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Afghanistan, Irak, des caricatures de (nos) démocraties au trait à peine forcé

Publie le dimanche 5 février 2006 par Open-Publishing
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Ce qui se passe en Afghanistan donne l’occasion aux journalistes politiques, spécialistes des temps d’antennes dédiés aux guerres à travers le monde, de décrire ces lieux chaotiques, ces populations chaotiques, ces administrations corrompues et chaotiques et d’enchaîner sur la conduite à tenir de la part des occidentaux qui tentent « d’offrir » la démocratie dans ce type de pays.

Rarement un réel parallèle est fait entre notre mode de gouvernement considérés comme modèle et ce qui se passe dans ces contrées lointaines. Apparemment il n’existe aucun point commun entre notre ordre relatif et ces chaos.

Pourtant, une analyse fine de ce qui est assez bien décrit et compris, permettrait de voir que nous ne sommes pas très loin de cela même que nous jugeons inacceptable du point de vue des populations.

Récemment, lors de l’émission « L’esprit public » (dimanche 5 février 2006, sur France Culture ) les journalistes présents évoquaient les errements de la démocratie en Afghanistan, la corruption des administrations, la simple légitimation des chefs de guerres et de tribus grâce au statu de « députés élus par le peuple » lequel conférait ainsi le label démocratique aux anciennes élites traditionnelles.

S’agit-il réellement, comme Yves Michaud (philosophe), Jean-Louis Bourlanges (député européen) , Max Gallo (romancier et essayiste) et Michaela Wiegel (journaliste allemande) d’un détournement inédit ?

Observons un peu mieux ce qui se passe dans les différentes nations occidentales et l’on s’apercevra que ce qui apparaît actuellement autant en Afghanistan qu’en Irak n’est qu’une caricature de ce qui existe dans nos pays.

Qui sont nos députés ? Ne sont-ils pas en grand nombre les héritiers en ligne plus ou moins directe (ministres et dirigeants à particules) de ceux que la révolution avait comme projet de renverser (voir bien plus ...) ou de la haute bourgeoisie qui leurs a arraché quelques places.
La démocratie n’est elle pas, de manière plus subtile bien sur, confisquée de la même manière dans nos pays par des chefs de guerres.
Le système n’est-il pas court-circuité à la base ? par le principe même d’élection des candidats au sein des partis qui conduit précisément à ce qu’un petit nombre - une toute petite minorité - choisisse celui sur lequel le vote des citoyens pourra se prononcer.

Il est étrange que nous ne soyons pas capable de voir à quel point ces démocraties transplantées sont proches des nôtres.
Ainsi, leur échec actuel n’est il pas seulement le résultat des circonstances particulières de leur « introduction forcée » mais aussi en grande partie dû au greffon lui-même que les nations occidentales en Afghanistan et les USA seuls, en Irak, ont voulu faire prendre sur le sol de ces deux pays.
Dans cet essai de transfusion, le sang lui-même était contaminé.

Ces pays sont effectivement malades mais d’une affection qui nous touche également profondément et qui se révèle de façon moins soudaine - nous avons moins de recul pour le constater - mais avec des conséquences qui, à terme, s’averrent tout aussi funestes car c’est peu à peu mais de façon constante et progressive que le principe même de la démocratie se trouvera miné dans son fondement, pourri par ses racines et asphyxié au niveau de ceux qui deviennent les nouveaux « grands électeurs » de la république.


Pour poursuivre cette réflexion sur l’écart apparent entre l’injonction et le réalisé,
Il est à remarquer que l’Afghanistan s’est parfaitement adaptée aux principes de l’économie moderne, même si c’est dans une forme relativement classique, puisque le pays s’est orienté vers une production intensive orientée vers un produit de luxe majoritairement à destination des pays occidentaux : la drogue
Produit qui correspond tout à fait aux recommandations des économistes patentés en ce qui concerne l’adaptation aux marchés mondiaux saturés de marchandises bas de gamme, puisqu’il s’agit d’un produit à haute valeur ajoutée.

(L’économie de la drogue représente, en effet, environ 60 % du PIB - chiffre qui n’a été égalé par aucun autre pays, pas même par la Colombie, premier producteur mondial de cocaïne, dont la part n’excéda jamais les 7%.
source -http://www.afghana.org/html/article...
)


Luc Comeau-Montasse

du fagot des Nombreux
 http://www.garde-a-vue.com/

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