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Accord franco-tunisien : Refusons une politique d’enseignement supérieur néo-coloniale !

Publie le lundi 28 juillet 2008 par Open-Publishing

Le 21 juillet, une convention « d’appui à la professionalisation de l’enseignement supérieur et à l’insertion professionnelle » a été signée entre l’ambassadeur de France en Tunisie et un représentant du ministère des affaires étrangères tunisien.

Il nous faut constater que cet accord s’inscrit dans la lignée des lois françaises concernant les étudiant-e-s étranger-e-s, mais se conforme aussi aux orientations gouvernementales en matière d’enseignement supérieur.

D’une part, il s’agit donc de poursuivre les politiques migratoires mises en oeuvre depuis la création des « centres d’études en France » (devenus dernièrement les « campus-france ») : sélectionner les étudiant-e-s les plus riches afin qu’ils émigrent en Europe et puissent suivre des formations qui feront d’eux soit les élites dirigeantes occidentalisées de leurs pays d’origine, soit s’intégrer aux élites occidentales.

Cette politique implique bien évidemment que les plus défavorisé-e-s ne peuvent accéder à ces formations, d’où la mise en place de ce nouvel accord. Il s’agit en effet de faire en sorte que les établissements tunisiens d’enseignement supérieur se lient avec des entreprises locales, afin de faire correspondre leurs formations aux aspirations des groupes économiques locaux.

Or, on note que le Medef et l’Utica (union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat – équivalent du Medef) sont les premiers à s’être engagés dans la mise en oeuvre de cet accord. Il y a donc fort à craindre que le contrôle étroit exercé par les structures économiques françaises sur les entreprises tunisiennes, qui exerceront elles mêmes un contrôle sur les établissements d’enseignement supérieur, laisse perdurer une dépendance socio-économique (ce que l’on est donc en droit d’appeler des structures néo-coloniales).

Face à cette logique, il nous paraît donc nécessaire, en France comme en Tunisie, de refuser la soumission de l’enseignement supérieur et de la recherche aux seules lois du profit et de la rentabilité. Comme l’a prouvé le récent contre-sommet euro-méditerranéen, seule une politique de solidarité entre les étudiant-e-s et les travailleurs/euses pourra permettre de dépasser les lois migratoires et économiques néo-coloniales.

http://www.sud-etudiant.org