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Après l’agrément, les intermittents mobilisent

Publie le samedi 9 août 2003 par Open-Publishing

in : http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3246--330094-,00.html


Après l’agrément de l’accord sur le chômage, les intermittents
mobilisent
LE MONDE | 08.08.03 | 14h04

Pour le ministre de la culture, "une page de l’histoire culturelle de
la France est tournée".

La publication, jeudi 7 août, au Journal officiel, de l’accord sur
l’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle a provoqué
une réaction immédiate des intermittents parisiens.

Ils ont occupé dans la soirée le Centre Pompidou, naguère dirigé par
l’actuel ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon. Celui-ci
estime, dans une tribune publiée par Libération du 8 août qu’avec
cette publication : "c’est bien une page de l’histoire culturelle de
la France qui a été tournée". Le texte devrait entrer
progressivement en vigueur à partir du 1er janvier 2004.

Les intermittents, qu’ils s’expriment par la voix de la fédération
CGT du spectacle ou par celle des diverses coordinations voient les
choses d’un autre œil. De nouvelles actions sont annoncées pour les
jours et semaines qui viennent.

Dans un communiqué, la CGT réaffirme qu’elle déposera des recours
devant les tribunaux contre le texte. Le syndicat appelle également à
une nouvelle manifestation à Paris, le 12 août ainsi qu’"à ne pas
relâcher la pression y compris par la grève sur tous les lieux de
spectacle".

Une pétition signée par un millier de musiciens, des rappers d’Iam à
l’Orchestre des concerts Lamoureux demande le retrait du texte. Les
intermittents se sont donnés rendez-vous à Aurillac dès le 15 août,
pour "occuper" la ville - comme ils l’avaient fait à Châlons - avant
l’ouverture du Festival de théâtre de rue, le 19 août.

La manifestation de jeudi soir a rassemblé quelques centaines
d’intermittents, décidés à "occuper -Beaubourg- aussi longtemps qu’il
sera possible". L’occupation aura duré trois heures. Installés sur la
terrasse, les manifestants se sont ensuite répartis sur les
escalators face à la place, d’où ils ont multiplié les appels à la
solidarité en direction de l’esplanade ou se mêlaient intermittents,
public de la bibliothèque et du musée évacué pour l’occasion et
badauds.

Dans la tribune publiée par Libération, l’ancien directeur du Centre
Pompidou estime que la réforme assure la pérennité du régime
spécifique des intermittents, qui avait été "fragilisé du fait du
creusement de son déficit". Déterminé à "sauver l’intermittence", M.
Aillagon annonce des mesures législatives à la rentrée par le biais
d’ordonnances qui devraient "rendre l’usage abusif de l’intermittence
plus difficile et la détection des abus plus aisée", ainsi que la
création d’un-dispositif d’accompagnement de la réforme.

A plus long terme, le ministre veut engager "une réflexion radicale
sur les moyens de conserver pour, les prochaines décennies, à
l’intermittence à la fois sa logique et son éthique". Pour M.
Aillagon, "au-delà du débat sur l’aménagement d’un régime spécifique
d’assurance-chômage", il s’agit de réfléchir plus généralement au
travail artistique. Il réunira, le 4 septembre, le Conseil national
des professions du spectacle, et organisera des Assises du spectacle
vivant. Le résultat de ce processus devrait être une "loi
d’orientation sur le spectacle vivant", demandée par M. Raffarin à
son ministre de la culture.

Alice Tillier