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Attaque contre le leader du FPLP emprisonné à Jéricho : Un piège américano-britannique

Publie le mercredi 15 mars 2006 par Open-Publishing

Julien Versteegh depuis la Cisjordanie
14 mars 2006 Solidaire

Tôt ce matin du 14 mars, les forces armées israéliennes ont entamé l’attaque de la prison palestinienne de Jéricho où sont emprisonnés depuis maintenant quatre ans le secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine, Ahmed Saadate, et quatre de ses camarades. Pour rappel, Ahmed Saadate a été élu démocratiquement au parlement palestinien en janvier dernier.
De nombreux chars et des bulldozers ont travaillé à la destruction systématique de la prison, où une centaine de policiers palestiniens et prisonniers ont mené une résistance désespérée. Après plusieurs heures, Ahmed Saadate et ses camarades ont été contraints de se rendre sous peine d’être ensevelis vivants par les bulldozers israéliens.

Rétrospective
Depuis maintenant quatre ans, Ahmed Saadate et ses camarades sont enfermés dans la prison palestinienne de Jéricho. L’arrestation du leader du FPLP et de ses camarades était le résultat des pressions israéliennes, britanniques et américaines sur l’Autorité Palestinienne. Israël désirait la tête de Saadate et des membres du commando qui en 2001 avaient exécuté Rahvan Zeevi, Ministre israélien du tourisme, en représailles de l’assassinat, la même année du précédent secrétaire général du FPLP, Abu Ali Mustapha. Un accord avait été conclu entre les différentes parties pour qu’Ahmed Saadate et ses camarades soient maintenus en détention dans la prison palestinienne de Jéricho, sous gardes des forces de sécurité palestinienne et de 18 soldats britanniques et américains.

« Nous ne voulons que 6 des prisonniers »
L’Autorité Palestinienne, en la personne de son président Mahmoud Abbas, avait annoncé voici une semaine qu’elle ne s’opposait pas à la libération de Ahmed Saadate. Mais que l’Autorité ne serait pas responsable de ce qui lui arriverait en cas de libération.
C’est sans doute ce qui a décidé l’armée israélienne a passé à l’action. Elle l’a d’ailleurs clairement exprimé en déclarant ne vouloir l’arrestation que de 6 des prisonniers, Ahmed Saadate et de ses 4 camarades ainsi que Fouad Saoubari, commandant du navire Karina A arraisonné il y a quelques années par les forces israéliennes alors qu’il transportait des armes à destination de la bande de Gaza.

Un piège américano-britannique
Israël n’a jamais caché ses intentions de tuer Ahmed Saadate. Son emprisonnement dans une prison palestinienne était donc un moyen de protéger la vie du leader palestinien. Les 18 soldats américains et britanniques chargés de la supervision de sa garde étaient la garantie israélienne qu’Ahmed Saadate ne s’évade pas. Mais ils avaient également pour fonction d’assurer sa protection.
Cette attaque n’a donc pu être entamée sans l’accord préalable de Washington et de Londres. Cette attaque est le résultat d’un complot israélo-américano-britannique visant à tuer le leader du FPLP.

Toutes les sources sont formelles à ce sujet, les forces militaires britanniques et américaines ont quitté les lieux quelques minutes avant le début de l’attaque israélienne ce matin, laissant les prisonniers sans défense.
C’est confirmé par Ahmed Saadate lui-même interrogé par téléphone depuis la prison par la chaîne de télévision Al Jazeera et c’est également confirmé par Abdalah Karaooui, officier de la police palestinienne, qaund il était assiégé dans le quartier des forces de sécurité de la prison : « C’est un piège des Américains et des Anglais pour faire assassiner Ahmed Saadate. Ils ont quitté la prison ce matin, au moment de l’attaque israélienne » Il confirme en outre que Ahmed Saadate et ses camarades ne disposent pas d’armes pour se défendre.
Le leader du Hamas interrogé déclare d’ailleurs : « Voici maintenant quatre ans que les soldats britanniques et américains surveillent cette prison, mais au moment de vérité, ils ont abandonné les lieux, laissant Saadate et ses camarades sans défense face à la mort ».

Le nouveau premier ministre palestinien, membre du Hamas, Ismaïl Hania a pour sa part déclaré : « Si quelque chose devait arriver à mon frère Ahmed Saadate, nous reprendrons le combat car son sang nous est précieux » allusion à une éventuelle rupture du cessez-le-feu que le Hamas respecte depuis maintenant plus d’un an.

Une centaine de prisonniers de membres des forces de sécurités assiégés
La prison de Jéricho est composée de différents bâtiments. Ahmed Saadate et ses camarades résidaient seuls, isolés, dans une des ailes de la prison. Le bâtiments central accueille les bureaux des services de sécurités tandis que de nombreux membres du mouvement armé du Fath, les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa et des membres du Jihad Islamique sont également détenus dans les lieux par l’Autorité Palestinienne sur demande d’Israël. Et c’est tout l’ensemble de la prison qui a été encerclé et qui a subi l’attaque violente des forces armées israéliennes.

Nous ne nous rendrons pas
Interrogé sur le pourquoi de cette attaque à peine à 10 jours des prochaines élections israéliennes, Saadate a déclaré : « Les officiels israéliens ont besoin de la guerre et de notre sang pour orienter le cours de leurs élections ».

L’impuissance de l’Autorité Palestinienne.
L’Autorité Palestinienne qui dispose pourtant d’un important service de sécurité, plus de 15.000 hommes, est impuissante face à cette crise. Cette impuissance prend toute sa splendeur à travers ces images pathétiques de la télévision voyant les policiers et soldats en charge de la garde de la prison de Jéricho abandonné les lieux, les mains en l’air et en sous-vêtements. Seuls une poignée d’entre eux semblent être restée dans les bâtiments assiégés.

Khaïd El Raji, membre du Bureau Politique du FPLP, interrogé depuis Gaza, a d’ailleurs déclaré : « Cette attaque relève également de la responsabilité de l’Autorité Palestinienne qui n’a rien fait pour libérer Ahmed Saadate et ses camarades en assurant leur protection »

Le président palestinien Mahmoud Abbas a pour sa part lancé un appel à l’administration américaine et aux gouvernements européens pour faire arrêter l’attaque israélienne tout en rejetant la responsabilité de cette attaque sur Londres et Washington.

Pour le palestinien de la rue, cette attaque apparaît comme un piège pour la nouvelle autorité palestinienne issue des récentes élections en visant à la discréditer aux yeux du peuple, tout en décapitant la direction du seul mouvement palestinien progressiste a même de jouer un rôle au sein d’un gouvernement palestinien qui depuis janvier dernier peine à se former.

Le resentiment a l’égard des Europeens a encore monté d’un cran ici. Le cessez-le-feu semble enterré, les tirs ont commencé dans différents endroits de Bethleem et cela tire meme beaucoup. On s’attend à des attaques générales israéliennes un peu partout.