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Alexandre Adler traque le social-fascisme

Publie le dimanche 5 octobre 2008 par Open-Publishing
20 commentaires

Que Bellaciao voit si cela est publiable mais ça illustre bien à mon sens la préparation à des agressions contre les organisations de gauche.

La chronique d’Alexandre Adler du 4 octobre.

Dans l’accalmie qui sépare le grand cataclysme de Wall Street de ses conséquences macroéconomiques et politiques sur le reste du monde, il est possible de ménager un petit espace à la réflexion politique, un espace nécessairement angoissant. Certes, l’effondrement ne sera pas comparable à celui de 1929 sur le plan matériel. Mais il en va différemment du plan intellectuel où, pour le dire non sans une certaine emphase, sur le plan spirituel. En 1928, quelques mois avant le krach de Wall Street, l’Allemagne avait pour chancelier le débonnaire social-démocrate Hermann Mül­ler, soutenu par les non moins débonnaires catholiques démocratiques et libéraux laïques. Le parti nazi, dont la tentative de prise de pouvoir en 1923 s’était soldée par une fin lamentable et même comique, oscillait entre 4 % et 6 % du corps électoral.

Trois ans plus tard, le même parti approchait des 40 %. Une telle progression cancéreuse avait pour cause essentielle, sinon unique, l’effondrement du système économique capitaliste géré par des formations démocratiques modérées. Si l’ampleur du désastre, on l’espère de tout cœur, pourra être contenue, si même on peut s’attendre de la correction en cours une amélioration et une rationalisation du système, il n’empêche que nous sommes à la merci d’un accident économique sérieux, et nous au­rons à faire à une poussée populiste et autoritaire de grande ampleur.

Bien entendu, avec un sens de la répétition historique qui s’est toujours démenti, les yeux se tournent vers ce qu’il reste du Front national. Pour ma part, scrutant l’horizon tous azimuts, je verrais plutôt le danger sur notre extrême gauche que sur notre extrême droite. Mais que le lecteur me permette ici un petit excursus par la Vienne de Robert Musil.

Le grand romancier autrichien qui commence à rédiger son chef-d’œuvre L’Homme sans qualités, à peu près au moment où le désastre allemand devient lisible, nous dépeint une mode particulièrement étrange dans la capitale de l’Autriche-Hongrie, en 1913. Toute la bonne société, intellectuels et artistes notamment, s’enthousiasme, en effet, pour un clochard qui a assassiné quelques prostituées dans le parc du Prater, du nom de Moosbrugger ; tout le monde le trouve étonnamment poétique et audacieux.

Musil nous parle de ce fait divers, parce que probablement le meurtrier Moosbrugger a dû partager sa couche, à l’asile de nuit, avec un autre clochard du nom d’Aldolf Hitler qui, lui, n’en restera pas aux prostituées de passage dans l’ambition destructrice. L’enthousiasme pour le petit assassin prépare, comme dans un pressentiment, l’émotion en faveur du grand criminel.

Quelque chose de semblable est en train de se passer en France aujourd’hui. Cela commence par la pâmoison active de certains artistes en faveur de tueurs en cavale, généralement italiens. Puis on découvre, avec horreur, qu’un nombre, on hésite à dire, respectable de nos concitoyens, imaginent que le 11 septembre 2001 est le résultat d’un vaste complot dans lequel Ben Laden n’aura été, au mieux, qu’une marionnette manipulée. Soyons clairs : on n’a pas besoin du nouveau torchon qui se réclame de l’excellent Siné pour comprendre que si complot il y a, ce ne peut être que le fait de l’establishment américain, et bien sûr de ses suppôts juifs, new-yorkais autant qu’israéliens. C’est ce que disent généraux pakistanais et imams cairotes dès maintenant, c’est ce que brûlent de dire nos modernes sceptiques. Et voici que l’un des assassins de Georges Besse justifie son action et est admis au nouveau parti anticapitaliste du célèbre affranchi postal, Besancenot.

Dans la République de Weimar, la responsabilité principale de l’ascension de Hitler vient des élites conservatrices catholiques et protestantes : malgré la répulsion que leur inspirait le nazisme, de temps à autre, ces élites inconsolables de l’Empire de Guillaume II ne pouvaient s’empêcher de tenir les nazis pour des patriotes, certes un peu vulgaires et excités, et tenaient de la même manière les républicains modérés pour des acteurs illégitimes de la vie politique. Cette même baisse des défenses immunitaires existe aujourd’hui à gauche.

Certes, le Parti socialiste n’est pas sur les positions de l’extrême gauche sociale fasciste. Mais l’origine, très souvent trotskiste, parfois communisante de la grande majorité de ces élites lui a mis « un flic dans la tête » : comme le disait Jaurès à propos de Briand, rien n’est pire qu’un hilote dégrisé. Tant les dirigeants du Parti socialiste se donneront tort de leur effective modération, ils considéreront Besancenot et la théorie de petites brutes imbéciles qui font masse autour de lui comme des représentants plus purs et plus intègres des idées qu’ils défendaient dans leur jeunesse.

