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Anti-G8 : zig-zag entre le Vig et le Vaaag
Publie le mardi 10 juin 2003 par Open-Publishing3 commentaires
Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point c’est compliqué, le contre G8.
Et encore, je ne vous parle que de ce qui se passe à Annemasse. De l’autre
côté de la frontière, à Genève, à Lausanne, les initiatives sont tout aussi
nombreuses et diverses. Il y en a pour tous les goûts. Mais, les goûts et
les couleuvres, ça se discute.
Je dis bien les couleuvres, parce qu’il y en
a pas mal à avaler ici. Vous avez par exemple un ensemble de débats, baptisé
« Sommet pour un autre monde », ou SPAM, organisé à Annemasse même, dans des
salles municipales. C’est donc déjà plutôt institutionnel, comparé à ce qui
se passe un peu plus loin, dans les villages de tentes installés à travers
champs.
Le débat d’ouverture donne d’emblée le ton, avec ses six
intervenants : pas une femme, pas un jeune. J’espère que ce n’est pas
représentatif de cet autre monde qu’ils proposent, parce que ça ressemble
furieusement à celui qu’il s’agit de remplacer. D’ailleurs, sur Internet, un
spam est un message non désiré !
Le lendemain, le Spam nous ressert l’appel à la création d’une «
Organisation mondiale de l’environnement ». J’ai déjà dit dans une
précédente chronique tout le mal que je pense de cette fausse bonne idée. D’
ailleurs, la présentation des intervenants confirme mes craintes : des gens
parait-il très important, certains ayant des activités dans les services d’
Etat ou les organismes internationaux, et ayant participé à « tous les
sommets sur l’environnement ». Ils en ont certainement bien profité. L’
environnement non, sinon nous serions au courant.
Parallèlement, à quelques kilomètres, deux grands villages de tentes et
chapiteaux : le « village intergalactique », ou « Vig » pour les intimes et
le « Vaaag » dont je vous passe l’appellation complète mais qui rassemble
surtout des libertaires et anarchistes. L’autogestion y est expérimentée
grandeur nature, pas en belles paroles.
Chaque village est organisé en quartiers - dites les « barios » pour ne pas
faire ringard. Chaque bario décide en AG de ses règles de vie. Des réunions
« inter-barios » gèrent la vie du village et les relations avec le reste du
monde. En tout cas, pas de chefs, de porte parole. autogestion !
Au « Vig », où est installé le stand du Réseau « Sortir du nucléaire », des
hollandais géniaux permettent de se nourrir à peu de frais (2 euros) et bio.
Une bonne soupe de légumes, du pain pétrit par leurs soins, diverses purées.
En tout cas, ils travaillent dur. Il faudrait qu’ils voient ça, les
électeurs de Le Pen, les adorateurs de Sarkozy et Juppé : ces jeunes à
crêtes colorées, habituellement désignés comme des faignants, des parasites,
hé bien les voilà en plein labeur. Différence énorme : ce n’est pas pour
gagner de l’argent, ce n’est pas sous la contrainte de petits chefs. C’est
pour vivre différemment, pour le bien être de chacun et de tous. Pas de
profits, respect des êtres et de l’environnement. Sûr qu’il n’y aura pas de
nucléaire dans un monde solidaire et pacifique.
Ce jeudi soir, une première manifestation s’organise spontanément et «
descend » des villages alternatifs vers Annemasse. Il y a environ 3000
personnes. Nous serons de plus en plus nombreux les jours suivants avec une
apothéose dimanche, mais c’est déjà très bien. Dans Annemasse, de nombreux
commerces sont complètement barricadés, recouverts de planches et autres
tôles ondulées. Dans un journal, j’ai lu que ça coûtait environ 15000 euros
par façade ! Quel marché juteux !
Bien entendu, la manifestation, jeune, festive, musicale, ne casse rien.
Elle déambule pourtant pendant deux bonnes heures, avec une pause
silencieuse en hommage à Carlo Giuliani, tué en 2001 à Gênes par la police
italienne. Des accrochages, des échauffourées, il y en aura peut-être : les
provocateurs, ce n’est pas un mythe : rémunérés par la police, ils se
glissent dans les manifestations et créent des incidents qui servent de
prétexte aux forces répressives pour frapper.
Alors, dans les villages alternatifs, des séances de formation ont lieu :
comment se dégager si on est arrêté, comment avertir les autres
manifestants, etc. On peut être pacifique et ne pas subir. D’ailleurs, des
opérations de blocage sont préparées. Il suffit d’être nombreux à des
endroits clés. Cela peut suffire à perturber le déroulement du G8 : comment
feront-ils si leurs interprètes sont bloqués ?
Le G8, c’est là le vrai danger : ils sont 8, ils aiment le pouvoir, le
pétrole, le nucléaire. Pas nous. Or nous sommes des millions.
Vendredi 30 mai, Samedi 31 mai, Dimanche 1er juin 2003
S.Lhomme
Anti-G8 : manif et station (debout)
Ce vendredi soir, je suis passé sur le gril : je devais intervenir dans un
débat sur « Les guerres de l’énergie », avec un intervenant spécialiste de l
’Afrique et du pétrole. Il doit être aussi spécialiste de l’absence car je
me suis trouvé seul face à deux cents jeunes avides d’informations. Ca a
tourné au débat sur comment sortir du nucléaire. J’ai pu éprouver les
réponses que nous allons publier sous peu dans un document très grand public
sous forme de questions/réponses. Du genre : « Le nucléaire assure-t-il l’
indépendance énergétique de la France ? » ou bien « Le kilowattheure
nucléaire n’est-il pas le moins cher ? ».
