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Arguments concrets pour la désignation de José Bové

Publie le samedi 11 novembre 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

contribution de Yannis Youlountas (Tarn / écrivain) au Collectif national pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes

Il a été clairement formulé le 14 octobre à Nanterre que le principal critère qui doit présider à notre choix est "l’efficacité" de cette candidature commune ("D’abord, mettons-nous d’accord sur l’objectif. Il va de soi, mais autant le formuler : nous recherchons, pour l’élection présidentielle et dans chaque circonscription, la candidature la plus EFFICACE pour porter devant le suffrage universel et avec les militantes et militants de notre rassemblement, l’ambition et le projet que nous nous serons donnés. C’est le critère numéro 1 qui doit nous guider", a rappelé Jean-François Gau, au nom du Collectif national, dès l’introduction). Cela signifie clairement que, bientôt au terme du chantier de notre programme ("Ce que nous voulons"), nous devons choisir notre candidat commun principalement en fonction de sa capacité à rassembler autour de notre collectif populaire et nouveau. La seule réserve étant, bien sûr, que cette candidature forte respecte bien le programme réalisé en commun et partage sa représentation médiatique avec les autres porte-paroles du mouvement. A l’heure du choix, il s’agit donc, tout simplement, de regarder autour de soi. C’est ce que j’ai fait (et que je vais vous rapporter ici de façon un peu singulière). Voici concrètement pourquoi je n’imagine pas que nous puissions désigner un autre candidat que José Bové.

1) CHEZ LES JEUNES ET LES ABSTENTIONNISTES

Qui n’a jamais remarqué que presque tous les jeunes admirent l’attitude et les luttes de José, notamment avec les faucheurs volontaires ? Nouvellement informés de notre initiative de rassemblement, certains, qui n’ont jamais voté, vont ou sont déjà en train de s’inscrire sur les listes électorales pour la première fois, et ce, pour voter pour José Bové. Il n’envisagent pas du tout de voter pour quelqu’un d’autre : ni pour des "inconnus" ni pour le membre d’un gouvernement antérieur qui a passé cinq ans à poursuivre la destruction du Bien Commun, de privatisations en privatisations. Par ailleurs, je pensais qu’au moins la candidature de la jeune Clémentine Autain accrocherait un petit peu... mais non : pas du tout. Il n’y a que José qui puisse faire l’événement et produire un effet "Coluche" chez ces abstentionnistes purs et durs. La candidature atypique de Bové, son côté rebelle à leurs yeux, du genre "Che Guevara", présente un fort potentiel de séduction chez les jeunes (qu’ils soient bobos ou exclus du système). Cela conduit même à une sorte de suspens autour de sa désignation : "quitte ou double", un an après la lutte anti-CPE. Car certains d’entre eux manifestent parfois des doutes, voire une espèce de "parano", quant aux causes éventuelles d’une possible non désignation de José Bové en décembre, du genre : "il fait trop peur au système" ou, variante : "il fait trop peur aux partis politiques, notamment le PCF" ou encore : "ça serait trop beau, ’ils’ vont lui barrer la route".

2) CHEZ NOS ALLIES DU 29 MAI 2005

Le constat y est encore plus frappant : mes amis écolo, y compris parmi les Verts, n’envisagent de voter avec nous que si c’est José (j’ai même lu qu’il faisait jusqu’à 86 % dans l’électorat des Verts). De même pour certains "nonistes" proches de la LCR ou du PS (je connais plusieurs socialistes historiques qui voteront Bové contre Royal si sa désignation au PS est confirmée).

3) CHEZ NOS AÎNES

Mes voisins, pour la plupart âgés, semblent voir d’un meilleur oeil le côté béret-baguette-roquefort-moustache de Bové que les apparences plus lisses ou académiques des autres candidats potentiels de l’union antilibérale. Bref, les petits vieux préfèrent Bové. Et on sait que cet électorat pèse lourd !

