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Adieu à la gauche européenne ?

Publie le lundi 6 juin 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

A Managua (Nicaragua), du 18 au 20 mai dernier, s’est tenue la XVIIème édition du Forum de São Paulo réunissant 640 représentants de 48 partis et organisations politiques de gauche d’Amérique latine et des Caraïbes, ainsi que 33 invités de 29 partis d’Afrique, d’Asie et d’Europe. [1]

Dans sa résolution finale, le Forum s’est prononcé contre « la flagrante violation de la souveraineté de la Libye, dont le peuple est bombardé par les forces de l’OTAN ».

Il a caractérisé cette « attaque massive des puissances impérialistes du monde contre une seule nation, souveraine et indépendante » comme une atteinte à son « droit de choisir par elle-même le régime socio-économique qui lui convient... » - sans « impositions extérieures sur ses problèmes et conflits internes ».

Enfin, le Forum a exigé « l’arrêt de l’agression impérialiste contre le peuple libyen, en commençant avec la suspension des bombardements ».

LA TRAHISON DE LA GAUCHE EUROPEENNE

Cette position du Forum de São Paulo sur la Libye contraste avec celle de la gauche européenne.

Celle-ci aurait pu retarder ou rendre plus difficile l’agression tramée contre la Libye par le gouvernement des États-Unis et ses complices de l’OTAN. Mais, cédant à la pression médiatique, dans sa majorité, elle s’est ralliée à la nécessité d’une « intervention humanitaire » et a appuyé le schéma agressif de l’impérialisme.

Elle a ainsi dévoilé son ralliement à une idéologie de type néocolonial. [2]

Ce comportement est d’autant plus scandaleux qu’il s’accompagne d’un désintérêt à l’égard des massacres croissants de civils libyens par l’OTAN, des massacres au Yémen, au Bahreïn, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire.

La trahison de la gauche européenne sur le cas de la Libye marque un point de non-retour.

En fait, la gauche européenne, dans sa grande majorité, n’est pas intéressée par la réalité pratique et concrète des processus de changement en Amérique latine, en Asie et en Afrique.

Elle est confrontée à un déclin idéologique qui s’explique de diverses manières : sa coupure des secteurs populaires, le glissement à droite de la société européenne, un repositionnement défensif face aux émancipations du Sud, une condescendance par rapport aux gauches d’autres continents et une image « antitotalitaire » qu’elle pense devoir préserver sous la pression de la dictature médiatique...

Tant que la gauche européenne n’acceptera pas que le combat contre le système de domination impérialiste ait une préséance sur ses préventions, elle indiffèrera les peuples du Sud.

Or, de nombreuses tâches restent à accomplir pour combattre ce que le Forum appelle de « contre-attaque de l’impérialisme ».

Est-il nécessaire de perdre du temps avec la gauche européenne qui - dans des moments-clés - a démontré son impuissance à rompre avec l’impérialisme ? Ou faut-il l’abandonner à son narcissisme ?

JPD

Source : La partie commentaire de cet article est inspiré d’un texte de Dick Emanuelsson, Jorge Capelan et Toni Solo paru sur le site La Gente-Radio La Primerisima : http://www.radiolaprimerisima.com/blogs/581

[1] Le Forum a été créé en 1990 dans la ville de São Paulo (Brésil). Sa XVIIème édition coïncidait avec le 50ème anniversaire de la fondation du Front sandiniste de libération nationale du Nicaragua. Parmi les présents, le Parti des travailleurs (Brésil), le Front Farabundo Marti (Salvador), Le Mouvement de la gauche unie (République dominicaine), le Parti communiste de Cuba, le Parti socialiste uni (Venezuela), le Parti révolutionnaire dominicain, des représentants de la résistance hondurienne et Rigoberta Menchú, prix Nobel de la paix. Le Parti communiste du Vietnam figurait parmi les invités.

[2] Le Forum s’est montré également soucieux de la persistance du colonialisme sur le continent américain et notamment de la domination française sur la Martinique, la Guadeloupe et la « Guyane française ».

http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/archive/2011/06/01/adieu-a-la-gauche-europeenne.html

Messages

  • La "gauche Européenne" est un objet politique non identifié (OPNI).

    Il est par ailleurs temps que les pays du Sud fassent voler en éclat l’ONU qui a tout de même autorisé la guerre contre la Lybie en violation flagrante de sa propre Charte. Place aux actes : les déclarations de bonnes intentions ne suffisent plus tellement il est clair que les Obama, Sarkozy, Cameron n’en tiennent aucun compte. D’autant que la complicité tacite de la Chine et de la Russie leur facilite grandement la tâche.

  • Tant que la gauche ne trouvera pas d’autre voie que le profit pour financer, via l’impot, le social, la culture, l’education (...), elle ne pourra construire de veritable projet au sein duquel elle soit acteur. De mon point de vue, gauche et droite sont comme les deux mains d’un corps : inseparables. Si l’activite economique et/ou la finance permettent de degager des benefices, il est possible d’envisager collectivement leur emploi. Apres on peut parler de democratie, le chef et l’elite gouvernent et le peuple valide leur projet : en amont, pour la conception, pendant, lors de la realisation et en aval lors de l’evaluation et de l’eventuel renouvellement. Bon apres bien sur la gauche et la droite sont differenciables, comme mes deux mains d’ailleurs. La gauche c’est la masse (anciennement la plebe) et la droite c’est les representants. A gauche, on retrouve le social, l’education, la culture (...) et a droite, il y a : la finance, l’economie, l’industrie (...). Ce qui est commun c’est le travail et l’emploi ; a mon avis c’est la dessus que les divergences doivent etre etablies et que le debat public doit avoir lieu. En urgence, il faut d’ailleurs aborder la question de la main d’oeuvre... Si la solution est hors des frontieres (ce que je crois avec l’immigration), alors la France se positionnera naturellement au sujet de la mondialisation et de la place de la France, en Europe, dans le monde... Si l’image de ce pays est plutot bonne, pourquoi envisager des ruptures de liens ?