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Aggravation brutale de la crise systémique globale.
Publie le mardi 16 février 2010 par Open-Publishing4 commentaires
Pour LEAP/E2020, l’effet des milliers de milliards dépensés par les Etats pour « traverser la crise » aura fait long feu. Ces sommes immenses auront permis de ralentir pendant quelques mois l’évolution de la crise systémique globale ; mais, comme anticipé dans les GEAB précédents, cette stratégie n’aura servi in fine qu’à entraîner définitivement les Etats dans la crise générée par les institutions financières.
Notre équipe anticipe donc dans ce GEAB N°42 une aggravation brutale de la crise pour le second trimestre 2010, générée par un double effet de rattrapage des phénomènes qui ont été provisoirement « gelés » au deuxième semestre 2009, et d’impossibilité de maintenir les mesures palliatives de l’année passée.
D’ailleurs, en ce mois de Février 2010, un an après notre annonce que la fin de l’année 2009 allait marquer le début de la phase de dislocation géopolitique mondiale, chacun peut constater qu’un tel processus est bien en cours : Etats au bord de la cessation de paiement, montée inexorable du chômage, chute de millions de personnes hors des filets de protection sociale, baisses de salaires, suppressions de services publics, désagrégation du système de gouvernance globale (échec du sommet de Copenhague, confrontation croissante Chine/USA, retour du risque de conflit Iran/Israël/USA, guerre monétaire globale, etc…) (1).
Pourtant, nous ne sommes qu’au tout début de cette phase dont LEAP/E2020 fournira un calendrier anticipatif dans le prochain numéro du GEAB.
L’aggravation brutale de la crise systémique globale va ainsi être caractérisée par une accélération et/ou un renforcement de cinq tendances négatives fondamentales :
1. l’explosion de la bulle des déficits publics et la montée corollaire des cessations de paiement d’Etats ;
2. la collision fatale du système bancaire occidental avec la montée des défauts de paiement et le mur des dettes arrivant à maturité ;
3. l’inéluctable remontée des taux d’intérêts ;
4. la multiplication des sujets de tension internationale ;
5. l’insécurité sociale croissante.
Dans ce GEAB N°42, notre équipe développe les trois premières tendances de cette évolution et présente une anticipation sur l’évolution de la Russie face à la crise ; avec bien entendu nos recommandations mensuelles. Et dans ce communiqué public, nous avons choisi d’analyser le « cas grec », d’une part, parce qu’il nous paraît emblématique de ce que nous réserve l’année 2010 ; et, d’autre part, car il illustre parfaitement l’évolution de l’information sur la crise mondiale dans le sens d’une « communication de guerre » entre blocs et intérêts de plus en plus conflictuels. En clair, c’est un « must » pour parvenir à déchiffrer l’information mondiale des mois et des années à venir qui va être un vecteur croissant d’opérations de manipulation.
Venons-en maintenant au « cas grec » qui agite les médias et les experts depuis quelques semaines. Mais avant d’entrer dans le détail des évolutions à l’oeuvre, précisons tout de suite cinq points essentiels de notre anticipation en la matière :
1. Comme indiqué dans nos anticipations pour l’année 2010, parues dans le GEAB N°41, le problème grec aura disparu des radars médiatiques internationaux d’ici quelques semaines. C’est l’arbre utilisé pour cacher à la fois une forêt bien plus dangereuse de dettes souveraines (celles de Washington et Londres), et le début de rechute de l’économie mondiale, Etats-Unis en tête (2).
2. Le problème grec est une question interne à la zone Euro et à l’Union Européenne. La situation actuelle offre une occasion unique aux dirigeants de la zone Euro d’obliger enfin la Grèce (pays qu’on qualifie d’ « élargissement raté » depuis 1982) à sortir de sa féodalité politique et économique. Les autres pays de la zone Euro, Allemagne en tête, vont tout faire pour obliger les élites grecques à adapter leur pays au XXI° siècle en échange de leur aide. Ce faisant, jouant du fait que la Grèce ne représente que 2,5 % du PNB de la zone Euro (3), ils explorent les mécanismes de stabilisation en temps de crise dont la zone Euro a besoin (4).