4) CHEZ LES INTELLOS

Quant aux intellos, plutôt humanistes, que je fréquente, notamment dans les cercles littéraires et débats philosophiques que j’anime ou auxquels je contribue, ils ont une excellente image de la résistance évoquée par José Bové (contrairement à ce que j’ai parfois entendu dire ici et là). En effet, ils le connaissent comme un homme (anglophone) qui voyage beaucoup de par le monde, dont la lutte est universelle, et cela les rassurent par rapport au fantasme de certains "nonistes" : celui d’un repli sur soi et d’une raison d’Etat qui justifieraient de privilégier nos intérêts nationaux à n’importe quel prix, ce qui est à l’opposé du discours de José. Bref, mes amis plutôt cultivés perçoivent en José Bové sa stature internationale visant l’intérêt général de tous les peuples, c’est-à-dire incarnant un véritable humanisme.

5) UN CREDIT D’IMAGE NECESSAIRE POUR GAGNER PUIS SORTIR DE CE SYSTEME

Pour qu’un autre monde soit vraiment possible, il nous faut passer (une dernière fois ?) par une figure charismatique capable d’être le nom rassembleur d’un mouvement sans chef mais avec un symbole en porte-étendard. Soyons sincères et lucides : Seul José Bové peut être ce symbole. Lui seul peut apporter la cerise sur le gâteau d’une dynamique qui s’inscrit malheureusement encore dans le cadre des institutions de la Cinquième République, ce qui signifie que la puissance de l’image pèsera autant sinon plus que celle du discours. Pourquoi donc nous priver de ce formidable atout qu’est l’entrée sur la scène politique de José Bové ?

6) UN BOULEVARD A GAUCHE

Laissons aux socialistes "oui-ouistes" leur comportement suicidaire : ils ont raté 2002 et ils vont peut-être rater 2007 pour un motif analogue. Car, en désignant Ségolène Royal, le PS est en train de nous laisser un boulevard à gauche, dont bénéficiera plus ou moins notre candidat. D’autant plus que certains petits partis de gauche ne pourront peut-être pas présenter le leur, suite aux instructions de François Hollande.

7) DES EMBOUTEILLAGES A DROITE

De l’autre côté, à Droite et au Centre, Royal et Sarkozy commencent déjà à souffrir de la concurrence de Bayrou et De Villiers, sans parler d’une possible seconde candidature UMP, ainsi que du poids croissant du FN.

8) LE RETOUR DE L’ELECTORAT POPULAIRE DESABUSE ?

Concernant l’électorat de Le Pen face à Sarkozy, l’Histoire a montré qu’il finit toujours par préférer l’original à la copie. J’irai même plus loin : puisque son électorat est "essentiellement constitué d’ouvriers et d’employés qui n’arrivent pas à s’en sortir" (Le Monde, Radiographie de l’électorat du Front National : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-830740,0.html ), et qui ont presque tous voté "Non" le 29 mai 2005, l’élan possible de l’union antilibérale à gauche (avec sa méthode populaire et la moustache "terroir" de José Bové) pourrait faire revenir une partie de cet électorat populaire désabusé sur sa terre d’origine.

9) DE L’EFFET SEGOLENE A LA VRAIE NOUVEAUTE

Concernant l’effet Ségolène (qui commence déjà à s’essouffler), faut-il rappeler que le principal attrait de sa candidature (d’après plusieurs sociologues) est la nouveauté d’une femme aux portes du pouvoir ? Mais ce à quoi les gens sont sensibles, c’est avant tout à la nouveauté d’une candidature dans un univers figé, usé, discrédité et poussiéreux. Pas tant parce que c’est une femme que parce que c’est nouveau. Ce qui veut dire que la candidature de José Bové étant beaucoup plus une nouveauté, celui-ci pourrait bénéficier à son tour d’un tel phénomène. D’autant plus si sa candidature était associée (en ticket-tandem à la tête d’une liste plus étoffée) à celle de Clémentine Autain, par exemple. La plupart des électeurs n’en peuvent plus et cherchent des solutions nouvelles à des problèmes anciens. Seule la candidature Bové pour l’Union antilibérale est un phénomène nouveau dans l’éventail politique proposé aux français. Le reste ne fera pas diversion très longtemps. Les semaines de campagne prouveront que ce phénomène nouveau, rempli d’espérance, d’audace et d’imagination, est à la fois le plus SERIEUX et le plus POETIQUE. La candidature Bové pour l’Union antilibérale est la plus réaliste bien qu’elle puisse faire rêver plus que toute autre.