Si nous voulons éviter que la crise nous confronte bientôt à un parti social fasciste de masse, aux connotations manifestement antisémites, c’est au Parti socialiste, en première ligne, de réagir énergiquement. S’il parvient à le faire, il sera peut-être le parti hégémonique de l’après-crise. S’il manque à son devoir, l’explosion est à brève échéance.

Messages

  • Il y a bien des choses à dire, avant de cibler l’extrême gauche.

    Par exemple, rappeler la stagnation voire le recul de la classe moyenne américaine, processus en cours depuis bien des années, alors qu’une minorité se goinfrait d’une croissance sympathique. Qui en parlé ? Qui en a souligné les dangers, dont l’obligation pour le plus grand nombre de vivre à crédit pour se maintenir ? Au contraire, on nous rabâchait jour après jour que cette croissance était le fruit d’un système libéral sans entraves, qu’elle profitait à tout le monde (inexact dans le cas américain), et que notre pays n’avait d’autre choix que de s’en inspirer. Ce discours à courte vue est typique des élites conservatrices. Chacun défend bien sûr ses intérêts immédiats, mais l’oligarchie a aussi, en sus de ses intérêts, une responsabilité politique et sociale particulière liée à son pouvoir économique et aux positions sociales qu’elle détient.

    Quand les choses se gâtent, et que le peuple gronde, que nous enseigne l’histoire ? Que les élites conservatrices détenant le pouvoir économique sont prêtes à tout, y compris le pire comme le rappelle Adler, pour conserver leurs biens, leurs positions sociales et leurs privilèges. Mais ce « pire » ne saurait en aucun cas, bien évidemment, être le parti de la « spoliation », et constituer une menace pour le patrimoine desdites élites conservatrices. Ce qui exclut a priori l’extrême gauche telle qu’elle se présente actuellement dans notre pays.

    Le PS, parti des classes moyennes et des fonctionnaires, n’a pas grand-chose à voir avec les élites conservatrices qui détiennent le pouvoir économique et une large part du patrimoine. En cas de crise sérieuse, de souffrance du peuple et de dérive populiste le PS, parti de petits notables de province, serait tout simplement balayé. Il y aurait certes une forte montée de l’extrême gauche, mais aussi une radicalisation de la droite. Les barrières mises en place par Chirac, dont il reste encore quelques briques, sauteraient immédiatement. Qui sait dire aujourd’hui ce qu’il adviendrait de notre pays ? Révolution et prise de pouvoir par l’extrême gauche ? Régime autoritaire de droite ? Tout est possible, mais probablement pas une alliance de l’oligarchie avec l’extrême gauche.

    NB : concernant le 9/11, ce qui surprend n’est pas la multiplication des explications à base de complot, inévitable en regard d’un événement aussi extraordinaire dont aucun responsable n’a été jugé, mais la crispation de nos médias, cette peur de voir le sujet débattu publiquement. Si les délires sont effectivement délirants, de quoi ont-ils si peur ?

  • Avez-vous entendu comment M. ADLER traite Hugo Chavez et tous les autres gouvernements de gauche d’Amérique du Sud.
    Il s’offusquait l’autre jour, que les fonds des provinces très riches servent à payer les pensions des indiens au Pérou !!!
    Alors pas de commentaires sur ce monsieur avce un petit m.

  • Bonjour,

    Cette prose abjecte doit nous préparer à d’autres attaques de ce genre, ou probablement pire. Comment ce sera lorsque la gauche radicale aura plus que 4 à 5 % aux élections ?

    Qu’en pense les quelques militants du PCF qui reprochent à Besancenot de faire le jeu de la droite ?

    Daniel Dauphiné.

    • Mais l’origine, très souvent trotskiste, parfois communisante de la grande majorité de ces élites lui a mis « un flic dans la tête »

      Halzeimer, voilà le danger, Adler ne se rappelle même plus qu’il fût, dans une autre vie, membre du Pcf.

      CN46400

    • Indépendamment là de l’attaque sur le NPA (on a compris également l’utilisation de la remise en incarcération de Jean Marc Rouillan dans le même cadre) , il ne faut pas se cacher que si le PCF redresse la tête, ce qu’il peut faire, le barrage d’artillerie tombera sur lui, les propos menaçants tomberont sur lui.

      Les menaces envers le NPA et Besancenot ne sont que celles de la bourgeoisie qui craint , au travers de ce futur parti, le spectre d’une rébellion ouvrière et populaire .

      Que le NPA soit, ou non, un parti dangereux pour la clique brune ultra-libérale de ma nomenclatura ne change rien, il est maintenant perçu ainsi.

      Ca serait le PCF (et ça le sera, car ce parti se relèvera de ses difficultés) que ça serait pareil.

      Le dispositif répressif législatif et concret est en place après s’être fait tremplin du 11 septembre 2001, le bouleversement de l’accentuation d’une crise commencée lors du cracquage dit de la nouvelle technologie en 2000, implique clairement de formidables agressions sociales par la classe bourgeoise contre la classe ouvrière dans le monde et les peuples déshérités.