3. Les dirigeants et les médias anglo-saxons utilisent la situation (comme l’année dernière avec le soi-disant tsunami bancaire venu d’Europe de l’Est qui allait emporter la zone Euro (5)) pour masquer l’évolution catastrophique de leurs économies et de leurs dettes publiques, et pour tenter d’affaiblir l’attractivité de la zone Euro à un moment où USA et Royaume-Uni ont un mal croissant à attirer les capitaux dont ils ont un besoin urgent. Parallèlement, Washington et Londres (qui, depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, est totalement exclu de la gouvernance de l’Euro) seraient ravis de voir le FMI, qu’ils contrôlent parfaitement (6), s’introduire dans la gouvernance de la zone Euro.
4. Les dirigeants de la zone Euro sont actuellement ravis de voir l’Euro baisser à 1,35 par rapport au Dollar. Ils savent très bien que ce n’est pas durable puisque le problème tendanciel est l’effondrement de la valeur du Dollar (et de la Livre sterling), mais ils apprécient ce « ballon d’oxygène » pour les exportateurs.
5. Les spéculateurs (hedge-funds et autres) et les banques largement engagés en Grèce (7) ont un intérêt conjoint à essayer de provoquer un soutien financier rapide de l’Eurozone à la Grèce car, si jamais les Européens refusent de se ruer sur le chéquier (à la manière scandaleuse d’un tandem Paulson-Geithner avec AIG et l’ensemble de Wall Street en 2008/2009), les agences de notation leur auront involontairement joué un sale tour. En effet, la dégradation des notes de la Grèce plonge ce petit monde dans les affres de pertes financières importantes si, pour les banques, la valeur de leurs prêts à la Grèce se trouve diminuée d’autant, ou si leurs paris contre l’Euro ne fonctionnent pas à terme (8).
Dans le « cas grec », comme dans toute aventure à suspens, il faut un « méchant » (ou pour reprendre la logique de la tragédie antique, un « deus ex machina »). Or, dans cette phase de la crise systémique globale, le rôle du « méchant » est en général tenu par les grands banques d’investissement de Wall Street, et plus particulièrement par leur chef de file, Goldman Sachs. Et le « cas grec » n’échappe pas à la norme puisqu’il apparaît que la banque d’affaire new-yorkaise a été directement impliquée dans le tour de passe-passe budgétaire qui a permis à la Grèce de se qualifier pour entrer dans l’Euro alors que ses déficits budgétaires réels auraient dû la disqualifier. Et oui ! C’est Goldman Sachs qui, en 2002, a mis sur pieds un de ces montages financiers astucieux dont elle a le secret (9) et qui, de manière presque systématique désormais, se retournent quelques années plus tard contre le client lui-même. Mais, qu’importe du moment que GS (Goldman Sachs) a pu accroître son profit !
Dans le cas grec, ce que la banque d’affaire Goldman Sachs a proposé était très simple : monter un prêt invisible du point de vue budgétaire (accord Swap qui permettait de réduire fictivement l’ampleur du déficit public grec) (10).
La responsabilité des dirigeants grecs de l’époque est bien entendu totalement engagée et ils devraient, selon LEAP/E2020, être soumis à des enquêtes politiques et judiciaires grecques comme européennes pour avoir trompé l’UE et leurs propres citoyens dans le cadre d’un processus historique majeur, la création de la monnaie unique européenne.
Mais, soyons très explicite, la responsabilité de la banque d’affaire new-yorkaise (pour complicité) l’est tout autant, surtout quand on sait que le vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs à l’époque était un certain Mario Draghi (11), actuel président de la Banque Centrale d’Italie, et actuel candidat (12) à la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque Centrale Européenne (13).
Sans préjuger du rôle de Mario Draghi dans l’affaire du prêt manipulateur de statistiques à la Grèce (14), on peut se demander s’il ne serait pas utile de le questionner sur ce sujet (15).
