si l’on peut dire : Business to business, (produits d’entreprise à entreprise), Amérique du Nord ; Europe ; Food service et international, tout cela au nom du recentrage du groupe alors que le séisme social des suppressions d’emplois par milliers continue ses ravages. C’est dans un contexte social déterminé que survient la mort du président d’Arc International, l’entreprise continue sous l’emprise de l’actionnariat familial, dit-on, du côté de la direction.

L’arrivée de Saverglass, annoncée fin juillet dernier, faisait dire aux cadres supérieurs de l’entreprise que cette unité va fabriquer - à l’arrivée juin 2008 - 90 000 tonnes de verre avec un effectif de 250 personnes, recrutées au sein d’Arc International. L’implantation d’une unité extérieure à Arc International sur le site historique d’Arques confirme les inquiétudes des syndicalistes, notamment, ceux de la CGT.

Cette année marque le dixième anniversaire de la disparition du fondateur Jacques Durand, dans un contexte de crise structurelle profonde. Le président du directoire Philippe Durand, déclarait, en mai dernier, “il faut aller plus loin, car nous n’avons pas atteint nos objectifs de profitabilité (...)” ; ce qui veut dire en clair la poursuite de “repenser l’entreprise” et la volonté de la direction d’asseoir son plan de licenciement, démarré en 2004. La plupart des départs en pré-retraite est financée par le même État et la CGT de mettre la décision de ces suppressions d’emplois transformées en préretraite sur un accord tacite avec le ministère du travail et la direction. Une réunion du suivi de ce plan de revitalisation (4,9 millions d’euros, une bagatelle au vu de la situation actuelle) s’est déroulée le 29 janvier en présence du préfet, des élus locaux et des syndicalistes. La CGT, par la voix d’Olivier Cheidler, alors secrétaire du comité d’entreprise, (remplacé en juin par un "autonome", ce qui fait le jeu de la direction) s’était montrée très critique envers un plan très réducteur qui ne prévoit qu’un peu plus de 100 emplois créés...

Des fondations solides ?

Ainsi, en reprenant un peu l’historique de ces dernières années, on notait un effectif de 12 000 personnes, voire un peu plus dans les années 2001, 2002. Le calage du plan de sauvegarde s’articule autour de l’accord de méthode signé le 21 décembre 2004, avec les effectifs de juillet 2004, (11700), qui faisait suite à l’annonce des 2659 suppressions d’emploi qui se sont traduits et devenus quelques semaines plus tard lors de la signature de l’accord de méthode, refusé par la CGT et FO, par 4000 suppressions d’emplois, d’ici 2008. Et la CGT de dénoncer la cassecontinue de l’emploi dans une des plus grandes entreprises privées du Nord/Pas-de-Calais, “alors, lorsqu’on soustrait, dit-il, les 4000 emplois des 11700, l’on obtient 7700, c’est la configuration à retenir. Actuellement, nous sommes au milieu de l’application du plan, (prévu sur quatre ans) avec les départs qui vont avoir lieu cette année et en 2008”. Pour le président du directoire, “legroupe doit retrouver des fondations solides comme voici quinzeans mais il aura une configuration différente” (...)

“À ce jour, rétorquait la CGT, nousavons déjà perdu 3000 emplois quise décomposent par 800 préretraites et le reste par des départsde toutes sortes ; il n’y a plus d’intérimaires.Le solde est en négatif, il reste encore 700 personnes qui vont partir en pré-retraite. La directionsait très bien qu’après 2008, il y aura toujours un sureffectif de 2000 personnes annoncées etidentifiées, pour lesquelles on atoujours dit qu’on ne licencierait pas avant le terme. Par contre, lorsqu’on pose la question de2009, (dans une grande entreprise, ça se prépare) la direction répond, on fera le point. En sachant que sur les quatre ans, et toujours selon les termes de l’accord de méthode, il fallait atteindre les 26 % de productivité, et faire un correctif majeur. Alors ? Deux personnes de premier plan s’effacent, le directeur général Europe, et la DRH Europe au 31 mai prochain. Le parcours de ces deux hauts cadres dirigeants est à situer dans l’histoire de l’entreprise familiale appartenant aux Durand dont le président du directoire. Le premier bilan qui s’impose est dramatique. Malgré les efforts des salariés, les résultats 2006 sont toujours négatifs à Arques. La délocalisation des productions et la politique de rachat dans la distribution sont un échec total. Aujourd’hui encore, les salariés souffrent d’un manque de considération. Aucune médaille du travail ne saurait faire oublier cette situation. Les salariés sont encore nombreux à subir les abus d’autorité des gradés, aussi méchants qu’imbéciles. Quant à l’exploitation des hommes, ce fléau n’est pas nouveau, il progresse avec la mondialisation.”

Implantations à l’étranger

Les implantations industrielles à l’étranger (Chine, Émirats arabes unis, Russie) sont pour Arc International, y compris avec une administration partagée comme en Chine, d’une importance capitale alors que l’emploi à Arques n’est que quantité négligeable. Processus contre les salariés, un processus s’engage à Arc International, c’est sûr, mais pas forcément en faveur des salariés. L’accord de méthode ? “Nous avons refusé de le signer, en tant que syndicalistes CGT, car au-delà de la forme, il y a le fond, commentait Olivier Cheidler. Et le fond, d’ici 2008, c’est la finalité évidente d’un plan de suppression de 4000 emplois. La situation est préoccupante et le mécontentement est général à l’intérieur de l’entreprise. Nous sommes dans un mouvement généralisé de stagnation, voire de réorientation complète des produits.”

Aujourd’hui, tout est chamboulé, l’arrivée d’un verrier, sur le territoire du numéro 1 mondial des arts

de la table, dont la tradition était le verre, provoque des remous importants. La succession de Philippe Durand est un problème supplémentaire, car il y a toujours, les conséquences de “l’accord de méthode” de l’automne 2004 qui prévoit 2700 départs (d’ici 2008) mais le sureffectif, malgré ces départs, pour la direction se situe à plus de 1300 personnes. En additionnant les deux chiffres, l’on arrive ainsi, à 4000 emplois supprimés. L’avenir s’annonce, donc, bien sombre, pour tous les salariés d’Arc International et toute la région Nord/Pas-de-Calais. L’entreprise, mais pas seulement, est confrontée à la mort de son président, Philippe Durand.

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