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Après l’euphorie, la dégringolade à la bourse de Shanghai
Publie le mercredi 2 avril 2008 par Open-PublishingAprès l’euphorie, la dégringolade à la bourse de Shanghai
de Joelle Garrus
La Bourse de Shanghai n’en finit pas de dégringoler depuis novembre, atteignant cette semaine un plus bas depuis près de dix mois, à la grande angoisse des petits actionnaires qui voient fondre leurs placements.
Vendredi, en clôturant à 3.580 points, l’indice composite avait perdu plus de 41% par rapport à son niveau record du 16 octobre dernier (6092).
La veille, il était même descendu aux alentours de 3.400 points avec lesquels il avait flirté pour la dernière fois début juin.
"La plupart des petits investisseurs ont subi aux alentours de 30% de pertes. Ceux qui ont investi dans des groupes comme PetroChina ont encore perdu davantage", souligne Jason Zhao, un étudiant de Shanghai, qui préfère "ne pas paniquer", recette pour des "ventes à pertes".
PetroChina, qui avait bondi de 163% au premier jour de sa cotation à Shanghai en novembre, a ouvert vendredi à son prix d’introduction, 16,70 yuans, avant de remonter à 17,87 yuans.
Le premier groupe énergétique de Chine qui était devenu la première entreprise de la planète par sa capitalisation boursière a depuis été nettement rétrogradé.
Après l’euphorie de 2006-2007, la place chinoise semble plus anxieuse face aux possibilités de récession aux Etats-Unis alors que l’agitation internationale née après la crise des subprime l’avait tout d’abord laissée impassible.
Mais encore aujourd’hui, les analystes attribuent davantage sa chute à des considérations purement intérieures.
"Il y en a trois principales : l’aggravation de la situation macroéconomique, suivi du resserrement du crédit et la décélération des bénéfices des entreprises cotées", résume Steven Sun, analyste à Hong Kong de HSBC.
Pour Jerry Lou de Morgan Stanley à Hong Kong, l’épée de Damoclès de 2008 est aussi la perspective d’un afflux considérable d’actions sur le marché, par le biais d’introductions ou augmentations de capital attendues, mais surtout l’expiration de conventions de blocage (accords imposant à des actionnaires de conserver leurs titres pendant une période donnée).
"Quelque 74,4% du marché des actions A, représentant 24.600 milliards de yuans (2.223 mds euros), ne peuvent aujourd’hui être négociés librement mais le seront dans les cinq ans", écrit-il dans une note.
"Avec 1.600 milliards de yuans (144,6 mds euros) de titres qui vont être débloqués, 2008 va être une année avec beaucoup plus de pressions de cessions", estime-t-il.
D’autant qu’ils vont se cumuler avec les actions dont la convention de blocage expirait en 2007 mais qui n’ont pas été vendues : "au total l’offre excédentaire disponible va se monter à 2.700 milliards de yuans (244 mds euros), 32% du marché des actions librement négociables".
De plus, "le fragile sentiment du marché peut se briser pour beaucoup de facteurs", dit M. Lou.
"Le marché n’a pas atteint le fond. Il a vraiment besoin que le gouvernement rétablisse la confiance", estime aussi Steven Sun.
Pour sa part, Huang Yiping de Citigroup juge que "le gouvernement n’a pas la capacité de contrôler le marché", mais "n’exclut pas qu’il prennent des mesures pour soutenir la confiance des investisseurs", comme "envoyer des signes pour dire que de nouvelles mesures de resserrement monétaire ne sont pas vraisemblables".
Mais pour Huang, la tendance n’est pas toute négative : "les prix étaient trop élevés, cela rendait les investisseurs nerveux".
Un avis que ne partage pas M. Tao, un retraité de 78 ans, qui a acheté certaines de ses actions "parce que des programmes télévisés les avaient recommandées" : "Nous sommes coincés maintenant (...) Les petites gens suivent aveuglément la tendance. Si celle-ci nous conduit à la chute, on ne peut pas en sortir".