En démocratie, la presse (16) comme les parlements (en l’occurrence, grec et européen) sont censés se charger de cette tâche. Etant donnée l’importance prise par Goldman Sachs dans les affaires financières mondiales ces dernières années, rien de ce que cette banque fait ne devrait laisser indifférents les gouvernements et les législateurs. C’est d’ailleurs Paul Volcker, l’actuel patron des conseillers économiques de Barack Obama, qui est devenu l’un des censeurs les plus stricts des activités de Goldman Sachs (17).
Or, comme nous avions déjà eu l’occasion de l’écrire au moment de l’élection de l’actuel président américain, c’est la seule personne dans son entourage qui possède une expérience et une aptitude à prendre les mesures difficiles (18) et qui, en l’occurrence, sait de quoi, ou plutôt de qui, il parle.
Dans cette même logique, et avec l’illustration du rôle néfaste de Goldman Sachs et des grandes banques d’affaires en général, en matière de transparence des activités financières et budgétaires publiques, LEAP/E2020 estime qu’il serait très utile à l’Union Européenne et à ses cinq cents millions de citoyens, d’interdire l’accès de toutes les fonctions dirigeantes financières, budgétaires et économiques (BCE, commission, banques centrales nationales) aux anciens responsables de ces mêmes banques d’affaires (19).
La confusion des genres ne peut mener qu’à une plus grande confusion des intérêts publics et privés, qui ne peut se faire qu’au détriment de l’intérêt public européen.
Pour commencer, la zone Euro pourrait d’ailleurs demander dès aujourd’hui au gouvernement grec d’arrêter de recourir aux services de Goldman Sachs puisque d’après le Financial Times du 28/01/2010, Athènes continue toujours à recourir à leurs services.
Si le patron de Goldman Sachs se prend pour « Dieu » comme il l’a dit dans une récente interview (20), il est sage de supposer que sa banque et ses homologues peuvent se comporter comme des diables, et donc de se prémunir en conséquence. Ce conseil, selon notre équipe, est valable pour l’Europe mais aussi pour tous les autres continents. Il y a des « services privés » qui vont contre l’ « intérêt collectif » : demandez aux citoyens grecs et aux propriétaires américains de maisons saisies par les banques !
En conclusion, notre équipe propose un jeu édifiant à ceux qui veulent savoir où se trouve la prochaine crise de dette souveraine : cherchez quel Etat a eu recours à Goldman Sachs ces dernières années, et vous aurez une piste sérieuse (21) !
Notes :
(1) Les récentes déclarations de l’ancien secrétaire d’Etat au trésor de G. W. Bush, Hank Paulson, selon lesquelles la Russie et la Chine auraient comploté pour faire chuter Wall Street à l’automne 2008 illustrent le degré de méfiance qui habite désormais les grands acteurs globaux. Source : DailyMail, 29/01/2010
(2) Depuis quatre ans, notre équipe expose régulièrement les aberrations du système de mesure du PNB des Etats-Unis ; nous ne reviendrons donc pas ici sur cet aspect très « grec » des statistiques américaines. Pour ce qui est de l’évolution de l’économie américaine dans les prochains mois, il suffit de constater que l’indice sectoriel du tonnage des transporteurs routiers est en chute libre en Janvier 2010, comme il l’avait été en fin de premier semestre 2008. Source : USAToday, 11/02/2010
(3) Voir le graphique ci-dessous pour ramener le « cas grec » à de justes proportions en matière de PIB de la zone Euro.
(4) Et dont le GEAB souligne la nécessité depuis quatre ans, ainsi que le large soutien public (à plus de 90 % en moyenne d’après les GlobalEuromètres mensuels) dont bénéficierait une gouvernance économique de la zone Euro.
(5) Nous rappelons à ce sujet que le GEAB n°33, au Printemps 2008, avait été l’un des rares médias a dénoncer le caractère mensonger et manipulateur de la grande peur d’un « tsunami bancaire » venu d’Europe de l’Est et qui était supposé emporter le système bancaire de la zone Euro. A l’époque, l’Euro avait plongé à des niveaux bien plus bas que ceux d’aujourd’hui … pour se relever quelques semaines plus tard. Nous invitons d’ailleurs ceux qui souhaitent bien comprendre la situation médiatique actuelle à relire le communiqué public du GEAB N°33.