Samedi matin, j’interviens dans un débat et plusieurs centaines de personnes
se pressent sous le chapiteau. Oui, bon, j’oubliais de dire qu’il y avait
aussi José Bové. Mais enfin, j’ai bien attiré deux ou trois personnes, non ?
L’après-midi, quelques centaines de manifestants sont allé protester devant
une salle où Hollande et le PS devaient tenir meeting. Quelques vitre ont
été cassées. Les CRS ont joué des lacrymogènes et repoussés les
manifestants. Le PS, qui a du annuler sa messe pseudo altermondialiste, crie
au scandale et exige de toutes les organisations qu’elles condamnent les «
casseurs ».
Moi, j’étais tout occupé à préparer la manif du lendemain, et puis je n’ai
aucun mandat du Réseau pour aller « caillasser » le PS. Mais, sincèrement,
je ne verse pas une larme sur ce parti qui aurait organisé le G8 s’il avait
été au pouvoir, et qui reste un des piliers du nucléaire en France. Non
mais.
C’est enfin dimanche, le jour de la grande manifestation. Ou plutôt des
manifs : une part d’Annemasse, l’autre de Genève, et elles doivent se
rejoindre près de la frontière. Sans oublier que des groupes plus radicaux
tentent d’organiser des blocages à Lausanne où doivent passer les personnels
utilisés par le G8.
Dès le matin, nous gonflons le fût « radioactif » du Réseau. Il ne contient
que de l’hélium, mais symbolise a merveille le cadeau empoisonné que le
nucléaire lègue aux générations futures.
Le cortège libertaire passe près de nous pour prendre place dans la manif.
Il rassemble plusieurs milliers de personnes. Impressionnant. Très jeunes
pour la plupart, ils sont farouchement antinucléaires. Nous les convions par
avance à participer aux actions et mobilisations qui, contrairement aux
colloques et autres débats, permettront réellement d’empêcher la
construction du réacteur nucléaire EPR.
La manif débute. Elle est immense. Environ 50000 personnes à Annemasse, et
autant à Genève. Contrairement à ce qui était prévu, nous nous retrouvons
derrière le très pro-nucléaire Parti Communiste.
Après négociation, nous le
doublons. sur sa gauche. Une vieille m’interpelle : « Si vous sortez du
nucléaire, votre femme lavera votre linge à la main ! ». Tiens, c’est rigolo
ça : au PC, on fait croire aux gens qu’il n’y a pas d’électricité sans
nucléaire, mais aussi que les femmes doivent laver le linge des hommes. Vive
le progrès.
La banderole du Réseau fait son effet : large de dix mètres, elle est
parfois plus large que les rues empruntées. Après plusieurs heures de
marche, nous passons la frontière : j’ai une pensée pour Philippe et ses
amis de « Sortir du nucléaire-Suisse » qui viennent de perdre un référendum,
battus par la puissance financière du lobby nucléaire.
La manif se termine sur une autoroute. Lorsque nous y pénétrons, nous
croisons les gens de la manif de Genève : la jonction a eu lieu depuis
longtemps et ils retournent déjà en Suisse ! C’est un peu la confusion, des
gens partent dans tous les sens. Il faut retourner à Annemasse, à pieds par
l’autoroute.
Quelle journée : six heures de manif ! Le soir, pendant que de nombreux «
villageois » replient déjà leurs tentes, nous fêtons cette belle
mobilisation autour d’une boisson fraîche.
Aujourd’hui, le Réseau « Sortir du nucléaire » était au cour de la
mobilisation anti-G8. Dans quelques semaines, les manifestants
altermondialistes nous rejoindront pour empêcher la relance du nucléaire et
la construction d’un nouveau réacteur nucléaire.
Chaque chose en son temps
S.Lhomme
– Sortir du nucléaire
Messages
1. > Anti-G8 : zig-zag entre le Vig et le Vaaag, 11 juin 2003, 18:59
Merci pour ce recit de tes journees, mais je voudrait juste precuiser une chose la cantine qui ce trouvait au vig est celle des anarcho-ecolo de bio-zone, il faut le rendre grace car sinon je pense que la nouriture aurai fini par manque au vig vue qu’il n’y avait pas de cantine prevue de ce cote des villages.
le suedois
1. > Anti-G8 : zig-zag entre le Vig et le Vaaag, 11 juin 2003, 20:24
Ils étaient prévus (il s’agit du groupe Rampenplan). De même que les autres cuisines, de mémoire : celle du REVE, des Désobeïssants, et 2 cuisines allemandes.
2. > Anti-G8 : zig-zag entre le Vig et le Vaaag, 11 juin 2003, 23:24
c’etais pas des allemends mais des hollandais si je me rapelle bien, et ces cuisines on ete mise chez vous car vos cuisines n’etaient pas suffissante pour votre village. Donc si vos cuisine avaient suffis pourquoi les gens du vig sont venu manger chez nous( j’etait a la cuisine grand ouest).