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Andreotti : le prescrit à vie

Publie le lundi 1er mai 2006 par Open-Publishing

Traduit de l’italien par karl&rosa

"... Le sénateur Andreotti a eu pleine conscience que ses associés siciliens entretenaient des rapports amicaux avec quelques boss mafieux ; il a donc, à son tour, cultivé des relations amicales avec les mêmes boss ; il leur a manifesté une disponibilité pas purement factice, bien qu’elle n’ait pas été forcément suivie par des interventions comportant des facilitations ; il leur a demandé des faveurs ; il les a rencontrés ; il a interagi avec eux ; il leur a indiqué le comportement à adopter en relation avec la très délicate question Mattarella, même s’il n’est pas arrivé, en définitive, à obtenir que ces mêmes indications soient suivies ; il les a poussés à lui faire confiance et à lui parler aussi de faits très graves (comme l’assassinat du Président de la Région Sicile, Mattarella) en étant sûrs de n’être pas dénoncés ; il a omis de dénoncer leur responsabilité, spécialement en relation avec le meurtre du Président Mattarella, bien qu’il aurait pu, à cet égard, offrir des éléments de connaissance très utiles (...)

En définitive, la Cour estime qu’on peut reconnaître le délit de participation à l’association de malfaiteurs dans le comportement d’un personnage politique national très éminent, qui a une grande influence sur la politique générale du Pays et qui est étranger au milieu sicilien qui, dans un laps de temps congru,

a) demande et obtient, pour le compte de ses associés, en faveur des éléments importants de l’association des interventions frôlant l’illégalité, bien que pour des finalités non répréhensibles ;

b) rencontre à plusieurs reprises des éléments qui dirigent la même association ;

c) entretient avec eux des relations amicales, en en renforçant aussi l’influence par rapport à d’autres composantes de la même association exclues de ces relations ;

d) manifeste un intérêt authentique en relation à des évènements particulièrement délicats pour la vie de l’association mafieuse ;

e) indique aux mafieux, en relation avec ces évènements, les voies à suivre et discute aussi avec eux de faits criminels gravissimes qu’ils ont perpétrés en lien avec les mêmes évènements, sans éveiller en eux la préoccupation d’être dénoncés ;

f) omet de dénoncer des éléments utiles à faire la lumière sur des faits de gravité très particulière, dont il a eu connaissance suite à des contacts directs avec les mafieux ;

g) donne, en substance, aux dits éléments mafieux des signes authentiques - et pas purement factices - de disponibilité amicale, aptes, aussi en dehors de la mise en œuvre d’interventions spécifiques et effectives comportant des facilitations, à contribuer au renforcement de l’organisation criminelle, en induisant chez les affiliés, à cause aussi de son autorité politique, le sentiment d’être protégés au plus haut niveau du pouvoir légal.

Sur la base des convictions exposées ci-dessus, on doit conclure que les conditions sont réunies pour bouleverser, même si c’est dans les limites de la période considérée, le jugement négatif exprimé par le Tribunal au sujet de la subsistance du délit et que, par conséquent, les censures des Procureurs faisant appel sont fondées, en la substance. Il ne reste alors qu’à confirmer, également sous le profil considéré, l’orientation déjà précisée et à émettre, pour cela, la décision de non lieu parce que le délit [d’association de malfaiteurs avec Cosa Nostra, ndr] concrètement reconnu à charge du sénateur Andreotti est éteint à cause de prescription".

(sentence de la Cour d’Appel de Palerme, président Salvatore Scaduti, à charge de Andreotti Giulio, 2 mai 2003, rendue ensuite définitive par la Cour de Cassation le 15 octobre 2004).

http://www.repubblica.it/2003/k/rub...