(6) Et le fait qu’un Français soit à sa tête ne change rien à cette situation.
(7) Sources : Le Figaro, 12/02/2010
(8) Cela dit, en la matière, la manipulation médiatique est remarquable. Ces derniers jours, on a vu/lu/entendu un peu partout que des sommes énormes étaient engagées contre l’Euro (pariant l’Euro à la baisse) … soit huit milliards de Dollars US. En fait de « sommes énormes », c’est une goutte d’eau dans l’océan du marché mondial des changes qui chaque jour se monte à plusieurs centaines de milliards USD. Source : Financial Times, 08/02/2010
(9) Dans le même esprit hautement constructif pour les pays où elle exerce que celui qui l’a conduit aux Etats-Unis en 2006/2007 à jouer à la baisse pour son propre compte les produits financiers basés sur l’immobilier qu’elle vendait à ses clients.
(10) Sources : Spiegel, 08/02/2010 ; Le Temps|1, 13/02/2010 ; Reuters, 09/02/2010
(11) Pendant la préparation de l’entrée de l’Italie dans l’Euro, Mario Draghi était directeur général du Trésor italien. Sources : Banque d’Italie ; Wikipedia ; Goldman Sachs.
(12) Très activement soutenu par les milieux financiers londoniens et américains comme nous nous en étions déjà fait l’écho, il y a quelques mois, dans notre bulletin… et bien entendu par Silvio Berlusconi. Source : Sharenet/Reuters, 10/02/2010
(13) Son concurrent le plus sérieux est Axel Weber, actuel patron de la Bundesbank.
(14) Quoiqu’il serait étonnant que le patron pour l’Europe de la banque en charge d’un prêt destiné à masquer une partie du déficit public d’un pays, et lui-même ancien patron du Trésor d’un pays voisin, ne soit pas au courant de l’opération.
(15) Et, au vu de ses responsabilités passées, on ne peut qu’apprécier son sens de l’humour lorsqu’il appelle à un renforcement de la gestion économique de la zone Euro. Source : Les Echos, 13/02/2010
(16) Qui se contente pour l’instant de recopier les articles anglo-saxons faisant jouer au cas grec le rôle du « tombeur des marchés mondiaux », et qui répète à longueur d’article que l’Euro tombe … alors qu’il est à un niveau que cette même presse estimait impossible à atteindre il y a seulement quatre ans.
(17) Source : Reuters, 12/02/2010
(18) Il appartient à ces générations d’Américains qui ont construit l’ « empire US » d’après-guerre, qui savent sa fragilité et qui connaissent parfaitement son mode d’emploi, à la différence des Summers, Geithner et autres Rubin. Notre équipe fait rarement de compliments à Barack Obama, mais s’il continue à écouter des gens comme Paul Volker, il est indéniablement dans la bonne direction.
(19) Notre équipe sait, pour en avoir connu, qu’il y eut une époque, il y a une trentaine d’années, où les banquiers d’affaires savaient intervenir en ayant à l’esprit l’intérêt à long terme de leurs clients. Cette époque est bien révolue et ils n’ont désormais en vue que leur propre intérêt à court terme. Il faut donc en tirer toutes les conséquences et leur interdire l’accès aux fonctions publiques-clés, plutôt que de prétendre réformer leur comportement. S’il y avait des enfants-banquiers d’affaires (comme il y a des enfants-soldats), on pourrait espérer en sauver certains de leur addiction aux profits à court terme ; mais pour les banquiers d’affaires adultes, c’est bien trop tard.
(20) Source : Times, 08/11/2009
(21) Du côté du secteur privé, demandez à Lehman Brothers, AIG, … ils pourront confirmer que c’est un bon indice.
