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Afghanistan : Karzaï mal réélu ?

Publie le mercredi 9 septembre 2009 par Open-Publishing

Selon les derniers résultats partiels en Afghanistan, Hamid Karzaï se dirige vers un second mandat à la tête de l’Etat. Mais la Commission des plaintes électorales fait état de "preuves claires et convaincantes" de fraudes.

Probablement réélu à la tête de l’Afghanistan, Hamid Karzaï pourrait rapidement se trouver affaibli. En cause : les "preuves claires et convaincantes" de l’existence de fraudes, relevées par la Commission des plaintes électorales, dirigée par un Canadien et dont les membres ont pour l’essentiel été nommés par les Nations unies. Les bulletins de 600 bureaux de vote - sur les 25 450 ouverts le jour du vote - ont d’ores et déjà été annulés. Et la Commission a ordonné un nouveau décompte avant la publication des résultats définitifs. Celui-ci porte sur les bureaux de vote où le taux de participation flirte avec les 100%, où plus de 600 suffrages ont été exprimés et où un candidat à dépassé les 95% des bulletins déposés par 100 votants au moins.

Initialement prévus le 17 septembre – seule la Commission des plaintes électorales est habilitée à proclamer les résultats définitifs – ils pourraient ne pas être connus avant deux ou trois mois. En attendant, c’est bien vers une victoire de Hamid Karzaï dès le premier tour que le pays se dirige. Selon de nouveaux résultats partiels publiés mardi et portant sur 91,6% des bureaux de vote, le président sortant l’emporte avec 54,1% des suffrages contre 28,3% pour son rival Abdullah Abdullah.

L’Otan reconnaît des victimes civiles

Mais les fraudes relevées par la Commission – auxquelles s’ajoutent probablement les "faux" bureaux de vote dont l’existence virtuelle a été révélée par le New York Times la semaine dernière – entachent, peut-être durablement, la crédibilité du futur gouvernement Karzaï. Le représentant spécial de l’ONU en Afghanistan, Kai Eide, ne s’y est pas trompé, rappelant mardi que "l’intégrité de ces élections [était] de la plus grande importance pour l’Afghanistan et ses partenaires internationaux". Car si des fraudes massives étaient avérées, ce serait également un échec pour la communauté internationale, qui comptait sur une élection transparente pour stabiliser les institutions afghanes - en leur confiant davantage de responsabilités - et la situation sur le terrain.

Comme en écho à ce constat, quelques heures avant la publication des résultats, un attentat suicide à la voiture piégée a fait trois morts devant une base militaire de l’aéroport de Kaboul. La coalition internationale a par ailleurs enregistré de nouvelles pertes. Quatre soldats américains ont été tués mardi dans un affrontement dans la province de Kanar, dans l’Est du pays. L’Otan s’est par ailleurs attiré la colère de la population locale après le raid de Kunduz vendredi. L’Alliance a reconnu mardi que plusieurs civils avaient été tués et blessés dans le bombardement ordonné par le commandement allemand, sans toutefois donner de bilan exact. Les différentes sources font état de 56 à 150 morts. La chancelière allemande, Angela Merkel, a dit "regretter profondément" qu’il y ait eu des victimes civiles, tout en rejetant, devant le Parlement et à trois semaines des élections législatives, "les jugements hâtifs". Dans ce contexte, les opinions publiques européennes et américaine sont de plus en plus hostiles à la présence de leurs soldats sur le sol afghan. En France, le PS a de nouveau demandé qu’un débat sur le sujet soit organisé au Parlement.

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