10) CONSEQUENCE LOGIQUE DE LA DESOBEISSANCE CIVILE

Cette candidature Bové est la conséquence logique de la désobéissance civile qui se décline de multiples façons depuis plusieurs années : puisque la loi est mauvaise et la société injuste, puisque les élus du peuple se sont enfermés dans leur citadelle, feignant tour à tour l’autisme et l’omniscience, il nous faut prendre d’assaut le pouvoir et le transformer afin qu’il soit moins éloigné et moins corrupteur. Qui mieux qu’un symbole de la désobéissance civile et de la lutte contre les injustices de la mondialisation néolibérale pourrait-il représenter cette reconquête du pouvoir déchu ?

11) REVOLTE ET NON VIOLENCE

La candidature José Bové est un moyen non-violent de renverser le pouvoir, sans émeute ni effusion de sang. Ne faut-il pas toujours essayer de trouver des issues sans violence aux conflits que nous rencontrons ? La professionnalisation récente de l’armée et le doublement des effectifs policiers montrent que le pouvoir est préparé contre toute menace révolutionnaire qu’il sait diversement présente dans le climat actuel, depuis plusieurs années. Mais il peut se voir enfoncé de l’intérieur : par les urnes. Car à l’heure d’internet et au vu de la campagne référendaire et des résultats du 29 mai 2005, on peut douter de la capacité des chaînes de télé et d’une certaines presse à leurrer les adversaires du pouvoir de l’argent.

12) A TITRE PERSONNEL

J’ai moi-même toujours eu du mal à voter et j’ai même écrit un modeste essai à ce sujet (Critique de la démoscopie, Du débat démocratique confisqué par son propre spectacle, éditions La gouttière, 2005). Je crois même être plutôt ce qu’on appelle un libertaire à plusieurs points de vue, mais je ne raterai pas l’occasion du 22 avril 2007, si nous parvenons à nous donner les moyens d’un tel événement. J’irai voter et appellerai à voter José Bové pour le rassemblement antilibéral. Je ne laisserai pas détruire plus longtemps le Bien Commun inventé par certains de nos illustres penseurs et réalisé par les résistants au nazisme et au fascisme, au lendemain de la victoire. J’irai voter sans état d’âme pour stopper l’hémorragie et tenter de continuer à avancer au-delà.

13) AGIR ENSEMBLE CONTRE LA TYRANNIE

A un ami anarcho-syndicaliste qui m’interrogeait récemment sur le paradoxe de mon soutien électoral à José Bové, j’ai rappelé la tentative de synergie de toutes les composantes de la gauche populaire espagnole aux heures noires du franquisme triomphant. De même, NOUS EN ARRIVONS AUJOURD’HUI A UN FASCISME ECONOMIQUE AUX CONSEQUENCES SOCIALES ET ENVIRONNEMENTALES D’UNE VIOLENCE INOUÏE. Il y a urgence à agir tous ensemble, au-delà de nos différences historiques, contre le fascisme économique et la bête inhumaine que porte en son sein la mondialisation néolibérale. Il est l’heure d’agir en être humain digne et révolté, et non plus seulement en partisan ou sympathisant d’une idéologie ou d’une autre. Il est temps d’agir ensemble contre la tyrannie de ce monde tout entier transformé en marchandise.

Pour l’instant, il est temps de choisir un candidat. CE CHOIX DOIT S’EFFECTUER AU PLUS TÔT AVANT LA CLÔTURE DES INSCRIPTIONS SUR LES LISTES ÉLECTORALES, POUR QUE D’AUTRES DÉCUS DE LA POLITIQUE PUISSENT SAISIR L’IMPORTANCE DE CE MOMENT ET NOUS REJOIGNENT. N’attendons-pas pour désigner José Bové et passer au plus difficile : la campagne unitaire contre le pouvoir et ses vassaux médiatiques.