Messages
1. Aggravation brutale de la crise systémique globale., 16 février 2010, 16:31
Dans la lutte a mort pour la suprematie financiere mondiale,la bataille de titans Goldman Sachs / JPMorgan Chase .,est souvent cachée, Volcker est le chef du clan Morgan Chase a la Maison Blanche ,et peut etre Obama en bon equilibriste le favorise ponctuellement ,mais pas d’illusions :
THE BATTLE OF THE TITANS : JPMORGAN VS. GOLDMAN SACHS
Or Why the Market Was Down for 7 Days in a Row
Ellen Brown, January 29th, 2010
http://www.webofdebt.com/articles/battle_titans.php
We are witnessing an epic battle between two banking giants, (Paul Volcker) and (Rubin/Geithner). The bodies left on the battleground could include your pension fund and 401K.
De la psychologie et de l’intégration raciale aux USA
De notre lecteur Philippe , une question en date du 26 janvier 2010, liée plutôt au Bloc-Notes de ce même 26 janvier 2010 qu’au texte du 20 janvier 2010 dans le Forum duquel elle apparaît :
« “Obama : un seul mandat” – précision…
»“...comme cela paraît encore plus sûrement hors de portée d’une psychologie américaniste, fût-elle celle d’un Africain-Américain (preuve par l’absurde que l’intégration raciale fonctionne – pour le pire de notre civilisation, sans aucun doute).”
»Je ne comprends pas le sens de votre remarque finale. Merci d’avance de préciser. »
De l’intégration au suprématisme
Il est vrai que la remarque demande à être éclairée. Elle traite le cas américaniste comme un cas hautement spécifique, avec une forte influence sur la psychologie. Elle part de l’appréciation que l’“intégration” réalisée à la suite des mouvements des années 1956-1968 des Africains-Américains, ou des Noirs devenant Africains-Américans pour l’occasion, représente, dans la perspective considérée aujourd’hui, une capitulation évidente pour ce qu’on nommerait “l’âme des Noirs” (les Noirs descendant des esclaves en l’occurrence, et regroupés par le temps, les souffrances et les avatars de leur propre histoire en un groupe identitaire aux USA, avec sa propre culture, sa propre spécificité). C’est dire que, de ce point de vue, je me placerais du côté de Malcolm X contre Martin Luther King première période (le King de la fin, avant son assassinat d’avril 1968, avait changé et s’était durci dans le sens de Malcolm X, ce dernier assassiné en 1965).
(Malcolm X n’était pas le premier à émettre ces thèses identitaires, accompagnés de projets politiques et opérationnels dont on accepte plus ou moins le réalisme, la validité, les méthodes qui accompagnaient son militantisme et ainsi de suite, – mais sans aucun doute il est une référence théorique et charismatique, en plus d’être une personnalité incontestablement brillante, qui permet de bien comprendre le problème. De ce point de vue, Malcolm X bien plus représentatif que des mouvements actuels tels que “La Nation de l’Islam”, où la dimension “islamiste” tend à brouiller le problème.)
