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Affectueux Message De Soutien De Marie-Ségolène Royal Aux Palestiniens : "Une Construction Est Justifiée"

Publie le jeudi 7 décembre 2006 par Open-Publishing
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de Sébastien Fontenelle

Ce qu’il y a de bien, avec Marie-Ségolène Royal, c’est qu’elle est gentille avec tout le monde.

Elle comprend les problèmes des gens.

Elle est gentille avec tous les gens qui ont des problèmes - au Proche-Orient, notamment.

Pendant sa visite en Israël, où elle s’est, “Le Monde” l’a révélé, “drapée dans les habits d’un chef de l’Etat potentiel” en revendiquant une “phase préparatoire de futures responsabilités”", Marie-Ségolène Royal a, par exemple, constaté que le “mur de séparation” (appellation officielle) que le gouvernement israélien construit en Cisjordanie pose un “problème”.

Ou plutôt : “Un problème de tracé”.

La nuance est d’importance : elle est destinée à marquer, très clairement, que du point de vue de Marie-Ségolène Royal, qui diffère donc assez peu de celui de Condoleeza Rice (mais qui s’en étonnera), le mur en lui-même ne pose aucun “problème” particulier.

Marie-Ségolène Royal en trouve même le principe assez plaisant, puisque nécessité fait loi : “Quand c’est nécessaire pour la sécurité, une construction est justifiée, encore faut-il que les choses se passent en bonne entente”.

Notez le mot “construction”, qui ressemble assez à ce que nous pourrions appeler un doux euphémisme.

Notez aussi (et surtout) le “bonne entente”, qui sonne ici comme une sinistre plaisanterie...

Marie-Ségolène Royal, ou la géopolitique pour cours de récré, avec de gros morceaux d’ineptie(s), garantie(s) 100% bio.

Essayons de lui rappeler ici deux ou trois minuscules détails : ça pourrait l’aider à mieux appréhender des réalités qui, manifestement, la dépassent, et, partant, à moins divaguer, la prochaine fois qu’elle se drapera dans sa vêture de chef de l’Etat potentiel.

(Nous nous appuierons, pour ce faire, sur un article passionnant de Monique Chemillier-Gendreau, publié au printemps dernier par la “Revue d’études palestiniennes” (1))

Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de Justice (CIJ), organe judiciaire de l’ONU, a rendu un avis sur les “conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé”.

La “construction” chère à Marie-Ségolène Royal.

Cet avis souligne, observe Monique Chemillier-Gendreau, “les violations caractéristiques, massives et prolongées du droit international auxquelles se livre Israël et que l’édification du mur renforce”.

Le mur est illégal, et la CIJ, contrairement à Marie-Ségolène Royal, “ne considère pas que l’argument de la légitime défense ni celui relatif à la sécurité puissent exonérer Israël de ses obligations internationales”.

La CIJ relève, certes, comme la championne de nos “socialistes” pour 2007, que le tracé du mur pose, en effet, un problème - et un gros, en vérité, puisque ce tracé, d’après la Cour, “est précisément fait pour inclure les colonies de peuplement et incorpore dans la zone fermée 80% des colons illégalement implantés dans les territoires, alors que 160.000 Palestiniens résideraient dans des agglomérations presque entièrement enclavées”.

Ce menu problème de tracé met donc les Palestiniens devant un “fait accompli” (cette expression est de la CIJ) en forme d’”obstacle grave à l’exercice de (leur) droit à l’autodétermination”.

Mais ce n’est pas tout, contrairement à ce que pense Marie-Ségolène Royal.

Outre ces minuscules vétilles spécifiquement relatives au tracé de la “construction”, la CIJ relève que “l’édification du mur s’inscrit dans une situation d’occupation militaire et renforce de nombreuses violations du droit applicable dans ce cas : destructions et réquisitions des propriétés, restrictions importantes à la liberté de circulation des habitants du territoire palestinien occupé (à l’exception des ressortissants israéliens), sérieuses répercussions sur la production agricole, et par là sur le droit à l’alimentation, difficulté d’accès aux services de santé, aux établissements scolaires et à l’approvisionnement en eau, nécessité de fermeture de nombreux négoces (600 au moment où l’avis est prononcé) et donc le départ contraint de 6.000 à 8.000 personnes”.

La concusion de la CIJ, dont l’avis n’a aucune valeur contraignante, est que le gouvernement israélien doit mettre fin à cette situation, et réparer les torts, considérables, causés par l’édification du mur.

Tel n’est manifestement pas l’avis de Marie-Ségolène Royal, qui, lorsqu’elle entérine sans barguigner la théorie du mur sécuritaire, rallie de fait la position de George W. Bush, et, bien évidemment, de Ronald N. Sarkozy.

Marie-Ségolène Royal est donc plutôt mal fagotée, dans ses frusques de chef de l’Etat potentiel - mais en même temps, allez savoir pourquoi, je ne suis pas complètement surpris de cette nouvelle vérification du (fameux) théorème de Bourdieu : “Ségolène Royal est de droite”...

(1) “Le mur et ses conséquences juridiques”, par Monique Chemillier-Gendreau, “Revue d’études palestiniennes”, n°99, printemps 2006.

Cet articlle a été publié le 7 Thursday December 2006 à 12:56 dans la catégorie Sébastien Fontenelle. Vous pouvez suivre les commentaires grâce au flux RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

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