      Les agressions subies déjà par les couches populaires dans les pays industriels passeront pour des amuse-gueules à côté de ce qui s’avance.

      L’union sacrée en perspective, le paiement violent et brutal des frasques bourgeoises va être astronomique. Et ne se fera pas sans soubresauts même si on sent bien que les gens sont déjà un peu épuisés, mais ils vont être là acculés à un point qu’ils n’imaginent même pas.

      Cette description globale du contexte permet de saisir le cadre des propos belliqueux d’un bon garçon qui a participé aux travaux d’un club fondé par une personne qui s’oppose méthodiquement au principe même de la démocratie .

      Brun ? vous avez dit brun ?

    • Ce matin au marché, deux militants communistes pour distribuer le tract expliquant la catastrophe de la crise financière et ce que nous proposons pour en sortir. et ça, dans l’indifférence générale : doit-on continuer (on en a un peu marre). A propos, la grève générale, c’est pas pour demain !
      Quant à l’extrême-gauche des classes populaires qui a quand même fait rebasculer notre ville à droite, aux abonnés absent.
      Alors je ne fais aucun reproche, j’attends... que Besancenot et son équipe le brandisse enfin cet étendard et et que je puisse me mettre derrière avec mon soutien passif. joelledagen

  • Il n’y a rien a répondre a ces propos scandaleux
    je supprimerai purement et simplement cet article
    seul les lecteurs du Figaro on connaissance de ces propos
    N’en rajoutons pas.

  • la bougeoisie est morte de trouille
    elle craint à juste titre d’etre allée trop loin
    et le peupe pourrait bien se réveiller
    et le retour de manivelle pourrait faire mal.
    Le monsieur parle de fascisme. mais n’est-ce pas
    le capitalisme qui est venu le chercher en dernier recour ?
    pour mieux anéantir les espoirs de la classe ouvriere

    Mieux que ces délires une plongée dans les livres d’histoire
    seront plus convaincant

  • Il semblerait que ce qui s’annonce est le début de la fin du capitalisme. La crise est systémique. Le communisme est partout tapi dans la société en attente que les consciences s’exercent à la lutte de classe, que la démocratie se répande par l’intervention de millions de gens et transforme les institutions, invente une démocratie exponentielle, supérieure, jamais vue, dans tous les lieux, cité, entreprise, établissements d’enseignements, etc.. Hélas même les dirigeants de la gauche actuelle du PS, PCF, LCR s’enferment dans le piège électoraliste institutionnel. Ni électoralisme, ni gauchisme nostalgique de la lutte armée minoritaire, la vraie vie est dans la lutte de classes, dans l’éducation populaire et révolutionnaire des masses, dans les entreprises et quartiers populaires : le PCF doit renaître pour accomplir sa tâche historique d’éveilleur de conscience sans être un guide suprême, mais modestement l’outil qui permette aux gens de développer leur pouvoir créateur et leur union afin d’accomplir la révolution.

    M. Adler a toujours confondu le communisme et sa caricature stalinienne, cela a commencé lorsqu’il était alors membre du PCF. Bien lui en a pris de quitter ce parti, M. Adler ne pouvait qu’être nuisible au communisme.

    M. Adler peut trembler car le spectre du communisme hante l’Humanité ! il a tout à perdre, nous rien ! Nous avons tout un monde à gagner !

    Jean-Paul LEGRAND
    militant communiste

  • Ce pauvre homme est totalement azimuté. Heureusement qu’il assure sa chronique par téléphone car à la place de ses collègues du matin j’aurais franchement les jetons face à ses bouffées délirantes. Lul

  • En fait, comme les détracteurs de Siné, Adler est taraudé par une question : Que deviendra Israël lorsque la parenthèse Bush sera complètement refermée ?

    CN46400

  • Adler a bien pété un cable ! Ce qui est visible, par contre, c’est sa trouille du peuple, dés fois qu’il se mettrait en mouvement !
    Pour conjurer ça, il fait appel de façon très démagogique au parti socialiste qui n’est plus socialiste depuis longtemps, lui faisant miroiter le pouvoir d’après la crise, s’il empêche les méchants gueux de trop s’exciter !
    Vous me direz, ce garçon remet le PS à sa juste place, du côté du capitalisme .
    Adler, tu devrais faire attention à tes nerfs, une crise cardiaque est envisageable dans l’état oû tu te mets .

  • L’apparition d’une gauche de combat commence à inquiéter un peu M. Adler et ses amis d’où effectivement ce qu’il convient bien d’appeler le pétage de plomb de ce péteux. Un autre délire hier matin au journal de France Inter, vers les 8H45 si ma mémoire est bonne, où l’intervenant dont je n’ai malheureusement pas entendu le nom s’exprimait sur J.M. Rouillan et le NPA. C’est surtout Besancenot qui était visé accusé qu’il était de vouloir s’encanailler et de se comporter comme un adolescent qui mettrait une photo de Che Guevarra au dessus de son lit. Pas mal non plus. Ce n’est pas encore de la trouille,n’exagérons pas, mais la manifestation d’une petite inquiétude. On ne sait jamais, les esclaves pourraient vouloir briser leurs chaînes.