En quoi consista l’“intégration” proposée dans les années 1960 ? En une sorte de “marché” que je décrirais, du point de vue des Noirs, comme “vendre sa psychologie au système”, qui n’est après tout qu’une variante terrestre du “vendre son âme au Diable”, aussi vieux que notre culture et que les angoisses de notre spiritualité. Les Noirs deviendraient donc Africains-Américains et partie intégrante de l’ensemble (notamment du système) ; une petite partie privilégiée d’entre eux bénéficieraient des avantages du système, avec même une “classe moyenne” célébrée par les sociologues du système en de longs et pompeux articles ; l’on célébrerait également, bien entendu, le caractère sublime du melting pot. Avec le temps, d’ailleurs notablement rapide car le temps presse, on sortirait des stars africaines-américaines célébrées comme telles à Hollywood et dans le show business – l’une d’entre elles eut même la coquetterie malheureuse de passer sa vie à tenter de blanchir sa peau, preuve que le pauvre Michael Jackson n’avait pas compris les règles du jeu ; l’un ou l’autre secrétaire d’Etat (Powell, Rice), quelques généraux à quatre étoiles au teint d’ébène et même (la Navy fut toujours plus réticente) l’un ou l’autre amiral ; quelques banquiers, quelques CEO de grandes entreprises ; des députés en nombre acceptable pour les quotas, des sénateurs en nombre beaucoup plus restreint (un seul aujourd’hui, et par la bande, remplaçant d’Obama dans des conditions contestées) parce que la Haute Assemblée reste le dernier bastion du suprématisme WASP ; enfin, un président au bout du compte, pour placer au plus haut la cerise sur le gâteau. Pour le reste, les “Africains-Américains” des ghettos se tapent des pourcentages de chômage notablement au-dessus de la moyenne dans des proportions allant du double au triple, vivent dans la guerre des gangs et dans la drogue, forment une très solide minorité, presque majoritaire en fait, des prisons US, domaine dont l’on sait que les USA sont champions du monde toutes catégories, et de loin, pour l’abondance de la population (bien au-delà des deux millions en tôle), avec “l’avantage” de la privation des droits civiques pour ceux qui sont passés par là, ce qui écarte une proportion notable des Africains-Américains des bureaux de vote. Les Africains-Américains de La Nouvelle Orléans ont pu s’apercevoir, avec Katrina, comment le système continuait à les traiter en situation d’urgence, quand les réflexes toujours vivaces ressurgissent. Le “racisme” (réticence sur ce mot – voir la conclusion) reste ce qu’il est et une récente remarque du chef de la majorité démocrate au Sénat (le sénateur Reid) sur Obama pendant la campagne de 2008, révélée récemment par un livre sur cette campagne (Game Change, de Mark Halperin et John Heilemann), suffit à notre édification. Dans les dîners en ville, lorsqu’on est dispensé de l’Africain-Américain de service selon les quotas et qu’on est entre WASP, entre les petits fours et le dessert, BHO redevient un “fucking’ Nigger” comme vous et moi.
Notez bien que je n’oppose pas nécessairement Blancs et Noirs aux USA, surtout aujourd’hui où le problème du système écrase tout le reste, – avec au moins cette vertu de mettre à jour les véritables termes du problème central de la crise des USA qui est le miroir et le centre bouillonnant de la crise du monde. Il y a toute une immense population de “petits Blancs” qui souffre du système et les gens dont j’ai parlé plus haut à propos du sénateur Reid sont, avant d’être racistes, des privilégiés du système. Cela domine le reste.
J’ai toujours pensé que le racisme avait été une interférence malheureuse empêchant l’union nécessaire entre les Noirs et les “petits Blancs” contre le système, parce que, pour moi, le racisme est une conséquence de causes diverses et non une cause fondamentale ; il peut devenir, par le fait de cette définition incertaine et ambigüe, un moyen de manipulation ou une politique monstrueuse, ou un moyen de promotion totalitaire des soldats du modernisme par l’antithèse de l’anti-racisme. Ce que je nomme “le système”, qui est une organisation à la fois fautive, illégitime et mécaniste, voire une organisation véritablement diabolique si l’on veut une définition plus élevée, est la cause fondamentale parce qu’il est l’invention fondamentale de la modernité dans ses effets les plus radicaux, les plus nihilistes et les plus prédateurs, – bref, les plus déstructurants. (Ne pas oublier le « Les Lumières c’est l’industrie » de Gouhier, qui scandalisa Stendhal en 1825 et le fit devenir anti-américaniste, lui qui avait été admirateur des USA jusqu’alors.)
