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Affaire Posada : le complot continue

Publie le mercredi 23 mai 2007 par Open-Publishing

Affaire Posada : le complot continue
PAR JEAN-GUY ALLARD, de Granma international

TANDIS que les avocats de Luis Posada Carriles manoeuvrent à Newark, New Jersey, pour éviter à cet assassin d’être inculpé pour terrorisme, ce qui provoquerait sa détention, l’ex-président salvadorien Francisco Flores qui l’a parrainé, se réunit à Miami avec les caïds de la FNCA, cette même fondation qui a ordonné les attentats de La Havane.

Dans un texte où on relate une entrevue accordée par l’avocat mafieux Arturo Hernandez, en présence du terroriste, le lundi le 14 mai, le quotidien de Miami El Nuevo Herald, confident de la faune mafieuse, rapporte que l’enquête du Grand Jury réuni à Newark, tire à sa fin.

Il précise que, « selon des sources liées au dossier », on pourrait « porter des accusations de financement d’actions qui transgressent la loi de la neutralité étasunienne ».

L’omission du journal mafieux est plus que significative. On ne fait pas référence à la possibilité réelle d’une accusation de terrorisme contre le délinquant international. C’est tout simplement qu’une telle conclusion conviendrait à Posada et à ses avocats. L’enquête, très longue, se penche sur les attentats de La Havane que Posada a organisés pour la Fondation nationale Cubano Américaine (FNCA), depuis l’Amérique centrale.

MAS SANTOS À WASHINGTON

Jeudi le 24 août 1998, les deux principaux leaders de la FNCA se rendaient au Département d’État dans le but de négocier avec de hauts fonctionnaires l’inculpation imminente de deux de leurs dirigeants en rapport avec le complot de La Esperanza.

Jorge Mas Santos, fils du fondateur de la FNCA, et président du conseil de direction de cette organisation, Alberto Hernandez, se sont réunis avec le sous-secrétaire d’État, Stuart Eizenstat, pour éviter que Francisco Pepe Hernández et José Antonio Llama se retrouvent parmi les accusés.

Bien que les archives du Bureau fédéral des enquêtes (FBI) indiquaient où et comment il avait acheté l’arme de gros calibre en 1994, Pepe Hernandez ne fut jamais inculpé.

Tout indique que l’arrangement avec ceux qui prennent les vraies décisions, a consisté à sortir Pepe du dossier, pour sauver l’image de la Fondation, et d’abandonner Llama, éternelle victime des conspirateurs, histoire de donner une certaine crédibilité à la position du gouvernement.

Il demeurait cependant un autre problème, identique à celui que l’on observe maintenant à Newark. Les avocats des inculpés espéraient que les accusations présentées contre leurs clients seraient d’avoir violé la Loi de neutralité des États-Unis : les condamnations pour une telle accusation se négocient toujours à moins de cinq ans de prison.

Le ministère public, représenté par un avocat connu comme incorruptible, Miguel Pereira, a maintenu une position ferme et a accusé les conspirateurs de tentative d’assassinat d’un chef d’État et de conspiration pour assassinat. Cette accusation peut entraîner une peine maximale de prison à perpétuité, tout comme une accusation de terrorisme.

Évidemment, le tribunal, manipulé par ce même réseau mafieux qui couvre toujours Posada — impliqué dans le complot mais jamais dénoncé comme tel — a libéré tous les accusés sous caution, pour les acquitter à la fin du procès.

Un des accusés de La Esperanza, Angel Alfonso Aleman, est aujourd’hui conseiller du congressiste Albio Sires, qui fut durant des années maire de la ville de West New York, connue pour être, dans la région, le sanctuaire de la pègre cubano-américaine.

QUE SE PASSERA-T-IL DONC À NEWARK ?

On sait très bien que le FBI possède un nombre énorme de preuves démontrant que Posada Carriles a commis les actes de terrorisme qui se sont conclus par la mort d’un jeune touriste, Fabio di Celmo, un nombre important de blessés et des dommages matériels considérables.

Une accusation de terrorisme ou de conspiration pour commettre des actes de terrorisme sera-t-elle déposée ou… le ministère public, conseillé par le Département de la justice d’Alberto Gonzales, se limitera-t-il à une accusation de violation de la Loi de la neutralité ?

Tout indique que la mafia anti-cubaine et son personnel ont déjà commencé à mettre en branle les influences politiques et mafieuses dans le dossier.

Comme à El Paso — où, au début, souvenez-vous, l’avocat de Posada, Eduardo Soto, ne se présentait pas en cour, prétextant attendre des réponses de Washington — à Newark les tractations se déroulent tant du côté du Grand Jury et du bureau du procureur du New Jersey que dans la capitale fédérale.

Si au New Jersey, le staff juridique de la mafia ne parvient pas à « négocier » avec autant de succès qu’à El Paso, il restera au Clan Bush de recourir aux habituelles procédures dilatoires pour reporter l’affaire jusqu’au lendemain des présidentielles de 2008, tout en souhaitant que, entre-temps, le terroriste sorte du pays, légalement ou illégalement, ou que la nature se charge d’archiver définitivement le dossier.

FLORES AVEC SES COMPLICES

La FNCA qui a organisé, orienté et financé les attentats de La Havane, recevait ce samedi à Miami, à son banquet annuel du 20 mai, l’ex-président du Salvador, Francisco Flores, qui durant des années a couvert les activités terroristes contre Cuba encouragées depuis le territoire nord-américain.

Qu’est venu faire cet « ex » en Floride ?

Le Salvador, où Posada a conspiré durant plus d’une décennie, profitant de protection et impunité, reste une solution pour une sortie intempestive — légale ou illégale — de l’agent de la CIA qui fut conseiller à la sécurité du président Napoleon Duarte.

On se rappellera toujours de Flores pour avoir été le premier président à reconnaître le gouvernement putschiste de Pedro Carmona, au Venezuela.

Cette fin de semaine, Flores a reçu un accueil délirant de la part de la direction de la FNCA et il a embrassé avec effusion Jorge Mas Santos, le président du conseil de direction, et son alter ego… José Pepe Hernandez. Ce même Pepe qui a échappé opportunément, en 1997, à la saga assassine de La Esperanza. Et qui a offert à Percy Alvarado, l’agent Frayle de la Sécurité cubaine, 10 000 dollars pour faire sauter le cabaret Tropicana.

Procès reporté pour cinq complices du terroriste

ENTRE-TEMPS à El Paso, la farce continue. Le juge fédéral David Briones vient de décider de reporter au 20 août les procès pour outrage à la justice de quatre complices de Posada.

La décision a été prise à la demande de l’accusé et terroriste notoire Ernesto Abréu. Le début du procès était jusqu’ici fixé au 29 mai.

Abréu sera jugé avec deux proches collaborateurs de Posada, Santiago Alvarez Fernandez-Magriñá et Osvaldo Mitat, qui purgent respectivement des peines de quatre et trois de prison pour possession d’armes illégales.

Motif de la requête admise par Briones : la défense et le ministère public « négocient une solution » à l’affaire.

Dans un autre épisode de cette scandaleuse saga judiciaire, la juge Kathleen Cardone, celle-là même qui a libéré Posada quelques tours plus tôt, a maintenant décidé de reporter le procès de José Hilario Pujol, 76 ans, et Rubén López Castro, de 67, au 22 août. Pour le même motif !

Des « négociations » avec le ministère public ont permis à Alvarez et Mitat de voir leur libération se rapprocher, avec la réduction de leur condamnation en échange de la remise d’une quantité extra d’armements.

http://www.granma.cu/frances/2007/m...