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Agression dans le RER : la victime présumée avoue avoir menti

Publie le mardi 13 juillet 2004 par Open-Publishing

Son histoire avait ému la France, déclenché réactions politiques indignées et manifestations pour la tolérance. La jeune femme disant avoir été victime d’une agression antisémite dans le RER D a finalement reconnu mardi avoir inventé l’affaire de toutes pièces.

Depuis trois jours, les enquêteurs analysaient les enregistrements vidéo des gares et cherchaient à recueillir des témoignages de passagers sur l’agression présumée. Mais aucun élément matériel ne venait corroborer la version de la jeune femme.
Cette mère de 23 ans a finalement avoué lors de sa garde à vue mardi au SRPJ de Cergy-Pontoise (Val d’Oise) qu’elle avait menti, a-t-on indiqué de sources policières. Elle a reconnu s’être dessiné elle-même les croix gammées sur le ventre. Son compagnon était également interrogé par les enquêteurs. Il semblerait qu’il se soit rendu compte que la jeune femme affabulait. D’autres personnes était également entendues.

La jeune femme, qui avait été reçue lundi par la secrétaire d’Etat aux Droits des victimes Nicole Guedj, a raconté avoir été agressée par six individus vendredi matin alors qu’elle se trouvait dans le RER D avec sa fille de 13 mois. Les jeunes d’origine maghrébine et africaine se seraient emparés de ses papiers d’identité, dans son sac à dos. En constatant une ancienne adresse dans le XVIe arrondissement parisien, l’un des agresseurs aurait déclaré que "dans le XVIe il n’y avait que des gosses de riches et donc des juifs".

La victime, qui n’est pas juive, aurait été insultée. Les jeunes gens lui auraient ensuite fait des marques au couteau sur le visage et dans le cou, avant de couper une mèche de ses cheveux et de lui dessiner au feutre trois croix gammées sur le ventre. Le tout sans que personne n’intervienne dans la rame, selon la jeune femme.

Dès l’annonce de l’affaire samedi soir, le président Jacques Chirac a fait part de son "effroi" face à cette "acte honteux". Condamnant "avec la plus grande fermeté cette agression ignoble qui a été aggravée de gestes racistes et antisémites", le ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin a "donné instruction aux services de police pour en retrouver les auteurs dans les plus brefs délais".

Des élus franciliens de droite et de gauche se sont réunis lundi à 18h dans l’hémicycle du conseil régional d’Ile-de-France pour protester contre l’antisémitisme. Au même moment, un rassemblement a eu lieu au métro Belleville à Paris, à l’appel du Parti communiste, auquel se sont joints notamment Lutte ouvrière, la Ligue communiste révolutionnaire et le syndicat Sud.

Alors que des doutes se levaient sur la réalité de l’agression, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) a dénoncé mardi "l’irresponsabilité de certains représentants associatifs, politiques ou communautaires". Il a déploré que "cette affaire ait jeté en pâture les populations des banlieues déjà stigmatisées".

Pour le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, "que cet événement soit réel ou virtuel, le fait qu’il soit crédible montre que la société doit rester vigilante en toute circonstance". PARIS (AP)