La conséquence est que les Noirs devenus Africains-Américains ont effectivement “vendu leur psychologie” (leur identité, donc leur âme) au système en échange d’une place qui est faite aux privilégiés d’entre eux. Je comprends à 100% les attaques de Harry Belafonte contre Colin Powell en 2002 (voir notre texte du 17 octobre 2002). Belafonte, pourtant plus modéré que pro-Malcolm X, traitant Powell de “ house slave in the Bush administration”, c’est-à-dire une sorte de Kapo noir par rapport aux Blancs – ou, plus justement et précisément dit, pour bien situer les responsabilités, par rapport au système mis en place aux USA par les Anglo-Saxons imprégnés de leur culture puritaine transcrite en termes politiques en suprématisme “exceptionnaliste”. Car, et ceci pour conclure d’une façon fondamentale à mon sens, le problème est beaucoup plus le suprématisme que le racisme ; à la différence du racisme qui n’a pas nécessairement ce but de l’anéantissement, le suprématisme implique le but fondamental de l’anéantissement de l’identité (dont la race) de l’autre par tous les moyens, de l’intégration castratrice à la destruction pure et simple. (C’est pourquoi j’avais agrémenté plus haut le mot “racisme” de guillemets qui seraient bien nécessaires.)
Le handicap fondamental d’Obama n’est pas d’être Africain-Américain (et encore, à demi), mais bien d’être un Africain-Américain intégré par le système. Mais, certes, s’il ne l’avait été, il n’aurait pas été élu…
Le reste de l’énigme d’Obama est de savoir jusqu’où il a été intégré, du point de vue de sa psychologie profonde, – non pour attendre qu’il ordonnera la création d’une “nation noire” mais pour observer si, à un moment ou l’autre, il lui arrivera de songer à se révolter contre le système.
Philippe Grasset
http://www.dedefensa.org/article-de_la_psychologie_et_de_l_integration_raciale_aux_usa_16_02_2010.html
1. Aggravation brutale de la crise systémique globale., 16 février 2010, 17:18
L’integrationisme base du systeme social US, qui lui a fournit depuis des decennies les soldats et la suprematie ideologique des medias, sur le point de s’effondrer :
Feb1608:21
The Conservative 100 : Most Popular Conservative Sites
Tags :
COMPUTERS/INTERNET/SECURITY
le site anti systeme whatreallyhappened (teaparty hors partis) devient 29eme/100
WRH is number 29.
http://whatreallyhappened.com/
http://deathby1000papercuts.com/dbkpreport/2010/02/the-conservative-100-most-popular-conservative-sites-feb-14-2010/
In response to the question whom do you have the most to fear from : the U.S. government or Muslim terrorists ? 99% answered, the U.S. government.
A la question posée aux citoyens US, qui vous fait le plus peur,les terroristes musulmans ou le gouvernement US, 99% repondent le gouvernement US...
Americans stock up to be ready for end of the world
Paul Harris – The Observer February 14, 2010
Our comments follow ate the foot of the page. Ed.
Recession and the constant threat of terrorist attacks have given new life to the ingrained survivalist instinct
Comment – February 16, 2010
A lot of people are making ready for what they see as a coming collapse. Yet the editors of the Guardian attribute such preparations as being driven by “fear of terror”.
This is rubbish and should mark them as either “stupid” or servants of the New World Order.
This writer is starting to grow his own food and becoming more self-sufficient and not because I fear “Muslim terrorists”. It’s pure common sense, and a little gut instinct too.
The fact that the Guardian suggests otherwise indicates how totally out of touch they are. This was amply illustrated by a survey featured alongside this article on What Really Happened.
In response to the question whom do you have the most to fear from : the U.S. government or Muslim terrorists ? 99% answered, the U.S. government.
These preparations are in response to a widespread and growing intuition that trying times lie ahead. The fact that the Guardian suggests “Muslim terrorists” are responsible shows just how out of touch they are.
So when things finally do come to a head rather than hunting “Muslim terrorists”, maybe we should go hunting mainstream media journalists instead ? Ed.
Last updated 16/02/2010
http://www.thetruthseeker.co.uk/article.asp?ID=12167
2. Aggravation brutale de la crise systémique globale., 17 février 2010, 11:21, par jean valjan
juste unne quesion ..Le monde entier est endetté auprès de qui ?
3. Aggravation brutale de la crise systémique globale., 17 février 2010, 11:27, par momo11
Sans doute des martiens.Car,c’est bien connu,les martiens sont tous des capitalistes.momo11