Yannis Youlountas

Messages

  • Moi qui n’avait adhéré au PC QU’AVANT LE NON au TCE, je n’ai pas oublié sa manière désinvolte d’envoyer dans les cordes MGB et les communistes, dès la proposition de sa propre candidature.

    Par ailleurs, je répète que, pour moi, le programme dit antilibéral ne va pas assez loin :

     sur la répartition des richesses à partir des profits du capital ;

     sur la reconnaissance du travail, salarié et non salarié, études, éducation des enfants, etc. ;

     sur le respect des ordonnances de 1945, protection des mineurs, et protection sociale ;

     sur la parité entre les femmes et les hommes ;

     sur le fait qu’un candidat à la présidence de la République ne serait qu’un porte-parole jetable, sans en référer à l’ensemble des citoyens : voir les quelques gadgets de la soidisant 6è République.

    Monique Renouard.

    • Quand je lis dans Libération d’aujourd’hui cette phrase de la part de José Bové "Dans de nombreux départements, des collectifs se sont créés à l’initiative du PCF. C’est une pratique dangereuse et inacceptable, ..." c’est irresponsable de sa part.

      Il s’est disqulifié lui meme, et ce n’est pas la son premier dérapage inacceptable....

      De meme quand il dit au Mans qu’il appelle les frnaçais à otous occuper leur susines, connait il la réalité du terrain pour oser dire des conneries pareilles ? Sait il qu’un grève générale cela ne se décrète pas d’en haut ?

      Non décidémment il me semble se la jouerbeaucoup trop perso, c’est regretable de le voir ainsi s’enfoncer tout seul...

      Fabien.

    • moi aussi je suis très déçue de ses propos ds libé ! anna

    • La candidature de Y. Salesse est celle qui a receuilli le plus de suffrage dans le collectif antilibéral de Pontivy, le vote par double préférence a prévalu les résultats sont :
      Salesse 8fois 1er,10fois 2ème ; Bové 7 fois 1er 6 fois 2ème ; Buffet 6 fois 1er 6 fois 2ème ;Autain 2 fois 1er 1 fois 2ème ; Les autres candidats n’ont eu aucun suffrage. Gilles
      La candidature Salesse me semble être la plus propice au rassemblement. Et je suis content de faire savoir à J.F. Gau (porte parole PCF coordination nationale ) qu’il n’y a pas qu’un duel Buffet- Bové qui intéresse les collectifs. Beau camouflet au lendemain du meeting de Lorient. Mais tout reste à faire et j’en profite pour vous informer qu’une grande assemblée générale des collectifs du Morbihan aura lieu à Pontivy le 28 novembre 2006 au palais des congrès de Pontivy(56300) 19.30H pour se restaurer sur place prévenir jean marie Robert :" bleiz56@wanadoo.fr " Gilles

    • Salesse est un bon candidat ; mais certains lui retiennent sa participation aux plans sociaux de Air-France avec Jean-Claude Gayssot.

      Qu’en est-il exactement ?

  • L’article de Libé, je m’en méfie :)

    Je pense également que José Bové est le meilleur candidat.

    José Bové est un homme de conviction qui peut rassembler. Il est en dehors des partis et ça c’est TRES important.

    Le vote dit "protestataire" se cherche quelque chose à gauche.
    Il se portera plus facilement sur José Bové que sur l’un des petits partis. Le vote protestaire cherche à donner "une bonne baffe au système". Il prend ce qu’on lui donne de plus fort.

     Soit les partis de la gauche de la gauche choisissent de faire chacun bande à part aux élections pour compter comme d’habitude leurs petits pourcentages symboliques de voix avec pour seul effet la gloriole de leurs petites chapelles.

     soit ils choisissent une chance unique de faire quelque chose de fort à gauche au niveau électoral

    Il est même très probable que le résultat d’une gauche de la gauche unie dépasse celui du PS ! : cela serait un signal fort, très fort, même au niveau européen.

    J’ajoute que José Bové incarne aussi un homme de courage et une certaine idée de la France, celle qui lutte, qui agit, généreuse et dynamique.

    Il faut vraiment se rassembler pour une fois !

    Joël